Category: Asie

  • Pakistan. Grève des travailleurs des télécommunications contre la privatisation

    Le gouvernement MUSHARRAF a lancé une nouvelle campagne massive de privatisation pour une valeur de 1,7 milliard de dollars (1,36 milliard d’EUR). La pièce centrale de ce programme de pillage des biens d’Etat est la Pakistan Telecommunications Company Ltd (PTCL) qui a réalisé 384 millions d’EUR de profit l’an dernier. Les travailleurs des télécommunications, une des sections les plus combatives et les plus conscientes du service public au Pakistan, sont complètement opposés à cette privatisation.

    Azad Qadri et Azam Janjuah, TURCP, Islamabad

    Le Socialist Movement (la section du CIO au Pakistan) et la Trade Union Rights Campaign – Pakistan (Campagne pour les Droits syndicaux au Pakistan – TURCP) ont joué un rôle majeur dans cette lutte. Ils ont été à l’initiative du lancement du Comité Anti-Privatisation, formé de neuf syndicats représentés dans ce secteur, et ont proposé un programme de meetings de masse par tournante dans les différentes régions et une grève de deux heures chaque jour. Ces meetings ont réuni un total de 41.000 travailleurs des télécommunications partout dans le pays.

    Face à ces actions, la direction a reporté trois fois le début du processus de mise en vente. De toute évidence aucun financier ne veut acheter des actions d’une société qui est en grève ! Le gouvernement est en colère contre la direction de la PTCL et leur a écrit pour leur demander pourquoi ils avaient de si mauvais rapports avec les syndicats.

    La direction de la PTCL a voulu utiliser des négociations pour provoquer des divisions au sein des syndicats et les amener à mettre un terme à leur programme de meetings de masse et de grèves quotidiennes. Mais, à cause de la pression qui s’exerce sur elle, la direction a promis d’accepter les revendications des syndicats sur les barèmes salariaux et les primes. Cependant, elle a aussi affirmé qu’elle ne pourrait retirer les plans de privatisation et a exigé que les syndicats suspendent immédiatement les actions avant toute poursuite des discussions. Suite à cela, les discussions ont été rompues.

    Les travailleurs veulent se battre jusqu’au bout. Ils ont pris le contrôle pratique de la grève. Le meeting du 16 mai à Quetta dans la province du Balouchistan a montré le sentiment réel qui existe chez les travailleurs. 1.500 travailleurs y ont participé, ce qui en a fait le plus gros meeting jamais organisé dans le secteur des télécommunications.

    La grève quotidienne de deux heures s’est étendue dans tous les coins du pays. Il y a eu quelques problèmes à Karachi au début parce que le MQM (un parti ethnique basé dans la région de Karachi) avait obligé la direction syndicale à ne pas observer la grève dans cette région. Mais les travailleurs ont refusé de « suivre les ordres » et ont rejoint la grève quotidienne de deux jours depuis deux jours.

    Impact de notre matériel

    Le tract produit par la TURCP a reçu une réponse extraordinaire nationalement. Nous avons reçu beaucoup d’appels de travailleurs des télécoms de partout dans le pays. Les travailleurs distribuent ce tract et en réclament d’autres.

    La réponse a été plus impressionnante que ce que nous avions imaginé. Les travailleurs disent qu’après avoir lu ce tract, ils sont plus déterminés à lutter contre la privatisation. Beaucoup disent que c’est la première fois qu’ils reçoivent du matériel comme cela.

    Le Socialist Movement et la TURCP ont aussi lancé une campagne de meetings de solidarité destinés à obtenir le soutien de travailleurs d’autres secteurs à la lutte des télécoms. Le premier meeting de solidarité a eu lieu à Islamabad le 23 mai. D’autres meetings suivront à Lahore, Multan, Karachi, Faisalabad, Hyderabad et d’autre villes.

    Pour plus d’infos, voir www.socialistworld.net

  • Une bombe à retardement sort des urnes irakiennes

    Les élections du 30 janvier peuvent apparaître à première vue comme un succès pour l’Administration Bush avec un taux de participation honnête (59%) et un nombre limité d’attentats. Pourtant, à y regarder de plus près, le verdict des urnes irakiennes est lourd de menaces pour la stabilité de l’Irak et du Moyen-Orient.

    Thierry Pierret

    Les Arabes sunnites ont largement boycotté le scrutin et leur représentation dans l’Assemblée nationale sera quasiment anecdotique. Le haut taux de participation des Arabes chiites et des Kurdes est tout aussi lourd de menaces. En effet, les uns et les autres ont toujours été minorisés politiquement, non seulement dans l’Irak moderne, mais même depuis des siècles. Les premiers n’ont pas voulu manquer l’occasion de traduire leur majorité numérique en majorité politique dans l’Assemblée nationale. Les seconds se sont mobilisés pour donner un maximum de poids à leurs revendications autonomistes. Les Kurdes organisaient d’ailleurs un référendum parallèle sur l’indépendance de leur région…

    Le résultat des élections confirme ces tendances lourdes. L’Alliance irakienne unifiée, qui regroupe plusieurs partis chiites et qui est parrainée par le Grand Ayatollah Ali Sistani, obtient 48,01% des voix et la majorité absolue dans l’Assemblée nationale. Le cartel des deux grandes formations kurdes, l’Union patriotique du Kurdistan (UPK) et le Parti démocratique du Kurdistan (PDK), arrive en seconde position avec 25,7% des voix. La liste du Premier ministre sortant Iyad Allaoui essuie un échec cuisant avec seulement 13,8% des voix. Le gouvernement intérimaire est donc désavoué et ne pourra être reconduit. Le poste de Premier ministre devrait échoir à l’Alliance irakienne unifiée dont les représentants seront moins dociles envers les Etats-Unis. Il n’est pas exclu qu’ils prônent un rapprochement avec la Syrie et l’Iran que les Etats-Unis viennent pourtant de classer parmi les « avants-postes de la tyrannie ».

    Le résultat des élections provinciales, qui avaient lieu simultanément, n’annonce rien de bon pour la stabilité du pays. Le cartel kurde du PDK et de l’UPK a obtenu 58,4% dans la province de Taamim dont Kirkouk est le chef-lieu. Si on sait que Kirkouk fait l’objet d’une lutte intense entre Kurdes, Arabes et Turcomans (minorité turcophone d’Irak) pour son contrôle, on mesure mieux le caractère explosif de ce résultat. Les Kurdes vont invoquer ce résultat pour exiger le rattachement de Kirkouk à leur région autonome. En effet, un tiers du pétrole irakien est produit dans les régions de Kirkouk et Mossoul (que les Kurdes revendiquent également).

    Le rattachement de Kirkouk et de Mossoul à la région autonome kurde fournirait la base économique à un futur Kurdistan indépendant. Les velléités indépendantistes kurdes se heurteront à la volonté des Arabes irakiens de maintenir l’intégrité territoriale du pays, mais aussi aux minorités non-kurdes du Kurdistan qui craignent pour leurs droits dans un Kurdistan indépendant. La Turquie, qui redoute plus que tout un tel scénario et qui convoite les richesses pétrolières du Kurdistan irakien, pourrait prendre prétexte de la défense des Turcomans pour intervenir militairement.

    Le Parti communiste irakien n’obtient que trois sièges dans l’Assemblée nationale. C’est largement dû à des décennies de répression sanglante de la part du régime baasiste qui ont démantelé ce qui fut le plus puissant parti communiste du Moyen-Orient dans les années cinquante et soixante.

    Mais c’est aussi dû à sa stratégie réformiste qui l’a amené à participer aux institutions intérimaires mises en place par les Etats-Unis. Le PC y a perdu ce qui lui restait de crédit parmi les travailleurs et les paysans. Faute d’alternative de gauche crédible, l’Alliance irakienne unifiée a vu s’ouvrir à elle un boulevard dans ce Sud irakien qui était jadis un bastion du PC.

  • Tsunami en Asie du Sud-Est. Pour une annulation pure et simple de la dette. Pour une alternative socialiste au capitalisme

    La tragédie en Asie du Sud-Est a suscité un élan de solidarité parmi les travailleurs et parmi la jeunesse du monde entier. Des millions € ont été récoltés pour aider la population des régions touchées. Cette solidarité internationale est particulièrement importante.

    Geert Cool

    Nous devons examiner comment aider de la façon la plus efficace. Il y a pas mal de problèmes en ce moment, notamment à Aceh et au Sri Lanka. A Aceh, le gouvernement indonésien utilise la catastrophe et l’aide pour renforcer sa position vis-à-vis de la province rebelle qui aspire à l’indépendance. Le gouvernement a déjà annoncé que le budget prévu pour Aceh serait réduit des deux tiers, le reste devant provenir de l’aide humanitaire.

    En outre, l’armée indonésienne s’en prend à la population des régions dont elle n’a pas le contrôle. Les journalistes et le personnel de l’aide humanitaire ne peuvent agir que dans un territoire bien délimité. Au Sri Lanka, les autorités ont une attitude comparable envers la population tamoule dans les régions les plus durement touchées.

    Il va de soi que l’aide aux régions sinistrées doit être dispensée sous le contrôle démocratique de comités élus par la population et les syndicats locaux. Nos camarades au Sri Lanka (United Socialist Party), en Inde (Dudiyora Horaata) ainsi que les camarades du Socialist Party Malaysia (avec qui nous sommes en contact) mènent campagne autour de cette revendication. A côté de cela, ils s’impliquent dans l’organisation de l’aide directe et de la reconstruction.

    Vu que les régimes en place ne font rien d’autre qu’utiliser la situation pour se renforcer – après avoir accordé la priorité aux dépenses militaires au détriment d’un système d’alerte qui aurait pu sauver des milliers de vies – il faut mettre en avant la nécessité d’une rupture fondamentale avec ces régimes.

    Le MAS exige l’annulation pure et simple de la dette. L’Indonésie rembourse 13,7 milliards de $ par an pour sa dette publique et ses intérêts. Il serait pour le moins étrange que le pays doive rembourser davantage en dettes et en intérêts que ce qu’il reçoit en aide pour la reconstruction. En outre, l’annulation de la dette empêcherait les régimes occidentaux de revoir leurs promesses à la baisse. Car cela semble être une constante dans l’aide qui est promise après les catastrophes: dès que les médias quittent les lieux, l’aide ne suit plus. Du milliard de $ qui avait été promis après le tremblement de terre à Bam (Iran) fin 2003, seuls 17 millions ont été effectivement payés à ce jour. Après les tempêtes tropicales de 1998 en Amérique centrale, on avait promis 300 millions d’euros dont seulement 150 millions ont été payés.

    L’annulation de la dette serait un pas en avant, mais le système actuel fera en sorte que ça ne serve qu’à consolider les intérêts de la classe dominante, ce qui mènera finalement à une nouvelle montagne de dettes. Le système actuel a fait la démonstration de son incapacité à assurer la protection de larges couches de la population. Il n’est pas capable non plus de canaliser l’énorme courant de solidarité dans l’intérêt de la population. Il est temps de prendre nous-mêmes les choses en main et de lutter internationalement pour une alternative socialiste!

  • La paix et la démocratie en Irak?

    Le 30 janvier, les Irakiens doivent normalement élire un nouveau parlement. Nombre d’Irakiens ont fuit entre-temps dans la Jordanie voisine et regardent avec des sentiments mélangés ces élections et, plus généralement, l’avenir de l’Irak. Dans le pays même, il n’y a pas non plus de confiance dans les élections.

    Katrijn Zaman

    A l’approche du 30 janvier, les attentats et la violence sont devenus une réalité quotidienne. Beaucoup d’Irakiens ne pourront ou n’oseront aller voter à cause de la situation chaotique. En tout cas, les élections ne mèneront pas à une sortie de crise. Le seul but est d’avoir un résultat conforme aux vœux des occupants américains et de leur gouvernement fantoche.

    Celui qui ira quand-même voter aura de bonnes raisons de douter de l’honnêteté du scrutin. Un porte-parole de la Maison-Blanche a déjà expliqué « qu’il y a la volonté d’être flexible avec les résultats ». Un certain nombre de sièges seraient réservés à des candidats sunnites, quand bien même les élections seraient boycottées dans les régions sunnites.

    L’envoi de troupes britanniques supplémentaires démontre que les forces d’occupation ont de plus en plus de mal à maintenir « l’ordre » en Irak. Les nombreuses victimes irakiennes ou américaines et les enlèvements indiquent une situation très instable qui ne permet pas d’organiser des élections sûres et honnêtes. Les quatre derniers mois de 2004 ont vu 1300 policiers irakiens tomber sous les coups de la résistance. Les forces de sécurité locales ne sont pas capables de contenir la violence alors qu’elles sont justement chargées de la protection des bureaux de vote !

    Un certain nombre d’attaques ont été revendiquées par les radicaux sunnites qui veulent perturber le déroulement des élections et qui sèment la division entre les différents groupes ethniques ou confessionnels. Le fait que Rumsfeld ait envoyé un général américain en Irak pour faire une évaluation des opérations militaires trahit l’inquiétude de l’Administration Bush. La situation est d’autant moins réjouissante que certaines estimations évaluent maintenant le nombre de rebelles à 200.000, ce qui est plus que les forces d’occupation.

    Les élections risquent d’être un fiasco. Des responsables irakiens ont dit que la situation était trop instable dans 4 provinces (sur 18) pour pouvoir y tenir des élections. Même si elles devaient y avoir lieu, les électeurs devront faire face à la violence et à l’intimidation. Les deux plus grands partis sunnites ont appelé à boycotter les élections pour protester contre la prise de Fallujah par les troupes américaines.

    Le fait que nombre d’électeurs soient empêchés de participer aux élections et que beaucoup d’autres refusent d’y participer sera évidemment dommageable à la légitimité et à la stabilité du gouvernement. Les Chiites, qui constituent la majorité de la population, vont devenir la force dominante. D’après Scowcroft, un conseiller à la sécurité de Bush, les élections pourraient aggraver le conflit interne et mener à une guerre civile. L’impérialisme américain est prêt à s’appuyer sur les forces chiites et kurdes pour battre la résistance sunnite et maintenir leur propre domination. Le ministère américain de la Défense envisage d’utiliser des escadrons de la mort contre les rebelles, ce qui ne ferait que jeter de l’huile sur le feu.

    L’opposition en Irak va continuer à croître après le 30 janvier. Certaines sources américaines évoquent une occupation de 10 à 15 ans pour mettre fin au chaos qu’ils ont créé.

    Seule l’unité dans la lutte permettra à la population irakienne de se débarrasser des forces d’occupation et de décider elle-même de son avenir. Il faut une alternative indépendante, par-delà les divisions ethniques et confessionnelles, qui lutte pour les intérêts des travailleurs et des jeunes d’Irak. Cela pourrait être le début d’un vrai mouvement pour l’édification d’un Irak socialiste et d’une fédération socialiste du Moyen-Orient.

  • Tsunami en Asie du Sud-Est. Comment pouvons-nous éviter une telle catastrophe?

    Tsunami en Asie du Sud-Est

    Le tremblement de terre dans l’Océan Indien et les inondations destructrices provoquées par celui-ci ont conduit à des visions d’horreur. Dans le monde entier, les travailleurs se sont demandés comment ils réagiraient dans une telle situation. Des enfants, des parents, des proches,… morts ou disparus. Tout ce que vous possédiez, emporté par l’eau. En Indonésie, qui est la zone la plus proche de l’épicentre, la violence du tsunami a balayé des villages côtiers entiers. Là où, un instant auparavant, il y avait encore la vie, ne restait que mort et désarroi.

    A l’heure actuelle, le nombre de morts est estimé à 150.000. Cependant, si on tient compte des risques d’épidémies comme le typhus et le choléra, ce chiffre peut encore doubler. La survie de 1,8 millions de personnes dépend de l’aide alimentaire.

    Le Mouvement pour une Alternative Socialiste (MAS) partage la tristesse des populations touchées et des familles des victimes et tient à leur exprimer toute sa solidarité face à cette terrible catastrophe. En tant que militants d’une organisation socialiste internationale, nous avons aussi suivi avec une angoisse particulière, pendant les premiers jours qui ont suivi la catastrophe, les nouvelles concernant de possibles morts et blessés parmi les membres de nos organisations-soeurs dans la région. Parmi les 30.000 morts estimés au Sri Lanka, il y a des proches et des amis de membres de l’United Socialist Party (USP). Heureusement la nouvelle nous est parvenue qu’aucun de nos membres n’a été emporté par le raz-de-marée. Mais plusieurs camarades ont perdu leur maison dans la catastrophe. Notre soutien va aussi aux membres de l’organisation Dudiyora Horaata en Inde et aux camarades que nous avons dans le Parti Socialiste en Malaisie. Nous pensons que c’est ce genre d’organisations – qui aspirent à mettre fin à la misère et à l’absence de perspectives d’avenir sous le capitalisme – qui pourront à terme améliorer fondamentalement la vie des populations dans la région.

    Sur qui pouvons-nous compter pour des changements ?

    Nous pensons également qu’il est clair que Bush et les autres dirigeants capitalistes dans le monde ne sont pas en mesure d’apporter ces changements. Aujourd’hui ceux qui détiennent le pouvoir dans les pays les plus riches se bousculent pour témoigner leur soutien aux régions sinistrées. Mais il a fallu pour cela qu’ils soient fortement poussés dans le dos par leur propre population. Celle-ci s’est montrée tout de suite beaucoup plus touchée par la souffrance des populations d’Asie et beaucoup plus généreuse que l’élite fortunée des politiciens occidentaux.

    Aux USA, Bush a commencé par promettre une aide gouvernementale de 15 millions de dollars, puis de 35 millions et ensuite de 350 millions de dollars – quand il s’est avéré clair que la population américaine avait fait des dons pour un montant à peu près équivalent à ce dernier chiffre. Autrement dit, quand il a remarqué à quel point son aide était limitée face à celle des Américains ordinaires, le riche Texan Bush a vite rajouté un petit zéro à la fin ! En comparaison, les USA dépensent chaque semaine entre 1 et 4 milliards de dollars (le montant varie) pour l’occupation militaire de Irak.

    L’ex-ministre des Affaires Etrangères, Colin Powell, a déclaré en Indonésie, le plus grand pays musulman, qu’il faut voir dans cette aide " les valeurs américaines et la générosité américaine en action". Apparemment, il y a de grandes différences entre les valeurs et la générosité de l’élite dominante et celles du reste de la population ! En outre, l’argent donné par le gouvernement provient des impôts qui sont essentiellement payés par la population laborieuse. Ce sont les travailleurs qui apportent, directement ou indirectement, la plus grande partie de l’aide financière et pas l’élite politique qui craint comme la peste tous les signes évidents de solidarité de classe entre les travailleurs.

    Nous devons exiger que cette aide – ici et là-bas – soit contrôlée par des organisations du mouvement ouvrier ou des comités démocratiquement élus de la population concernée. On ne peut accepter que des politiciens locaux corrompus en Inde, en Indonésie, au Sri Lanka,… répartissent l’aide de manière discriminatoire sur une base ethnique, politique ou religieuse. Nous devons également empêcher que des politiciens bourgeois ne canalisent l’aide vers les zones intéressantes pour le tourisme et pour les investisseurs capitalistes.

  • Une solidarité qui en dit long…

    En Belgique également, les organisations humanitaires ont vu une forte croissance des dons. Au 4 janvier, un montant record de 7,2 millions d’euros avait été récolté. Beaucoup de jeunes et d’adultes prennent des initiatives pour aider la population en Asie. Cette solidarité massive réfute bien des préjugés, et notamment l’idée que le Flamand est un "égoïste raciste". Pour certains commentateurs, ce serait là la raison principale de la croissance du Vlaams Belang. Ils "oublient" la politique antisociale d’attaques notre pouvoir d’achat, les conditions de travail et les services publics et qui crée le terreau favorable à la montée de l’extrême-droite. Cette politique est imposée par le gouvernement et le patronat et pas par les immigrés qui sont utilisés comme boucs émissaires par le Vlaams Belang.

    Cette solidarité est également une gifle pour le Vlaams Belang lui-même. Ce parti est opposé à toute aide qui n’est pas destinée à "notre propre peuple d’abord". Le VB a parodié la campagne 11.11.11 en la nommant Zelf.Zelf.Zelf (jeux de mot cynique : en néerlandais, 11 se dit elf tandis que zelf signifie soi-même). Une semaine après la catastrophe humanitaire en Asie qui a fait 150.000 victimes et qui domine l’actualité mondiale depuis des jours, le Vlaams Belang n’a pas encore fait le moindre commentaire sur son site web qui est pourtant mis à jour quotidiennement. Il méprise la solidarité entre les travailleurs du monde et espère juste qu’elle se dissipera rapidement.

    Crise économique : l’autre tsunami

    Le MAS pense que les organisations humanitaires comme Médecins Sans Frontières, 11.11.11,… peuvent apporter une aide directe à court terme mais que nous devons chercher plus loin. Comment pouvons-nous apporter une solution définitive aux conflits, aux guerres, à la misère,…. au niveau mondial ? Quel sens cela a-t-il de colmater une brèche quelque part si deux ou trois nouvelles brèches s’ouvrent quelques kilomètres plus loin à cause de la crise et de l’instabilité du capitalisme ?

    Selon les chiffres des Nations-Unies, la moitié de la population mondiale vit officiellement dans la pauvreté. Une partie importante de cette population pauvre vivait dans la région touchée par le raz-de-marée. Chaque jour dans le monde, 30.000 enfants meurent de faim et de maladies guérissables. Ceci n’est possible que parce que des richesses d’une importance jamais vue auparavant sur cette planète ne sont pas utilisées pour satisfaire les besoins de tous. Le système capitaliste et les politiciens qui le servent sont responsables chaque semaine d’un tsunami silencieux à l‘égard des enfants de la planète. Avec une petite partie des fortunes accumulées par les plus riches – ou avec ce que Bush dépense en un mois pour l’occupation de l’Irak – ces enfants ne devraient plus mourir et leurs parents pourraient mener une vie décente.

    C’est ce bas niveau de vie qui est responsable de l’instabilité, des conflits et des guerres. De plus, ces pays à bas salaires sont utilisés comme arguments auprès des travailleurs d’ici sous la forme de menace de "délocalisation" des entreprises. Le capitalisme exploite plus durement la classe ouvrière et les opprimés tant en Occident que dans les pays sous-développés. Les problèmes là-bas sont liés aux problèmes ici.

    Il est écoeurant de voir aujourd’hui les dirigeants du monde occidental se gargariser d’un "moratoire" du remboursement de la dette de ces pays. Cela fait des années que ces pays sont contraints par des institutions capitalistes comme le FMI de casser leur production locale et d’ouvrir leur économie pour satisfaire la soif de profit des multinationales. Ce n’est qu’à ces conditions que ces pays se sont vus octroyer des prêts… qui les ont fait crouler sous le poids de montagnes de dette. La somme que l’Indonésie doit payer aux institutions financières occidentales pour les intérêts de sa dette pour cette seule année – 3 milliards de dollars – dépasse de loin toute l’aide qui a été récoltée jusqu’à présent dans le monde pour l’Asie du Sud-Est (2 milliards de dollars).

    Il existe un danger qu’un report temporaire du payement de la dette conduise à une plus grande soumission au FMI et aux grandes puissances occidentales. Ce qui est nécessaire c’est une suppression totale et inconditionnelle de cette dette. Au lieu de payer des intérêts aux riches régimes occidentaux, on pourrait libérer cet argent pour les besoins de la majorité de la population. La question de la suppression des dettes doit être liée à la question du contrôle de l’utilisation de ces moyens.

    Il faut mettre un terme au pillage des richesses des pays sous-développés dont sont responsables les élites capitalistes aussi bien d’ici que de là-bas. Ces richesses doivent être utilisées pour pourvoir les populations en logements corrects, en salaires décents, en soins de santé, mais également en système d’alarme face à des catastrophes naturelles comme le tsunami que l’on vient de connaître. Cela n’est cependant pas possible sous un système qui fait passer les profits de quelques-uns avant les besoins de la majorité.

  • Le capitalisme va t-il investir dans notre sécurité?

    Dans la région du Pacifique il y avait bien un système d’alarme contre les tsunamis. Le commandement militaire américain a pu avertir à temps sa base militaire sur l’île de Diego Garcia qui se situe dans l’Océan Indien. A Diego Garcia il n’y a donc eu aucune victime. Par contre, l’armée et les autorités américaines ne se sont pas soucié de prévenir les pays menacés par le tsunami. Les spécialistes sont unanimes: un tsunami met des heures à traverser un océan, ce qui laisse largement le temps de prévenir la population. Un tremblement de terre n’est pas prévisible mais, dans le cas d’un tsunami, personne ne devrait, en principe, perdre la vie.

    En outre, des scientifiques d’une commission des Nations Unies avaient déjà plaidé l’été dernier pour la création d’un système d’alarme dans l’Océan Indien. Ils avaient déclaré que "le risque d’apparition d’un tsunami venant de l’Océan Indien ou de plus loin est bien réel". Aucune action n’a cependant été entreprise, peut-être parce que les responsables ont considéré que le danger n’était pas assez grand face aux coûts que cela risquait d’engendrer. Tel a été certainement le raisonnement des responsables indonésiens. Par contre, pour faire la guerre contre des régions séparatistes comme le Timor oriental et l’Aceh, le gouvernement indonésien n’a eu aucun mal à ouvrir son portefeuille.

    Les capitalistes et leurs gouvernements investissent – avec notre argent – pour protéger leur système contre certaines menaces, par exemple contre le terrorisme des fondamentalistes musulmans comme Al-Qaeda. Mais ils sont incapables de résoudre les problèmes qui engendrent le terrorisme : l’oppression, la pauvreté, les guerres, l’absence totale de perspectives. La soif de profit des grandes entreprises empêche d’assurer à toute la population du monde un niveau de vie décent et un véritable contrôle sur sa vie. Dans la lutte contre les conséquences des catastrophes naturelles, il en va de même. A chaque pas, nous sommes freinés et bloqués par les intérêts étroits d’une petite minorité.

    Un membre du bureau sismologique en Thaïlande, Chcheep Mahachan, a déclaré à propos du tsunami : « La sonnette d’alarme n’a pas vraiment été tirée. Si nous l’avions fait et que l’information se serait avérée fausse, cela aurait signifié la mort du tourisme dans la région. ». La chasse au profit – propre au système capitaliste – a ici reçu la priorité au détriment de la sécurité des gens.

    Par ailleurs, on est en droit de se poser à propos de l’aide la question suivante : combien d’argent promis par les gouvernements occidentaux sera-t-il réellement déboursé ? Après le tremblement de Bam en Iran en 2003, un milliard de dollars d’aide a été promis. Finalement seuls 17 millions de dollars ont été effectivement payés jusqu’à présent. Les gouvernements capitalistes ont leurs propres priorités : le maintien de leur pouvoir, de leurs positions et de leurs privilèges et de ceux des entreprises qui aspirent à faire un maximum de bénéfices et avec qui ils sont alliés. Le sort de simples travailleurs et de jeunes ne peut pas les intéresser.

    Planification socialiste : la meilleure garantie contre les conséquences des catastrophes naturelles

    C’est pourquoi, nous aussi, nous avons besoin de nos propres partis pour défendre nos intérêts. Des partis de travailleurs qui sont actifs dans les syndicats, sur les lieux de travail, dans les quartiers et les écoles et qui défendent un véritable programme socialiste. Un programme qui revendique pour la population laborieuse au niveau mondial le contrôle des usines, des matières premières, des terres et de son propre travail par le biais d’un système de comités de travailleurs, de jeunes et d’opprimés, démocratiquement élus à tous les niveaux, avec la possibilité de révocation à tout moment de ceux qui ne font pas correctement leur travail et avec des représentants qui ne gagnent pas plus que le salaire moyen d’un travailleur qualifié.

    Un tel système de démocratie ouvrière et de contrôle de la production par l’ensemble de la population est la meilleure garantie pour nous protéger contre les « catastrophes naturelles ». Ce ne seraient pas des motivations de commerce et de profit qui primeraient pour l’évaluation d’un danger mais bien les intérêts de tous, car ce serait la majorité de la population qui gèrerait l’Etat sur une base démocratique et non pas une clique de politiciens capitalistes au service de la chasse au profit des patrons.

    Ainsi, lors de l’élaboration d’une planification de travaux de construction, il y aurait des discussions sur la manière de prendre en compte les questions d’environnement, les possibilités d’inondations,… A l’heure actuelle, des formes naturelles de défense contre les inondations – comme les barrières de corail ou la végétation dans les dunes de sable – sont souvent sacrifiées aux intérêts à court terme du tourisme ou d’une autre industrie. Dans une économie socialiste planifiée, ce ne serait plus possible. De même, des responsables qui promettent une aide mais qui ne tiennent pas leurs promesses pourraient immédiatement être démis.

    Les décisions concernant la qualité des habitations, la construction de digues, l’aménagement du territoire,… seraient prises collectivement avec une participation permanente de la population laborieuse. De cette façon, on pourrait aussi, lors d’une catastrophe naturelle, organiser l’aide et dégager les moyens nécessaires de façon plus rapide et plus efficace que ce n’est le cas sous le capitalisme. Dans le système actuel, les politiciens et les patrons font tout pour maintenir la masse de la population en dehors de la politique de manière à pouvoir prendre leurs mesures de recul et de destruction sociale. Dans un système socialiste véritablement démocratique, les masses seraient organisées de manière permanente pour gérer la production et la société. Lutte avec nous pour construire une telle société. Deviens membre du MAS !

  • Soutenez le Parti Socialiste Unifié (USP) au Sri Lanka

    Le MAS et le CIO (Comité pour une Internationale Ouvrière – notre organisation internationale) ont été soulagés d’apprendre qu’il n’y a pas eu de morts parmi les membres de notre organisation dans la région. Mais ceux-ci ont encore besoin d’aide. C’est pourquoi nous organisons une solidarité concrète pour les camarades qui sont sans abri ou blessés.

    Le tsunami a touché une région du Sri Lanka où vivent et travaillent beaucoup de nos membres. Le camarade Piyatilake, membre de la direction à Galle, a été porté disparu pendant plusieurs jours et nous avons craint le pire. Son lieu de travail près d’une station de bus a été entièrement détruit et deux personnes qui travaillaient avec lui sont décédées. Le camarade lui-même a été retrouvé dans un hôpital, grièvement blessé. Depuis lors, il est rentré chez lui pour se rétablir.

    Plus de 25 membres de l’USP et leurs familles dans le sud et l‘est de l’île sont sans abri. La plupart résident temporairement dans des camps d’accueil où il y a un besoin urgent en eau, en nourriture, en vêtements et en médicaments. Beaucoup de membres du parti ont perdu des membres de leur famille proche. Presque tous les camarades manquent d’eau potable et il y a une menace de diarrhée et d’autres maladies dans les régions touchées.

    Nous lançons un appel pour aider nos camarades de l’USP. Le parti lui-même organise la protection de ses membres et de ses sympathisants sur l’île. Nous voulons envoyer du matériel pour épurer l’eau et des médicaments au Sri Lanka. Nous voulons aussi leur faire parvenir le plus vite possible des vêtements, de la nourriture et du matériel pour construire des abris.

    Bien que l’USP s’occupe prioritairement d’organiser la survie de ses membres, le parti veut aussi apporter le plus vite possible une réponse politique avec des affiches, des tracts,…. Une plateforme de revendications va être rédigée pour indiquer comment réagir à la crise.

    Pour une reconstruction complète et rapide, il y a un besoin urgent de moyens. Pendant des années, la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire International ont mis la population locale au pain sec avec leurs diktats néo-libéraux. Toutes les dettes extérieures du pays doivent immédiatement être supprimées et pas seulement postposées. Pour une solution durable aux problèmes des travailleurs et des pauvres au Sri Lanka, une transformation socialiste de la société est nécessaire. Nous voulons apporter notre soutien aux membres de l’USP à un moment où ils en ont grand besoin.

    Un premier chargement de tablettes d’épuration d’eau est déjà parti pour le Sri Lanka. Il a été payé par notre député irlandais Joe Higgins et a coûté quelque 400 euros. Même avec des montants relativement modestes comme celui-là, nous pouvons apporter une contribution très importante pour pourvoir aux besoins les plus urgents de l’USP au Sri Lanka.

    Des contributions financières peuvent être versées de plusieurs façons :

    > Online via le site www.socialistworld.net du CWI (pour ceux qui disposent d’une carte de crédit (Visa ou autres). Ecrivez en communication : « Campaign Sri Lanka ».

    > En effectuant un virement sur le compte 001-2260393-78 du MAS avec la mention « Sri Lanka ».

    Tous les montants seront intégralement utilisés pour une aide concrète et directe au Sri Lanka. N’hésitez pas à vous montrer solidaire.

  • Tremblement de terre, raz de marée: Dévastation au Sri Lanka.

    La dévastation tragique causée par le tremblement de terre et le raz de marée dans l’Océan Indien a entraîné la mort de dizaines de milliers de personnes. Dans le seul Sri Lanka, ce sont plus de 13000 personnes décédées et ce chiffre ne cesse d’augmenter.

    Un nombre de membres du United Socialist Party (CIO au Sri Lanka) sont portés diparus, ainsi que le camarade Piyatilake, un membre du Comité Central du USP et qui vivait et travaillait à Gallen une des villes du sud du Sri Lanka qui a été touché le plus durement par le « Tsunami ». D’autres membres du parti ont été tué et les maisons de beaucoup d’entre eux ont été détruites.

    Nous attendons des nouvelles du sort des camarades de la côte Est – spécialement ceux qui vivent autour de Pottuil- région ou des villes et des villages entiers ont été détruits. Nous mettrons en ligne plus d’informations quand nous aurons des nouvelles des camarades ainsi que le matériel avec la réponse du USP sur la catastrophe.

    Sérieusement, d’énormes ressources doivent être trouvées pour sauver les vies des blessés. Il est aussi très important d’ essayer de nettoyer l’eau, de trouver de la nourriture et des abris. On devrait utiliser l’argent qui était destinée à l’armée Sri Lankaise ( qui se préparait à une reprise d’une guerre civile sur l’île) pour un programme massif du gouvernement pour la reconstruction immédiate de maisons, lieux de vie,….

    Il devrait y avoir un maximum de contrôle démocratique sur tous les programmes d’aides d’urgence par des comités élus de travailleurs et de gens pauvres dans chaque région et au niveau national. Il ne peut y avoir aucun privilège pour les riches et aucune discrimination sur base de la nationalité, religion ou caste.

    Le coup porté au United Socialist Party par cette tragédie est impossible a estimer. Galle, par exemple, était une zone ou le USP étaient en train de gagner du soutien et avait un de ses meilleur résultat aux dernières élections. Dans l’ Est et à Jaffna, nos camarades ont combattu vaillamment pour un programme socialiste clair du parti, incluant les pleins droits à l’autodétermination pour la population Tamil et pour les minorités dans ces régions.

    Les camarades à travers l’île sont en plein dans un cauchemar. Ils vont avoir besoin de l’aide et de la solidarité des membres du CIO et de leurs sympathisants du monde entier, pour surmonter les difficultés immédiates auxquelles ils sont confrontés et pour reconstruire les ressources et la capacité de lutte du USP.

    Nous demandons à tous ceux qui souhaitent donner un soutien au USP, et qui souhaitent aider à construire sa force de campagne, d’envoyer des donations au :

    "Campaign Sri Lanka", c/o Committee for a Workers’ International

    PO Box 3688, London, Britain, E111YE

    Messages de soutien et de solidarité peuvent être envoyés par e-mail (espérant que l’électricité et les téléphones fonctionneront) au:

    usp@dynaweb.lk

    cc à :

    cwi@worldsoc.co.uk

  • L’Irak au cœur des élections américaines

    La situation en Irak aujourd’hui évoque de plus en plus celle qui existait au Vietnam au début des années 70: une population massivement opposée à la présence d’une armée US, un pouvoir local incapable de faire face aux escarmouches et aux attaques de la guérilla, une armée américaine incapable de former une relève locale et forcée de rester en première ligne, un gouvernement fantoche qui, jour après jour, annonce des victoires partielles devant mener à une victoire totale proche… qui s’éloigne pourtant de jour en jour! La principale différence, c’est que l’intervention américaine au Vietnam a duré dix ans, avec un effectif qui a atteint 500.000 soldats, et que la déroute risque d’arriver beaucoup plus vite en Irak.

    Jean Peltier

    La situation n’a en effet pas cessé de se dégrader pour les USA et leurs marionnettes au cours des derniers mois. Les actions de commando s’intensifient dans la plupart des villes, l’armée US a perdu le contrôle de très nombreuses régions du pays, le gouvernement installé par les Américains n’a aucune autorité, la coordination grandit entre les diverses fractions engagées dans la résistance armée, les bombardements massifs de l’aviation US en riposte aux attentats frappent durement la population civile et augmentent la haine envers les Américains et le soutien à la résistance armée.

    Il est certain qu’une fois n’est pas coutume, les questions internationales, et en particulier le terrorisme et l’Irak, joueront un rôle important dans la campagne électorale américaine. Mais il n’est pas encore clair dans quel sens elles feront pencher la balance. Car les Américains semblent très partagés sur le sujet. La domination des chaînes radio et télévision conservatrices – la grande majorité des chaînes radio et de télévision sont propriétés de quelques groupes financiers hyper puissants, dont les dirigeants sont étroitement liés aux cercles conservateurs à la tête du parti républicain – fait que la moitié au moins des Américains sont toujours persuadés qu’il y avait des armes de destruction massive en Irak, que Saddam Hussein était lié à Al Qaïda et que l’armée américaine est en train de gagner la partie en Irak.

    Bush joue à fond la carte de la peur, se présentant comme le seul dirigeant capable d’en finir avec le "terrorisme international". Kerry, par contre, peine à trouver une ligne claire. Il n’est évidemment pas simple pour lui d’avoir soutenu Bush dans son escalade contre Saddam, voté pour la guerre l’an dernier et dire aujourd’hui que cette guerre était une erreur et qu’il avait été "trompé" par les informations trafiquées données par Bush ce qui ne fait pas très sérieux pour un candidat à la présidence de la première puissance mondiale.

    Mais, au delà de ses petits problèmes personnels, les difficultés de Kerry viennent de ce qu’il est pris dans le dilemme qui étreint toute la classe dirigeante US. Bush est intervenu en Irak, avec le soutien de toute la bourgeoisie américaine, pour restaurer le prestige des USA ébranlé par le 11 septembre et pour prendre le contrôle des richesses pétrolières de l’Irak. Mais, un an et demi après, passée l’euphorie de la chute de Saddam, gagner la guerre apparaît de plus en plus impossible. Mais devoir quitter ce pays en l’abandonnant au chaos ou, pire encore, à un nouveau régime ennemi est une option encore plus impossible à envisager pour les dirigeants américains. D’où les propositions avancées par Kerry pour "internationaliser" le conflit et impliquer l’ONU dans la gestion de la crise, ce qui ouvrirait peut être une porte de sortie honorable aux Etats Unis. Mais les pays qui ont soutenu Bush rechignent à en faire plus et ceux qui s’opposaient à la guerre: France, Allemagne, Russie, Chine, Brésil, Inde,… n’ont aucune envie d’aller s’embourber dans les sables irakiens et de devenir des cibles ouvertes pour la ré&sistance irakienne.

    Bush et la victoire rapide impossible. Kerry et le désengagement progressif tout aussi impossible. Nuits blanches et avenir noir sont au programme des futurs stratèges de la Maison Blanche.

0
    0
    Your Cart
    Your cart is emptyReturn to Shop