Category: Asie

  • Kazakhstan: Un rapport d’Alma Ata

    «Nous sommes la seule organisation socialiste révolutionnaire et cela offre beaucoup de perspectives» explique un membre de Démocratie Ouvrière, ancien meneur de grèves dans une usine d’armement d’Ouralsk. Deux semaines durant j’ai discuté avec des dizaines de militants d’Alma Ata, fait plusieurs rapports sur le travail du CIO et ai pu me rendre compte des actions locales.

    Eric Byl

    Alma Ata, verte métropole peuplée de 1,2 millions d’habitants nichée au fond d’une vallée, était jusqu’en 1998 la capitale administrative, aujourd’hui déménagée à Asnata. La construction d’Astana, projet du président Nazarbaïev, absorbe 50% du budget national. Nazarbaïev était secrétaire général du Parti communiste avant l’indépendance (1991) et, entre-temps – grâce à des multinationales occidentales comme Exxon-Mobil, La Lyonnaise des Eaux et précédemment Tractebel – est devenu multimillionnaire.

    Nazarbaïev contrôle 80% de l’économie et presque tous les partis: son parti (Patrie), le deuxième plus grand parti «d’opposition» (Tous Ensemble) dirigé par sa fille aînée, le troisième (Choix Démocratique) par son beau-fils, le PC Populaire qui le soutient ouvertement, le PC officiel qui siège au front populaire et poursuit une politique néolibérale avec le Choix Démocratique. La petite Fraction Marxiste-Léniniste appelle avec nous à un boycott des jeunes aux élections.

    L’exploitation pétrolière et du gaz entretient une classe moyenne prospère, mais la majorité ressent l’économie de marché différemment: avant 1991 le revenu mensuel d’un travailleur était de 150 roubles contre 200 dollars aujourd’hui, le loyer s’élevait à 3 roubles contre 50 dollars actuellement, et les soins de santé et l’enseignement gratuits sont dans un piètre état. La qualité se paie comme en Occident.

    Malgré la répression, la résistance s’organise: Démocratie Ouvrière a des sections dans une demi-douzaine de villes au Kazakhstan et est en discussion avec des groupes d’Ouzbékistan, du Kirghizistan et du Tadjikistan.

  • L’insoluble conflit tchétchène dégénère en massacre dans une école

    Personne n’a oublié les images choquantes du dénouement sanglant de la prise d’otage de Beslan, début septembre dernier. 1.200 enfants, parents et enseignants étaient enfermés dans une école de la république russe d’Ossétie du Nord par un commando pro tchétchène. Les otages ont été privés d’eau et de nourriture par les ravisseurs qui portaient des ceintures d’explosifs. La prise d’otage a pris fin après quelques jours lorsque les troupes russes ont attaqué le bâtiment. 335 personnes sont mortes dans cet assaut dramatique, dont beaucoup restent encore à identifier. L’opinion publique mondiale et plus particulièrement russe en restera très longtemps choquée.

    Laurent Grandgaignage

    La manière brutale et chaotique employée par l’armée russe nous rappelle évidemment le tragique événement du théâtre de Moscou en 2002. A l’époque, il y eut 700 ou 800 otages d’une cinquantaine de Tchétchène lourdement armés. Les terroristes revendiquaient le retrait des troupes russes de Tchétchènie. L’armée réagit par des gaz toxiques, faisant plus de 120 victimes. Couplée aux récentes attaques contre deux avions et contre une station de métro à Moscou, le drame de Beslan ne peut que réaffirmer l’impasse du conflit tchétchène.

    La Tchétchènie opprimée depuis des siècles

    Le peuple tchétchène est depuis longtemps opprimé par des forces d’occupations étrangères. En 1830 le tsar Nicolas I envahit le pays. Ce n’est qu’après la Révolution russe de 1917 que le pays reçu le droit à l’autodétermination et, comme beaucoup d’autres républiques de la région, rejoignit librement l’Union soviétique.

    Après la contre-révolution stalinienne les nationalités furent à nouveau opprimées et en 1944 la plus grande partie du peuple tchétchène subit la déportation. En 1991 le pays devint indépendant, mais trois ans plus tard Boris Eltsine l’envahit. Face à la résistance, le pays finit par sombrer dans le chaos. La lutte entre différents seigneurs de guerre fit rage, parallèlement à l’extension de l’influence islamiste. En 2000 Poutine ordonna le rétablissement de l’ordre prorusse à Grozny et l’escalade de violence consécutive à la répression militaire a provoqué des centaines de milliers de victimes des deux côtés. En fait, la politique intérieure du président russe est essentiellement préventive: si une région revendiquant l’indépendance parvenait enfin à l’obtenir, d’autres régions risqueraient de s’engager dans la même voie.

    L’Occident se tait face à l’occupation russe

    Les décennies passées furent donc très dures pour le peuple tchétchène. La répression russe – villes détruites, massacres d’hommes, femmes et enfants – a créé le terreau sur lequel les mouvements réactionnaires et terroristes ont grandi. L’hypocrisie règne quand Poutine présente l’occupation comme une pièce de la stratégie de la "guerre contre le terrorisme international". Les puissances occidentales ne critiquent pas cette guerre car beaucoup d’entre-elles sont impliquées dans cette alliance antiterroriste. De plus, il est important pour l’Europe et l’Amérique du Nord de garder de bonnes relations avec la CEI qui possède un potentiel économique important. La région caucasienne est aujourd’hui très importante au point de vue de la production du pétrole et du gaz. La Russie est le premier exportateur de gaz naturel au monde et le deuxième exportateur de pétrole après l’Arabie Saoudite.

    Le capitalisme russe en déclin

    La colère du peuple russe face aux attaques terroristes n’est pas seulement dirigée contre les organisations pro Tchétchènes armées mais également contre le président Poutine. Beaucoup l’estiment responsable de la persistance du conflit tchétchène. Le peuple subit les conséquences de ces tensions ethniques et doit en plus endurer les effets de la politique néo libérale du président Poutine.

    Les récentes coupes dans la sécurité sociale ont plongé des dizaines de millions de travailleurs russes dans la misère. Depuis la réintégration du capitalisme, la pauvreté et l’inégalité n’a cessé de croître dans le pays. La "guerre contre le terrorisme" est habilement utilisée par Poutine pour détourner l’attention du mécontentement grandissant. En tant que marxistes, nous condamnons non seulement le terrorisme mais également la répression militaire de la Russie. Les marxistes ont pour tâche de construire un mouvement de masse qui uni travailleurs tchétchènes et russes en surmontant les différences nationales, ethniques et religieuses. Ce n’est qu’en luttant ensemble que l’on pourra enfin sortir de cette spirale de violence découlant de la crise capitaliste.

  • Irak: une résistance ouvrière s’organise

    L’AFFRONTEMENT DANS la ville sainte de Najaf entre le nouveau gouvernement intérimaire installé par les Américains et l’Armée du Mahdi, le mouvement du chef chiite intégriste Moqtadr Al Sadr, a fini par déboucher sur un accord provisoire qui soulage le gouvernement. Mais la situation de celui-ci reste toujours aussi délicate.

    Jean Peltier

    Les forces d’occupation ne contrôlent que de petites enclaves fortifiées et des points de passage stratégiques. Les attaques quotidiennes contre les pipelines perturbent gravement les exportations de pétrole. La reconstruction annoncée est un fiasco: le Congrès US a voté un crédit de 18 milliards de $ pour reconstruire l’Irak mais jusqu’ici seuls 600 millions ont été débloqués et ils ont essentiellement servis à tenter d’accroître la sécurité.

    La grande majorité des Irakiens veulent la fin de l’occupation américaine et n’accordent aucun crédit au nouveau premier ministre Allawi. Mais, face au pouvoir, la résistance est loin d’être homogène. Une première branche, établie dans la zone à dominante sunnite, est dirigée par d’anciens dignitaires et militaires du régime baathiste de Saddam Hussein. Une partie d’entre eux ne seraient sans doute pas opposés à chercher un accord avec Allawi. Ce qui inquiète fortement les dirigeants religieux de la majorité chiite qui craignent de se retrouver demain exclus du pouvoir comme ils l’étaient sous Saddam. Toutefois, si Moqtadr El Sadr jouit d’un grand prestige parmi la population des quartiers pauvres, il reste assez isolé parmi les responsables chiites dans sa stratégie d’affrontement ouverte avec les Américains. Mais d’autres chefs religieux pourraient basculer eux aussi dans l’opposition ouverte si Allawi tente de reconstruire un pouvoir autoritaire basé sur les sunnites.

    Loin de l’attention des médias se développe pourtant depuis un an une autre résistance qui a, elle, pour objectif premier de défendre les intérêts des travailleurs, des chômeurs et des femmes. Après deux guerres et dix ans d’embargo, l’industrie tourne au ralenti, les salaires sont très bas et souvent impayés, le chômage est massif, la sécurité sociale réduite à néant.

    Les autorités d’occupation n’ont rien fait pour améliorer cette situation et encore moins pour permettre aux travailleurs de s’organiser. Au contraire, elles ont commencé par durcir les lois antisyndicales instaurées en 1987 par le régime de Saddam Hussein! En septembre dernier, elles ont réduit les salaires payées aux travailleurs des services publics et supprimé les aides pour l’alimentation et le logement. Lorsqu’en octobre, elles ont tenté d’étendre ces mesures aux travailleurs du pétrole, ceux-ci ont créé un nouveau syndicat et sont partis en grève. Sous la menace de bloquer la production et de rejoindre la résistance armée, les travailleurs de la Southern Oil Company ont obtenu le retrait des mesures. Depuis lors, des grèves ont éclaté dans les ports et les stations électriques où, là aussi, les autorités ont dû faire marche arrière.

    Des dizaines de syndicats indépendants se sont formés non seulement dans le sud du pays mais aussi à Bagdad et les villes du centre et même au Kurdistan et une partie s’est regroupée récemment dans une Fédération des Syndicats et des Conseils Ouvriers d’Irak. Parallèlement, d’autres mouvements se sont formés. L’Union des Chômeurs a organisé des manifestations et des occupations de bâtiments publics pour exiger le paiement d’allocations et la création d’emplois et affirme organiser plus de 100.000 chômeurs. L’Union des Familles sans Toit réclame un programme de reconstruction rapide de logements. L’Organisation pour la Liberté des Femmes lutte contre la sharia (la loi islamique qui impose notamment un statut de soumission à la femme) que les religieux appliquent brutalement dans les zones qu’ils contrôlent mais que le gouvernement veut aussi généraliser.

    Toutes ces organisations, qui luttent à la fois contre l’occupation américaine et son gouvernement fantoche et pour défendre les droits des travailleurs et des femmes et refusent de s’aligner derrière les diverses milices saddamistes et intégristes, représentent le meilleur espoir pour le peuple irakien. C’est à elles que doit aller notre solidarité active.

  • IRAK: Le fantôme du Vietnam revient hanter Bush

    Le 30 juin est la date retenue pour le passage symbolique du pouvoir en Irak à une nouvelle autorité. Ce changement sera évidemment de pure façade: une autorité non élue et choisie par l’occupant américain sera remplacé par une nouvelle autorité… non élue et choisie par l’occupant américain. Mais, demain comme hier , le pouvoir réel appartiendra toujours à l’armée américaine.

    Jean Peltier

    Car le fait le plus marquant de ces dernières semaines est la montée du nombre d’attaques contre l’armée US et surtout contre ceux qui collaborent avec elle. Les postes de recrutement pour la police et l’armée sont devenues les cibles quotidiennes des groupes de résistants, tandis que l’organisation liée à Al-Qaïda multiplie les enlèvements de militaires et de civils étrangers, de manière à faire monter la pression sur les gouvernements de ces pays pour qu’ils se retirent du pays.

    Quinze mois après le début de la guerre, le bilan est désastreux pour Bush. L’Irak devait devenir un « modèle » pour l’instauration de la démocratie « à l’américaine » au Moyen-Orient ; aujourd’hui, le pays est dans un état chaotique et le nouveau régime installé par l’armée américaine ne dispose d’aucune base populaire en dehors du Kurdistan. La chute de Saddam Hussein devait représenter un coup fatal au terrorisme ; l’Irak est devenu une base d’accueil pour les militants des mouvements intégristes radicaux de tout le monde musulman. La mainmise sur l’Irak devait assurer aux compagnies américaines le contrôle de l’appareil de production pétrolier et surtout des énormes réserves enfouies dans le sol du pays .

    Aujourd’hui, la production reprend à grand peine, les actes de sabotages dans les raffineries et les pipelines se multiplient et le cours du pétrole s’envole sur les marchés internationaux. Et, cerise sur le gâteau, la guerre devait assurer à Bush une réélection dans un fauteuil. Au lieu de quoi sa cote de popularité baisse avec régularité.

    Bush est maintenant confronté à un dilemme extrêmement douloureux. Soit il opte pour un gouvernement fantoche et une administration reconstruite et soumise aux USA. Mais, pour cela, vu l’impopularité énorme de l’occupation parmi la population et la multiplication des attentats, l’administration américaine sera obligée d’envoyer de plus en plus de troupes en Irak. Soit le gouvernement US essaie d’échapper à l’enlisement et retire peu à peu ses troupes d’Irak, laissant ses partisans se débrouiller sur place. Mais cela paraîtrait aux yeux du monde entier comme l’aveu d’un échec colossal…. avec le risque, en plus, de voir l’Irak basculer dans un chaos complet.

    Trente ans après, le fantôme du Vietnam revient hanter le pensionnaire de la Maison Blanche : soit l’enlisement pendant des années, soit le retrait sans gloire et lourd de conséquences, soit l’un puis l’autre !

    Mais, quoiqu’il arrive en Irak, un mythe s’est déjà effondré : celui de la superpuissance américaine que, depuis la chute du mur de Berlin et l’accélération de la mondialisation, rien ne pourrait plus arrêter. La résistance de la population irakienne, comme auparavant celle du Vietnam, montre les limites de la puissance US : elle peut, grâce à son énorme potentiel technologique et militaire, gagner sans trop de difficultés une guerre conventionnelle – surtout contre un régime dictatorial du Tiers- Monde. Mais elle ne peut imposer sa volonté face à la résistance massive d’un peuple.

    « Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage » (Jean Jaurès)

    Le vingtième siècle a été un siècle de guerres d’une ampleur jamais égalée jusque là : 10 millions de morts lors de la Première Guerre Mondiale, 55 millions lors de la Deuxième, 2 millions dans les guerres successives d’Indochine et du Vietnam et des dizaines de millions d’autres au cours de la centaine d’autres guerres locales ou régionales qui ont ravagé un grand nombre de pays depuis 1945.

    Certes, les guerres font partie de l’histoire de l’humanité depuis des millénaires mais le passage au capitalisme a donné une nouvelle ampleur à cellesci. Dès le 16e siècle, les premières bourgeoisies marchandes ont largement assis leur fortune sur la conquête du continent américain, qui a entraîné l’extermination d’une grande partie des populations indiennes d’Amérique, et sur la colonisation de l’Afrique, où le pillage des richesses s’est accompagné de la déportation de millions d’Africains vers les Amériques. Dans ce monde colonial, les grandes puissances européennes, l’Espagne, puis la France et la Grande-Bretagne, ont utilisé continuellement la guerre pour accroître leurs richesses et leur empire.

    Ces guerres de rapines et de pillages menées par les Etats ne diffèraient encore des anciennes guerres féodales que par leur ampleur. Mais il est un autre type de guerre plus propre au capitalisme qui va ensuite se développer : celle qui prolonge directement la concurrence économique entre les entreprises.

    Au cours des cent cinquante dernières années se sont constituées dans les pays économiquement les plus avancés de grandes entreprises ne visant plus seulement un marché national devenu trop étroit mais aussi une expansion internationale qui les pousse à l’affrontement avec leurs concurrents d’autres pays. Dans ce jeu, chaque Etat national exerce toute la pression dont il est capable – y compris au plan militaire – pour aider ses propres capitalistes à prendre l’avantage sur leurs rivaux étrangers. Aussi longtemps que l’économie est en expansion, la plupart des multinationales peuvent espérer réaliser des profits suffisants pour continuer à se développer. Mais quand une crise économique survient et s’approfondit, la concurrence économique devient une véritable guerre économique et la lutte pour la vie des capitalistes peut devenir une lutte pour la vie entre Etats, chacun disposant de moyens de destruction grandissants.

    Les deux grandes guerres mondiales ont été des guerres impérialistes, c’està- dire des conflits entre des alliances d’Etats capitalistes pour le contrôle des ressources et des marchés et pour la domination du monde. Par la suite, la grande majorité des guerres ont eu comme toile de fond les luttes entre les multinationales et leurs Etats pour s’emparer du contrôle de positions économiques et stratégiques décisives.

    Les deux guerres du Golfe avaient évidemment pour enjeu le contrôle du pétrole. Mais des guerres beaucoup plus locales n’échappent pas à cette logique. Ainsi, dans les multiples conflits qui ensanglantent l’Afrique, derrière les luttes entre chefs locaux pour le pouvoir se dessinent les manoeuvres des USA pour élargir leur emprise au détriment des anciennes puissances coloniales anglaises et françaises.

    La concurrence et la guerre sont inséparables et elles sont toutes deux au coeur même de l’existence du capitalisme. Ce n’est qu’en renversant ce système barbare et en construisant un système réellement socialiste – remplaçant la concurrence et la course effrénée au profit par une planification démocratique permettant d’orienter la production vers la satisfaction des besoins de la majorité de la population – que nous pourrons instaurer une véritable paix mondiale.

  • Les Irakiens découvrent la “démocratie”

    TORTURES ET HUMILIATIONS

    Nous étions des millions l’an dernier à faire entendre notre voix contre cette guerre impérialiste, des millions à clamer haut et fort que les raisons qui ont poussé les armées de la coalition en Irak étaient toutes autres que la défense des droits de l’homme et l’instauration de la démocratie. Mais, malgré Guantanamo, il restait des sceptiques.

    Nicolas Croes

    Si tous n’allèrent pas jusqu’à cautionner entièrement l’intervention, la plupart admettaient volontiers que le peuple irakien allait enfin être libéré, et que le mal, somme toute, ne serait que passager.

    Beaucoup enchaînèrent en se moquant des extrémistes qui liaient la guerre au capitalisme. L’absence des fameuses armes de destruction massive avait cependant diminué leur nombre. Puis, l’on s’aperçut que les infrastructures pétrolières bénéficiaient de privilèges honteux compte tenu des conditions de vie de la population. Ils furent encore plus isolés quand il devint évident que la population ne voulait pas des marines US, ni d’une autre armée étrangère. En reste t-il encore aujourd’hui après la publication des photos de détenus ?

    Devant la résistance qui s’organise, à Bagdad comme ailleurs, les Américains crurent bon d’utiliser une vieille pratique de la CIA : la torture, tant physique que psychologique. C’est en effet avec l’approbation du secrétaire d’Etat à la défense Donald Rumsfeld que les prisonniers ont dû subir de tels sévices. Histoire de les préparer aux interrogatoires, l’avancée du processus de démocratisation étant à ce prix… La coalition s’est enfoncée dans un bourbier sans nom, c’est maintenant clair pour tout le monde et les Etats-Unis sont de plus en plus isolés pour y faire face.

    L’Irak plonge de jour en jour dans le chaos, et les exportations de pétrole s’en ressentent: elles s’élèvent approximativement à 2 millions de barils par jour, contre 3 millions avant le conflit. Tout cela tombe à un très mauvais moment puisque la Chine est de plus en plus demandeuse et que l’OPEP a décidé d’augmenter les prix. De plus, la reprise de l’économie américaine est fragile, et le soutient à Baby Bush diminue sans cesse, or les élections sont proches.

    Il ne faut cependant pas espérer une autre situation avec John Kerry. Il reste, lui aussi, à la botte des multinationales américaines, et a d’ores et déjà annoncé son refus de retirer les troupes d’Irak. Que cela soit en Irak où aux USA, il n’y a aucun espoir de mieux-être pour la majorité de la population sous le capitalisme.Ensemble, nous devons lutter contre ce système pourri qui n’engendre, à quelques riches exceptions près, que la misère et la guerre.

  • Irak: Les troupes d’occupation sous le feu de la résistance

    LES DERNIERES prises d’otages d’étrangers en Irak marquent une phase cruciale dans la lutte contre l’occupation. Il y avait déjà depuis longtemps une résistance armée contre les troupes US dans ce qu’on ppelle le «triangle sunnite», entre les villes de Tikrit, Fallujah et Bagdad. Les attaques de l’armée américaine contre les milices du leader chiite radical Muqtada al-Sadr ont ouvert un second front. Les Américains et leurs alliés doivent maintenant combattre non seulement les Sunnites dans le Nord de l’Irak, mais aussi les Chiites dans le Sud.

    Karel Mortier

    Les Chiites étaient cruellement opprimés par Saddam. Dès lors les troupes d’occupation ne s’attendaient pas à devoir f aire f ace à une telle résistance de leur part. Maintenant que c’est le cas, surgit pour les Américains le spectre d’une lutte unifiée des sunnites et des Chiites contre l’occupation. Le gouvernement Bush essaie de tout faire pour minimaliser les problèmes en Irak, refuse les comparaisons qui sont faites avec le Vietnam. Pour tant, le nombre total de soldats américains morts en Irak s’élève à plus de 700. Durant les 6 premières années de la guerre du Vietnam les Américains ont perdu 500 soldats…

    Le président Bush expliquait solennellement le 2 mars 2003, depuis le porte-avion "USS Abraham Lincoln", que «les combats principaux en Irak sont terminées». A ce moment-là, il y avait 135.000 soldats américains en Irak. Les experts estiment actuellement que les Américains auraient besoin de 225.000 soldats pour pouvoir occuper effectivement tout le pays. Les américains ne les ont pourtant pas et en ce moment, aucun autre pays n’est disposé à envoyer des troupes supplémentaires, bien au contraire.

    Les attaques contre les troupes de la coalition sont, d’après Bush et Blair, le travail d’un petit groupe fanatique, extrémiste et terroriste, alors que la grande majorité de la population irakienne voudrait la paix. Les méthodes musclées avec lesquelles la coalition a abordé la question des «extrémistes» a pourtant renforcé la position d’al-Sadr.

    Et cela a soudé les rangs de la population irakienne. La nouvelle armée mise en place par les Américains depuis la chute de Saddam refuse de lutter contre les Irakiens. Les membres du gouvernement transitoire menacent de s’en aller par protestation contre les exactions des Américains à Fallujah, où des centaines de citoyens irakiens ont péri. En attendant, aux Etats-Unis, le mécontentement gronde contre la politique de Bush; il est évident que celui-ci a menti sur ces motivations pour envahir l’Irak. Chaque jour des avions atterrissent aux USA, ramenant des cadavres de soldats américains. Pendant ce temps le président est tranquillement dans son ranch au Texas.

    La manière dont les Américains vont tenter de régler les problèmes colossaux en Irak n’est pas claire non plus. Malgré la violence croissante, les Américains continuent d’affirmer que le transfert du pouvoir aura lieu le 30 juin. D’après Bush, les Nations Unies pourraient jouer un plus grand rôle en Irak. Il est pourtant clair que l’ONU est vue par la majorité de la population irakienne comme un instrument de l’impérialisme US. Dans les années 90, plus d’un million d’Irakiens sont morts à cause des sanctions imposées par les Nations Unies. L’attentat contre leur quartier général en Irak atteste que c’est une institution en laquelle les Irakiens n’ont pas confiance.

    Beaucoup de gens redoutent qu’un retrait des troupes de la coalition mène à un plus grand chaos, et même à une guerre civile. Des politiciens comme Blair se servent de cette crainte pour justifier l’occupation. Dans le cadre du capitalisme en effet, le danger d’un éclatement de l’Irak est bien présent. Si l’ennemi commun des sunnites et des chiites se retire, les conflits ethniques peuvent s’aggraver. C’est pourquoi seule une solution socialiste basée sur les intérêts des travailleurs, des paysans et des Irakiens pauvres,… peut résoudre les problèmes à long terme.

  • Iran: “Chaque semaine, il y a une grève qui éclate”

    LES DERNIERES élections législatives en Iran ont été un triomphe pour les religieux conservateurs autour de Khamenei. Ils ont organisé un véritable putsch contre la faction réformatrice du président Khatami. Alternative Socialiste a discuté avec Peyman, un militant de gauche iranien réfugié en Belgique. Il nous explique la situation dans son pays.

    La mainmise des conservateurs semble fortement renforcée suite aux dernières «élections». Comment analyses-tu les derniers développements politiques?

    – Les conservateurs ont commis l’erreur de laisser le réformateur Khatami accéder à la présidence en 1997. Khatami a lâché la bride aux journalistes même s’il n’entendait pas soustraire la liberté de la presse à la loi islamique. La population en a ainsi appris beaucoup sur la politique des conservateurs. Depuis 1997, une bonne centaine de journalistes ont été tués, 2.000 ont été arrêtés et quelque 100 journaux ont été fermés. Les réformateurs ont publié tout cela. Plusieurs scandales financiers ont aussi été révélés.

    Les conservateurs ne parvenaient pourtant pas à stopper les réformateurs. Ils y sont finalement arrivés par la voie judiciaire: ils ont constitué des dossiers, des milliers de candidatures réformatrices ont été invalidées à l’approche des élections. Les personnalités réformatrices les plus marquantes sont maintenant hors jeu.

    Comment les travailleurs et les jeunes ont-ils réagi?

    – Il y a eu beaucoup de manifestations pendant les élections. Des milliers de gens sont descendus dans la rue. Des étudiants et des travailleurs, dans les grandes comme dans les petites villes. A Shahre Babak, 20 ouvriers d’une usine de cuivre ont été tués lors d’une manifestation parce qu’ils s’opposaient à des licenciements et qu’ils tentaient d’occuper leur entreprise. Il y a eu aussi des manifestations à Semiram, à Lamerd,… On cherchera en vain des compte-rendus de ces manifestations sur CNN, mais on en trouvera sur les sites web et dans les journaux des réformateurs.

    Les illusions envers les réformateurs se sont dissipées. Les conservateurs ont entièrement repris le contrôle du gouvernement, du parlement, de la justice et des médias. C’est maintenant la population qui va affronter les conservateurs.

    Chaque semaine, il y a une grève quelque part en Iran. Sur le payement des salaires, sur l’assurance-maladie, contre les licenciements,… Dans la ville iranienne Khodro se trouve la plus grande entreprise du pays. On y produit la Peugeot et une marque locale de voitures. Plus de 1.000 ouvriers y sont en grève contre des licenciements et pour des revendications salariales.

    En mars, les enseignants ont fait une grève nationale d’une semaine pour de meilleurs salaires et contre le fléau des contrats temporaires. Ils menacent de continuer si le gouvernement ne cède pas. Le gouvernement tente de faire passer ces grèves pour «apolitiques», par oppo-sition aux actions des étudiants. Les travailleurs et les jeunes ne sont pourtant pas dupes. L’absence d’ouverture des conservateurs va mener à des explosions.

    La gauche n’a pas de presse libre, les meetings publics sont impossibles. L’activité politique est souterraine. Le sentiment général – «les réformateurs ne le feront pas pour nous, tout le régime doit partir» – nous est plus propice. Lors de la révolution de 1979, il y avait la ques-tion de la religion. Les jeunes d’aujourd’hui s’en sont éloignés à cause des méfaits du régime.

    On peut parler plus facilement du matérialisme et du socialisme. Je crains cependant que les religieux chiites irakiens n’optent pour un régime fondamentaliste. Al-Sistani n’a rien d’un Erdogan en Turquie. Les religieux chiites dissuadent les femmes de se mêler de politique. La liberté d’organisation est bafouée. On suit facilement les leaders religieux. Al-Sistani emboîte le pas aux Talibans et à feu l’ayatollah Khomeini, même s’il tempère ses propos sous la pression américaine.

    Propos recueillis par Peter Delsing

  • Troupes US hors d’Irak!

    Contre l’occupation au Proche-Orient

    UN AN APRES le début de la guerre, l’administration Bush commence à se rendre compte qu’il était plus facile d’envahir l’Irak hier que d’en sortir aujourd’hui.

    Jean Peltier

    La majorité de la population, y compris parmi ceux qui se sont réjouis de la chute de la dictature de Saddam Hussein, souhaite en finir au plus vite avec l’occupation américaine. Car celleci n’a rien amélioré dans le pays. La situation économique est toujours aussi dramatique. Une grande partie de l’industrie est à l’arrêt, le reste ne fonctionne qu’au ralenti. Les salaires sont payés avec retard et au compte-gouttes, 60 % de la population dépend de l’aide alimentaire, le chômage atteint 70%. L’électricité ne fonctionne que quelques heures par jour. L’extraction et l’exportation du pétrole a repris mais l’essence reste sévèrement rationnée.

    Contrairement aux espoirs de l’administration Bush, la capture de Saddam Hussein n’a pas signifié la fin de la résistance armée. Les attentats continuent quotidiennement, surtout dans la région sunnite. Plus de 350 soldats américains ont trouvé la mort en Irak depuis que Bush a annoncé la fin de la guerre le 1er mai 2003. Ces dernières semaines, les attentats visent surtout les Irakiens qui souhaitent s’engager dans la police et l’armée contrôlée par les Américains. Mais l’opposition ne se réduit pas aux attentats commis par des fidèles du parti Baas ou par des groupes islamistes. Des syndicats indépendants, des organisations de chômeurs et de femmes se constituent un peu partout et manifestent pour revendiquer une amélioration du sort de la population.

    Aux USA même, les «révélations» se multiplient, confirmant que Saddam Hussein n’avait pas d’armes de destruction massive avant la guerre et que Bush a menti sciemment pour vendre sa guerre. La popularité de Bush continue de baisser et les sondages donnent maintenant son probable concurrent démocrate John Kerry vainqueur des élections présidentielles en novembre.

    Pour se sortir de ce bourbier, le gouvernement américain a proposé un transfert de pouvoir le 30 juin vers un gouvernement provisoire (non élu) qui serait chargé d’organiser plus tard des élections générales. Mais ce projet est loin de mettre fin aux tensions. Les dirigeants de la communauté chiite, qui est majoritaire dans le pays mais était écartée du pouvoir par Saddam Hussein, continuent à mettre la pression pour obtenir le plus vite possible des élections qui leur donneraient le pouvoir. Les sunnites craignent d’être marginalisés et de payer pour leur soutien à Saddam Hussein. Les Kurdes veulent assurer leur autonomie et leur contrôle sur la partie des ressources pétrolières situées au Kurdistan.

    Le 20 mars, le mouvement antiguerre international appelle à une journée d’actions et de manifestations contre la guerre et l’occupation US en Irak et pour réclamer le retrait des troupes US et étrangères d’Irak. Une participation massive à ces mobilisations est aujourd’hui le meilleur moyen de soutenir le peuple irakien et de dénoncer l’impérialisme.

  • Les troupes hors du Golfe

    "Bring the troops back home"

    Aux États-Unis ce sont les slogans du nouveau mouvement contre l’occupation de l’Irak. On y perçoit de plus en plus clairement la nature d’une guerre qui est officiellement finie depuis 9 mois déjà. Depuis lors, la privatisation de l’exploitation pétrolière va bon train. La reconstruction du pays n’était visiblement pas une priorité.

    Bart Vandersteene

    D’après Knack, «les chiffres moroses des premiers mois sont devenus encore plus moroses. 80% de la population vit dans la pauvreté, 60% dépend – tout comme à l’époque de Saddam Hussein – des colis alimentaires et de l’aide de l’Etat. Le chômage pourrait atteindre les 75%.»

    La résistance à l’occupation ne se limite pas à de petits groupes fidèles à Saddam. Chaque semaine entraîne son lot de manifestations de retraités ou de chômeurs qui réclament la pension ou le travail qu’on leur a promis.

    Les Etats-Unis veulent faire de l’Irak l’une des économies les plus ouvertes pour le commerce et l’injection de capital. Les impôts des personnes physiques et des sociétés seront ramenés à 15%, les tarifs à l’importation à 5% maximum et toutes les restrictions aux investissements étrangers seront levées. Le capital régnera sans partage en Irak.

    Un éventuel contrôle de l’ONU ne ferait que multiplier le nombre de pillards. Seule la population locale – organisée sous forme de syndicats ou d’autres organisations de masse – peut constituer une force alternative. Une force qui – avec le soutien d’organisations analogues au niveau international – utilisera les richesses irakiennes pour satisfaire les besoins essentiels du plus grand nombre plutôt que les profits d’une minorité.

    Aux Etats-Unis, de plus en plus de gens réalisent maintenant combien cette guerre va leur coûter. Et tout ça pour quoi? Pas la moindre trace d’armes de destruction massive; une menace terroriste toujours bien présente.

    L’angoisse et la colère montent au sein de l’armée américaine et des familles des soldats. Tim Predmore, de service en Irak, écrit: «Je croyais servir une bonne cause: défendre la constitution des Etats-Unis. Je n’y crois plus aujourd’hui. J’ai perdu toute motivation. Je ne veux plus servir ce que je pense être des demi-vérités et des mensonges grossiers».

    Un mouvement de la jeunesse et des travailleurs américains pourrait mettre fin à cette occupation à l’instar du Vietnam. Le MAS va bientôt s’atteler à la construction d’un mouvement contre l’occupation en Belgique. Avec nos organisations soeurs dans le monde, nous allons mobiliser la population contre la guerre et l’exploitation. Nous allons également participer à la journée d’action internationale contre l’occupation de l’Irak prévue pour le samedi 20 mars, avec notamment une manifestation à Bruxelles.

  • Le régime des mollahs ébranlé

    Tremblement de terre en Iran.

    LE TERRIBLE tremblement de terre qui a ravagé la ville de Bam et fait près de 40.000 morts a aussi ébranlé en profondeur le régime des mollahs et rallumé la guerre entre les diverses factions au pouvoir. L’énorme élan de solidarité qui a mobilisé toute la population pour fournir du sang et de l’aide aux habitants de la région sinistrée n’a pas empêché la montée d’une vague de critiques qui a fini par percer dans la presse officielle elle-même.

    Jean Peltier

    En effet, des centaines de milliards de rials ont été dépensés au cours des dernières années pour l’aménagement de lieux de loisirs et d’installations touristiques autour de la citadelle de Bam. Mais rien n’a été fait pour permettre aux nombreux sans-abris de la région de trouver un logement ni pour construire des habitations solides et développer une sécurité sociale. Par contre, le clan de l’ancien président Rafsandjani s’est considérablement enrichi au travers de ces opérations immobilières.

    Après la catastrophe, la coordination de l’aide a été freinée par la désorganisation et la lourdeur de la bureaucratie du régime. Des milliers de volontaires sont restés bloqués dans les villes, les femmes médecins se sont vu interdire de participer aux équipes d’urgence tandis que des milliers de gens restaient privés de soin et d’aide. L’actuel président Khatami a dû écourter son voyage dans la région sinistrée parce que les autorités locales ne pouvaient assurer sa sécurité devant la colère de la population.

    Réformes bloquées

    C’est pourtant le même Khatami qui avait été élu triomphalement en mai 1997 parce qu’il portait l’espoir d’une grande partie de la population d’en finir avec la répression et l’obscurantisme imposés par le clergé chiite conservateur au pouvoir depuis le début des années 80. Mais si Khatami et ses partisans ont la majorité au parlement, leur influence a été systématiquement contrée par les conservateurs qui gardent le contrôle d’une série d’autres organismes et ont bloqué tous les projets de réformes. Devant cette résistance, les réformateurs ont régulièrement fait marche arrière.

    Cette évaporation des espoirs de réformes a augmenté la haine d’une partie de la population envers les conservateurs, surtout dans les villes et parmi la jeunesse, mais elle a aussi érodé le soutien populaire à Khatami.

    La victoire des États-Unis en Irak a aiguisé les tensions internes en Iran. Les réformateurs, proches des milieux d’affaires, sont plus sensibles aux pressions économiques et militaires américaines et souhaitent normaliser petit à petit les relations avec les USA. Les conservateurs, par contre, maintiennent un discours anti-américain vibrant et pourraient encourager les chiites irakiens à s’opposer aux troupes d’occupation US. Mais ils n’ont aucune alternative économique sérieuse à opposer aux partisans d’un rapprochement avec les USA face à une population qui en a de plus en plus assez des privations et des restrictions.

    Conservateurs à l’offensive

    Les conservateurs ont voulu utiliser le mécontentement de la population après le tremblement de terre pour reprendre l’initiative politique. Le Conseil des Gardiens de la Constitution, un organisme tenu par les conservateurs, a annoncé le 10 janvier l’annulation de près de 3.600 candidatures aux élections législatives prévues le 20 février (sur un total de 8.100 candidats enregistrés) pour «non respect de l’islam» ou «non fidélité au principe de la primauté du religieux sur le politique». Ces annulations visent en écrasante majorité des candidats réformateurs, dont 84 députés sortants et le propre frère du président.

    Cette décision a ouvert une crise politique énorme. En réponse, des dizaines de députés occupent le parlement, la majorité des ministres ont menacé de démissionner et les partis réformateurs parlent d’organiser un boycott national des élections. Mais jusqu’ici les réactions sont restées limitées au monde politique et ne se sont pas encore manifestées dans la rue. Les étudiants, en particulier, n’ont pas encore bougé. Plusieurs fois à la pointe de la contestation contre le régime, ils gardent le souvenir de la répression féroce menée par les conservateurs en 2000 et de la passivité des députés réformateurs à cette occasion et ils sont découragés devant la lenteur des réformes démocratiques.

    Il est probable que, pour éviter une explosion politique qui pourrait devenir incontrôlable, les conservateurs devront faire – au moins partiellement – des concessions. Mais ils sont déterminés à reprendre la totalité du pouvoir et il semble peu probable que Khatami et les dirigeants réformateurs osent prendre le risque d’organiser une confrontation dans la rue. Il ne semble pas non plus y avoir actuellement de direction alternative aux dirigeants réformateurs. Pour en finir vraiment avec le régime islamiste, il faudra pourtant une mobilisation populaire massive qui ne s’arrête pas aux petites manoeuvres des «réformateurs».

    Il faudra un mouvement qui lie les problèmes de pauvreté, de chômage, de manque de perspectives, à la nécessité d’un changement socialiste de la société.

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