Category: Féminisme

  • Le Bourgmestre d’Ixelles autorise la manifestation pour les droits des femmes du 8 mars

    Hier après-midi, les organisateurs de la manifestation (Karzar, MAS/LSP, Femmes-CAP, 8mars.com) ont été invités au cabinet du bourgmestre d’Ixelles Decourty pour un entretien. Nous avons pu y entendre qu’un « malentendu » s’est développé et qu’il n’a jamais été dans ses intentions d’interdire cette manifestation. Il a même affirmé être en accord avec l’attitude que nous adoptons envers le régime actuel iranien et envers les droits des femmes.

    Ce n’est pourtant pas ce qui nous a été déclaré par la police zonale dans nos négociations portant sur le trajet de la manifestation (jeudi dernier) où on nous a clairement fait entendre à plusieurs reprises que le territoire d’Ixelles – le chemin le plus court vers l’ambassade d’Iran du point de vue de la manifestation – était exclu pour des raisons de trafic. Nous n’avions aucune raison de douter de la parole de la police sur ce point.

    La discussion s’est passée dans une bonne atmosphère et nous sommes contents que la manifestation puisse se dérouler de façon normale. Avec cette manifestation, nous voulons apporter un soutien au mouvement des femmes en Iran et en même temps défendre nos revendications autour du pouvoir d’achat en Belgique, dont la baisse touche plus durement les couches aux revenus les plus bas dans lesquelles les femmes sont surreprésentées. Ces protestations nécessaires ne peuvent être mises de côté pour des raisons de trafic et ne peuvent être prises en otage par différentes structures de pouvoir qui ont visiblement des problèmes dans leur communication entre elles.

    Qu’importe : le droit à la libre expression a gagné. Rendez-vous tous ce 8 mars, à 14h, devant l’ambassade des Etats-Unis !

    • Azar Behrouz, plateforme de femmes iraniennes Karzar
    • Anja Deschoemacker, commission femmes du Mouvement pour une Alternative Socialiste, MAS-LSP
    • Laure Miege, travail femmes des Etudiants de Gauche Actifs
    • Nadine Mertens, membre du Comité exécutif du Setca Bruxelles-Hal-Vilvorde
    • Ivy Meert, femmes du Comité pour une Autre politique (CAP)
  • 8 mars : Ce n’est pas au corps des femmes de payer le coût de l’enseignement !

    Au fur et à mesure de l’avancée de la politique néolibérale actuelle et de ses outils médiatiques, la situation des étudiantes se détériore à grande échelle. Certaines d’entre elles se voient obligées de trouver des solutions extrêmes pour financer leurs études, au-delà des pressions morales exercées sur elles.

    Elodie, EGA-Liège

    Dans l’enseignement en France, alors que les dépenses obligatoires ont augmenté de 23%, les bourses universitaires n’ont augmenté que de 10%. Droits d’inscription, livres, transports et logements, instruments basiques de l’accession à l’enseignement, deviennent inaccessibles à une grande partie des étudiants. Cette situation voit en effet plus de 100 000 étudiants vivre sous le seuil de pauvreté. (Il est toutefois intéressant de constater que tous ces chiffres ressortent d’études françaises. Il est assez éloquent qu’aucun chiffre ne soit disponible pour la Belgique !)

    Il n’est donc pas étonnant de retrouver ce chiffre très éloquent que celui d’une enquête de l’OVE (l’Observatoire de la Vie Etudiante) qui rapporte que, en France, 40 000 étudiant(e)s se voient obligés de recourir à la prostitution pour le financement de leurs études.

    Les étudiantes sont les plus vulnérables. L’industrie du sexe, la plus pécuniairement attrayante, leur ouvre grand les portes sous toutes ses formes. Trop d’étudiantes en sont réduit à transformer en la vente de leur corps dans des bars à hôtesses, des agences d’Escort-girl, par annonces sur internet, en posant pour des photos pornographiques ou des webcam, en faisant le ménage en sous-vêtements, ou simplement en faisant le trottoir des grandes villes.

    Cette flambée des prix dans le domaine étudiant n’est pas le seul problème que nous rencontrons. L’oppression de la femme n’épargne pas les étudiantes.

    Victimes de la médiatisation à outrance basée sur l’utilisation du corps des femmes en tant qu’objet, elles se sentent ancrées dans un système de concurrence et se sentent obligées de répondre à certaines normes intégrées dans le système de représentation que la société capitaliste impose et entretient tous les jours à travers différentes méthodes.

    Elles sont confrontées à une pression morale incessante qui mène à l’achat, entre autres, de cosmétiques fort couteux, et à une obsession d’une « plastique » imposée par le système. Pas étonnant dès lors, que certains problèmes de santé (dont des problèmes alimentaires) pèsent chaque jour sur elles. La femme se voit donc intégrée dans la société par son physique. Trop souvent, les modèles imposés de réussite féminine jouent sur ce niveau !

    Tout cela répond à la logique du système capitaliste et de la politique néolibérale actuelle. La femme ne pourra retrouver son effective dignité que dans l’anéantissement de ce système concurrentiel inégal et déterminé par les grands de ce monde. Une société socialiste doit être la réponse !

  • Le bourgmestre d’Ixelles interdit la manifestation des femmes iraniennes le 8 mars !

    Les femmes iraniennes, réfugiées des quatre coins d’Europe, manifestent le 8 mars pour faire entendre leur colère envers le régime réactionnaire iranien. En Iran, les femmes n’ont pas de droits. Ainsi elles ne peuvent quitter la maison sans l’autorisation de leur mari. Etre vue avec un autre homme ou ne pas porter le voile est suffisant pour être punie à coups de fouet. Il n’y a pas d’égalité devant la loi ; au contraire, l’inégalité en constitue le fondement.

    La plate-forme de femmes iraniennes qui veut manifester cette année à Bruxelles, avec d’autres organisations (entre autre des femmes belges, mais aussi kurdes et turques) le fait depuis des années déjà. C’est la première fois qu’elle se heurte à une interdiction dans une ville européenne. Ixelles sera donc inscrite dans l’histoire comme l’unique ville de l’occident "démocratique" où il est interdit aux femmes de manifester lors de la journée internationale de la femme ! Le bourgmestre d’Ixelles, W. Decourty (PS), est donc apparemment en accord avec le régime iranien sur le fait que la résistance des femmes est inacceptable, et qu’il faut réduire celles-ci au silence. Quoiqu’il en soit, il agit en tant qu’allié du régime réactionnaire en Iran.

    M. Decourty évoque comme raison pour l’interdiction de manifester sur son territoire la "perturbation du trafic". La perturbation du trafic ! Toute manifestation implique une plus ou moins grande perturbation du trafic – que reste t-il de notre droit constitutionnel à exprimer notre opinion (inexistant en Iran) si un bourgmestre peut invoquer une telle raison pour interdire une manifestation ? Cela nous procure aussi des inquiétudes sur le soutien qu’obtiendraient les femmes à Ixelles de la part de leur conseil communal si elles voulaient combattre l’oppression…

    Nous avons obtenu l’autorisation de Thielemans, le bourgmestre de Bruxelles-Ville, mais pour la dernière partie de la manifestation – jusqu’à l’ambassade iranienne – notre droit est refusé par son confrère du même parti à Ixelles. Cette décision ne sera pas seulement regardée en Belgique. En Iran même, l’élite dirigeante s’en frottera les mains de plaisir: même un pays démocratique tel que la Belgique refuse aux femmes iraniennes d’exprimer leur opinion !

    La manifestation du 8 mars est annoncée à 14 heures ; le point de départ se trouve à l’ambassade américaine où des femmes prendront la parole contre l’occupation de l’Afghanistan et de l’Irak. Ces occupations n’ont apporté aux femmes aucune amélioration, bien au contraire. Via le quartier européen, où nous voulons protester contre la politique asociale de l’UE, nous voulons nous diriger vers l’ambassade iranienne, point final de la manifestation.

    Mais c’était sans compter sur le bourgmestre d’Ixelles ! Même la proposition -peu probable et déjà totalement inacceptable- des services de police de faire une partie de la manifestation en métro (!) nous est refusée par W. Decourty. Une action de protestation aura lieu ce jeudi 28 février à 17h30 devant la maison communale d’Ixelles. Une conférence de presse prendra place au même moment dans le café L’amour Fou (Place Fernand Coq)…

    Nous sommes résolus à exprimer notre opinion, même si cela implique que nous devions emprunter le trottoir pour marcher jusqu’à l’ambassade iranienne. Nous invitons la presse à notre manifestation, qui sera unique par la partie partiellement souterraine de l’itinéraire qui nous est imposé. Aidez-nous à faire connaître cette situation scandaleuse à un plus large public !

    • Azar Behrouz, plateforme de femmes iraniennes Karzar
    • Anja Deschoemacker, commission femmes du Mouvement pour une Alternative Socialiste, MAS-LSP
    • Laure Miege, travail femmes des Etudiants de Gauche Actifs
    • Nadine Mertens, membre du Comité exécutif du Setca Bruxelles-Hal-Vilvorde
    • Ivy Meert, femmes du Comité pour une Autre politique (CAP)

    A: Mr. Decourty, bourgmestre d’Ixelles

    STOP à l’interdiction de manifester! Les femmes iraniennes doivent avoir le droit de manifester jusqu’à l’ambassade d’Iran!

    Cher M. Decourty,

    Nous avons entendu avec indignation qu’en qualité de Bourgmestre d’Ixelles, vous avez interdit aux femmes iraniennes de manifester jusqu’à l’ambassade d’Iran. Et cela pour la journée internationale des femmes – un jour qui a notamment été mis en place par les précurseurs de votre parti. C’est vos prédécesseurs, clairement plus socialistes que vous, qui ont créé ce jour de protestation international pour les droits des femmes !

    Mais les femmes iraniennes qui n’ont pas le droit de manifester dans leur pays d’origine, ni le droit de sortir de la maison sans la permission du père ou du mari, se voient refusées leur droit de faire entendre leurs voix par vous !

    Je vous demande de revoir cette décision et de ne pas donner au régime iranien l’argument que les droits des femmes sont refusés même dans un pays européen. En effet, le régime réactionnaire en Iran débordera de joie en apprenant votre décision anticonstitutionnelle et totalement antidémocratique. Au lieu de montrer au mouvement des femmes en Iran qu’elles ont le soutien de la communauté internationale pour leur lutte, vous leur donnez un signal totalement contraire.

    Je signe en ayant un espoir amoindri de votre raison et de votre sens démocratique,

  • Les femmes ont intérêt à lutter pour le socialisme

    Des femmes belges et iraniennes organisent ensemble une manifestation autour des droits des femmes pour le 8 mars. Mais la journée internationale des femmes n’est pas seulement une journée de lutte pour les droits égaux, c’est aussi une journée de lutte pour une autre société.

    La situation à laquelle sont confrontées les femmes en Iran est plus que problématique : elles souffrent de l’oppression barbare causée par un régime religieux réactionnaire.

    Quelques exemples révélateurs :

    • A Tabriz, la capitale de la province de l’Azerbaïdjan iranien, une femme a été pendue pour non-respect de la loi islamique. Son cadavre a été laissé pendu à la potence pendant plusieurs jours pour que « l’exemple » puisse bien être vu… Les femmes sont battues et arrêtées par milliers parce qu’elles ne respectent pas le code vestimentaire islamique.
    • Zahra, une jeune Iranienne, a été arrêtée, violée et assassinée. Mais elle n’est qu’un exemple de ces milliers de femmes violées dans les prisons islamiques.
    • Au fur et à mesure que les actions contre l’inégalité subie par les femmes ont pris de l’ampleur, la répression et la violence contre elles ont augmenté, comme pour ces dix militantes enfermées et accusées de “comportement illégal”. Ces pratiques sont aujourd’hui “normales” dans la société iranienne.

    Nous nous opposons à l’enfer rencontré par les femmes en Iran : les lapidations continuent, de même que les pendaisons, le port obligatoire du voile et le viol par les “gardiens de la révolution”.

    Une intervention de l’impérialisme est-elle une solution ?

    L’impérialisme américain n’offre cependant aucune alternative. Les USA ont accepté l’application de la Charia en Irak et la guerre et l’occupation ont augmenté la pauvreté et la violence par rapport à la dictature de Saddam. Le régime saou-dien peut aussi beaucoup compter sur le soutien des USA, mais là sévit une discrimination contre les femmes qui leur interdit même de conduire une voiture.

    L’intervention américaine en Afghanistan et en Irak n’a pas amélioré la position des femmes. Les crimes d’honneur restent monnaie courante, par exemple dans le territoire kurde de l’Irak. Des milliers d’Irakiens ont fui vers la Syrie, où beaucoup de femmes sont forcées de se prostituer dans des clubs de nuit ou ailleurs. En Afghanistan, d’innombrables rapports font état de femmes violées, y compris dans les prisons où la police a été formée par les troupes occidentales.

    La violence contre les femmes augmente à travers le monde. Au Congo, des dizaines de milliers de femmes ont été violées ces dernières années. Au Pakistan, les crimes d’honneur se poursuivent malgré leur interdiction. En Russie ou en Thaïlande, la pauvreté et la politique antisociale entretiennent la croissance de l’industrie du sexe. Les femmes sont vendues en tant qu’esclaves.

    Le 8 mars, nous voulons faire comprendre que nous faisons un autre choix. Nous sommes pour la suppression de toutes les lois barbares et des pratiques à l’encontre des femmes en Iran. Nous revendiquons l’application des droits démocratiques comme celui de porter oui ou non le voile, le contrôle de notre corps, le droit de se séparer et d’obtenir la garde des enfants après une séparation, le droit de choisir nos partenaires, etc. Nous voulons la liberté et l’émancipation des femmes contre chaque forme d’oppression. Cela ne peut se faire qu’en combattant le régime islamique iranien.

    L’égalité légale est nécessaire, mais pas suffisante

    En Belgique, comme dans le reste de l’Occident, le mouvement des femmes et le mouvement ouvrier ont conquis beaucoup de droits égaux pour les femmes, du moins sur le plan légal. Cela n’a été possible que sur base de lutte, l’élite au pouvoir n’a jamais fait de cadeaux. Mais les droits des femmes ne doivent pas seulement être arrachés uniquement sur papier.

    La majorité des femmes connaissent de bas salaires et sont financièrement dépendantes de leur partenaire. Elles doivent aussi s’occuper du ménage en plus de leur emploi. On peut encore ajouter la violence domestique et les viols. Certains disent que l’égalité hommes-femmes est acquise mais la violence conjugale reste la première cause de décès pour les femmes entre 16 et 44 ans !

    La politique néolibérale avec ses attaques contre la sécurité sociale et les services publics touche plus durement les femmes. À cause de cela, il est par exemple constamment plus difficile d’avoir accès à une crèche à prix abordable. En conséquence, la femme et sa famille doivent combler le manque.

    La manifestation le 8 mars revendique la fin de toute discrimination. Nous exigeons des emplois bien payés pour tout le monde afin que les femmes puissent jouer un rôle indépendant. Nous nous opposons à la violence et à la discrimination et luttons par conséquent pour une société où les besoins de la majorité des femmes et de leurs enfants priment sur les bénéfices.

    Trotski avait déjà affirmé que la libération des femmes et le socialisme signifient la même chose : la libération des femmes entraîne la construction d’une société socialiste basée sur le principe de “chacun(e) selon ses possibilités à chacun(e) selon ses besoins”. Les socialistes ne sont donc pas pour l’uniformité qu’on leur reproche sur base de l’expérience de la sanglante caricature du socialisme qu’a été le stalinisme, mais bien pour l’égalité dans la diversité sur laquelle est basée chaque coopération réelle entre les personnes.

  • Interdiction du port du foulard à Gand

    Interdiction du port du foulard à Gand

    Le 26 novembre, le conseil communal de Gand a imposé une interdiction controversée du foulard pour le personnel des services de la Ville. Une majorité de rechange composée de l’Open VLD, du CD&V/N-VA et du Vlaams Belang a décidé que les trois fonctionnaires (sur un total de cinq-mille) qui portent le foulard devront désormais le retirer.

    Jonas Van Vossole

    Le SP.a s’y est opposé, mais le même parti a pris il y a peu l’initiative d’interdire le foulard à Anvers. Sous prétexte de ‘neutralité’, le VLD a dit que les fonctionnaires ne pouvaient exhiber aucun symbole religieux. Les hauts fonctionnaires libéraux n’ont pas de souci à se faire: leurs luxueuses voitures de fonction ne sont pas des symboles religieux et ne posent donc aucun problème.

    L’interdiction du port du foulard a été présentée comme une mesure progressiste visant à garantir la neutralité de l’Etat. Mais l’Etat est-il bien neutre? La justice est-elle bien neutre? Sommes-nous tous égaux devant la loi? La fraude fiscale des riches est–elle combattue avec la même ardeur que la soi-disant fraude sociale des chômeurs? Un riche n’a-t-il pas plus de chance d’avoir gain de cause en justice? Et notre enseignement est-il neutre? Mis à part les professeurs qui osent sortir des sentiers battus, notre système d’enseignement est un vecteur de l’idéologie dominante.

    Les médias publics sont sous le contrôle de politiciens qui protègent le capital et ne sont nullement neutres. Ils font tout pour étouffer ou déformer la voix des travailleurs et de leurs familles.

    Evidemment que l’Etat n’est pas neutre. Et ça n’a rien à voir avec l’appartenance confessionnelle ou philosophique du/de la fonctionnaire préposé(e) au guichet, mais bien avec le rôle de l’Etat qui est d’être au service de la classe dominante actuelle. Elle s’en sert comme d’une arme pour entraver la lutte pour une société qui place les intérêts de la population au centre de ses préoccupations.

    Nous nous opposons à toute forme d’oppression des femmes. Mais l’interdiction du foulard n’y changera rien. Bien au contraire, elle ne fera qu’exacerber les tensions entre musulmans et non-musulmans. Elle réduira aussi l’accès des femmes musulmanes au monde du travail, ce qui renforcera leur dépendance financière par rapport aux hommes. Or, la conquête de l’indépendance financière est importante pour combattre l’oppression des femmes.

    Les musulmanes forment un groupe vulnérable qui sait ce que l’exploitation et l’oppression veulent dire: elles y sont confrontées en tant que travailleuses, en tant qu’arabo-musulmanes et en tant que femmes. Les socialistes de gauche mettent l’accent sur ce qui nous unit, pas sur ce qui nous divise. C’est aux femmes de décider de leur propre chef dans tous les sens du terme. Le slogan des opposant(e)s gantois(e)s à l’interdiction du foulard, ‘Baas over eigen hoofd !’, qu’on peut traduire librement par « Ma tête est à moi ! », se justifie pleinement d’autant plus qu’il fait écho aux luttes de jadis pour la légalisation de l’avortement dont le slogan principal était ‘Mon ventre est à moi’.

    Nous opposons la solidarité à la politique du “diviser pour mieux régner”. Dans la lutte contre l’oppression, nous devons reprendre à notre compte les revendications des femmes issues de l’immigration contre les discriminations. C’est en luttant tous ensemble contre toute forme de discrimination et d’oppression spécifique que nous créerons les conditions d’une lutte unifiée contre l’oppression et l’exploitation en général. Bien plus que de simplement garder la maîtrise de notre tête ou de notre ventre, il s’agit de prendre le contrôle de toute notre vie.

  • Gand : soirée sous pression au conseil communal

    Lundi soir, au conseil communal de Gand, une majorité alternative comprenant le Vlaams Belang, l’Open VLD et le CD&V-NVA (le cordon sanitaire est une mesure toute relative…) a voté une motion pour interdire de porter le voile à cinq membres du personnel de la ville. Le partenaire « rouge » au sein de la coalition, le SP.a (les « socialistes » flamands) a voté contre, après avoir pourtant avancé une mesure similaire à Anvers ! Le MAS/LSP était présent contre cette mesure discriminatoire, avec également des militants du CAP. Au même moment était organisée une protestation contre la fermeture d’un bureau de poste (le CAP avait réussi à récolter assez de signatures pour prendre la parole au conseil communal).

  • Stop aux violences conjugales !

    Récemment dans les média était évoquée la libération de Bertrand Cantat (l’ex-chanteur de Noir Désir). Ce sont malheureusement les violences commises par une figure publique qui ont relancé le débat sur les violences conjugales et leurs condamnations. Avant d’évoquer la législation sur les condamnations des violences domestiques, ce sont les causes et les solutions à y apporter dont nous voulons discuter.

    Laure Miège

    Rappelons quelques chiffres: La première cause de mortalité dans les pays de l’OCDE chez les femmes de 16 à 44 ans, ce sont les violences conjugales avant le cancer et les accidents de la route! En Europe, 1 femme sur 5 en est victime et tous les 4 jours, une femme meurt de ces violences. Les causes mises en avant sont souvent l’alcoolisme, la précarité, les violences subies par l’agresseur durant son enfance, la volonté de contrôle par le mari,… Certes la violence sociale exercée par les politiques néolibérales (dont les femmes font partie des premières victimes) est un facteur important qui permet d’expliquer les violences conjugales. Mais ces violences touchent les femmes dans 90% des cas. A la violence sociale, s’ajoute la place attribuée à la femme et son image dégradante véhiculée dans notre société, pour expliquer cette situation.

    L’image de la femme comme être inférieur à l’homme défend les énormes économies sur le travail non rémunéré qu’elles effectuent à la maison. Selon des économistes français, le travail domestique non rémunéré est équivalent aux nombres d’heures de travail prestées rémunérées. Ce travail représente en réalité des milliards d’économies pour les capitalistes et leurs gouvernements, d’où leur intérêt à entretenir cette idée selon laquelle la place de la femme est avant tout au foyer.

    Sur le marché du travail, les femmes gagnent en moyenne 80% du salaire d’un homme. On les retrouve dans les jobs les plus précaires, les moins bien payés et 40% d’entre elles travaillent à temps partiel en Belgique. Là encore, cela représente des gains énormes pour le patronat, puisque les salaires de leurs comparses masculins sont alors tirés vers le bas. C’est ainsi que les revenus des femmes sont souvent considérés dans la famille comme un revenu d’appoint, et que bien souvent elles se retrouvent dépendantes financièrement de leur mari.

    Cette dépendance financière implique évidemment de grosses difficultés pour les femmes de quitter un partenaire violent, celles qui le font se retrouvent alors bien souvent dans une grande précarité (60% des miniméxés en Belgique sont des femmes vivant seules).

    La société actuelle n’offre aucune solution réelle pour les personnes ayant vécu la violence domestique, les refuges qui leur sont proposés sont souvent pleins ou trop chers (17 € par jour, 12€ par enfant). De par ce manque de prise en charge, un sentiment d’insécurité est trop souvent ressenti par les victimes de ces violences. Cette situation implique qu’un seul cas sur 20 est signalé à la police (Enquête Eurobaromêtre- 1999). Bien que la prison ne soit pas une solution sur le long terme pour empêcher les violences conjugales, des garanties doivent être données aux femmes tant concernant leur prise en charge psychologique et physique que concernant leur sécurité.

    Il est en tout cas évident que tant que ce système perdurera, engendrant violence sociale et sexisme, la situation pour les femmes ne s’améliorera pas.

    Ainsi, nous revendiquons un système socialiste permettant à chacun de vivre décemment et non dans un stress permanent dicté par la logique de rentabilité et de bénéfices. Nous défendons la nécessité d’une société basée sur les besoins de chacun et non les profits d’une poignée. Cette société doit prendre en charge les tâches domestiques en proposant des services collectifs qui allègeront les tâches ménagères et elle doit également proposer des refuges gratuits et de qualité aux personnes victimes de violences. Ce n’est que dans une telle société que les femmes pourront réellement être indépendantes financièrement mais aussi psychologiquement de leur conjoint.

  • Une loi contre le sexisme : Une Solution ?

    Le sexisme, fléau qui touche la grande majorité de la population, reste dans la société actuelle un trait très exploité et exploitable dans la logique de profit de l’optique capitaliste. Ces aspects sont trop souvent justifiés irrationnellement par “la nature des rôles sexués” qui enferme les femmes et les hommes dans des rôles déterminés …

    Elodie (EGA-Liège)

    Une campagne publicitaire pour une société de location de DVD a beaucoup fait parler d’elle depuis le mois d’avril. Cette publicité, au nom d’un humour de second degré, a pour objet la possibilité fictive de louer des femmes sur Internet par l’intermédiaire d’un catalogue virtuel proposant pas moins de 9584 “créatures”.

    Cela a suscité la réaction de différents partis et organisations notamment par la proposition d’une loi contre le sexisme. Ce projet de lutte contre cette forme de discrimination avait déjà été pensé préalablement par des organisations à caractère féministe tel que Vie Féminine et a été très rapidement repris par certains partis traditionnels tel que Ecolo, dans une logique purement accessoiriste (proposition de loi déposée en août 2006).

    Mais ce genre de faits sexistes n’est pas une pratique exclusive des entreprises privées. En effet, on peut voir les organes gouvernementaux user de la même méthode.

    En Grèce a été publié, par le ministère de la mobilité, un manuel d’auto-école à l’humour douteux : le prototype de la femme qui provoque des dommages au volant. De même, une publicité pour des manuels informatiques, initiative du ministère de l’information, renvoit la même image, celle de la femme perplexe face à la complexité de la technologie moderne. Et cela toujours sur un ton prétendument humoristique, pour adoucir les choses et les consciences. Mais le rapprochement fait entre la femme et son incapacité n’est pas le seul. Les femmes sont aussi trop souvent associées à de purs objets sexuels.

    La société capitaliste a compris l’utilité de véhiculer cette image de la femme pour répondre à la logique dominante du profi t à tout prix.

    Les étudiantes sont victimes de cette image de la femme “objet”, se sentant dans l’obligation de répondre à certaines normes, principalement physiques, imposées par la société capitaliste à travers les médias, et cela, par souci d’intégration. Leur budget, quand il est existant, se voit ainsi amputé d’une somme d’argent démesurée pour l’achat de produits cosmétiques, et ce, pour entretenir ce que l’idéologie capitaliste associe à la beauté.

    Ce n’est pas le seul problème que les jeunes femmes rencontrent. Elles mettent souvent leur santé en péril à travers des méthodes de sévices corporels qui deviennent presque traditionnels dans la société. Il s’agit entre autre de régimes douloureux, conséquences de complexes institués, menant souvent à l’anorexie.

    Cette proposition de loi antisexiste, même si elle doit être soutenue, est insuffisante dans le cadre d’une société prête à tout pour faire fructifier des marchés juteux (comme le sont la pornographie ou la cosmétique), tout comme est vaine une loi antiraciste isolée.

    La situation féminine actuelle ne peut être comprise en dehors de la situation économique et sociale dans laquelle elle se trouve. Le salaire des femmes est encore de nos jours considéré comme d’appoint (elle serait donc simplement une force de travail supplémentaire). Celles-ci gagnent en moyenne à peine 70% du salaire des hommes et lorsqu’elles remplissent des fonctions équivalentes, le salaire reste en moyenne inférieur de 6%. Elles sont souvent embauchées dans les boulots flexibles, précaires, mal payés, tels que les chèques services, les temps partiels… Elles sont les premières touchées par le manque de moyens alloués à ce qui devrait être du service public (notamment les crèches, l’enseignement, …). En conséquence, il parait donc évident que les femmes doivent oeuvrer aux taches ménagères et à l’éducation des enfants, travail non rémunéré et trop souvent dévalorisé.

    Cette situation économique et sociale de la femme est et restera ancrée dans les mentalités tant que la société de classes perdurera. Une lutte axée sur la morale ne peut mener à une victoire. L’organisation matérielle de la société doit être remise en question car elle est la base des conditions désastreuses de la femme.

    Pour qu’elle soit réellement effective, une lutte pour l’abolition absolue du sexisme doit se faire dans le cadre d’une lutte pour une société plus juste et solidaire : une société socialiste !

  • Interdiction du foulard ? Ma tête est à moi !

    La plateforme BOEH! (“Baas over eigen hoofd”, maître de sa propre tête) mène campagne contre l’interdiction du foulard appliquée dans les services de la ville d’Anvers. Ce sujet fait énormément débat, y compris du côté francophone. Quel est le point de vue que défendent des marxistes révolutionnaires comme nous sur cette question ? Nous avons posé cette question à Rukhsana Manzoor, membre dirigeante de notre organisation-soeur au Pakistan (Socialist Movement Pakistan).

    “Les politiciens de droite, tout comme les dirigeants religieux de droite, utilisent le thème du foulard pour leurs propres intérêts. Les uns veulent forcer les femmes à mettre un foulard, les autres veulent forcer les femmes à ne pas en porter. Les socialistes s’opposent à ces deux positions. Ni le gouvernement, ni la droite religieuse n’a le droit de se mêler de la vie privée. Chaque femme doit avoir le droit de choisir elle-même”.

    « Le foulard n’est pas une tradition islamiste et pas non plus une obligation religieuse. Le foulard existe depuis plus longtemps que l’islam. Le foulard, comme vêtement qui couvre une partie de la tête et du visage, a été utilisé pour la première fois il y a à peu près 5000 ans. Dans l’Arabie pré-islamiste, le foulard servait de protection contre les tempêtes de sable dans le désert. Dans le judaïsme comme dans le christianisme, le foulard était jadis associé à la modestie et à la richesse. Les Rajputes, une tribu hindouiste d’Inde, ont des règles très strictes sur le port du foulard et imposent une ferme séparation entre hommes et femmes. Le foulard est une habitude qui provient de l’époque des sociétés tribales et des traditions féodales qui sont maintenant devenues une partie de la religion. »

    « Au milieu des années 1700, Mohamed Ibn Abd al Wahab, un théologue arabe, a essayé – selon ses points de vue – de purifier l’islam. Aujourd’hui, les dirigeants politiques ont dépensé des milliards de dollars pour répandre cette doctrine parmi la population musulmane. Dans cette vision de l’Islam – le wahhabisme – figure la discrimination des femmes dans l’enseignement, sur le lieu de travail et dans le système juridique. Les femmes saoudiennes ne peuvent par exemple pas rouler en voiture et subissent de strictes règles vestimentaires: un foulard qui couvre le visage et des robes longues. Ces habitudes n’ont rien à voir avec la religion.”

    “Aujourd’hui, les gouvernements et les dirigeants religieux imposent souvent des règles. Des politiciens masculins et des dirigeants religieux imposent leurs règles aux femmes. Pour des millions de femmes musulmanes, il s’agit d’une discussion abstraite parce qu’elles n’ont même pas les moyens de s’habiller correctement parce qu’elles sont trop pauvres. En définitive, le thème du foulard sert souvent à détourner l’attention des thèmes sociaux.”

  • 8 mars : journée des femmes. Les inégalités persistent…

    Si le statut juridique des femmes a connu des améliorations, l’égalité entre hommes et femmes, mentionnée dans la Constitution belge, est loin d’être réalisée. Ce que l’on trouve sur papier est loin de correspondre à la réalité. Chômage, travail précaire, pauvreté, … ces maux sont de plus en plus répandus mais ne touchent pas hommes et femmes de la même manière.

    En Belgique, l’écart salarial moyen entre hommes et femmes est de 24%. Même lorsqu’elles remplissent une fonction complètement équivalente, il subsiste encore un décalage salarial de 6%. Cet écart se creuse d’autant plus qu’augmente le niveau de formation. Autre constatation : plus la profession se féminise, plus le salaire diminue.

    Le risque de pauvreté est également plus grand pour les femmes que pour les hommes (27% contre 13% en Wallonie) de même que l’occupation de postes à temps partiel (40% des femmes en Belgique contre 7,1% des hommes). Et, en 2004, le taux de chômage féminin était de 14,5% pour 10,5% chez les hommes. Face à la pension, l’inégalité persiste, les femmes touchant moins souvent leur pension complète, notamment à cause des arrêts de carrière (principalement pour s’occuper des enfants).

    Si les femmes ont néanmoins gagné une certaine indépendance économique et sociale ces dernières décennies, les inégalités subsistent toujours en matière de tâches ménagères. De plus, la violence contre les femmes sévit toujours fortement et reste banalisée. En Belgique, une femme sur sept est victime de violences conjugales graves et, selon une étude de 1998, 68% des femmes interrogées ont déclaré avoir connu la violence physique et sexuelle. Même sur leur lieu de travail, les femmes sont encore trop souvent confrontées à différentes formes de harcèlement sexuel.

    Que faire face à cette situation ? Beaucoup pensent que le problème vient des hommes et qu’il faut favoriser l’accession au pouvoir de femmes dans les entreprises et les gouvernements. L’arrivée au pouvoir de Michelle Bachelet au Chili, la candidature de Ségolène Royal à la présidence française ou celle d’Hillary Clinton aux USA ont repopularisé ce genre d’idées.

    Aux USA, dans les années 60, un ensemble de mesures préférentielles dans les domaines de l’emploi, de l’admission dans les universités,… appelé « affirmative action » a été mis en place. Les résultats ont toutefois été décevants, l’affirmative action ayant avant tout profité aux moins défavorisé(e)s.

    Et force est de constater que le rôle important de Colin Powell dans l’équipe Bush n’a pas fait grand chose pour le sort des Noirs aux USA, si ce n’est les aider à aller se faire tuer en Irak. Dans le domaine des femmes, Margaret Thatcher a été pire que ses prédécesseurs masculins à la tête de la Grande-Bretagne en terme d’attaques anti-sociales qui ont plus durement touché les femmes. Et que dire alors de Condoleezza Rice, femme et noire, et donc représentante de deux groupes discriminés qui parcourt le monde pour défendre la politique de Bush… Plus proche de nous, combien de femmes se sont-elles retrouvées sans emploi à cause des « assainissements » de Laurette Onkelinx dans l’enseignement ?

    Quant aux entreprises, s’il est difficile de trouver des femmes aux hauts postes à reponsabilité, l’exemple de Laurence Parisot, à la tête du MEDEF, l’association des patrons français, est édifiant. Selon elle « La vie, la santé, l’amour sont précaires. Pourquoi le travail échapperait-il à cette loi ? ».

    Alors, hommes et femmes, tous pourris ? La question ne se situe pas à ce niveau. La contradiction principale dans notre société n’est pas une lutte entre le féminin et le masculin, mais bien une lutte entre riches et pauvres, entre ceux qui possèdent les entreprises, les richesses et les rênes du pouvoir et ceux qui subissent leur exploitation. L’oppression des femmes – encore souvent entretenue par les discours religieux et politiques – est, dans ce cadre, un moyen efficace pour obtenir un travail gratuit (le travail ménager), peser à la baisse sur l’ensemble des salaires et susciter des divisions qui freinent les possibilités de lutter en commun.

    Il y a presque un siècle, en 1910, la création d’une Journée internationale des Femmes a été proposée par la socialiste allemande Clara Zetkin à une conférence internationale des femmes socialistes afin de « militer pour le droit de vote, l’égalité entre les sexes et le socialisme ». Ce lien entre la lutte pour l’émancipation des femmes et celles des travailleurs ne doit pas être oublié.

    La lutte pour en finir avec les discriminations et les violences envers les femmes est une lutte qui doit être menée quotidiennement. Mais une véritable égalité entre les hommes et les femmes ne sera possible que sous un système où ce ne seront plus les profits d’une minorité qui décideront de tout mais les intérêts de la majorité de la population.

0
    0
    Your Cart
    Your cart is emptyReturn to Shop