Category: Féminisme

  • Sexisme et publicité font bon ménage au Ministère des Finances

    On connaissait depuis longtemps le cynisme dont sont capables les publicitaires. La pub n’est pas connue pour s’adresser à notre intelligence. Ce sont plutôt nos pulsions, nos instincts, notre inconscient qui sont la cible des campagnes de pub. Depuis quelques années, on assiste à une recrudescence des pubs à caractère plus ou moins réactionnaire. Le sexisme, notamment, et c’est connu, est omniprésent dans la publicité: il semblerait que l’on ne puisse vanter un produit que si une fille (nue de préférence) y est associée. La femme-objet est la vache à lait des créateurs des agences de pub.

    Article de Simon Hupkens

    Dans ce domaine, les services publics avaient jusqu’ici fait preuve d’un peu de retenue, voire même d’un peu d’engagement. On se rappellera par exemple de la campagne de pub des administrations régionales wallonnes en faveur de la diversité dans leurs services. Mais le contre-exemple existe, superbe démonstration que les discriminations ne sont pas l’apanage des entreprises privées.

    Il s’agit d’une publicité vous invitant à souscrire des bons d’Etat. L’administration des finances y reprend un vieux refrain: les bons d’Etat sont un placement sûr, sans mauvaise surprise. C’est garanti: c’est le meilleur placement.

    Pour illustrer ce thème, on vous présente la femme idéale: elle est jolie et souriante. Jusqu’ici, ce n’est ni pire ni meilleur que n’importe quelle campagne de pub. Mais regardez son t-shirt: Cette fille se vend elle-même et elle présente des garanties.

    « Elle est cadre ». Cela signifie qu’elle a une bonne situation et que c’est une femme énergique. Ce n’est pas la bobonne vieux-jeu qui reste au foyer. (Ceci dit, après sa journée de boulot elle ira sans doute s’occuper des enfants et de la cuisine).

    « Elle ne met pas tout son argent dans ses chaussures ». Parce que, en général, les femmes sont de fichues dépensières ! Elles sont tout le temps en train de dépenser des sous dans des choses futiles comme les vêtements ou les chaussures. Le publicitaire reprend ici une des idées les plus poussiéreuses de l’arsenal réactionnaire sexiste: les femmes sont frivoles. Elles ne savent pas gérer leur argent. Et souvent, il vaut mieux ne pas leur donner de responsabilité. Mais la demoiselle sur la photo, elle, est une perle rare.

    Attendez, le meilleur arrive:

    « Elle se tait quand son mec regarde le foot ». D’abord parce qu’il ne vient pas à l’esprit du publicitaire qu’elle puisse aimer ça et s’enthousiasmer pour un match. Et surtout parce qu’elle sait qui est le chef. Et quand son mec dit qu’elle doit le laisser tranquille quand il regarde la télé, elle s’exécute. La boucle est bouclée. On est de retour à la bonne vieille époque où le chef de famille était toujours au masculin. L’époque de la femme qui doit obéissance. Voir ça après un siècle de lutte en faveur des droits des femmes, c’est affligeant, et cela démontre une fois de plus qu’il y a encore fort à faire.

    Qui est responsable de cette obscénité?

    C’est le service fédéral des finances, l’administration du trésor, c’est à dire notre bon ministre Didier Reynders (MR). On va m’accuser de faire ici un procès d’intention mais quand on sait que ce monsieur est un catholique bon teint, on peut le soupçonner de ne voir aucun inconvénient à cette campagne de pub. Admettons qu’il ait laissé passer ça sans se rendre compte du caractère insultant de ce dépliant pour toutes les femmes du monde. Je tiens le pari qu’il ne s’en excusera même pas si on vient attirer son attention là-dessus. Un vrai ministre ne s’excuse qu’auprès des patrons.

    Luttes des femmes:

    Pour en savoir plus:

  • La violence domestique augmente, mais pas les moyens d'accueil

    Ces dernières années, la Flandre a connu une croissance continue des cas déclarés de violence domestique. En 2005, 22.598 cas ont été déclarés face à 21.318 en 2004. Les refuges et les centres d’accueil sont bourrés et doivent régulièrement refuser des victimes: les Centra voor Algemeen Welzijnswerk (CAW, centres d’accueil) ont accueilli 1787 personnes en péril en 2004 mais 2.908 demandes ont été rejetées parce que les centres étaient remplis.

    En 2006, le budget des CAW a connu une augmentation modérée mais celle-ci est insuffissante pour satisfaire les besoins d’accueil et d’accompagnement.

    Les autorités essaient de cacher ce manque de moyens grâce à une campagne commune avec les Bodyshop. Ces boutiques vendent des produits dont une partie de l’argent irait à l’accompagnement des enfants dans les refuges et les centres d’accueil.

    Si ce sont les boutiques privées qui doivent ramasser l’argent qui fait défaut dans le budget alloué aux victimes de la voilence domestique, la situation est vraiment grave!

  • L’émancipation des femmes: impossible sous le capitalisme!

    Aujourd’hui, en Europe comme partout dans le monde, la crise du capitalisme pousse le patronat et le gouvernement à attaquer frontalement les conditions de vie et de travail de la majorité de la population. Personne n’est épargné par la politique néolibérale. Mais cela ne se fait pas sans résistance des travailleurs. Les luttes se multiplient et se durcissent, notamment parmi les femmes, qui se trouvent parmi les premières victimes de ces attaques.

    Laure Miège

    En effet, les femmes se retrouvent en majorité dans les boulots flexibles, précaires, mal payés… Elles sont en première ligne des attaques sociales, comme par exemple la chasse aux chômeurs ou le dossier des fins de carrière. De plus, elles portent une double tâche, puisqu’elles effectuent 80% du travail domestique. Cette surexploitation des femmes permet aux capitalistes de faire pression sur l’ensemble des salaires et des conditions de travail.

    A cela, s’ajoute une image de la femme comme objet sexuel, véhiculée par la bourgeoisie pour maximaliser ses profits. Non seulement le corps de la femme se vend (le marché légal et illégal du sexe explose), mais il fait vendre (on vend n’importe quoi quand c’est présenté par une femme au corps plastique). Cela a permis également la prospérité d’un nouveau marché : celui des cosmétiques.

    Aujourd’hui, l’émancipation des femmes, tout comme celle de l’ensemble de la population, est loin d’être acquise. Le système capitaliste est synonyme de discriminations, d’exploitation, de misère, de guerres… Ce ne sont pas des solutions individuelles, proposées par les mouvements féministes bourgeois, qui amélioreront réellement les conditions de vie des femmes, mais une lutte de l’ensemble des travailleurs contre les politiques d’attaques menées par les gouvernements actuels.

    Une véritable égalité entre hommes et femmes n’est possible que sous un système où ne sont plus pris en compte les profits d’une minorité qui décident de tout, mais les intérêts de la majorité de la population. Un système égalitaire, où l’économie serait planifiée en fonction des besoins de chacun, où les tâches domestiques telles que la garde, l’éducation des enfants, les lessives, la cuisine, etc. seraient portées par l’ensemble de la société, sous contrôle des travailleurs – bref, une société socialiste. Le MAS et EGA luttent pour la construction d’une telle société.

    Samedi 11 mars, le MAS organise une journée à l’ULB (Bruxelles) consacrée à la thématique des femmes et à la lutte contre le sexisme et pour le socialisme. Viens discuter et t’organiser avec nous !

  • L’EMANCIPATION DES FEMMES ENTRAVEE PAR 25 ANS DE NEOLIBERALISME

    LE 11 MARS: LSP/MAS organise une journée de formation et de discussions à l’occasion de la journée internationale des femmes

    LE PACTE DES GÉNÉRATIONS a rendu la situation des femmes, du point de vue de leur droit à une retraite décente, encore plus difficile qu’elle ne l’était déjà auparavant. A l’heure actuelle, un très grand nombre de femmes pensionnées font parties des couches les plus pauvres de la société. Des politiciens, comme Bruno Tobback, le ministre des pensions, affi rment que cette situation est dûe aux choix “malheureux” que font les femmes. Elles sont censées être “informées” sur les conséquences de ces choix.

    Une campagne d’information ne changera rien au fait que, dans pas mal de secteurs où sont employées surtout des femmes, on offre UNIQUEMENT du travail à temps partiel. Et ça ne changera rien non plus au fait que du travail à temps plein avec à des enfants à charge donne un salaire rarement suffi sant quand il faut payer la crèche (quand on peut en trouver une). Sur un marché du travail où la fl exibilité ne cesse d’augmenter, il est presque impossible de combiner un travail à temps plein avec un ménage et des enfants. Si 43% des femmes travaillent à temps partiel (contre 7% des hommes), ce n’est certainement pas par “choix”!

    L’émancipation des femmes n’a pas de sens si elles ne peuvent choisir qu’entre pauvreté ou dépendance à l’égard d’un partenaire: 80% des mères isolées vivent dans la pauvreté. Bien que les femmes aient la possibilité de travailler à temps partiel, le coût de la vie, lui, reste inchangé.

    L’émancipation des femmes n’est possible que dans leur totale indépendance. Cela ne peut se faire que par une lutte commune des travailleurs, femmes et hommes, contre l’abolition de la sécurité sociale (obtenue par une lutte qui a demandé beaucoup de sacrifi ces à nos parents et nos grands-parents et pour laquelle certains sont morts) et plus généralement, pour des salaires et des conditions de travail décentes pour tous.

    Aujourd’hui, nous devons lutter pour la construction d’une opposition combattive au sein des syndicats et utiliser ces organes comme des instruments de lutte! Pour une scission de la FGTB et de la CSC avec les partis traditionnels qui mènent une politique d’attaques néo-libérales! Pour un nouveau parti ouvrier représentant les travailleurs et défendant leurs droits, sans tenir compte de leur origine nationale, de leur sexe ou de leur préférence sexuelle!

    C’est ce que veut réaliser le LSP/MAS, c’est ce que veut sa commission “Femmes” qui regroupe les femmes membres du LSP/MAS pour mener la discussion sur les stratégies et les programmes à élaborer pour résoudre les problèmes auxquels les femmes sont confrontées.

    C’est la raison pour laquelle nous organisons ce jour de formation et de discussion. Après la discussion principale sur les effets de la politique de droite sur les droits et les acquis des femmes, nous proposons aussi des groupes de discussion sur les sujets suivants:

    L’histoire du mouvement des femmes en Belgique | La violence conjugale: quelles en sont les causes et comment la combattre? (avec une oratrice de la Campagne Ecossaise “Campaign against Domestic Violence”) | Comment lutter contre le sexisme et la violence dans les quartiers animés? | La position de la femme au Pakistan/Cachemire – un rapport de notre travail au Pakistan et au Cachemire et notamment notre campagne contre la violence envers les femmes au Pakistan et la campagne pour la reconstruction après le tremblement de terre au Cachemire | Nous clôturerons la journée avec un dernier meeting pour présenter notre travail femme (en Belgique et dans le monde).

    Tu en as ras le bol des bas salaires et des mauvaises conditions de travail? Tu veux lutter pour une vie décente et un avenir pour toi et tes enfants? Tu en as assez de la violence et des intimidations? Tu ne veux pas rester les bras croisés et attendre les conséquences des attaques de la politique antisociale? Alors, viens à notre journée femmes du 11 mars à l’ULB. Tu y rencontreras des femmes et des hommes déterminés à organiser la lutte.

    INFO PRATIQUE

    Le meeting commence à 14h. (et dure jusque 20h.) au bâtiment H de l’ULB, sur le Campus du Solboch, Avenue Franklin D. Roosevelt 50, B-1050 Bruxelles

    Entrée: 5 euro pour les salariés; 3 euro pour les écoliers, les étudiants et les allocataires sociaux

    Sandwiches et boissons prévus

    Une crèche est organisée dans le bâtiment, mais veuillez vous inscrire à l’avance (femmes@lsp-mas.be ou 0472/41.62.78 pour plus d’infos)

    > Tract en version PDF

  • Pourquoi le socialisme est nécessaire pour les femmes

    Il est impossible de faire un projet exact de la société socialiste, qui dépendra en dernière instance des générations qui la construiront. Mais la prise du pouvoir par la classe ouvrière, majorité absolue de la population dans les pays capitalistes développés d’aujourd’hui, entraînera la suppression des limites actuelles à l’émancipation réelle des femmes initiée dans les années ‘60, fort partielle et continuellement sous la pression d’attaques diverses.

    Anja Deschoemacker

    Si les femmes dans les pays développés ont pu faire d’importants pas en avant, c’est qu’elles ont fortement lutté pour les effectuer. L’insertion sur le marché du travail fut de la plus grande importance dans ce processus, car sans indépendance financière, les femmes ne peuvent être libres, quelque soit le nombre de lois votées.

    Cela implique également que les femmes se sont activement intégrées dans la lutte des classes, seule lutte qui selon nous puisse mener à la libération.

    Mais ce sont toujours les femmes qui restent gratuitement responsables des tâches familiales, forte restriction à leurs possibilités de travail, à temps plein et plus certainement encore pour un emploi de cadre. A celles qui veulent une carrière se pose souvent le choix déchirant entre une carrière ou des enfants – ou encore se trouver un homme au foyer (mais les enquêtes révèlent que les hommes ne trouvent pas ce rôle vraiment attractif).

    Une véritable libération de la femme et la fin de leur position de second plan au niveau économique (taux de chômage plus élevé, salaires moindres, contrats précaires,…) passe par l’abolition de la famille.

    Evidemment, l’on ne parle pas ici de la famille comme relation entre personnes, ce qui dans les couches non-possédantes est généralement fait de libre volonté et par amour, mais bien de l’institution en elle-même. Cela signifie que la société doit organiser les tâches ménagères et voir en chaque personne un individu qui a des droits et des devoirs en son sein. Aujourd’hui, une chômeuse de longue durée n’a plus droit à une allocation si elle ne vit pas seule et le minimex est “une allocation familiale” pour le chef de famille, homme le plus souvent. Les enfants non plus ne sont pas considérés comme des individus ayant des droits, mais comme étant sous la responsabilité de leurs parents.

    Nous réclamons de véritables allocations familiales afin que tous, malgré leur situation financière, puissent avoir des enfants et les élever dans les meilleures conditions. En entrant en confrontation avec les intérêts du système à différents niveaux, ce programme est irréalisable intégralement sous le capitalisme.

    Changer la situation passe par la socialisation des tâches ménagères; buanderies et lieux de repassage, restaurants d’entreprise et de quartier, crèches et institutions de soins pour les malades, les plus âgés et les invalides, organisation du temps libre pour enfants et jeunes, services de nettoyage,…

    L’Etat actuel n’organise cela que dans une mesure très limitée avec les chèques services mais ce système contribue à la généralisation des bas salaires et des statuts précaires dans la société. Donc non, nous ne voulons pas dire que les femmes non-qualifiées doivent, pour des cacahuètes, laver le linge des familles plus aisées.

    Sous le socialisme, ces travaux seraient des emplois avec un statut et un salaire à part entière, et de nouveaux services publics à la population au coût porté par la société dans son ensemble et non par l’utilisateur.

    Tant que les femmes seront dépendantes d’un homme pour son gagnepain, même partiellement, les relations entre partenaires ne sauraient être harmonieuses et les jeux de pouvoir vont les déterminer.

    La Révolution Russe a tenté de résoudre cette situation (et les lecteurs sont encouragés à lire La Position de la Femme dans le Développement de la Société de A. Kollontai, où elle développe les différentes mesures), mais les moyens manquaient dans ce pays pauvre et sous-développé, confronté à une isolation mortelle après la défaite des mouvements révolutionnaires en Europe.

    A juste titre, Trotsky disait que la position de second rang des femmes sous le stalinisme était un signe que la société ne se développait plus dans la direction du socialisme. Sans liberté des femmes et tant que les relations au sein même de la classe ouvrière sont gâchées par des préjugés et des traditions sexistes, la société ne saurait être libre.

    Pour Trotsky, la libération des femmes et le socialisme ont la même signification: la libération des femmes signifie la construction d’une société socialiste dans laquelle tout le monde travaille en fonction de ses possibilités et reçoit en fonction de ses besoins – en contradiction totale, donc, avec l’uniformisation reprochée aux socialistes (cette critique ne peut viser que la sanglante déformation stalinienne du socialisme).

    Chaque véritable coopération humaine est basée sur l’égalité dans la diversité.

  • Le néolibéralisme bloque l’émancipation des femmes

    Indépendamment du continent où elles se trouvent, ce sont les femmes qui sont le plus violemment touchées par les attaques néolibérales que subit la classe ouvrière. Licenciements massifs, précarité dans le monde du travail, bas salaires, attaques sur l’Etat-Providence, sur les droits à la pension, sur les facilités pour les crêches,… ne vont pas seulement mener à une augmentation de la misère et de la souffrance des femmes, mais vont très probablement aussi mener à une radicalisation politique plus développée des femmes et parmi elles de celles issues de la classe ouvrière.

    Dagmar Walgraeve

    11 mars: Débats et discussions à l’occasion de la Journée Internationale des Femmes

    Le MAS/LSP organisera ce samedi 11 mars une journée de débats et discussions en rapport avec la Journée Internationale des Femmes (du 8 mars).

    Il y aura entre autres au programme:

    Discussion plénière: L’émancipation des femmes après 20 années d’attaques néo-libérales. Comment le système actuel sappe-t’il l’émancipation des femmes?

    Ateliers:

    > L’histoire du mouvement féministe et des femmes dans le mouvement ouvrier

    > La violence au sein de la famille: quelle réponse pouvons-nous apporter? Avec un rapport de la Campaign Against Domestic Violence (CADV)

    > Prostitution: la légalisation est-elle une solution? Qu’elle est le point de vue des socialistes?

    Meeting: La place des femmes dans la lutte!

    Avec, notamment, Sinead Daly, membre de la direction du Scottich Socialist Party, formation large à l’intérieur de laquelle notre organisation-soeur (International Socialists) est investie en Ecosse. Sinead est active déjà depuis de longues année dans les campagnes contre les violences familiales (CADV) et d’autres campagnes pour le droit des femmes.

    La journée de débats et discussions aura lieu à Bruxelles (ULB). Elle commencera à 13h00 et se terminera à 20h00. Informez-nous à l’avance si vous avez de jeunes enfants; une garderie est prévue.

    Informations pratiques :

    Cette journée débutera à 13h00 (jusque 20h00) et se déroulera dans le bâtiment H de l’Université Libre de Bruxelles (ULB), Campus du Solbosch, Avenue Franklin D. Roosevelt 50, 1050 Bruxelles.

    PAF :5 € pour les travailleurs, 3 € pour les étudiants et les chômeurs

    Des boissons et des swandich’s seront disponibles sur place.

    Une garderie est prévue. Si vous venez avec de jeunes enfants, merci de nous prévenir.

    Plus d’infos ? -> contactez le MAS-LSP par téléphone au 02/345.61.81 ou par e-mail à info@socialisme.be

    N’hésitez pas à visiter notre page femme: www.lsp-mas.be/mas/femmes

    Féminisation du travail?

    Ces derniers décennies, partout dans le monde, le nombre de femmes sur le marché du travail a augmenté. En soi, cela semble positif, mais le terme de “féminisation du travail” est néanmoins trompeur. Ce phénomène n’a pas mené à l’amélioration générale du statut économique, politique et social des femmes à travers le monde.

    Par l’élargissement des zones de libre échange, les gouvernements, surtout d’Asie et d’Amérique Latine, mènent une politique agressive pour attirer les investissements occidentaux. Il est assez remarquable que 90% des 27 millions de travailleurs de ces zones sont de jeunes femmes gagnant 50% à 80% de moins que les hommes.

    Les employeurs de ces pays partent de l’idée que ces travailleuses vont accepter plus facilement de mauvaises conditions de travail et vont démontrer des sentiments “responsables” (la moitié de ces femmes sont mères célibataires).

    Ces idées patriarcales selon lesquelles les femmes sont plus serviles, ont moins tendance à s’organiser et sont plus facilement licenciée sur base de mariages et de grosesses sont utilisées par le capitalisme.

    La tendance à la “féminisation du travail” n’est donc pas du tout une donnée positive, mais est plutôt la conséquence d’une recherche effrénée de profits pour les entreprises et des forces de travail à bon marchés et flexibles. Les conditions de travail pour beaucoup de femmes dans le monde néocolonial sont pénibles, leurs emplois sont très mal payés, précaires et sans sécurité.

    Seulement 38% des femmes indépendantes économiquement

    Dans les pays occidentaux beaucoup d’emplois occupés par les femmes sont toujours un reflet du travail que celles-ci effectuent à la maison. 85% de toutes les travailleuses belges travaillent comme infirmières, femmes de ménage, cuisinières, coiffeuses, …

    Et dans des pays où le principe du salaire égal est devenu loi, les femmes gagnent souvent moins que les hommes pour le même travail. En Grande-Bretagne c’est en moyenne 19% de moins, et la situation en Belgique est plus déplorable encore. Au sein de l’UE, près de 80% des emplois à temps partiel sont occupés par les femmes. Souvent, ces boulots sont sous-payés et il y a une grande insécurité de travail. Le système du temps partiel (et donc des salaires “partiels”) fait qu’aux Pays Bas, par exemple, seulement 38% des femmes qui travaillent sont économiquement indépendantes.

    Les femmes optent souvent pour le temps partiel par nécessité: 29% pour s’occuper des enfants et 25% pour d’autres raisons familiales. Cela démontre qu’il y a toujours un manque de crêches abordables. 20% des femmes travaillent à temps partiel faute de n’avoir pu trouver d’emploi à temps plein.

    Dans les supermarchés notamment, le temps plein n’existe quasiment pas. Lors de l’introduction du temps partiel, il était encore possible de percevoir une allocation supplémentaire si on continuait à chercher un emploi à temps plein.

    Mais très rapidement, cette allocation a été abolie, elle n’a existé que pour promouvoir le temps partiel dans un premier temps. Avec l’article 143/80, les chômeuse de longue durée mais cohabitantes ont perdu leurs allocations. En 1991, 91,6% de ces suspensions concernaient des femmes!

    Double journée de travail

    Encore maintenant, le revenu des femmes est régulièrement vu comme “complémentaire” à celui de leur partenaire. Et ce sont toujours les femmes qui font la plus grande partie du ménage, même si les deux partenaires travaillent à temps plein. Cette double journée de travail fait que les femmes ont, toujours aujourd’hui, bien moins de temps libre que les hommes. Cette différence est relativement limitée chez les couples sans enfants, mais à cause du travail à l’extérieur et des opinions répandues le ménage, le temps libre des femmes tombe fortement (les femmes ont en moyenne 4 heures de temps libre en moins que les hommes).

    Le temps libre des pères tombe en moyenne de 50,1 heure à 31,6 heures par semaine, alors que les mères passent de 46,6 heures à 22,5 heures par semaine. Ces statistiques viennent de Grande-Bretagne, mais les études effectuées en Belgique vont dans la même direction.

    Les mères célibataires, 73% des parents isolés, sont souvent dans l’incapacité de tenir le coup financièrement et de combiner le travail avec la prise en charge de leur famille. 60% des minimexés en Belgique sont des mères célibataires.

    Le Pacte des Générations

    Le nombre minimum d’années de carrière pour être prépensionné a pour conséquence que les femmes sont les plus touchées et les premières victimes du Pacte des Générations.

    2/3 des temps partiel sont occupés par les femmes et ce sont 38% des femmes actives qui travaillent à temps partiel contre 5% des hommes. Proportionellement, celles-ci devront travailler plus d’années avant d’avoir accès à une pension complète. Le temps partiel est souvent le seul recours pour les femmes qui ont à choisir entre une vie de famille et une carrière. Cela devient limpide si on regarde l’âge auquel les femmes travaillent le plus à temps partiel. Entre 20 et 29 ans, il s’agit de 24%. A l’âge où la plupart des femmes commencent à avoir leurs enfants, entre 30 et 40 ans, ce chiffre grimpe jusqu’à 41%, et les années suivantes jusqu’à 45%. Les hommes, durant toutes ces périodes, restent à 4% de travailleurs à temps partiel, pour monter à 12% entre 60 et 64 ans. Pour ces derniers, s’il y a abandon du travail à temps plein, c’est pour vivre plus calmement et pour avoir plus de temps libre. Les mêmes éléments reviennent dans les chiffres sur le crédittemps et l’âge auquel hommes et femmes le prennent.

    Les travailleurs qui vont en pension à ce moment (entre 60 et 65 ans) peuvent en moyenne prouver une carrière de 37 ans à l’âge de 58 ans, 35 ans de travail et deux années assimilables. Les travailleuses qui vont en pension à ce moment (entre 60 et 64 ans), elles, peuvent en moyenne prouver une carrière de 34 ans à l’âge de 58 ans, 26 ans de travail et 8 ans sont des périodes assimilées. Comme 38% des femmes auront eu une carrière à temps partiel, 30% des femmes avec une carrière de plus de 30 ans n’arriveront pas à avoir une pension minimum (pour avoir droit à une pension minimum, il faut avoir travaillé durant 30 années à temps plein), alors qu’il ne s’agit “que” de 8,5% chez les hommes.

    Selons certains calculs, le Pacte des Générations fera que 71% des femmes n’auront plus accès à la prépension parce qu’elles n’auront pas eu de carrière complète de 38 ans.

    1 femme sur 5 confrontée à la violence conjuguale

    Les attaques néolibérales sur nos acquis sociaux mènent à plus de problèmes et de stress au sein des familles, ce qui peut s’exprimer de façon violente.

    Les journeaux ont fait état l’an dernier d’une trentaine de drames familiaux, mais ce n’est là que le sommet de l’iceberg. La violence à l’encontre des femmes est en progression. La violence entre partnenaires est en Europe la cause principale de mort et d’invalidité pour les femmes entre 16 et 44 ans, plus que le cancer ou les accidents de la route. Dans les 15 états-membres de l’UE (avant l’élargissement), chaque année, plus de 600 femmes sont tuées à cause de cette violence, et c’est une femme sur cinq en Belgique qui est confrontées aux coups d’un conjoint.

    Tous les jours, en Flandre, 14 femmes prennent la décision difficile de chercher de l’aide en allant auprès d’un refuge, et la moitié est refusée faute de places. Et s’il subsiste encore de la place, souvent il n’en reste plus pour les enfants. Ces femmes sont donc devant la décision déchirante de laisser leurs enfants chez un partenaire violent ou de retourner à la maison avec eux. Mais pour beaucoup, revenir en arrière est impossible, 11% des femmes qui finalement trouvent une place dans un refuge ont erré pendant un certain temps. Une place dans ces refuges coûte 17 euros par jour (12 pour les enfants). Auparavant, on a déjà mentionné que seule une partie des travailleurs est indépendante financièrement (38% aux Pays-Bas). Cette dépendance financière rend plus difficile encore de quiter un partenaire violent.

    Il a fallu attendre 1998 pour que la violence entre partenaires soit reconnue comme crime, mais cette loi reste lettre morte. Alors qu’il y a 21 plaintes par jour pour coups et blessures entre (ex-)partenaires, 9 plaintes sur 10 sont classées sans suite. Il faut avoir assez d’accueil gratuit pour les victimes, mais les coupables doivent aussi être aidés. Les mettre dans le prison n’est pas une solution.

    Pour lutter contre la violence au sein de la famille, il faut s’en prendre avant tout aux causes sociales. L’ultra-flexibilité engendre beaucoup plus de stress, et cela ne s’exprime pas seulement dans la croissance des dépressions ou l’utilisation grandissante de somnifères… Dans le logement également, des mesures structurelles sont nécessaires car les loyer hors de prix sont aussi une difficulté pour quitter son partenaire. Un accès rapide à une habitation sociale pour les femmes qui veulent échapper a une situation violente ne peut être garanti que si le nombre de logements sociaux augmente fondamentalement des 6% actuellement jusqu’à 40 ou 50% du marché du logement. C’est uniquement en améliorant les conditions de vie et de travail de tous que l’on peut améliorer les relations sociales.

    Les problèmes structurels avec lesquels les femmes sont confrontées aujourd’hui sont inhérents à la structure économique du système capitaliste où le profit se trouve toujours en premier lieu. La lutte des femmes n’est pas une lutte distincte mais doit rejoindre la lutte des travailleurs, des jeunes, des refugiés, des pauvres,… partout dans le monde pour un système dans lequel seront prioritaires les besoins de toute la population mondiale et non plus les profits de quelques uns.

    NOTRE AVIS

    > Halte à la superflexibilité et à la pression croissante au travail. Pour la semaine de 32 heures sans perte de salaire et avec des embauches compensatoires

    > Un véritable emploi pour tous. Pas de statuts précaires, chèques services,…

    > Des services publics de qualité qui assurent le plus possible de tâches ménagèrent

    > Halte au démantèlement des (pré-)pensions

    > Des logements sociaux de qualité

    > Des crêches gratuites et de qualité

  • Vlaams Belang: Contre l’intérêt des femmes !

    Dans les années ‘70, le Vlaams Nationale Partij (VNP) s’est créé sur base, entre autres, du rejet de la dépénalisation de l’avortement. Le VNP de Karel Dillen est un prédécesseur direct du Vlaams Belang. Aujourd’hui le programme du Vlaams Belang s’est adoucit à propos des femmes pour ne pas effrayer les électeurs. Cela ne signifie évidemment pas qu’ils renient leur point de vue sexiste.

    Marijke Decamps

    Le VB se base sur la famille comme «pierre angulaire de la société», avec une division des tâches traditionnelles au sein de laquelle la femme sert avant tout à entretenir la maison et à éduquer les enfants, pendant que l’homme travaille. Les femmes qui ne sont pas d’accord avec ce profil ne doivent pas espérer la sympathie des gros bonnets du VB.

    La seule solution qu’a le VB sur le soi-disant vieillissement, c’est d’augmenter le taux de natalité. Pour cela, le VB veut mettre en place un «salaire parental» à côté de mesures telles que les primes de naissance ou l’attribution prioritaire d’une maison sociale aux familles nombreuses.

    L’isolement de la femme dans une famille est la conséquence du concept de «femme au foyer». Au lieu d’obtenir plus de services publics comme des crèches, un enseignement vraiment gratuit,… toutes les responsabilités retombent sur les épaules des femmes.

    Le Vlaams Belang est absolument contre le droit à l’avortement. Ils veulent même le supprimer. Le principe « mon ventre m’appartient » ne trouve pas d’échos dans l’environnement de ce parti. Pour le VB, la femme n’a pas de droit de regard sur la question d’avoir un enfant, car ceci constitue une part de son devoir envers la société. C’est dans ce cadre que les étudiants du VB -le NSV- commenceront l’année 2006 en lançant une nouvelle action contre la clinique d’avortement de Gand. L’avortement est souvent une décision particulièrement difficile pour les femmes. Elles n’ont certainement pas besoin en supplément de propos moralisateurs tenus par des fascistes.

    En réalité, ce programme entraîne une énorme division de la classe des travailleurs et une attaque sur les conditions des femmes travailleuses. Les énormes charges qui sont répercutées sur les familles doivent être soulagées par des services publics de qualité et bons marchés. Au contraire, le VB veut faire peser la crise du système sur les familles et particulièrement sur les femmes.

  • Egalité homme-femme? La lutte des femmes en Belgique est-elle révolue?

    L’égalité entre hommes et femmes est men-tionnée explicitement dans la Constitution belge. Un tas d’exemples illustrent pourtant que cette égalité sur papier est loin de correspondre à la réalité.

    Tina De Greef

    Aujourd’hui, les femmes gagnent en moyenne 70% du salaire des hommes. Même lorsqu’elles remplissent une fonction complètement équivalente, il subsiste encore un décalage salarial qui oscille entre 5% et 7%. Cette inégalité de revenu commence déjà à l’école secondaire, ce que démontre une enquête anversoise parmi les jeunes de moins de 25 ans. Les filles ont moins d’argent de poche que les garçons parce que les petits boulots des garçons rapportent plus que ceux des filles. Chez les médecins généralistes, le salaire diminue au fur et à mesure que la profession se féminise. D’où l’appel à plus de généralistes masculins.

    Le slogan ‘A travail égal, salaire égal’, que le mouvement féministe mettait déjà en avant lorsque ça n’allait pas encore de soi, est donc toujours d’actualité comme on peut le voir en pratique. Malheureusement, la discrimination n’existe pas seulement au niveau des salaires. La discrimination sévit encore dans bien d’autres domaines.

    Seul un nombre très restreint de femmes gravissent les échelons supérieurs des entreprises et de l’administration. Par exemple, si les femmes constituent 81% du personnel de l’enseignement maternel et primaire, il n’y a que 57% de directrices d’école. Qui plus est, les femmes exercent les emplois les plus précaires avec les horaires les plus flexibles.

    Le taux de chômage est également plus élevé chez les femmes que chez les hommes. En outre, 41% des femmes travaillaient à temps partiel en 2003 contre 6,4% des hommes. Il s’agit surtout de femmes qui préféreraient travailler à temps plein, mais qui ne trouvent pas de contrat à durée indéterminée. D’autres femmes se retrouvent avec des contrats à durée déterminée parce qu’elles doivent s’occuper des tâches ménagères et des enfants (il y a trop peu de crèches et elles coûtent cher).

    Vu que les hommes gagnent en moyenne plus que les femmes, pour les raisons mentionnées ci-dessus, il paraît ‘évident’ que les femmes s’occupent des tâches ménagères non-rémunérées. En outre, les préjugés sur la division sexuelle des tâches ont la vie dure. Les femmes consacrent ainsi 8 heures de plus par semaine à préparer les repas et à faire les courses (en plus de leur travail). En revanche, les hommes ont deux heures de temps libre en plus que les femmes pendant le week-end. Les femmes sont donc toujours astreintes à la double tâche.

    La violence conjugale (dont les hommes sont les auteurs et les femmes les victimes dans la grande majorité des cas) est de plus en plus banalisée en Belgique. Le classement sans suite par le parquet d’Anvers de la plainte contre Rob Verreycken, parlementaire du Blok, qui avait frappé son ex-épouse en public, nous en fournit encore un triste exemple. Une femme sur sept est pourtant victime de violences conjugales graves en Belgique. Sur leur lieu de travail également, les femmes sont encore trop souvent confrontées à différentes formes de harcèlement sexuel.

    Sur le plan international

    Dans les économies occidentales comme l’Allemagne et les Pays-Bas – où la prostitution est légalisée – les excès du système capitaliste refont surface. Les deux pays sont actuellement confrontés à un taux de chômage élevé qui découle de la crise économique. Les chômeuses (jusque 55 ans) sont obligées d’accepter n’importe quelle offre d’emploi, même dans l’industrie du sexe, sous peine de perdre leur allocation. Une enseignante allemande en technologie de l’information, âgée de 25 ans, a été récemment exclue du chômage pour avoir refusé d’aller travailler dans un bordel!

    Dans le reste de l’Union européenne également, les femmes sont surreprésentées dans les emplois à temps partiel: 80% des emplois à temps partiel sont exercés par des femmes. Aux Pays-Bas, le pourcentage des femmes travaillant à temps partiel s’élève à 70%. Mais seules 38% d’entre elles sont réellement indépendantes sur le plan financier.

    Lorsqu’on va ailleurs dans le monde, la situation devient encore plus déplorable. Chaque jour apporte son lot de lapidations ou d’exécutions publiques de femmes iraniennes accusées d’adultère. Dans certaines parties du monde, les femmes subissent des mutilations sexuelles comme l’excision. Aux Etats-Unis, les femmes qui décident d’avorter font l’objet d’une campagne de stigmatisation de la part de l’Administration Bush.

    70% des pauvres dans le monde sont des femmes. Les femmes prestent plus d’heures que les hommes (dans presque tous les pays): elles consacrent partout au moins la moitié de leur temps de travail à du travail non-rémunéré. Les femmes font les deux tiers de tout le travail disponible dans le monde, mais elles ne possèdent qu’un dixième de la totalité du revenu mondial.

    Deux tiers des 880 millions d’analphabètes adultes sont des femmes. Dans le monde entier, les femmes ne représentent que 13,4% des parlementaires et il y a des pays où les femmes n’ont encore aucun droit politique.

    33% des femmes sont victimes de violences sexuelles au cours de leur vie. Cela les rend davantage exposées au risque de contamination du SIDA.

    50 millions de femmes dans le monde sont victimes des trafiquants d’êtres humains qui exploitent sans vergogne la vulnérabilité des femmes qui tentent de fuir une situation insupportable. Ce n’est pas pour rien que l’industrie du sexe est plus rentable que l’industrie d’armement!

    Une femme meurt chaque minute de complications post-natales. 99% de ces femmes vivent dans un pays à bas revenu ou à revenu moyen.

    8 mars: journée internationale des femmes

    Le 8 mars, on célèbre la Journée internationale des femmes. Le 8 mars 1907, les couturières new-yorkaises sont descendues dans la rue pour revendiquer un salaire égal est une journée de travail de 10 heures. La manifestation a été dispersée par la police. Le 8 mars 1908, ces mêmes femmes sont re-descendues dans la rue pour revendiquer cette fois l’abolition du travail des enfants et le droit de vote pour les femmes. En 1910, le 8 mars a été proclamé Journée internationale des femmes. Depuis 1978, ce jour est officiellement reconnu par les Nations-Unies comme un jour férié.

    En Belgique, le Conseil national des Femmes (mis sur pied le 30 janvier 1905) fête ses cent ans. Il est né il y a un siècle de la fusion de trois organisations (Ligue du Droit des Femmes, Société belge pour l’Amélioration du Sort de la Femme et l’Union des Femmes belges contre l’Alcoolisme). Et ce à l’initiative de Marie Popelin qui, après avoir décroché son doctorat en droit en 1888, s’est vu interdire de s’inscrire au Barreau en raison de son sexe (cette interdiction n’avait pourtant aucune base légale).

    Elle représente en fait un féminisme libéral et bourgeois qui prétend que la femme n’est pas émotionnellement inférieure à l’homme et qu’elle pourra mieux accomplir ses tâches menagères si elle a la possibilité de s’épanouir en dehors de la maison. Popelin n’aspirait qu’à l’égalité juridique. Au début du 20ème siècle, lors de la première vague féministe, il y avait aussi d’autres courants féministes. Selon le féminisme chrétien, la tâche première de la femme était de prendre soin de sa famille. Le féminisme socialiste était divisé entre partisanes et opposantes au droit au travail pour les femmes.

    Lors de la seconde vague féministe des années 70 et 80, des féministes radicales ont lutté contre l’inégalité des salaires, des conditions de travail, etc. Elles ont mis ce qui apparaissait comme des problèmes individuels, tels que la violence conjugale (qui découle de l’organisation de la société), sous un éclairage politique et collectif autour du slogan “ce qui est individuel est politique”. Elles défendaient aussi le mot d’ordre ‘A travail égal, salaire égal’, qui est toujours d’actualité.

    Les partis bourgeois et les médias – qui découvrent maintenant le problème de l’inégalité de revenu – ne vont pas au-delà du féminisme bourgeois. Ils ne proposent aucune solution réelle aux problèmes des femmes, car ils ne sortent pas du cadre du système capitaliste. Dans ce système, seuls les profits comptent et tant que le trafic des femmes demeure rentable, tant que les tâches ménagères sont accomplies gratuitement par les mères de famille et tant que les gens sont exploités, le système d’oppression continuera et aucun changement ne se produira. Si Malcolm X disait : “Il n’y a pas de capitalisme sans racisme”, il en va de même pour le sexisme.

    On a brossé ci-dessus le tableau des inégalités qui règnent encore. C’est la base du sexisme. Afin de mettre fin à l’oppression de la femme, une réorganisation de la société s’impose. Des salaires décents, des crèches gratuites et des services collectifs permettraient d’affranchir les femmes de leur double tâche journalière. Luttez avec nous pour les revendications de la Marche des Jeunes pour l’Emploi, dans laquelle nous luttons tous ensemble pour une société où tout le monde, tant les hommes que les femmes, aura un emploi décent à des conditions de travail décentes, c’est-à-dire une société socialiste!


    Pour en savoir plus:

    • Catégorie "femmes" de ce site
  • “A travail égal, salaire égal!” La grève des femmes de la FN de Herstal

    1966 (16 février – 8 mai)

    Le 16 février 1966 éclatait une grève qui allait devenir historique : celle de 3.000 ouvrières de la Fabrique Nationale d’Armes de Guerre (FN) de Herstal. Cette grève est devenue historique pour deux grandes raisons :

    1. Les grèves de femmes sont rares : celle de la FN fut la plus importante, car elle a duré 12 semaines, elle fut massivement suivie du début à la fin, elle s’est concrétisée dans un slogan (“A travail égal, salaire égal !”) pouvant être repris par toutes les femmes travailleuses et elle s’est terminée par une victoire (même si celle-ci ne fut que partielle)

    2. Elle a eu lieu à un moment charnière : 5 ans après la grande grève de l’hiver 60-61 contre la Loi unique (1 million de travailleurs au moment le plus fort de la grève) et 2 ans avant Mai ’68 qui a permis la relance d’un nouveau mouvement féministe dans la jeunesse. La grève de la FN a donc été marquée par la combativité issue de 60-61 et elle a servi de référence pour les toutes les femmes qui voulaient défendre et étendre leurs droits dans les années qui suivirent.

    Jean Peltier

    Quarante ans après, certaines idées fausses se sont parfois développées quant à cette grève, notamment l’idée que ce fut la première grève des femmes en Belgique et que cette lutte s’était heurtée à l’opposition des ouvriers.

    La revendication “A travail égal, salaire égal !” et le mouvement ouvrier

    Pendant la première phase de développement du capitalisme industriel en Belgique (1800-1870), les femmes et les enfants sont massivement intégrés à la production dans des emplois non qualifiés, surexploités et sans droits. Vers 1860, les femmes représentent 35% de la main-d’oeuvre, non qualifiée et surexploitée: le salaire d’une ouvrière représente en moyenne la moitié du salaire d’un manoeuvre masculin adulte. En 1900, après que la bourgeoisie ait décidé de “reconstruire” la famille ouvrière, les femmes représentent encore 26% de la main-d’oeuvre.

    Durant tout le 19e siècle, la grande majorité des hommes – les bourgeois mais aussi les prolétaires – ont une vision profondément sexiste, marquée par la religion : les femmes sont inférieures aux hommes, leur faiblesse est naturelle, leur place est à la maison pour s’occuper de l’entretien de la famille et des enfants.

    La création en 1885 du Parti Ouvrier Belge (l’ancêtre du PS) représente un grand pas en avant : la Charte de Quaregnon affirme que “le parti ouvrier est le représentant non seulement de la classe ouvrière mais de tous les opprimés sans distinction de nationalité, de culte, de race ou de sexe”. Le POB lutte donc pour l’égalité civique et le suffrage universel pour tous. Néanmoins, la position dominante au sein du parti reste que la place naturelle de la femme est au foyer pour s’occuper du ménage et des enfants. Mais comme on est encore loin de cette situation idéale (!) et que les femmes doivent travailler, il est juste que, à travail égal, elles touchent un salaire égal. L’objectif central reste pourtant que le salaire de l’homme devienne suffisant pour pouvoir se passer du travail de la femme et lui permettre de retourner à la maison.

    Après la 1ère guerre mondiale, le travail des femmes se développe en tant qu’employées dans les bureaux des usines et dans les administrations. L’agitation sociale grandit, les travailleurs obtiennent la journée des 8 heures et des hausses de salaires. Les femmes participent aux mouvements de grève et les premières grèves de femmes ont même lieu, notamment celles des ouvrières polisseuses sur métal de Liège et Herstal en 1920, des vendeuses de grands magasins en 1920 aussi et, en 1922, celles des ouvrières du textile à Verviers (qui dure 5 mois!).

    Le mouvement syndical (qui reste totalement dominé par les hommes) revendique “A travail égal, salaire égal” mais ne fait que très peu d’efforts pour imposer cette revendication dans la réalité. La patronat finit par accepter – en théorie – cette idée mais il la contourne dans la pratique, en imposant des petites différences entre les postes et les opérations de travail entre hommes et femmes qui font qu’il n’y a presque jamais de travail égal… et donc pas de salaire égal !

    Après la 2e guerre mondiale, les nouvelles institutions internationales comme l’O.N.U. et l’Organisation Internationale du Travail (O.I.T.) inscrivent dans leurs principes l’idée “A travail égal, salaire égal”. En 1957, le Traité de Rome, qui crée le Marché Commun (l’ancêtre de l’Union européenne) entre six pays dont la Belgique, reprend lui aussi le principe “A travail égal, salaire égal” dans son article 119. Bien entendu, ce principe n’est mis en oeuvre nulle part, mais l’application de l’article 119 deviendra la revendication centrale des ouvrières en grève de la FN.

    Pour le patronat belge, la revendication de l’égalité salariale entre hommes et femmes est un “luxe impossible”. Les arguments pour justifier cela sont déjà les mêmes que ceux qu’on entend à tout moment aujourd’hui : la concurrence internationale est trop forte, la mise en oeuvre du Marché Commun empêche de faire des “folies”. Pour le patronat, le salaire féminin reste un appoint et les femmes au travail sont trop instables et trop souvent absentes (maladies, accouchements, soins des enfants) pour qu’on puisse les considérer de la même manière que les hommes.

    Les femmes jouent un rôle actif dans tous les grands mouvements de grève en Belgique – en 1936, en 1950 lors de l’Affaire Royale et en 1960-61 – mais elles restent marginales dans le mouvement syndical (tant à la FGTB qu’à la CSC) tout comme dans le Parti Socialiste Belge.

    La F.N. de Herstal

    La F.N. est un fleuron de l’industrie liégeoise depuis 1886. Elle a une production variée : les armes surtout mais aussi les motos et même, pendant un temps, les autos. En 1966, elle emploie 13.000 travailleurs. C’est une entreprise florissante qui peut donc se permettre de payer des salaires élevés. Les femmes sont 3.900 à la F.N., soit 30% de l’ensemble des travailleurs. Il y a 350 employées pour 3.500 ouvrières.

    A la F.N., les ouvrières occupent le bas de l’échelle à tous les points de vue :

    – elles sont engagées comme manoeuvres spécialisées (le grade le plus bas) : elles font le gros oeuvre sur les pièces avant de les apporter aux ouvriers qualifiés (des hommes) qui font la finition.

    – elles n’ont pas suivi d’études préparatoires et apprennent donc leur métier dans l’usine;

    – leur travail se fait dans des conditions dégueulasses que montre très bien le documentaire TV (huile, bruit, manque d’hygiène, absence de vêtements de protection,…);

    – elles sont appelées les “femmes-machines” (elles ne sont que le simple prolongement de la machine qui leur dicte le rythme du travail).

    – L’encadrement est totalement masculin, du grand patron au régleur des machines en passant par les ingénieurs et les contremaîtres.

    – Les femmes n’ont aucun espoir de promotion : la F.N. organise des formations qui sont officiellement ouvertes à tous, hommes et femmes, mais réservées à ceux qui ont ont suivi à l’école des cours techniques de mécanique (ce qu’aucune femme n’a fait !).

    – Les inégalités salariales sont criantes : l’ouvrier le moins qualifié qui entre à la F.N. est payé directement en classe 4 et peut régulièrement progresser; par contre, les femmes se répartissent dans les classes 1 à 3 et ne peuvent espérer monter plus haut puisqu’elles ne suivent pas les formations internes à la F.N. !

    – enfin, dans la vie syndicale de l’entreprise, les femmes restent sous-représentées : si elles représentent 30% de la main-d’oeuvre, il n’y a que 6,5% de déléguées à la FGTB et 9% à la CSC.

    Chronologie de la grève des femmes de la F.N.

    8 nov. 65 : Début des discussions au niveau national pour l’établissement d’une nouvelle convention qui doit réduire les différences salariales entre hommes et femmes dans le secteur du métal. Le patronat fait traîner les négociations. A la FN, la direction refuse toute négociation dans l’entreprise tant qu’un accord national n’est pas signé.

    Janvier 66 : Nombreuses réunions syndicales dans l’entreprise sur le thème “A travail égal, salaire égal”. Le mécontentement augmente.

    9 février : Débrayage spontané des femmes. Après avoir tenu une assemblée où les délégations syndicales promettent de faire pression sur la direction de l’usine, elles acceptent de reprendre le travail.

    16 février : Après une assemblée syndicale où les délégations annoncent que la direction ne veut pas bouger, les femmes partent spontanément en grève contre l’avis des délégués. Les hommes manoeuvres (les moins bien payés) touchant 32 francs l’heure et les femmes 25 francs, elles réclament 5 francs/heure d’augmentation. Les femmes présentes à l’assemblée font le tour de l’usine pour lancer le mouvement. 3.000 ouvrières partent en grève.

    17 février : 1ère assemblée générale de la grève. 3.000 femmes partent en cortège de l’usine, jusqu’à la salle de réunion. Les permanents syndicaux demandent la suspension de la grève mais les femmes refusent. 1.000 ouvriers sont déjà en chômage.

    18 février : Un accord national est signé : il ne garantit que 1 franc/heure d’augmentation.

    19 février : La direction de la FN refuse d’aller plus loin que l’accord national.

    21 février : 2e assemblée générale. Les directions syndicales commencent à reprendre le mouvement en main. Ils reconnaissent la grève et dénoncent la présence d’éléments indésirables qui n’ont rien à voir avec la F.N. en visant les militants extérieurs à l’usine du Parti Communiste de Belgique (le PC officiel, pro-soviétique), du Parti Communiste Wallon (une scission du PCB, pro-chinoise) et du Parti Wallon des Travailleurs (scission de gauche du PSB dans lequel militent les trotskistes). Des ouvrières des ACEC à Herstal et de Schreder à Ans partent en grève en solidarité. Après l’AG, les ouvrières les plus combatives et les plus méfiantes vis-à-vis de l’appareil syndical, appuyées par le PCW, constituent un Comité d’Action pour élargir la grève et appeler à la solidarité. 28 février :

    3e assemblée générale : les directions syndicales affermissent leur contrôle sur la grève. Elles font voter la création d’un Comité de Grève de 24 femmes (18 FGTB et 6 CSC), moins pour diriger la grève (ce sont les permanents qui conservent l’essentiel des contacts avec la direction de la FN et les instances syndicales nationales) que pour éliminer les influences plus à gauche, comme le Comité d’Action. 3.000 ouvriers sont en chômage. Les premiers versements de solidarité avec la grève arrivent.

    Début mars: Une pétition de solidarité des hommes avec les ouvrières en grève circulent. La majorité de travailleurs de l’entreprise – encore au travail ou en chômage – signe cette pétition. Les syndicats et les mouvements féminins (liés au PSB, au PC et au Mouvement Ouvrier Chrétien) popularisent la grève. Le conciliateur social fait une proposition d’augmentation de 3 francs/heure en plusieurs étapes.

    3 mars : 4e assemblée générale : 2.500 ouvrières rejettent les propositions du conciliateur et votent la prolongation de la grève. Le Comité de grève est chargé de gérer la solidarité financière venant de l’extérieur et est tenu au courant de l’évolution des négociations par les syndicats. Son nombre de membres est porté à 29 et il intègre des membres du Comité d’Action dont l’influence va diminuer peu à peu.

    9 mars : 5e assemblée générale : la direction ne bougeant pas, la grève est prolongée. A la tribune se suivent interventions de solidarité de mouvements féminins et de délégations d’entreprises et lecture des premiers messages de l’étranger.

    Mars : Les difficultés financières grandissent mais la solidarité s’organise de mieux en mieux. Les commerçants offrent des produits, les délégations et les centrales syndicales organisent des collectes un peu partout, les quotidiens de gauche lancent des souscriptions de soutien, des dons arrivent de syndicats d’autres pays européens. Le Comité de Grève se réunit tous les jours pour organiser la remise d’argent et de colis aux ouvrières en grève et aux chômeurs en difficulté. Les ouvrières des ACEC-Herstal partent elles aussi en grève. Dans une autre usine de la région où les ouvrières sont parties en grève, la direction accorde une augmentation salariale substantielle aux femmes.

    21 mars : 6e assemblée générale : la direction de la FN refuse toujours de négocier des augmentations supérieures à l’accord national. La grève est prolongée. Le nombre d’ouvriers au chômage atteint 4.000 et des secteurs entiers de l’usine sont à l’arrêt. A l’assemblée, une représentante de la CGT française reçoit une ovation extraordinaire et 2.500 ouvrières chantent La Marseillaise. Le journal télévisé de la RTB évoque la grève pour la première fois (après cinq semaines de grève !).

    24 mars : Une délégation des Comités d’Action des femmes de la FN et des ACEC-Herstal se rend aux ACEC-Charleroi pour appeler les ouvrières à partir en grève (des assemblées d’ouvrières des ACEC-Charleroi réclament une grève depuis des semaines mais elles sont bloquées par les permanents syndicaux); plusieurs centaines d’ouvrières des ACEC débraient et se rendent dans les sièges syndicaux pour engueuler les permanents.

    28 mars : 7e assemblée générale : les dirigeants syndicaux liégeois dénoncent à la tribune les tentatives de la direction pour briser la grève par des informations mensongères dans la presse… et condamnent publiquement la descente du Comité d’Action à Charleroi. Pour faire baisser la tension, les syndicats annoncent une manifestation à Herstal le 7 avril. La grève continue aux ACEC-Herstal et chez Schreder à Ans. A Charleroi, les dirigeants syndicaux imposent un nouveau délai avant un départ en grève.

    Fin mars : Intense activité dans les séances parlementaires et dans les couloirs du parlement autour de la grève de la FN et des revendications d’égalité salariale hommes-femmes. Mais rien n’avance.

    7 avril : Après 51 jours de grève, une manifestation se déroule à Herstal en présence de responsables syndicaux liégeois et de quelques parlementaires de gauche. Les cas de misère se multiplient (il est fréquent que plusieurs personnes de la même famille travaillent à la FN) tandis que la solidarité continue à s’amplifier.

    12 avril : Malgré l’opposition de l’appareil syndical, les ouvrières des ACEC-Charleroi partent en grève. Un Comité d’Action des ouvrières des ACEC-Charleroi se forme à l’initiative du PCW.

    15 avril : 8e assemblée générale : des négociations reprennent avec la direction mais rien n’avance. La grève est donc une nouvelle fois prolongée.

    19 et 23 avril : La grève se termine aux ACEC, d’abord à Charleroi puis à Herstal, sur des augmentations salariales de 2 francs pour les femmes et des engagements de révision des classifications.

    25 avril : 5.000 personnes manifestent à Liège sur le slogan “A travail égal, salaire égal” : les femmes de la FN forment le gros de la manifestation mais il y aussi des délégations d’entreprises de tout le pays ainsi que des délégations des Pays-Bas et de France.

    Fin avril : 9e assemblée générale : les propositions patronales, considérées comme insuffisantes, sont rejetées. Près de 5.000 ouvriers sont en chômage technique.

    4 mai : Syndicats et direction tombent d’accord sur un accord : 2 francs/heure à la reprise du travail et 0,75 franc au 1er janvier 1967.

    5 mai : 10e assemblée générale : la bureaucratie syndicale jette tout son poids dans la balance pour faire voter l’acceptation de l’accord devant une assemblée convoquée à la hâte et moins nombreuse que d’habitude. L’accord est finalement accepté au scrutin secret par 1.320 oui et 205 non. Beaucoup de femmes acceptent cet accord du bout des lèvres parce qu’elles sont épuisées financièrement mais elles trouvent son contenu insatisfaisant.

    Après la grève : Même si la rentrée est douloureuse et que beaucoup d’ouvrières sont déçues, la combativité des femmes permettra par la suite d’obtenir de nouvelles augmentations salariales à la FN, plus importantes pour les femmes que pour les hommes. Une nouvelle grève de trois semaines en 1974 permettra l’ouverture aux femmes d’une soixantaine de fonctions qui leur étaient fermées jusque là et de nettes améliorations en matière d’hygiène et de conditions de travail.

    Traits marquants et leçons de la grève des femmes de la F.N.

    1. Dès le départ, le mouvement a été massif et uni; c’était tellement évident pour tout le monde qu’il n’y a jamais eu besoin de faire un piquet de grève pour faire respecter la grève pendant les douze semaines !

    2. Dans sa première phase, le mouvement a aussi été spontané et radical. Les appareils syndicaux ont été débordés et placés devant le fait accompli de la grève. Des militant(e)s d’extrême-gauche (PCB, PCW, PWT) ont joué un rôle important dans le déclenchement de la grève et dans l’impulsion de la solidarité. Dès le premier jour, un Comité d’Action a regroupé les militantes les plus radicales pour ne pas laisser les appareils syndicaux enterrer un mouvement qu’ils ne souhaitent pas.

    3. Débordée par le déclenchement de la grève, la bureaucratie syndicale a montré une grande intelligence tactique. Elle a reconnu la grève au bout de quelques jours (elle ne pouvait pas faire autrement!) et elle a entrepris de la récupérer en créant un Comité de Grève officiel pour réduire l’audience du Comité d’Action.

    4. Les hommes ont été fortement aux côtés des femmes dès le début de la grève (la pétition de soutien aux femmes a été massivement signée et aucun homme n’a fait le jaune en acceptant de faire le travail des femmes !). Et ils sont restés solidaires même quand la moitié d’entre eux ont été réduits au chômage technique. Le sexisme n’a pas disparu mais il a reculé fortement devant le courage et la détermination des ouvrières grévistes.

    5. La solidarité de classe a été énorme : collectes réalisées par les délégations syndicales d’entreprises, dons des centrales syndicales, collectes réalisées par les partis de gauche (des secteurs du PSB, le PCB, le PCW, le PWT) et par des mouvements féminins liés aux syndicats et aux partis de gauche,… La solidarité est même venue de commerçants et de professions libérales d’Herstal et de la région, preuve que la classe ouvrière peut polariser autour d’elle des couches populaires plus larges quand elle lutte de manière décidée. Enfin, il y a eu une solidarité importante à l’étranger (France, Pays-Bas, Allemagne, Italie) venant des mêmes mouvements (syndicaux, politiques et féminins) qu’en Belgique.

    6. Sous la pression de la combativité des femmes et malgré leur faible représentation dans les syndicats (à la FN et ailleurs), la grève a été organisée d’une manière partiellement démocratique. Les points positifs principaux ont été : des assemblées hebdomadaires où la poursuite de la grève était chaque fois discutée et mise au vote, les interventions de solidarité de délégations d’entreprises, de centrales syndicats, de mouvements féminins, l’élection d’un comité de Grève,… Mais cette organisation a rencontré des limites dues au contrôle réel exercée par la bureaucratie syndicale : les A.G. ont été dirigées par les permanents (de l’entreprise et de la régionale), les négociations nationales et avec la direction sont restées le privilège des dirigeants syndicaux, le Comité de Grève n’a pas dirigé celle-ci mais a été essentiellement cantonné à la gestion de tous les problèmes sociaux (une tâche essentielle mais limitée),…

    7. L’extension du mouvement n’a pas été facilitée par les appareils syndicaux. Le meilleur moyen de faire pression sur le gouvernement et le patronat était d’élargir le mouvement né à la FN et suivi par les ACEC et Schreder par un appel à la grève dans d’autres entreprises à forte proportion de femmes. Les bureaucraties syndicales de Liège n’ont pas suivi cette orientation. Pire encore, l’appareil des métallos FGTB de Charleroi (soumis au PSB) a tout fait pour empêcher la grève aux ACEC-Charleroi (et la casser une fois qu’elle a eu démarré). Les ouvrières de la FN se sont donc trouvées très seules dans un conflit qui n’aurait sans doute duré douze semaines si les syndicats avaient élargi rapidement le mouvement.

    8. Les deux manifestations sont venues très tard : celle de Herstal après 7 semaines et celle de Liège après 10 semaines ! Et encore, les syndicats n’ont organisé la manif de Herstal que parce que les femmes les plus combatives essayaient d’étendre le mouvement par elles-mêmes (en envoyant des délégations à Charleroi) et qu’il fallait détourner l’énergie des ouvrières vers quelque chose de moins dangereux pour la bureaucratie. De plus, les syndicats n’ont pas essayé de mobiliser massivement pour ces deux manifs (5.000 personnes à Liège pour une manifestation de solidarité avec une grève qui dure depuis dix semaines, c’est très peu).

    9. Les mouvements féminins ont joué un rôle positif en élargissant la solidarité et en menant une campagne idéologique bienvenue contre les idées réactionnaires telles que “la place de la femme est au foyer et pas en usine” ou “le salaire de la femme n’est qu’un salaire d’appoint” encore bien vivantes chez les hommes (et même chez une partie des femmes !) à l’époque. Mais, étroitement liés au PSB et aux syndicats, ces mouvements féminins n’ont pas pu, ni voulu remettre en cause la direction exercée par les bureaucraties syndicales.

    10. Les “petits” partis de la gauche radicale (quelques centaines de membres tant au PCW qu’au PWT, c’est plus de membres et surtout plus de travailleurs membres qu’au PTB et au MAS aujourd’hui !) ont joué un rôle actif et positif pour développer la solidarité mais aussi l’initiative autonome des femmes. Mais le sectarisme stalinien du PCW l’a souvent isolé dans l’action.

    11. La combativité des femmes de la FN a été extraordinaire et la solidarité a montré qu’un large courant dans la classe ouvrière se reconnaissait en elles et était prêt à les soutenir. Ce qui a manqué pour que leur combat se termine par une victoire éclatante plutôt que par une demie-victoire, c’est, comme souvent, l’existence d’un courant syndical combatif solidement organisé et d’un parti révolutionnaire implanté dans les entreprises qui auraient pu les aider à contrer le réformisme et le contrôle pesant de la bureaucratie syndicale et du PS sur le mouvement ouvrier.


    Pour en savoir plus :

    – “La grève des femmes de la FN en 1966” un livre de Marie-Thérèse COENEN paru en 1991 aux éditions Pol-His du CRISP (il est toujours disponible en librairie)

    – “La première grève féminine d’Europe. les leçons de la grève de la FN”, article paru dans le numéro d’octobre 1966 de “Lutte de Classe”, la revue de la section belge de la Quatrième Internationale (voir Francine pour plus de renseignements)

  • 8 MARS: JOURNEE INTERNATIONALE DES FEMMES. Sans emploi? Mal payé? Insécurité de travail? hyperflexibilité?Les femmes veulent un vrai emploi,pas de petits boulots ou de status précaires!

    8 MARS: JOURNEE INTERNATIONALE DES FEMMES

    Aujourd’hui, il est annoncé triomphalement que la lutte pour les droits des femmes est derrière nous. Des « féministes » nous disent que la dernière étape à franchir, c’est d’atteindre les fonctions supérieures. Le Mouvement pour une Alternative Socialiste (MAS-LSP) pense que ce n’est qu’ une illusion . Sur bien des terrains, les femmes font face à des conditions pires qu’ il y a, par exemple, 20 ans. Pour beaucoup de femmes, la pauvreté, le chômage, la pénurie de logement, la violence conjugale, … ne sont pas un passé lointain, mais une réalité amère.

    ON VEUT DES SALAIRES PAS DE L’ARGENT DE POCHE!

    Le travail intérimaire, le travail à temps partiel, les chèques-service, les ALE, et toute sorte de boulots précaires,… toutes des conditions où la majorité des travailleurs sont des femmes. Souvent, ces emplois combinent les pires conditions de travail avec des salaires abominables. Dans la plupart des cas, ces emplois ne garantissent pas de sécurité de vie, ni une indépendance financière. Celles qui travaillent souffrent de stress, tandis que beaucoup ne trouvent pas d’emplois. La recherche d’un vrai boulot ne va pas de soi en ce moment. Si les chèques-service étaient transformés en véritables emplois, on pourrait créer de 4.500 à 5.000 vrais emplois. Mais en ce moment, la situation va dans l’autre sens.

    On peut bien travailler à temps partiel et avoir un salaire partiel – souvent on n’a pas le choix – mais évidemment on ne peut pas payer le loyer partiellement, ou donner partiellement à manger à ses enfants. Or, 41% de travailleuses ont de tel contrats. En 1966 les travailleuses de la FN ont fait grève et ont manifesté pour la revendication «à travail égal, salaire égal». Leur lutte est toujours d’actualité. En moyenne, les femmes gagnent encore 72% des salaires masculins. En partie parce qu’elles travaillent dans les secteurs sous-payés mais aussi parce qu’elles reçoivent moins de salaire pour le même travail. Cette situation s’explique par le fait que les femmes s’occupent de la majorité du travail ménager, non-rémunéré. Dans ces conditions, rares sont les femmes effectuant des heures supplémentaires ou du travail en équipe pour augmenter le salaire de base. Or aujourd’hui, il s’agit d’une condition primordiale pour obtenir ou conserver un meilleur salaire.

    >> NOUS REVENDIQUONS!

    > une hausse des allocations minimales vers 1000 euros

    > une hausse du salaire minimal vers 1250 euros

    > une reduction massive de la flexibilité qui soit determiné par la société non par les patrons

    > conversion de tous les status précaires, chèques-service, travail à temps partiel en emploi fixes à temps plein

    > 32h/semaine sans perte de salaire et avec embauches compensatoires

    ON VEUT AUSSI VIVRE AVEC NOS ENFANTS. STOP A L’HYPERFLEXIBILITE!

    La plupart des salariés ont le sentiment de devoir perpétuellement courir dans tous les sens. Les hommes parce qu’ils travaillent souvent à temps complet et parce qu’ils font souvent des heures supplémentaires, les femmes parce qu’elles portent encore régulièrement la responsabilité des tâches ménagères à côté de leur boulot. De plus, avec les enfants, il ne reste pas beaucoup de temps libre.

    Ces 20 dernières années la fléxibilité a énormément cru. Les heures supplémentaires sont devenues une affaire quotidienne et les horaires décalés, monnaie courante, sans parler du manque d’emploi. Tout cela au seul bénéfice du patronat qui nous rend la vie dure. Les femmes avec enfants, surtout quand elles vivent seules, ne peuvent pas remplir toutes ces conditions.

    Il y a pénurie de crèches et de garderie à prix démocratique, et si on se trouvait dans une situation contraire, le patronat utiliserait cela pour nous faire travailler selon des horaires encore plus pénibles.

    >> NOUS REVENDIQUONS!

    > la création des services publics qui autant que possible, reprennent les tâches ménagères.

    > un accueil d’enfant décent et gratuit.

    > la fin à l’hyperflexibilité et la réintroduction d’une journée de travail normal pour chacun.

    ON VEUT PAS DES INTIMIDATIONS SEXUELS. BAS-TOI CONTRE LE SEXISME!

    Le chef macho qui crache des remarques déplacées et qui pince les fesses n’est pas seulement un cliché, c’est malheureusement une réalité. En générale, les femmes n’osent pas réagir face aux harcèlements sexuels de peur de perdre leurs emplois et acceptent donc cette situation. Souvent, le comportement du chef crée une mentalité sur le lieu de travail, à laquelle participent les collègues. «Ce n’est quand même pas grave» disent beaucoup. Si c’est grave! Cela mine la confiance en soi et fait que beaucoup ne partent pas volontiers au boulot. De telles attitudes rendent encore plus difficile la possibilité pour les femmes d’être prises au sérieux.

    POURQOI LES FEMMES DEVRONT MOBILISER POUR LA MARCHE DES JEUNES POUR L’EMPLOI

    POUR UN AVENIR….IL FAUDRA LUTTER!

    La vraie solution de ce problème se situe dans une approche collective, au lieu de chercher des solutions individuelles. Dans la lutte contre le chômage, contre les bas salaires et les mauvaises conditions de travail nous devons aussi avancer la nécessité de lutter contre le sexisme et de convaincre nos collègues masculins qu’ils n’ont aucun intérêt à participer à la discrimination de la femme. Le seul qui en profite, c’est le patron, qui s’en sert afin de ‘diviser pour régner’.

    Les bas salaires et les mauvaises conditions de travail qui sont imposées aux femmes (ainsi que aux jeunes et aux immigrés) mettent sous pression les conditions de travail de tout le monde. Au sein de cette lutte, les syndicats ont un rôle important à jouer.

    LA LUTTE POUR LE DROITS FEMMES… EST-ELLE REVOLU?

    Leen (23) Turnhout: Dans les agences d’intérim ils disent qu’il n’y a du travail que pour les hommes. Des chômeuses qui doivent faire appel à une garderie ne peuvent travailler que pendant la journée, ne peuvent pas faire les équipes,… Au un contrôle d’ONEM, La femme qui m’a fait passer l’entretien a dit que je ne devais absolument pas répéter qu’il m’est difficile de trouver un emploi parce que je dois trouver d’abord une garderie. Elle m’a dit que normalement elle était censée noter cette remarque comme appréciation négative ! A l’ONEM, ils s’attendent à ce que tout le monde ait automatiquement une solution de garde pour les enfants alors qu’il y a un manque énorme de garderies. Ce n’est pas de ma faute si je suis au chômage! J’ ai fais connaisance avec le MAS, et maintenant j’organise le comité chômeur lokale.

    Les femmes immigrées: triplement opprimées!

    Les médias semblent nous faire croire que les femmes immigrées figurent parmi les seules femmes à encore être discriminées. La principale cause seraient due à leur culture ou à leur religion. Nous ne partageons pas cet avis. Les femmes peuvent être encore opprimées et discriminées parce qu’elles ne sont pas capables d’atteindre une indépendance financière à cause de leur mauvaise situation sur le marché du travail. Être indépendante, signifie, tant pour une femme immigrée que pour une femme belge, frôler le seuil de pauvreté. Nous sommes pour la liberté de culte et le droit de porter le foulard quand cela découle de leur propre choix. Bien évidemment, le MAS s’oppose aux mariages forcés (ce qui, par opposition à ce que les journaux en Belgique veulent faire croire, ne se passe que dans une minorité de cas), aux codes vestimentaires, etc. Mais la véritable liberté pour les femmes immigrées, tant que pour les femmes belges, se situe dans la lutte pour l’indépendance financière. Ce n’est que dans ce cas qu’ elles détiennent la capacité de faire leurs propres choix. Ici, les femmes immigrées doivent pouvoir compter sur notre solidarité: le droit aux logements sociaux adéquats, des investissements dans des maisons de refuge, un accueil décent et gratuit pour les enfants,… devraient être des services sociaux pour toutes les femmes.

    VERS UN MARCHE DES JEUNES POUR L’EMPLOI, UN ENSEIGNEMENT GRATUITE ET L’EGALITE

    Le MAS-LSP a pris l’initiative de proposer aux organisations de jeunesse des syndicats d’organiser une nouvelle marche des jeunes pour l’emploi. Avec cette initiative, nous avons voulu dénoncer la politique actuelle de démolition sociale et offrir un instrument de lutte aux divers groupes de jeunes et de travailleurs. Car les femmes ont toujours une position plus faible sur le marché du travail, qui les rend en moyenne plus pauvres et plus dépendantes que les hommes. A Bruxelles, une femme sur cinq en-dessous de 25 ans est à la recherche d’un emploi depuis deux ans. Sur base nationale, 15,7 % des femmes sont au chômage par rapport à 10,6 % d’hommes. En Wallonie, il s’agit de presque 22 % de femmes!A Bruxelles, seul une femme sous-qualifiée sur cinqa du travail! Entre-temps, presque 1/3 des travailleuses dans la région bruxelloise travaille dans le non-marchand. Nous avons donc tous et toutes intérêts à appuyer leur revendication syndicale des 25 mille embauches supplémentaires dans le non-marchand. Et avec la conversion des chèques-services vers des emplois décents et bien rémunérés, cinq mille personnes, surtout des femmes, pourraient sortir du chômage. Travailleuses et chômeuses ont donc toutes intérêt à défendre massivement leurs droits et à construire avec nous cette nouvelle Marche Jeunes pour l’Emploi, l’Egalité et l’Enseignement Gratuit. Aidez-nous à construire cette campagne, en contribuant à la mise-sur-pied d’un comité de mobilisation sur votre lieu de travail, lycée, quartier, près du bureau de pointage,…!

0
    0
    Your Cart
    Your cart is emptyReturn to Shop