Irlande. Nouvelles élections, discrédit de l’establishment et défis pour la gauche

irlande_AAALa politique d’austérité a provoqué un appauvrissement massif en Irlande, contrairement à ce qui est dit dans les médias internationaux. Les salaires ont chuté, les contrats précaires à bas salaires constituent aujourd’hui la norme et le pourcentage d’emplois faiblement rémunérés est le plus élevé de l’Union européenne.

Par Finghin Kelly, Socialist Party (section du Comité pour une Internationale Ouvrière en république irlandaise)

L’échec de l’austérité ne s’est vu nulle part plus nettement que dans le logement. Plus de 100.000 familles sont sur les listes d’attente des logements sociaux. Les loyers grimpent en flèche et le nombre de sans-abris atteint des niveaux records (parmi lesquels 1.500 enfants !). Par contre, au cours de ces 5 dernières années, les richesses des 300 personnes les plus riches du pays sont passées de 50 milliards € à 84 milliards €.

Ces élections seront marquées par cette explosion des inégalités, mais aussi par un monumental mouvement d’opposition à la taxe sur l’eau qui a cristallisé toute l’opposition à l’austérité. Des dizaines de milliers de travailleurs et de pauvres se sont impliqués dans cette campagne qui a touché tous les quartiers et connu plusieurs manifestations de masse. En dépit de toute la campagne d’intimidation menée par les médias et le gouvernement, plus de la moitié des ménages ne l’ont toujours pas payée ! L’Anti Austerity Alliance (AAA, dont sont membres nos camarades irlandais du Socialist Party, NDT) a représenté une force de premier plan dans l’organisation de ce mouvement de résistance.

La défense du droit à l’avortement a également gagné en ampleur l’an dernier. Son interdiction est inscrite dans la constitution irlandaise, mais les sondages, les uns après les autres, ont illustré un soutien grandissant pour l’abrogation de cette interdiction constitutionnelle, alors que l’establishment politique refuse de revoir le rôle de l’Église catholique dans l’État. Cette aspiration à l’égalité et à un État séculaire s’est aussi exprimée il y a peu à travers le référendum pour le mariage homosexuel et la spectaculaire victoire du ‘‘Oui’’.

L’autorité des partis traditionnels est aujourd’hui en berne. Les trois partis qui ont monopolisé la scène politique depuis l’indépendance du pays ne parviennent désormais plus à atteindre ensemble les 50 % dans certains sondages. Le Parti travailliste (équivalent du PS et du SP.a, NDT) ne récolte parfois que 6 % et il n’est pas certain qu’il dispose encore de députés à l’avenir !

Le Sinn Féin pourrait par contre réaliser une percée (les sondages le placent régulièrement à 16-20%). Ce n’est pas un parti des travailleurs ou un parti anticapitaliste, mais il a su gagner un soutien en se présentant en adversaire de l’austérité, sans toutefois avoir été réellement actif dans la construction du mouvement anti-austéritaire. Il n’a défendu aucun programme et aucune tactique pour remporter ce combat, refusant même d’encourager le non-paiement de la taxe sur l’eau. Le Sinn Féin a été jusqu’à s’engager à respecter les règles budgétaires de l’Union européenne une fois au pouvoir ! En Irlande du Nord, là où le parti participe à un gouvernement de coalition depuis 1998, il a appliqué des coupes budgétaires et accepté de diminuer les taxes sur les entreprises, de sabrer la sécurité sociale et de licencier 20.000 fonctionnaires.

L’Anti Austerity Alliance défendra aux élections un programme anti-austérité de principe en refusant de se laisser prendre au piège dans la camisole de force des règles de l’Union européenne et en accentuant la nécessité que la classe des travailleurs entre en action et s’organise pour assurer que ses revendications soient traduites dans les faits. Certains sondages placent l’AAA (avec d’autres groupes de gauche) à 7 % nationalement. Une percée et plus de députés sont possibles, ce qui fournirait une meilleure plate-forme pour une gauche de principe et de combat.


 

Un meeting préélectoral de l’Anti Austérity Alliance (AAA, au sein de laquelle nos camarades du Socialist Party irlandais sont très actifs) a eu lieu ce samedi en irlande, avec une excellente participation de 300 personnes environ. La campagne est placée sous le slogan “Il nous faut une révolution politique!” Parmi les orateurs, aux côtés de Paul Murphy ou encore de Ruth Coppinger, se trouvait notamment Kshama Sawant, conseillère socialiste élué à Seattle (Socialist Alternative).

Meeting préélectoral de l'AAA

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