Category: Pouvoir d’achat

  • Quel plan d’action nous faut-il ?

    Plus de pouvoir d’achat par plus de salaire !

    Les négociations salariales ne devaient commencer qu’en automne mais, dans au moins 80 entreprises, des votes ont eu lieu et il y a eu des négociations salariales anticipées. Il faut retourner aux années ‘70 pour retrouver une telle pression sur les négociations salariales au départ des lieux de travail.

    Eric Byl

    C’est que, d’année en année, les entreprises réalisent des profits record(1) et distribuent copieusement des dividendes(2) tandis que les salaires des managers explosent (3). Même les anciens services publics n’échappent pas à la soif de profit et à l’égoïsme propres aux dirigeants du secteur privé(4). Beaucoup de travailleurs s’attendaient à une indemnité raisonnable pour leurs efforts, maintenant que les prix des produits de base ont explosé. Le fait qu’environ un demi-million de travailleurs ont été confrontés à un gel salarial de fait dans les secteurs où les accords-all-in sont en vigueur(5) a mis le feu aux poudres.

    Ce n’est pas un hasard si la vague de grève a commencé en Flandre. Depuis des années, les travailleurs y sont inon-dés de bonnes nouvelles : la Flandre appartient aux régions les plus riches au monde, les offres d’emploi ne sont guère remplies, le chômage aurait presque disparu et le Flamand serait de nature un bon travailleur. Comment dès lors ne pas avoir confiance en soi? On oublierait presque que la Flandre a une position élevée au classement de la longueur des listes d’attente pour les handicapés, qu’elle ne construit presque plus de logements sociaux, qu’elle est en retard d’un demi-siècle pour la rénovation des bâtiments scolaires, qu’elle comprend énormément de prépensionnés et qu’elle impose une telle pression au travail sur les travailleurs que la Flandre est à la première place au niveau des infarctus et de l’utilisation de calmants. Les travailleurs flamands en ont marre de ce trafic à sens unique. Maintenant que le coût de la vie explose, ils revendiquent leur part du gâteau avant que les profits ne soient consommés.

    L’arrogance avec laquelle le patronat les accuse «d’hystérie du pouvoir d’achat» et rejette leurs revendications justifiées sous prétexte qu’elles sont « émotives » ne fait que jeter de l’huile sur le feu. Au moment où la vague de grèves a semblé perdre en vitesse, les collègues des services de l’administration flamande ont pris le relais.

    En Wallonie et à Bruxelles, on a pu entendre un soupir de soulagement : tous les Flamands ne parlent pas la langue de Leterme, de Somers, de De Wever et du VOKA(6). En Flandre aussi, il existe des gens qui revendiquent des salaires décents et des conditions de travail plus humaines. Depuis des années, la Belgique francophone a été montrée du doigt par le patronat, les médias et les politiciens. Elle serait conservatrice et fermée au renouvellement. Le chômage y est le double de celui de la Flandre, et les dépenses de santé y sont aussi plus élevées. En Wallonie et à Bruxelles aussi, le patronat, les médias et les politiciens essaient de faire croire aux familles des travailleurs que tout cela est de leur faute : contrairement aux «bons travailleurs» flamands, ils seraient des «paresseux» et des «profiteurs» pour qui, en plus, ces bons travailleurs flamands devraient payer. Il n’est donc pas surprenant que la Wallonie et Bruxelles, à l’exception de quelques entreprises, soient restés à la traîne lors de la récente vague de grève.

    Pouvoir d’achat : Rien de prévu

    On ne peut évidemment pas compter sur Leterme & Co pour nous aider à compenser la perte du pouvoir d’achat des familles. L’argument principal du gouvernement et du patronat pour ne pas accorder d’augmentation salariale est la crainte d’une «spirale salariale» à l’ancienne, où les augmentations salariales provoqueraient des hausses de prix qui entraîneraient des revendications salariales plus importantes encore, qui, à leur tour, engendreraient une augmentation des prix plus forte encore.

    Il s’agit là d’un tour vieux de cent cinquante ans qui vise à nous faire croire qu’il n’est pas nécessaire de lutter pour des augmentations salariales. Marx y a déjà répondu à l’époque dans sa brochure “Salaire, prix et profit”. En réalité, le patron s’efforce de s’emparer d’une partie toujours plus importante de la valeur que les salariés ont produite. La crainte d’une croissance de l’inflation n’a jamais empêché le patronat de réaliser un maximum de profits, de distribuer de gigantesques dividendes aux actionnaires ou de payer les managers avec des salaires scandaleusement élevés.

    Parfois, on propose d’instaurer un contrôle des prix comme outil dans la lutte contre l’inflation. C’est d’ailleurs ce que propose la FGTB dans un tract, de bonne qualité, « Parlons franc, parlons pouvoir d’achat ! ». Un contrôle sur les prix de l’alimentation, de l’énergie et du loyer serait le bienvenu pour beaucoup de personnes. Au Venezuela, Chavez a également introduit un contrôle sur les prix des denrées alimentaires, mais le résultat est que les rayons des magasins sont presque vides. Cela ne va pas se produire de si tôt en Belgique, ni avec la nourriture, ni avec les logements, ni avec l’énergie, mais la leçon à tirer de cette expérience, c’est qu’il est illusoire d’espérer contrôler la distribution tant que la collectivité ne prend pas en main la production et, dans le cas des petits producteurs, ne garantit pas leurs revenus.

    Quelle réponse syndicale ?

    La FGTB a dressé une plate-forme de revendications forte, qui doit encore être massivement distribuée avant les élections sociales et la CSC a, elle aussi, laissé entendre qu’elle partage les inquiétudes des travailleurs.

    Hélas, il n’y a aucun mot d’ordre ni appel qui clarifie ce que nous allons concrètement pouvoir faire ou comment nous allons lutter ensemble au lieu de combattre chacun de son côté. Le temps de la sensibilisation est tout de même loin derrière nous. Après des actions dans 80 entreprises et une grève des fonctionnaires flamands, ni les militants ni les délégués n’ont été consultés sur la stratégie à adopter. Les dernières actions interprofessionnelles datent d’avant la vague de grève de février! Que sont sensés penser les travailleurs?

    Les syndicats veulent-ils des augmentations salariales oui ou non ? Comment les délégués sont-ils sensés mener la campagne pour les élections sociales? La faiblesse incite à l’agression, c’est ce qui explique le ton bleu foncé de l’accord gouvernemental.

    Nous appelons à mettre un maximum de pression dans les réunions interprofessionnelles à travers toutes les régions pour discuter de la plate-forme de revendications et avant tout pour établir un plan d’action pour le pouvoir d’achat.

    Une grève interprofessionnelle liée à une manifestation massive, cette fois-ci bien préparée à l’avance dans les entreprises et accompagnée d’un tract massif destiné à la population. Voilà ce qui pousserait tant le gouvernement que le patronat sur la défensive. En outre, cela affaiblirait ceux qui se servent d’une rhétorique communautaire pour dresser les salariés les uns contre les autres pour mieux leur imposer un programme néolibéral.

    Pour en savoir plus:

    • Rubrique "Pouvoir d’achat" de ce site

      Notes :

      1. En 2007, les 30.000 plus grandes entreprises belges ont enregistré ensemble, selon l’hebdomadaire Trends/Tendances un bénéfice record de 77 milliards.
      2. Selon l’édition du journal flamand De Tijd du 21 mars 2008, les dividendes annoncés pour les sociétés cotées en Bourse de notre pays sont 40% plus élevés que l’année précédente.
      3. Selon l’hebdomadaire Trends/Tendances (en décembre 2007) les salaires des PDG des entreprises du BEL20 ont augmenté de 30% en 2006.
      4. L’édition de « L’Echo » du 17 mars 2008 a donné un aperçu choquant des salaires des managers des services publics dans l’article « Les salaires fous du secteur public ».
      5. Dans un accord all-in, les augmentations d’index sont entièrement ou partiellement supprimées passé un certain taux fixé dans l’accord salarial.
      6. Le VOKA est le « syndicat » du patronat flamand (l‘équivalent de l’Union Wallonne des Entreprises)
  • Un “Pacte de solidarité” après le “Pacte des générations” ?

    Les six organisations patronales belges (d’entreprises et de classes moyennes, nationales et régionales) ont présenté en commun un « pacte de solidarité » dans lequel elles présentent leur vision commune des réformes nécessaires pour assurer l’avenir de « notre » prospérité. Les organisations patronales veulent 500.000 emplois supplémentaires d’ici 2020.

    Karel Mortier

    Ce Pacte de Solidarité réclame pour cela une poursuite des baisses de charges, une flexibilisation accrue du marché du travail et un « assainissement » de l’administration: «la politique doit alléger au maximum toutes les charges qui pèsent sur les entreprises.» En langage compréhensible : la collectivité doit surtout se mettre au service des employeurs.

    Danger : flexicurité en vue !

    Les employeurs introduisent aussi la notion de flexicurité dans notre pays. Ce mot barbare signifie une activation acharnée des chômeurs combinée à une formation aux frais de la communauté afin d’assurer que celui dont l’emploi devient superflu soit préparé dans un délai minimal à devenir rentable à un autre poste de travail. Dans cet objectif, les patrons veulent « moderniser » la législation des licenciements (lisez : l’assouplir notamment en raccourcissant la durée des préavis), augmenter les allocations de chômage – qu’ils appellent de façon subtile «l’assurance» de chômage – mais en les limitant à une durée fixée à l’avance et en les rendant dépendantes de la volonté du chômeur à se former afin d’atteindre non pas une sécurité d’emploi, mais au moins une sécurité « de travail » maximale (en acceptant donc de voler d’un emploi à l’autre).

    Toutes les organisations patronales nationales et régionales sont aussi tombées d’accord sur le fait qu’une réforme d’Etat est nécessaire pour que les régions obtiennent plus de compétences parce que les différences économiques entre les régions sont, selon elles, trop grandes pour qu’une politique commune puisse être menée. « Les choix politiques, socio-économiques et écologiques peuvent être plus efficaces quand ils sont à la mesure des différents besoins des entreprises de chaque région. » On ne mentionne ainsi plus dans ce texte d’économie belge, mais bien trois économies distinctes qui demandent chacune leur propre politique.

    Les employeurs plaident donc pour « responsabiliser » les régions en leur accordant plus d’autonomie sur le plan du marché du travail et de la politique fiscale. Les patrons sont en fait tombés d’accord sur le fait une concurrence fiscale et sociale entre régions peut leur rapporter plus.

    Les conséquences de la politique néolibérale

    Le patronat veut donc accélérer la politique néolibérale. Nous connaissons pourtant bien les conséquences de cette politique au cours de ces 25 dernières années.

    Bien que plus de personnes soient au travail, 15% de la population vivent en dessous du seuil de pauvreté, contre 6% dans les années ‘80. Un célibataire dépendant du CPAS, avec 684 euros par mois, vit par définition en dessous du seuil de pauvreté de 822 euros.

    Le nombre de personnes faisant appel aux banques de nourriture a augmenté sans cesse 13 ans d’affilée. En 2006, 106.900 personnes ont eu recours aux colis alimentaires, contre 70.000 en 1995.

    Celui qui s’en sort mieux n’échappe pas nécessairement à cette spirale. La centrale de crédit de la Banque Nationale a constaté fin 2007 plus 7,5 millions d’accords de crédit. C’est surtout le nombre d’achats à crédit pour de petits montants qui a fortement augmenté ces dernières années (de 75% entre 2003 et 2007). Par rapport à 2000, le nombre de familles qui ont eu recours au CPAS afin de s’en sortir avec leur budget a augmenté de 49%.

    Entre-temps, la réaction des syndicats face aux attaques systématiques des patrons se fait attendre. Un communiqué de presse ou une interview apparaît de temps en temps mais pour le reste, ils restent très silencieux. La discussion autour de la réforme d’Etat paralyse la politique belge depuis presque un an maintenant et les syndicats n’ont toujours pas de réponse commune, ne parlons même pas d’alternative. Les organisations patronales ont donc le champ libre pour leur propagande car les syndicats leur laissent la place dans le débat politique…

  • Les fonctionnaires flamands en lutte. La parole à quelques militants syndicaux

    Depuis trois mois, les actions se sont multipliées pour obtenir des augmentations salariales afin de rétablir le pouvoir d’achat. Après les actions dans le privé, les fonctionnaires flamands ont pris le relais en faisant une semaine de grève fin mars. Au cours des différentes actions, nous avons parlé avec quelques responsables syndicaux. Nous en extrayons les passages les plus marquants.

    Tessa Van Buggenhout, militante CGSP

    Interview par Els Deschoemacker

    “ Nous revendiquons 5% d’augmentation salariale, prenant l’exemple du management qui s’est servi lui-même copieusement. Le gouvernement flamand parle très positivement des surplus budgétaires, ce qui veut dire qu’il y a de l’argent et que les fonctionnaires flamands en fin de compte ont bien fait leur travail. Il est temps que le gouvernement pense à son personnel, lequel n’a pas eu d’augmentation structurelle depuis dix ans.

    “Mais il s’agit de bien plus que du seul salaire. Le ministre Bourgeois essaie d’introduire d’autres choses auxquelles nous nous opposons, en particulier l’engagement d’intérimaires. Les contractuels actuels sont déjà défavorisés par rapport aux statutaires, mais les intérimaires n’auront droit à rien du tout, ni aux congés payés ni à la sécurité d’emploi. Les gens pourront être licenciés d’un jour à l’autre. Cela concorde avec le souhait du gouvernement d’accorder toujours plus de sous-traitance au secteur privé. Comme si cela ne coûtait pas énormément d’argent.

    “ Les intérimaires sont aussi plus faibles car ils sont moins bien organisés. Le gouvernement essaiera certainement de les utiliser comme un levier pour s’attaquer par la suite aux droits des fonctionnaires.”

    Hilaire Berckmans, secrétaire CGSP

    Interview par Jonas Van Vossole

    “Pour essayer de démontrer que nos actions ne sont pas légitimes, les organisations patronales affirment que les hausses de prix seraient compensées par l’indexation. Cela ne vaut rien comme argument. D’abord, l’index court derrière les hausses de prix et les salaires ne sont augmentés que quelques mois après. Cela veut dire que les familles doivent acheter leurs produits à des prix plus élevés pendant plusieurs mois tandis que leur salaire ne bénéficie pas d’une augmentation correspondante.

    “D’autre part, l’index a été miné depuis longtemps et est maintenant transformé en un soi-disant index-santé. Tous les produits pétroliers ont été enlevés de l’index. Or, les prix pétroliers et les prix de l’essence ont augmenté énormément ces derniers temps. En outre, ce sont les dépenses pour les combustible de chauffage et de transport qui sont les plus importantes. L’index santé est donc une farce. Nos salaires doivent augmenter de 5% !”

    Christoph Vandenbulcke, secrétaire CSC

    Interview par Thomas Bayens

    “Au début des négociations, nous n’avions pas mis en avant le point sur le pouvoir d’achat. Depuis des années, on nous dit qu’il n’y a pas d’argent pour des augmentations salariales.

    “Mais quand nous entendons qu’il y a assez d’argent pour accorder aux hauts fonctionnaires une augmentation d’environ 28.000 euros tandis que d’autres doivent se serrer la ceinture, les gens se fâchent, naturellement, et exigent leur part du gâteau. Le gouvernement flamand a un surplus et il l’utilise pour payer les réductions de charges patronales. Pourquoi n’a-t-il donc pas de moyens pour nos augmentations?”

  • Plus de pouvoir d’achat par plus de salaire ! Début prometteur de la campagne à Liège

    Début prometteur de la campagne à Liège

    Après quelques interventions ce lundi à Belgacom et au centre-ville, c’est véritablement ce mercredi que la campagne sur le pouvoir d’achat du MAS/LSP a démarré à Liège. Une dizaine de camarades sont ainsi intervenu le matin à la gare des Guillemins et l’après-midi au centre-ville. Nous y avons distribué le tract de la campagne (disponible ici) et vendu notre mensuel, l’Alternative Socialiste tandis que le « temps mort » de fin de matinée a été l’occasion de discussions appuyées entre membres ou avec des sympathisants.

    Evidemment, le thème du pouvoir d’achat est un thème qui touche tout le monde. Mais derrière les témoignages de situations concrètes et les messages de solidarité (« continuez les gars ! »), nous avons aussi pu avoir beaucoup de discussions sur la nécessité de sortir du cadre du capitalisme. Le mal-être éprouvé face au système actuel est largement partagé, et de plus en plus d’oreilles s’ouvrent aux discussions sur le socialisme.

    Près de 40 exemplaires de l’Alternative Socialiste ont ainsi été vendus et plusieurs personnes nous ont laissé leurs coordonnées, soit pour aider à la campagne, soit pour en savoir plus sur notre parti, nos idées et nos méthodes afin de rejoindre le MAS/LSP.

    Bien d’autres activités sont encore prévues, mais il est certain que cette première journée a initié une dynamique et un enthousiasme non négligeable.

    Depuis lors, ce jeudi matin, une trentaine de journaux ont encore été vendus en plus des diffusions de tracts au Congrès extraordinaire de la FGTB Liège-Huy-Waremme, à l’école d’assistants sociaux ainsi qu’à un rassemblement d’enseignants de l’enseignement communal liégeois réalisé à l’appel de la CGSP enseignement devant l’hôtel de ville de Liège contre les longueurs administratives pour obtenir du matériel. A suivre…

    Pour en savoir plus:

  • Défendre les salaires, c’est défendre le pouvoir d’achat

    La hausse des prix pèse lourdement sur le budget des ménages et attise le mécontentement de la population. L’indice des prix à la consommation (le fameux « index ») a ainsi augmenté de 18,5% entre 2000 et 2007. Dans le même temps, les salaires, eux, n’ont augmenté que de 16%. Mais la perte de pouvoir d’achat est bien supérieure à la différence entre ces deux chiffres…

    Thierry Pierret

    En effet, les produits de première nécessité, comme les denrées alimentaires, l’énergie et le logement, ont augmenté bien plus fortement que la moyenne. Test-Achat a calculé que, depuis 2000, le prix des pommes de terre a augmenté de 68%, celui du mazout de 98%, celui des pommes de 46,5%, celui des œufs de 32%, …

    Tout cela a pour conséquence que la perte du pouvoir d’achat réelle a été de 19% en moyenne entre 2000 et 2007. La perte est de 19 euros par mois pour un revenu de 2.500 euros. Mais les plus bas revenus perdent encore plus. Les 10% des ménages les plus pauvres perdent ainsi entre 26 et 33 euros par mois.

    C’est que les allocations ont augmenté moins vite que les salaires. Car les travailleurs peuvent obtenir, en plus de l’indexation, des augmentations de salaires via des accords au niveau national, de leur secteur ou de leur entreprise. Par contre, les allocations n’augmentent que par le mécanisme de l’indexation.

    Un index manipulé

    La Belgique et le Luxembourg sont les deux derniers pays d’Europe qui appliquent un mécanisme d’adaptation automatique des salaires et des allocations à la hausse des prix. Comment cela fonctionne-t-il ?

    L’indice des prix à la consommation est calculé sur base d’un panier de produits-témoins. On relève les prix de ces produits dans les commerces de 65 localités réparties dans tout le pays avant de faire une moyenne de l’évolution des prix de chaque produit d’une année à l’autre. Ensuite, on donne un poids particulier à chacun de ces produits dans l’ensemble du panier sur base d’une enquête auprès de quelque 3.500 ménages dont on fait la moyenne des habitudes de consommation. Enfin, on établit un indice global pour l’ensemble des produits.

    Dans un monde parfait, l’indexation devrait empêcher toute perte de pouvoir d’achat en adaptant les salaires et allocations à l’évolution des prix. Mais nous sommes dans un monde capitaliste où il y a une tension permanente entre les patrons qui veulent augmenter leurs profits et les travailleurs qui veulent sauvegarder leur niveau de vie et celui de leurs familles. La composition et la pondération du panier de produits-témoins fait l’objet tous les deux ans d’un âpre débat entre syndicats et patronat. La pression du patronat a fait en sorte que la composition et la pondération du panier de produit ne reflète pas fidèlement les habitudes de consommation des ménages.

    L’exemple le plus frappant est celui du logement. Alors que les frais de logement, d’eau, d’électricité et de gaz représentent 26,1% du budget d’un ménage aux revenus moyens en 2007 – et 38,5% du budget des 10% des ménages les plus pauvres ! – ils ne comptent que pour 15,7% dans l’index. C’est dû au fait qu’on ne tient compte que des loyers… et pas des charges d’emprunt des propriétaires qui sont pourtant beaucoup plus nombreux que les locataires.

    De plus, les carburants, l’alcool et le tabac ne sont plus pris en compte depuis 1993 dans le calcul de l’index-santé qui détermine l’augmentation des salaires et allocations. Vu l’augmentation en flèche des prix du pétrole, cette mesure nous coûte aujourd’hui 4% de salaire en moins rien que pour l’essence. Mais c’est beaucoup plus si on cumule chaque année le manque à gagner depuis 1993.

    Enfin, on a introduit récemment dans l’index une série de produits comme les GSM, les écrans plats et les ordinateurs dont les prix ont tendance à baisser. Mais on n’achète pas une TV à écran plat tous les jours ! En attendant, l’introduction de ces produits a pour effet de tempérer la hausse de l’index.

    Bonus salarial ou augmentation de salaire ?

    Depuis le 1er janvier de cette année, les entreprises ont la possibilité d’accorder un bonus salarial à leur personnel pour un maximum de 2.200 euros net par an et par travailleur. Ce bonus salarial est exempt d’impôts et de cotisations de la part du salarié. Il est juste soumis à une cotisation patronale de 33% (contre 44% pour le salaire) qui est affectée à la Sécurité sociale. Mais le patron peut déduire le bonus et la cotisation de ses impôts ! D’où une perte sèche pour le fisc et la Sécu (jusqu’à 50% d’impôts en moins pour les entreprises).

    Beaucoup de travailleurs accueilleront sans doute favorablement cette mesure. L’idée que les augmentations de salaire brut sont mangées par l’impôt et qu’il vaut mieux avoir des avantages extra-salariaux comme les chèques-repas ou des bonus est fort répandue. Mais il faut bien voir que la perte pour le fisc et la Sécurité sociale sera compensée soit par une hausse des taxes locales (communes et provinces), soit par une baisse des prestations de sécurité sociale ou des services publics. C’est-à-dire qu’on pourra se payer moins de choses avec un bonus salarial qu’avec une hausse du salaire brut qui alimente les caisses de l’Etat et de la Sécu.

    De plus, le bonus salarial est conditionné par la réalisation d’objectifs assignés par l’entreprise. On ouvre ainsi la porte au principe du salaire au mérite et à la compétition entre différentes catégories de personnel. Cette concurrence ne pourra que miner la solidarité qui est pourtant nécessaire pour arracher des améliorations pour tous.

    La seule solution, c’est de lutter tous ensemble pour nos salaires et nos allocations. Il faut avancer des revendications qui unissent les différentes catégories de travailleurs et qui améliorent réellement le pouvoir d’achat.

    Le MAS défend les revendications suivantes :

    • Plus de pouvoir d’achat par plus de salaire ! 1 euro en plus de l’heure ! Augmentation des allocations !
    • Suppression de la loi sur la sauvegarde de la compétitivité qui interdit les hausses de salaires supérieures à la moyenne de l’évolution des salaires en Allemagne, en France et aux Pays-Bas
    • Suppression de l’index-santé (retour des carburants, de l’alcool et du tabac dans l’index); introduction d’un index-foyer qui tienne compte des coûts réels du logement dans le budget des ménages
    • Suppression de la TVA sur les produits de première nécessité comme le logement et l’énergie.

    Pour en savoir plus:

  • Pouvoir d’achat. Face au discours patronal, une alternative politique est nécessaire

    2007 a été une nouvelle année record pour les profits patronaux. La palme d’or va aux cinq principales multinationales pétrolières du monde qui ont récolté à elles seules pas moins de 93 milliards d’euros de profits. Chez nous aussi, les patrons se frottent les mains. Les entreprises du Top 30.000 ont fait ensemble 77 milliards d’euros de profits, un montant historique. Par contre, pour les travailleurs et leurs familles, les derniers mois ont été ceux de l’envolée des prix à la pompe et à la caisse et de la dégringolade du pouvoir d’achat. Mais, avec la crise financière et économique née aux Etats-Unis cet été et qui gagne peu à peu l’ensemble de la planète, les patrons n’ont aucune envie de faire des concessions.

    Geert Cool

    Guy Quaden (gouverneur de la Banque Nationale – et membre du PS !) a pu déclarer le plus franchement du monde que toute augmentation salariale est «catas-trophique», sans provoquer de réaction parmi les partis établis. Lorsqu’un représentant d’ING a osé reconnaître dans les médias que les prix de la nourriture augmentaient de manière spectaculaire, il a bien vite été rappelé à l’ordre par d’autres qui ont précisé que les prix sont en moyenne encore à 7,5 % sous la moyenne européenne. La Banque Nationale a quand même reconnu que ce sont les produits à bas prix qui ont le plus augmenté et que le rythme de hausse des prix des produits alimentaires transformés est plus élevé en Belgique que dans la zone euro. Pourtant, pour la Banque, pas question d’intervenir sur les prix, elle préfére laisser la population adapter ses habitudes de dépenses…

    L’économiste Paul De Grauwe a reconnu le problème du pouvoir d’achat (sans en tirer de conclusions, il reste tout de même libéral) dans une interview au Vif : « Je peux comprendre les grèves et les revendications salariales des syndicats. Nous sortons d’une période de profits d’entreprise énormes. Les salaires n’ont pas suivi cette tendance. La partie des salaires dans le revenu national a chuté.(…) Je n’ai plus aucune sympathie pour le patronat: ce qu’ils récoltent maintenant, ils l’ont semé eux-mêmes. Qui plus est, l’avidité des topmanagers est révoltante. »

    Dans le Financial Times, le chroniqueur Martin Wolf est encore allé plus loin: « Je crains que la combinaison de la fragilité du système économique avec les profits records qu’il a générés ne détruise quelque chose de plus important : la légitimité politique de l’économie de marché elle-même. »

    C’est pour cette même raison que le PS et le SP.a essaient de surfer sur le sentiment anti-néolibéral en donnant de la voix contre les intérêts notionnels, les super-profits et la fraude fiscale.

    Mais la meilleure garantie pour construire une alternative politique au néolibéralisme n’est pas de se tourner vers les vieux complices de cette politique, qu’ils continuent d’ailleurs à appliquer à tous les niveaux de pouvoir où ils se trouvent. Nous devrons construire notre propre instrument politique : un parti des travailleurs qui se base sur les milliers de travailleurs qui ont mené des actions pour le pouvoir d’achat et qui défende les centaines de milliers d’autres qui voient fondre leur pouvoir d’achat et s’inquiètent de l‘avenir.

    Pour en savoir plus:

  • La vague de grève engrange déjà des résultats !

    En janvier, 32 grèves ont eu lieu dans le privé. Cette vague de grèves a été particulièrement forte dans le Limbourg (14) mais elle a fait école ailleurs. Et depuis lors, les actions ne sont pas retombées : Bekaert, Duracell à Aarschot, Sylvania à Tirlemont et Fabricom à Liège et Charleroi ont, entre autres, connu des grèves.

    La plupart de ces grèves avaient comme thème le pouvoir d’achat, même s’il y en a eu d’autres, comme les attaques contre les travailleurs et les conditions salariales à Carrefour ou encore la réouverture du Haut Fourneau 6 à Seraing chez Arcelor. Le secteur public a aussi connu des grèves avec les actions dans les transports en commun (SNCB, TEC, De Lijn) autour des problèmes de flexibilité ou de sécurité pour les travailleurs.

    Douze des sociétés où se sont déroulées ces grèves sont dans le secteur automobile, notamment parmi les sous-traitants. A cela s’ajoutent neuf entreprises du secteur du métal. Par conséquent, l’immense majorité des grèves ont pris place dans un secteur où avaient été précédemment conclus des accords All-In (où les salaires ne peuvent plus être augmentés au-delà d’un certain point, et ce, quelle que soit l’indexation qui suit la hausse des prix).

    Ces actions de grève ont été quelques fois accompagnées de négociations “préventives” par lesquelles des primes et des bonus ont pu être obtenus. A Ford Genk, Opel Anvers, Bekaert, Tenneco Automotive, Galva, Alro, D. Logistics Packing, Syncreon, Crown, Duracell,… des bonus salariaux compris entre 500 et 1200 euros ont été obtenus. Par contre, la plupart des demandes d’augmentations salariales ont été rejetées.

    Le patronat reconnaît que le paiement de tels bonus est supportable parce qu’il s’agit d’opérations uniques et pas d’augmentations salariales permanentes. Un responsable de l’organisation patronale du secteur technologique (Agoria) a ainsi déclaré que « Les bonus permettent de limiter légèrement les dégâts. Ceux-ci seraient encore plus grands si nous avions dû accorder des augmentations salariales. » Et pourtant, c’est bien de cela dont les travailleurs ont besoin…

    Pour en savoir plus:

  • + de pouvoir d’achat par + de salaire!

    Hausse des allocations !

    Depuis le début de l’année, une vague de grèves pour plus de pouvoir d’achat et pour une diminution de la charge de travail a commencé à s’étendre dans le pays. Partie des sous-traitant de Ford dans le Limbourg, elle a touché plusieurs dizaines de sociétés, pour le moment essentiellement en Flandre. Pour le patronat et les politiciens de droite, il s’agit là d’une « hystérie du pouvoir d’achat » et de grèves « injustifiables ». Vraiment ?

    Luc Janssens

    Les réactions patronales sont d’une hypocrisie crasse. En 2007, les 30.000 plus grandes sociétés belges ont fait ensemble un bénéfice record de 77 milliards d’euros. Mais les profits historiques et les salaires «himalayesques» des managers de haut vol n’ont évidemment en rien amélioré la condition des travailleurs, des chômeurs et des pensionnés. Ils ont surtout été utilisés pour spéculer sur les marchés financiers et remplir encore un peu plus les poches des riches.

    Pendant ce temps, le gouvernement cherche à épargner pour boucler son budget. Mais il ne regarde pas vers le grand fraudeur fiscal ou vers les profits record des gros actionnaires. C’est aux chômeurs de trinquer et aux travailleurs à se serrer la ceinture. Pourtant, la possibilité offerte aux patrons de déduire les «intérêts notionnel» (voir page 2) va coûter au budget au moins 2,5 milliards d’euros. Mais, là, on ne parle pas de pratique « injustifiable ». Et après ça, on devait encore avaler qu’on manque de moyens pour des mesures en matière de pouvoir d’achat !

    Les actions de ces dernières semaines ont donné des résultats positifs. Les travailleurs des sous-traitants de Ford ont tous obtenu des augmentations salariales en plus d’un bonus salarial. Par la suite, des bonus salariaux ont été obtenus dans la plupart des autres entreprises où des grèves ont eu lieu. La lutte paie !

    La revendication « 1 euro supplémentaire par heure » née dans les premières grèves a ensuite été éclipsée par la conquête de bonus salariaux, qui sont des primes uniques de 500 jusqu’à 1.200 euros par an. Ces primes sont certainement les bienvenues, mais une augmentation structurelle des salaires est nécessaire. Un bonus de 750 euros, c’est bien joli, mais cette prime peut complètement disparaître l’an prochain et le pouvoir d’achat repartira ensuite en marche arrière.

    Seule la lutte pourra arracher cette augmentation. Le secrétaire général de la Fédération des Entreprises Belges, Pieter Timmermans, a appelé les syndicats à garder le contrôle de la situation dans une déclaration au quotidien « Le Soir ». Il a été entendu rapidement dans certains sommets syndicaux. Luc Cortebeeck, le président de la CSC, a ainsi plaidé au Comité National de la CSC pour que tout soit mis en œuvre afin d’éviter que le trouble social ne s’aggrave alors que Claude Rolin, le secrétaire général de la CSC, a déclaré en réaction à l’interview de Timmermans qu’il s’agissait de « quasi-provocation envers les travailleurs ».

    Au lieu de freiner le mouvement pour répon-dre aux demandes du gouvernement et du patronat, les directions syndicales feraient bien mieux d’écouter le signal envoyé par les milliers de travailleurs qui ont mené des actions ces dernières semaines. Ils devraient consulter les militants dans toutes les régions et les secteurs et organiser des réunions interprofessionnelles pour décider d’un plan d’action pour restaurer le pouvoir d’achat par des augmentations de salaire, le rétablissement complet de l’index, la liaison des allocations au bien-être, la suppression de la TVA sur les produits de base, la suppression de tous les cadeaux fiscaux faits aux patrons ces dernières années, le contrôle de la collectivité sur le secteur d’énergie,…

    Pour en savoir plus:

  • Un plan d’action pour défendre le pouvoir d’achat !

    Quelle suite après la manifestation du 15/12 ?

    Le 15 décembre, 25.000 manifestants sont descendus dans les rues de Bruxelles à l’appel du Front commun syndical. Depuis, le silence règne du côté des directions syndicales. « La sécurité sociale forte, l’augmentation du pouvoir d’achat et la fiscalité plus équilibrée » réclamées en décembre ont-elles donc déjà été acquises en janvier ? Malheureusement pas.

    Eric Byl

    Le premier ministre « intérimaire » Verhofstadt a immédiatement prévenu : « Il n’y a pas d’argent ». Il a subtilement ajouté que même les revendications du SP.a allaient trop loin et que le PS ne mettait aucune revendication en avant.

    La faiblesse incite à l’agression. La FEB a donc mis en garde contre « la politique émotive » et a lancé un plaidoyer pour les accords « all in », afin de neutraliser encore plus toute compensation salariale (limitée par l’affaiblissement de l’index) face aux hausses des prix. Les négociations de l’automne prochain pour l’accord interprofessionnel s’annoncent difficiles ! Selon le raisonnement des patrons, si le pouvoir d’achat doit s’améliorer, alors ce sera au gouvernement de casquer. Dès lors, les gains au niveau du salaire net seraient compensés par des services publics encore plus chers !

    Aucun politicien ni dirigeant syndical ne veut visiblement prendre en compte les données publiées dans le magazine Trends/Tendances qui révèlent que les profits des 30.000 plus grosses entreprises belges (tous secteurs confondus) pour 2006 se sont élevés à 77,4 milliards d’euros, une progression de 25% par rapport à 2005, pourtant déjà une année record. Ce sont de telles données que le sommet syndical devrait employer contre le discours patronal.

    Les actions de protestation menée devant le siège d’Electrabel par une poignée de syndicalistes FGTB, sous la conduite du duo De Leeuw-Demelenne, ne suffissent vraiment pas. « Si la direction de la FGTB ne l’ose pas – ou ne le veut pas – alors c’est à nous de le faire » se sont sans doute dit les salariés de Syncreon en partant spontanément en grève le lundi 14 janvier. Au bout de compte, ils ont imposé une augmentation salariale de 0,47 euro par heure et deux primes de 500 euros. Syncreon est l’un des multiples sous-traitants de Ford. Le système des sous-traitants a été introduit pour tenter de diviser les salariés et de saper les salaires et les conditions de travail. Mais les travailleurs ont visiblement trouvé le talon d’Achille. Peu de temps après Syncreon, Ford, elle aussi, s’est arrêtée et sa direction a mis la pression sur celles des sous-traitants pour qu’elles mettent fin au plus vite au conflit (à cause du système « just in time », les ressources sont vite épuisées).

    Voir manger ouvre l’appétit. C’est ainsi que les salariés de Lear Corporations, de SML, de Magna Belplas et d’IAC ont suivi l’exemple, chaque fois avec succès. Contrairement à ce que disent les patrons, pour nous, c’est Ford-Genk qui a « pris en otage » les salariés en sous-traitant toujours plus d’emplois. Les salariés de Ford partagent cette opinion et ont suivi l’exemple des sous-traitants, avec comme résultat une prime de 800 euros nets, la conversion de contrats à durée temporaire en contrats à durée indéterminée et une baisse de la pression de travail de 3%.

    Cortebeeck, le président de la CSC, a déclaré que ce n’était « certainement pas » la direction syndicale qui avait « provoqué » cette vague de grèves et qu’il cherchait à trouver une solution au plus vite. Pour faire face à la hausse du coût de la vie et de la pauvreté, il faut augmenter les salaires et les allocations, et non enrichir encore les super-nantis. Au lieu de selamenter, il vaudrait mieux que Cortebeeck et son collègue FGTB De Leeuw consultent les militants et qu’ils établissent un plan d’action pour la défense du pouvoir d’achat.

  • Bénéfices records, prix records…

    Bénéfices records, prix records…

    Les banques centrales à travers le monde injectent actuellement des milliards de dollars ou d’euros dans l’économie pour sauver le système financier. Mais les travailleurs et leurs familles, eux, ne peuvent pas compter sur une aide du même genre ! Tout ce qu’on nous offre, ce sont des avertissements sinistres : inutile d’attendre une augmentation salariale sérieuse pour faire face à la montée des prix, parce que cela provoquerait en retour une nouvelle hausse des prix. En d’autres termes : à nous de payer la crise !

    Els Deschoemacker

    Les années de compression des salaires, de durcissement des conditions de travail, de coupes dans la sécurité sociale et les services publics ont déjà fait de sérieux trous dans nos portefeuilles. Nos réserves ont diminué à vue d’œil ces 15 dernières années. Notre épargne aussi.

    De plus en plus, les gens ont acheté à crédit, poussés par les taux d’intérêt très bas. Aujourd’hui, ils ont devant eux une montagne colossale de dettes. Le rapport annuel de la Centrale des Crédits aux Particuliers (CCP), qui enregistre les prêts aux particuliers depuis 2003, est particulièrement éclairant. Ce qui frappe d’abord, c’est l’augmentation des crédits à petits montants destinés à payer de petits achats, au supermarché par exemple : 5% de hausse en 2007 par rapport à 2006. Mais, depuis 2003, la hausse est de 75% ! Et cela, alors que la deuxième moitié de 2007 a été marquée par une forte augmentation des prix. Un million et demi de Belges – 1 Belge sur 7 ! – ont trois crédits ou plus à rembourser, ce qui représente une hausse de 6% en un an.

    Mais ce qu’on emprunte, on doit le rembourser. Presque un emprunteur sur vingt a un retard de paiement d’une année. 65.000 Belges sont engagés dans une procédure de conciliation collective de dette, une hausse de 12,5% en un an !

    Ces chiffres sont effrayants, surtout si on pense que tout cela s’est développé dans un contexte de croissance économique. Mais la croissance n’a pas permis à tout le monde de s’enrichir : 1,5 million de Belges vivent sous le seuil de pauvreté ; 25% des plus de 75 ans sont dans cette situation, comme 36% des parents isolés et 23% des chômeurs. Jusqu’où grimperaient ces chiffres si la croissance économique disparaissait ? Les actions syndicales et les grèves du mois dernier pour de meilleurs salaires éclairent une autre vérité: le développement des travailleurs pauvres, ces gens qui, bien qu’ayant un boulot, connaissent aussi des fins de mois très difficiles.

    La course aux profits des patrons et des actionnaires ne connaît aucune limite et sa griffe se fait chaque jour sentir plus profondément sur nos salaires. Pourtant ceux-ci ne parviennent pas à rattraper l’explosion des prix de l’énergie, de l’alimentation, du loyer, de l’enseignement,… provoquée par la politique de privatisation. Et les manipulations successives de l’index ont fait qu’il est aujourd’hui incapable de suivre l’augmentation réelle des prix. Mais en Flandre, les grévistes ont démontré que la lutte paie, en obtenant des augmentations de salaire, des primes supplémentaires, des réductions de la charge de travail ou une combinaison des trois.

    Pour en finir avec les assainissements, il faut retirer toute confiance aux politiciens bourgeois et se baser sur un syndicalisme de combat. Nous ne pouvons compter que sur nos propres forces pour exiger le retour à un véritable index non trafiqué. Nous devons donc aussi nous donner un moyen de défendre nos intérêts sur le plan politique : un parti des travailleurs qui aurait pour objectif d’arriver à une société qui ne serait plus basée sur la recherche du profit maximum pour une minorité, mais sur la satisfaction des besoins des travailleurs et de leur famille.

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