Category: Le PSL

  • Paul Murphy remplace Joe Higgins comme eurodéputé du Socialist Party

    Hier, lors d’une conférence de presse, il a été annoncé que celui qui remplacerait Joe au Parlement Européen serait Paul Murphy. Malgré son jeune âge (27 ans), Paul est déjà militant de longue date du Socialist Party. Quant à Joe, il siégera maintenant avec Clare Daly au Parlement Irlandais, où ces deux militants du Socialist Party ont récemment été élus, de même que trois autres camarades de la liste unitaire ULA (United Left Alliance).

    Paul Murphy

    ‘‘Remplacer Joe Higgins à l’Europe est un défi intimidant. J’ai suivi de très près le travail de pionnier qu’il a effectué en défendant une opposition réellement socialiste au Parlement Européen tout autant que l’aide vitale qu’il a donné à différentes campagnes en Irlande et à travers l’Europe.

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    Joe Higgins à propos de Paul Murphy

    “Je suis très heureux de voir Paul Murphy prendre le siège d’eurodéputé pour Dublin au nom du Socialist Party et de la United Left Alliance. Paul va continuer à représenter le programme politique et l’alternative socialiste que le Socialist Party a défendus devant le peuple de Dublin lors des élections européennes de 2009. Grâce à son expérience acquise lors de différentes campagnes ainsi qu’en travaillant avec moi au Parlement Européen, je suis certain qu’il sera tout à fait capable de défendre une réelle opposition au consensus néolibéral qui règne au Parlement européen. Il travaillera en collaboration étroite avec moi-même ainsi qu’avec le Socialist Party et la United Left Alliance afin de donner une réelle représentation politique aux travailleurs et aux jeunes tout en les aidant à organiser des campagnes de masse pour contrer les attaques à venir du gouvernement Fine Gael / Labour.”

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    ‘‘Toutefois, pour moi, il s’agit de la suite et de l’extension des campagne et de l’activisme qui ont été miens depuis dix ans. Sur ce laps de temps, j’ai eu l’honneur de lutter aux côtés des travailleurs – en tant qu’organisateur de campagnes et militant – contre la bin tax (une taxe sur les sacs poubelles), en construisant deux campagnes majeures contre les droits d’inscription dans l’enseignement supérieur, en organisant la grève de travailleurs turcs de Gama en Irlande (qui recevaient des salaires de misère), en militant contre la mainmise de Shell sur notre pétrole et notre gaz et contre la construction d’une raffinerie en mer à la sécurité plus qu’incertaine près de Rossport, etc. En plus de cela, j’ai gagné une grande expérience en travaillant auprès de Joe au Parlement Européen en tant qu’attaché parlementaire ces deux dernières années.

    ‘‘Je vais m’efforcer de poursuivre le travail que Joe a entamé contre la politique de droite de l’Union Européenne, contre le consensus néolibéral qui règne au Parlement Européen et contre Mr. Barosso et les diktats de l’Union Européenne et du Fonds Monétaire International qui s’en prennent aux travailleurs d’Irlande pour leur faire payer la crise des spéculateurs et des banquiers.

    ‘‘Même si cela a très peu été relayé dans les médias en Irlande, Joe a régulièrement fait des interventions dans la Commission du commerce international du Parlement Européen. Je vais poursuivre ce travail en exposant comme il l’a fait la nature prédatrice de la politique commerciale de l’Union Européenne, faite d’exploitation des gens des pays sous-développés au bénéfice des multinationales européennes.

    ‘‘Cependant, la tâche ne sera pas seulement d’assister à des réunions à Bruxelles ou Strasbourg. Je vais utiliser cette position pour aider au développement de campagnes en Irlande pour construire l’opposition aux attaques prévues par le gouvernement Fine Gael / Labour.

    ”Le thème le plus critique à l’heure actuelle pour les jeunes et les travailleurs est le chômage et l’immigration forcée. A Dublin, nous avons le plus haut taux de chômage chez les jeunes en Europe : 24,2%. Des dizaines de milliers de jeunes sont forcés d’émigrer ailleurs pour rechercher du travail. Il nous faut une campagne de grande ampleur pour des investissements publics afin de créer de l’emploi et reployer l’économie. J’utiliserai ma position pour assister les chômeurs, les travailleurs et les jeunes dans le développement d’une telle campagne.

    ”Je travaillerai bien entendu en étroite collaboration avec les deux députés irlandais du Socialist Party ainsi qu’avec les trios autres élus de la United Lef Alliance. Et évidemment, comme tous les représentants du Socialist Party public, je ne vais garder comme salaire que le salaire moyen d’un travailleur, le reste de mon salaire de député européen sera donné à différents groupes de travailleurs, à différentes campagnes et à la lutte pour un changement socialiste de société.

  • La FGTB-Alimentation veut plus que les 0,3%

    Dans le secteur de l’alimentation, la FGTB ne veut pas se contenter de la norme salariale de 0,3% que veut faire appliquer le gouvernement. Le secrétaire Yvan De Jonge a ainsi déclaré ce lundi à l’agence Belga: "Toutes les indications nous donnent le droit de demander plus que les 0,3% qu’ils veulent aujourd’hui nous donner" En disant cela, il fait référence aux super-profits réalisés dans ce secteur. Cela nous permet aussi de savoir très vite où part l’augmentation des prix…

    Yvan De Jonge se réfère à différents exemples: "Par exemple, Coca-Cola a réalisé en 2009 un bénéfice 96% supérieur à la moyenne des 10 dernières années et en 2010 il sera trois fois supérieur à la moyenne. Quick a engrangé un bénéfice en hausse de 109% par rapport à la moyenne des dix dernières années. Des entreprises comme Candico, Dossche Mills, CSM notamment ont engrangé de ‘superbénéfices’." qui sont de 32 à 86 pour-cents plus élevés que la moyenne de ces dix dernières années. Ces chiffres constituent la norme dans le secteur de l’alimentation. Par contre, il a aussi dénoncé dans la Gazet van Antwerpen que le personnel devait, lui, travailler 10% plus dur que les 10 dernières années.

    Les raisons ne manquent pas pour partir à l’offensive pour de meilleurs salaires. Il n’existe pas de chiffre précis, mais le syndicat affirme que les barèmes minimaux pourraient augmenter de 4,5%. Dans les entreprises qui réalisent de grands profits, la FGTB-Alimentation veut dépasser la norme salariale. Sans quoi, la FGTB pourrait partir en action.

    Lors des négociations sectorielles, la norme salariale que veulent imposer le patronat et le gouvernement doit être rejetée. L’Accord Interprofessionnel a été rejeté par une majorité des travailleurs (y compris à la CSC). Maintenant, les négociations libres dans les secteurs et au niveau de l’entreprise vont prendre place. A nous de mener la bataille pour de meilleurs salaires.

  • ‘‘Socialisme 2011’’ : les mouvements de masse à nouveau à l’agenda

    Le week-end annuel de discussion ‘‘Socialisme 2011’’ s’est déroulé à un moment particulièrement intéressant. Nous nous trouvons à un point tournant important de l’histoire, avec le retour de la résistance de masse et des mouvements révolutionnaires qui réussissent à mettre fin à des régimes dictatoriaux. Le capitalisme est profondément embourbé tant sur le plan économique (aucune perspective de réelle amélioration de pointe à l’horizon), que sur celui de l’impérialisme (avec nombre de pions importants de l’impérialisme balayés en Afrique du Nord et au Moyen-Orient) ou encore au niveau de l’environnement, comme l’illustre tout récemment le péril nucléaire au Japon suite au dramatique tremblement de terre survenu la semaine dernière.

    Plus de 200 personnes ont profité de ce week-end pour discuter en profondeur de la lutte contre le capitalisme et d’une alternative socialiste. Une grande attention a bien entendu été accordée à la situation en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, avec différents débats spécifiquement consacrés à ce thème, mais ces révolutions ont aussi été prises en considération dans d’autres discussions.

    Des points de grande importance ont été abordés lors des principaux meetings, comme dans le meeting d’ouverture consacré à l’actualité de la lutte pour les droits des femmes. Nous avons aussi pu entendre un témoignage très inspirant de la lutte qui se développe actuellement dans le Wisconsin, tandis qu’au même moment s’y tenait une manifestation massive de plus de 200.000 personnes (soit un 25e de la population de l’Etat…) contre la volonté des Républicains au pouvoir d’imposer des mesures profondément antisociales. Le meeting consacré au développement de la résistance chez nous, avec des orateurs de divers secteurs syndicaux, était particulièrement intéressant, avec en fil rouge le développement croissant de cette résistance ainsi que la nécessité de construire des contacts et des liens tant au niveau syndical que politique afin de pouvoir aider au mieux ce développement.

    Ce n’est bien entendu pas possible de donner ici un aperçu complet du week-end et de toutes les discussions qui y ont pris place avec un petit rapport. Les thèmes de discussions étaient variés, du terrain syndical (entre autres avec Martin Willems) à celui de la théorie (comme avec les discussions concernant la question nationale et le marxisme ou encore celui consacré au socialisme et à l’économie planifiée). Il a aussi été question des luttes de la jeunesse et de la solidarité internationale, notamment avec la campagne Tamil Solidarity et avec la présence de 6 camarades tamouls résidant en Belgique.

    Alors que la situation politique de notre pays semble en apparence toujours aussi bloquée, les premiers signes de résistance sont arrivés. L’Accord Interprofessionnel ne va pas aussi loin que les mesures d’économie que connaissent les pays voisins, mais même ainsi la bourgeoisie a eu des difficultés, avec une majorité des membres des syndicats (y compris dans la CSC) se prononçant contre et avec différentes actions, hélas plus souvent désorganisées que réellement construites. Ces actions ont toutefois très bien illustré la force potentielle que peut prendre la résistance en Belgique.

    Ce week-end était marqué par une ambiance résolue et combative ainsi que par une grande soif d’idées politiques. Il ne suffit plus aujourd’hui d’être clair sur ce sur quoi nous luttons, de se dire simplement anticapitaliste, nous devons aller en profondeur dans les discussions sur ce que pourrait représenter une alternative socialiste au capitalisme et comment y parvenir. Avec les mouvements en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, le changement et la révolution sont à nouveau à l’ordre du jour. Cela offre beaucoup de possibilités et montre la nécessité de développer une force socialiste révolutionnaire conséquente. ‘‘Socialisme 2011’’ doit être considéré dans ce cadre.


    Reportage-Photos de Jente


    Reportage-Photos de Johan

  • 20 ans de Blokbuster : Des emplois, pas de racisme ! Tout ce qui nous divise, nous affaiblit

    Il y a vingt ans était lancée la campagne antiraciste Blokbuster. C’était l’été 1991, à l’aube du “dimanche noir” (le 24 novembre 1991, date marquée par la percée électorale du Vlaams Blok) et de l’explosion consécutive des protestations de la jeunesse contre le racisme et l’extrême-droite. Aujourd’hui, certains déclarent à tort que le danger de l’extrême-droite est passé.

    Dossier par Geert Cool

    Début années 90 : lutte spontanée des jeunes

    Après le 24 novembre 1991, dans toute la Flandre, des actions spontanées ont eu lieu dans des dizaines de villes et de villages pour protester contre le racisme et contre le Vlaams Blok. Avec Blokbuster, les jeunes en voie de radicalisation disposaient d’un instrument pour organiser leurs actions et aborder les origines plus profondes de la percée de l’extrême-droite. Des dizaines de comités existaient, partout en Flandre, avec des centaines de membres. Blokbuster donnait une orientation politique aux protestations spontanées en mettant en avant des slogans comme ‘Des emplois, pas de racisme’.

    En 1992, Blokbuster et les campagnes de ‘Jeunes contre le racisme en Europe’ ont organisé une manifestation européenne à Bruxelles avec 40.000 participants. Après la manifestation, il y avait un concert à Forest-National. Un an plus tard a eu lieu une marche des Jeunes pour l’emploi et contre le racisme, une initiative couronnée de succès avec quelques milliers de participants après un appel de Blokbuster, des Jeunes-FGTB et d’AFF (le Front antifasciste).

    Mi-années 90 : actions contre la violence fasciste

    Dès que le mouvement spontané contre le racisme a disparu, l’extrême-droite a tenté de repartir à l’offensive, notamment en attaquant physiquement les membres de Blokbuster, qui continuaient à être actifs. A Bruges, la situation a été jusqu’à des attaques physiques contre tous les militants de gauche ou contre les cafés de jeunes alternatifs. Ces grosbras étaient dirigés de manière militaire par l’ancien président du Vlaams Blok, Frank Vanhecke. Blokbuster a répondu à cette violence avec une campagne contre la violence fasciste. Cela a conduit à une manifestation couronnée de succès mais aussi à des frustrations chez les troupes de Vanhecke qui, à la fin, ont dû reculer face au soutien de la campagne contre la violence dans les quartiers.

    Antiracisme et anticapitalisme

    Le mouvement contre la mondialisation a provoqué une nouvelle vague de radicalisation parmi les jeunes à la fin des années ‘90 et au début de ce siècle. Blokbuster a tout de suite rejoint le mouvement. En octobre 1999, nous avons organisé une manifestation importante avec mille participants contre un meeting du VB à Gand où le slogan ‘‘Chômage? Non ! Pauvreté ? Non! Manque de logements? Non! Nous luttons pour quelque chose de mieux’’ a vu le jour. Dans le cadre des actions contre la mondialisation, la campagne Résistance Internationale a été mise sur pied dans notre pays, au nord comme au sud.

    La lutte continue

    Ces dernières années, Blokbuster a occupé l’avant-plan de l’organisation annuelle de la manifestation anti-NSV, une initiative où Blokbuster joue un rôle central depuis la moitié des années ‘90. Nous mobilisons les jeunes pour éviter que l’extrême-droite puisse contrôler la rue durant leur manifestation. L’accent se situe de plus en plus sur le caractère antisocial de l’extrême-droite et sur la nécessité d’une unité des jeunes et des syndicalistes dans la lutte contre le racisme, le sexisme, l’homophobie, etc. Tout ce qui nous divise nous affaiblit !

    La faillite de la société multiculturelle ?

    Dans ce climat de crise économique et de problèmes sociaux qui en résultent, les politiciens traditionnels européens organisent la surenchère en voulant être les premiers à déclarer que la société multiculturelle a échoué. Après Angela Merkel, Nicolas Sarkozy a lui aussi lancé des déclarations en ce sens.

    Aujourd’hui, l’extrême-droite ne détient plus le monopole de la rhétorique anti-immigré. En Allemagne, le livre de l’ancien chef de la Bundesbank, Sarrazin (SPD, social-démocratie) sur le soi-disant ‘débat sur l’intégration’ est devenu un best-seller. Dans ce livre, il y déclare que les immigrés (particulièrement quand ils sont issus des pays musulmans), sont eux-mêmes responsables de la pauvreté ou encore du chômage. La racine de ces problèmes serait culturelle. La tendance actuelle est donc à séparer les problèmes sociaux, de la société qui les développe, on rend les victimes individuellement responsables de leur propre sort.

    Nous nous opposons à une telle approche. Le chômage en hausse, l’insécurité de travail, le démantèlement des services sociaux et la tendance des salaires à la baisse (très certainement dans les emplois précaires) constituent les causes de nombreux problèmes sociaux. Cela n’a rien à voir avec une quelconque différence culturelle, mais avec la soif de profit d’une élite capitaliste qui n’hésite pas à plonger une bonne partie de la population dans la misère.

    Les immigrés ne sont pas responsables du modèle néolibéral cherchant le profit à tout prix. Comme le modèle allemand, où une large couche de travailleurs ne gagne que de bas salaires. Gagner cinq euros de l’heure n’est plus une exception. Cette hypocrisie est surtout celle des politiciens et des patrons: afin de faire chuter les salaires, ils se servent volontiers d’une main-d’oeuvre illégale et bon marché. C’est cela qui, par exemple, explique pourquoi le taux de pauvreté dans la population d’origine marocaine est de 55% en Belgique. Parallèlement, le racisme est propagé pour créer des divisions au sein de la population laborieuse.

    S’opposer à la continuelle destruction de nos salaires et de nos conditions de travail nécessite de lutter ensemble. C’est pourquoi nous disons : tout ce qui nous divise, nous affaiblit.

    La fin de l’extrême-droite ?

    Dans divers pays, comme chez nous, l’extrême-droite a perdu une partie de son électorat. Le Vlaams Belang ne détient plus aujourd’hui le monopole des campagnes populistes, et une partie du message du parti a été repris par d’autres. Après vingt ans, les dirigeants du parti commencent à perdre de leur superbe, et la croissance électorale rapide des années ‘90 a ouvert les portes aux querelles de carrière. L’arrivisme et l’opportunisme ne sont pas choses inconnues au Vlaams Belang…

    Il est toutefois encore trop prématuré d’affirmer que cela sonne le glas du VB et de l’extrême-droite. C’est au contraire la multiplication d’autres forces populistes qui rend le racisme du VB de plus en plus acceptable. En même temps, l’extrême-droite continue à lancer des initiatives, à s’organiser et à attirer des jeunes – généralement des jeunes qui ont encore peu de liens avec la société. Face à un contexte d’électorat toujours plus volatil, il n’est pas à exclure que l’inévitable désillusion qui touchera l’actuel soutien électoral de Bart De Wever conduise à terme à un nouveau soutien pour le Vlaams Belang dans les urnes. Tant qu’aucune alternative de gauche ne voit le jour face aux politiciens des partis établis, l’espace subsistera toujours pour des formations telles que le VB.

    Tous ensemble

    La campagne antifasciste Blokbuster s’oppose activement au racisme, mais aussi à la politique néolibérale et au capitalisme, de façon à mettre à jour les véritables contradictions de la société.

    C’est ce que nous avons vu en Égypte où, il y a quelques semaines à peine, les discussions étaient focalisées sur les tensions entre les chrétiens égyptiens (les coptes) et musulmans suite à l’attentat perpétré contre une église à Noël. Mais, dans le puissant mouvement de protestation contre Moubarak, les coptes et les musulmans des milieux modestes ont lutté côte à côte. Les tensions religieuses sont devenues superflues du fait de la résistance commune contre la clique dominante. A tel point que les coptes protégeaient les musulmans durant leur prière place Tarhir !

    Afin de lutter contre le racisme, le sexisme, l’homophobie, etc., le mouvement des travailleurs doit partir à l’offensive pour que les contradictions consciemment renforcées (sur base de religion, de couleur de peau,…), et qui semblent à première vue insurmontables, soient reléguées au dernier plan. Lorsque les mines de charbon du Limbourg étaient encore ouvertes, les mineurs accentuaient cette unité en criant : ‘‘dans les mines nous sommes tous noirs!’’

    En luttant ensemble contre le chômage, la pauvreté et l’exploitation, nous pouvons réduire à néant les préjugés racistes et orienter la discussion au sujet de l’alternative anticapitaliste à défendre. Une société socialiste démocratique permettrait de mettre au coeur du débat les besoins de la majorité de la population et d’utiliser les richesses présentes à cette fin. La disparition des pénuries et de la lutte pour s’en accaparer réduirait le racisme à une curiosité historique.

    Mener des actions et des manifestations antiracistes, comme le fait Blokbuster/JRE depuis vingt ans, fait partie intégrante de cette lutte pour une autre société. Nous voulons entrer en discussion avec des jeunes et des travailleurs pour que leur colère ne soit pas dilapidée et s’oriente vers une lutte efficace pour le changement.


    Socialisme 2011

    Lors du Week-end “Socialisme 2011”, une session de discussion sera consacrée aux 20 ans de la campagne antifasciste “Blokbuster”: Comment combattre l’extrême-droite?. Y prendront la parole: Barbara Veger (Jongeren tegen Racisme, Pays-Bas) sur le phénomène la “droite folle” aux Pays-Bas, Petr Jindra (Socialistická Alternativa Budoucnost, Tchéquie) sur la croissance et le caractère de l’extrême-droite en Europe de l’Est, Antoine Thioux (Jeunes Anti-Fascistes, Charleroi) et Geert Cool (Blokbuster).

  • In Memoriam : Gaétan Kayitare

    Militant de la classe ouvrière, internationaliste, révolutionnaire

    Sozialistische Alternative (SAV), la section du Comité pour une Internationale Ouvrière en Allemagne, a très récemment souffert d’une lourde perte, avec le décès d’un membre et dirigeant de longue date du SAV, Gaétan Kayitare.

    Sascha Stanicic, SAV

    Gaétan a joué un rôle clé dans la construction du CIO en Allemagne depuis 1982 et a toujours fait de grandes contributions aux analyses politiques et aux perspectives de l’organisation.

    Gaétan, qui est décédé le 27 février, avait atteint la soixantaine. Né au Rwanda, il ne connaissait pas la date exacte de sa naissance. Il était membre du Comité National du SAV, a été permanent du parti durant de nombreuses années et a été délégué à de nombreux Congrès Mondiaux du CIO. C’était une personnalité de premier plan, et un grand militant, qui a toujours profondément marqué ceux qu’il rencontrait.

    Pour de nombreux camarades, il a été un enseignant du marxisme, au sens premier du terme. De très nombreux camarades se souviennent de leurs rencontres avec lui pour parler de théorie marxiste et de l’histoire du mouvement ouvrier. Ils sont devenus marxistes grâce à lui, mais se souviennent aussi de son sens de l’humour particulier et de son grand cœur. Gaétan détestait la société de classe de même que toutes les tendances dans le mouvement des travailleurs qui s’adaptent au capitalisme et veulent obtenir des compromis pourris. Il était un révolutionnaire de principe, ce qui pouvait parfois passer pour de l’obstination était dans la plupart des cas de la clarté politique.

    Gaétan était aussi un véritable internationaliste, qui participait régulièrement aux rencontre internationales du CIO et a visité de nombreuses sections du CIO au cours de ces trois dernières décennies. Sans surprise, la nouvelle de sa mort a très vite fait le tour du CIO et des condoléances sont arrivées des camarades français et d’autres sections. En 1998, Gaétan avait fait partie d’une délégation internationale du CIO en Ecosse, à l’époque où une lutte de faction s’était développée dans les rangs de la section écossaise du CIO.

    Gaétan n’était pas connu pour être quelqu’un de très diplomate! Il disait toujours ouvertement ce qu’il pensait. Il avait averti ces membres du CIO en Ecosse qui ont plus tard quitté nos rangs qu’ils finiraient dans le camp du réformisme. Malheureusement, la suite a démontré la justesse de son avertissement. Mais malgré son verbe tranchant, plusieurs de ceux qui avaient débattus contre Gaétan ont exprimé leur respect envers lui.

    Il souffrait depuis de nombreuses années de plusieurs maladies, et sa santé s’est constamment détériorée sur ces dernières années. Hélas, il n’a pas pris soin de lui comme il aurait dû le faire et comme de nombreux camarades le lui avaient recommandé.

    Gaétan était actif dans tous les mouvements et dans toutes les luttes à Aix-la-Chapelle, la ville où il résidait depuis les années ’70. Sans surprise, des condoléances sont arrivées le jour suivant l’annonce de son décès de syndicalistes, de membres de Die Linke et de plusieurs sociaux-démocrates.

    Gaétan était quelqu’un d’unique, un militant de la classe ouvrière, un révolutionnaire dans le meilleur sens du terme et un véritable ami.

    La section d’Aix-la-Chapelle du SAV tiendra un meeting de commémoration ce 13 mars. Les camarades qui voudraient envoyer des messages peuvent le faire à aachen@sav-online.de

    Un appel financier spécial a aussi été lance pour financer les coûts de cette commémoration et pour aider les camarades de la section à poursuivre leur travail politique après cette lourde perte.

  • Socialisme 2011: Le programme complet

    Samedi 12 mars

    Meeting d’ouverture (11.00 – 12.00) – “Journée Internationale des Femmes: la lutte contre le capitalisme est plus nécessaire que jamais”

    Il y a plus de 100 ans que les travailleuses ont commencé à organiser une journée internationale de la lutte pour les droits des femmes et pour le socialisme. Aujourd’hui, de plus en plus d’acquis sont sous pressions: les emplois pour les femmes sont systématiquement moins des emplois à part entière, leurs salaires sont en moyenne plus bas, la flexibilité sur le marché de l’emploi ne tient pas compte des enfants,… Et dans ce contexte de faible position économique, le sexisme et l’objétisation des femmes est devenue un phénomène de plus en plus commun. Leila Messaoudi (Gauche Révolutionnaire, France), Christine Thomas (Contro Corrente, Italie, auteur du livre “It doesn’t have to be like this”) et Tanja Niemeier (collaboratrice de la fraction GUE – Gauches Unitaire Européenne au Parlement européen) aborderont les leçons du passé pour la lutte des travailleuses d’aujourd’hui.

    2 sessions de discussion (13.00 – 15.00)

    • 20 années de Blokbuster: Comment combattre l’extrême-droite? avec Barbara Veger (Jongeren tegen Racisme, Pays-Bas) sur le phénomène la “droite folle” aux Pays-Bas, Petr Jindra (Socialistická Alternativa Budoucnost, Tchéquie) sur la croissance et le caractère de l’extrême-droite en Europe de l’Est, Antoine T. (Jeunes Anti-Fascistes, Charleroi) et Geert Cool (Blokbuster)
    • Révolution en Tunisie, Égypte, Yémen,… avec entre autres Chahid Gashir, correspondant du CIO en Tunisie pendant la révolte.

    8 commissions (15.30 – 18.00)

    • Révolte au Wisconsin (USA) contre les assainissements et les attaques anti-syndicales. Avec Katie Quarles, membre de Socialist Alternative (CIO-USA) au Wisconsin
    • Les jeunes en lutte pour leur enseignement et leur avenir, avec Alex Lecocq (Gauche Révolutionnaire, France), Paul Callanan (Youth Fight for Jobs and Education, Angleterre), Matthias Vanderhoogstraten (Étudiants de Gauche Actifs)
    • Changements climatiques, désastres naturels et socialisme
    • Tamil Solidarity (campagne internationale contre l’oppression des Tamouls au Sri Lanka)
    • Il faut un parti unifié et combatif pour la classe ouvrière, avec des orateurs du Front des Gauches, entre autres Pierre Eyben (porte-parole du Parti Communiste, Liège)
    • Les expériences et les leçons des grèves générales en Belgique, avec Gustave Dache
    • Congo: 50 ans après l’indépendance et après l’assassinat de Lumumba
    • Marxisme et question nationale

    Meeting du soir (19.00 – 20.30) – L’Europe en crise et la lutte contre l’austérité

    Avec Jacques Chastaing (France) du NPA Mulhouse (militant depuis déjà longtemps, entre autres durant la lutte de l’usine LIP à Besançon dans les années 1970), sur le mouvement contre la réforme des retraites de Sarkozy – Paul Callanan (Grande-Bretagne) de Youth Fight for Jobs and Education, sur la lutte contre les plans d’austérité de la coalition ConDem – Matt Waine, conseiller communal du Socialist Party à Dublin, à propos de la crise des dettes qui a brisé la coalition au pouvoir en Irlande. La gauche radicale en Irlande a uni les forces dans l’United Left Alliance qui, selon les sondage, peut obtenir trois à quatre sièges aux élections parlementaires du 25 février- Eric Byl, membre du Bureau Exécutif du PSL et responsable du travail syndical.

    Dimanche 13 mars

    Meeting du matin 10.30 – 12.00 – Perspectives pour la lutte en Belgique et quelle attitude adopter envers la question communautaire.

    Des syndicalistes régulièrement confrontés à la question communautaire témoignent de leur attitude. Avec Levi Sollie (délégué à Bayer, Centrale Générale de la FGTB). Karim Brikci (délégué CGSP à l’hôpital public Brugmann à Bruxelles, où le personnel comme les patients sont des néerlandophones, des francophones ou ont une autre langue maternelle), Yves Capelle (délégué SETCA à Steria Benelux et membre de la section bilingue du SETCA-BHV), Wouter Gysen (délégué CGSP à la SNCB, où l’unité des deux côtés de la frontière linguistique est une condition cruciale pour pouvoir contrer les attaques de la direction contre le statut et les conditions de travail) et Anja Deschoemacker (membre du Bureau Exécutif du PSL et auteur de “La question nationale en Belgique – une réponse des travailleurs est nécessaire!”).

    8 commissions (13.00 – 15.30)

    • Qu’est ce que le socialisme et pourquoi une économie planifiée est elle nécessaire ?
    • Venezuela: rapport d’un témoin, avec Benjamin D, de retour d’un séjour de 6 mois dans le “Socialisme du 21e siècle”
    • L’homophobie monte: causes et solutions
    • Les Jeunes en lutte pour des emplois décents
    • La scission de velours de la Tchécoslovaquie, avec Petr Jindra
    • Comment se battre contre le sexisme, avec Laure M (commission femmes du PSL) et Christine Thomas
    • 10 ans de mouvement antimondialisation: projection du film ”La stratégie du choc” + débat
    • Pour des syndicats démocratiques et combatifs, avec Martin Willems (secrétaire licencié du SETCA-BHV)

    Meeting de clôture (16.00 – 17.00) – Pour la lutte, la solidarité et le socialisme

    Le capitalisme n’est plus capable d’offrir un avenir décent. La crise économique conduit presque partout à des attaques extrêmement dures contre la population. Protestations massives, actions de grève et véritables révoltes montrent qu’une partie de plus en plus grande de la population n’est plus prête à accepter la logique de ce système. Mais quelle est l’alternative ? De quelle manière la lutte pour une société socialiste peut-elle à nouveau devenir une option concrète ? Chahid Gashir est resté quelques semaines en Tunisie et en livrera un rapport, Bart Vandersteene est porte-parole du PSL et formulera une alternative de lutte socialiste pour aujourd’hui, Donna Litzou est membre de l’organisation sœur du PSL en Grèce et témoignera de la lutte qui y prend place.

  • Namur: Réussite de la première soirée “Marx is back”

    À Namur, l’idée fut lancée il y a peu d’organiser des soirées publiques autour d’un fil rouge : “ Marx is Back”, soit une succession de conférences-débat sur des thèmes touchant les gens et destiné à montrer différentes facettes de l’actualité du marxisme. La première soirée de ce type avait pour titre “ La crise communautaire belge”, avec comme oratrice Anja Deschoenmaker. La soirée a rassemblé une trentaine de personnes extérieures au parti.

    Par Thomas (Namur)

    Nous avons commencé par une brève présentation du PSL, en touchant bien entendu les luttes actuelles comme l’opposition à l’AIP ou la grève à B-post. Ensuite, Anja a pris la parole durant une demi-heure au sujet de la question nationale et de la crise communautaire. C’était une bonne présentation, et les camarades de Namur la remercient beaucoup pour son travail et sa présence ce soir-là. Le débat qui a suivi a par moment été assez “chaud”, mais véritablement très intéressant. Il a été question de beaucoup de choses, notamment de l’enseignement et du plan dit “Robin des bois” de Dominique Simonet.

    La soirée s’est prolongée tard le soir, les membres de la section namuroise se déplaçant de table en table pour discuter autour d’un verre de mille sujets différents. Nous reverront très certainement plusieurs des personnes présentes lors d’une réunion de section du PSL ou pour la prochaine soirée publique que nous organiserons.

    Nous comptons en effet en organiser une bientôt, consacrée au processus révolutionnaire au Maghreb et au Moyen Orient.


    Marxisme et question nationale

    Lors du week-end "Socialisme 2011", différentes discussions seront consacrées à la question nationale, abordée sous différents aspects. Le samedi 12 mars, de 15h à 18h30, une commission abordera le marxisme et la question nationale. Le dimanche, le meeting central du matin (de 10h30 à midi) a pour titre Perspectives pour la lutte en Belgique et quelle attitude adopter envers la question communautaire Des syndicalistes régulièrement confrontés à la question communautaire viendront témoigner de leur attitude. Avec Levi Sollie (délégué à Bayer, Centrale Générale de la FGTB), Karim Brikci (délégué CGSP à l’hôpital public Brugmann à Bruxelles, où le personnel comme les patients sont des néerlandophones, des francophones ou ont une autre langue maternelle), Yves Capelle (délégué SETCA à Steria Benelux et membre de la section bilingue du SETCA-BHV), Wouter Gysen (délégué CGSP à la SNCB, où l’unité des deux côtés de la frontière linguistique est une condition cruciale pour pouvoir contrer les attaques de la direction contre le statut et les conditions de travail) et Anja Deschoemacker (membre du Bureau Exécutif du PSL et auteur de “La question nationale en Belgique – une réponse des travailleurs est nécessaire!’’). Enfin, une commission le dimance après lidi (de 13h à 15h30) aura pour thème la scission de velours de la Tchécoslovaquie, avec comme orateur Petr Jindra, l’un de nos camarades tchèques.


  • 10ème Congrès mondial du CIO : Moyen-Orient et Afrique du Nord

    La crise du capitalisme et le rôle de l’impérialisme qui ne se déguise même plus se manifestent de manière très vive au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.

    Ce document sur le Moyen-Orient/Afrique du Nord (MENA – Middle East and North Africa) est une des résolutions prises à l’issue du 10e Congrès Mondial du Comité pour une Internationale Ouvrière qui s’est tenu en décembre en Belgique. Des documents ont été rédigés sur les relations mondiales, l’Europe, l’Amérique latine, l’Asie, la Russie et l’Europe de l’Est, et sur la situation en Afrique.

    Document du Congrès Mondial du CIO

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    10e Congrès Mondial du Comité pour une Internationale Ouvrière

    Le 10e Congrès Mondial du Comité pour une International Ouvrière (CIO) s’est déroulé en décembre en Belgique. Ont participé à cet événement entre autres des délégués et des visiteurs en provenance d’Afrique du Sud, d’Allemagne, d’Angleterre et du pays de Galles, d’Argentine, d’Australie, d’Autriche, de Belgique, du Chili, de Chypre, d’Écosse, d’Espagne, des États-Unis, de France, de Grèce, de Hong Kong, d’Inde, d’Irlande, d’Israël, d’Italie, du Kazakhstan, de Malaisie, des Pays-Bas, du Nigéria, de Pologne, du Portugal, du Québec, de Russie, du Sri Lanka, de Suède, de Taïwan, de Tchéquie, et du Venezuela.

    Ce Congrès a duré une semaine et a discuté des principaux enjeux auxquels est confrontée la classe ouvrière internationalement dans cette période d’attaques d’austérité sauvages ainsi que des tâches du CIO.

    Nous allons publier sur ce site différents textes et résolutions concernant ce Congrès.

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    Cette région est malade de l’occupation militaire impérialiste, de l’oppression nationale des Palestiniens, des Kurdes et d’autres, des régimes dictatoriaux, de la corruption endémique, des divisions sectaires, religieuses, nationales et ethniques, de la pauvreté et du chômage de masse, tout cela empirant avec la crise économique. Sur base de la persistance du capitalisme et de l’impérialisme, de nouvelles guerres et de nouveaux conflits vont forcément continuer à affecter la région. Un référendum au Soudan prévu en janvier 2011, concernant la sécession du Sud principalement peuplé de noirs animistes et chrétiens par rapport au Nord arabe et musulman, menace de mener à une reprise du conflit sanglant (2,5 millions de gens ont déjà trouvé la mort lors de la dernière guerre civile qu’a connu le pays).

    Toutefois, la résistance de masse contre l’autoritarisme et la détérioration des conditions de vie est elle aussi une caractéristique de plus en plus prononcée de la région, comme on l’a vu lors du mouvement d’opposition de masse de 2009 en Iran. Encore plus important du point de vue du CIO, la récente période a aussi connu une hausse des luttes des travailleurs et des efforts pour construire des organisations indépendantes de masse de la classe ouvrière (en Égypte, en Turquie, au Liban, en Algérie et ailleurs).

    En Égypte, le mouvement ouvrier a renforcé ses forces au cours des quatre dernières années, dans un contexte de loi martiale et d’oppression. En Turquie, 250.000 personnes ont participé à la manifestation du Premier Mai sur la place Taksim à Istanbul – pour la première fois en 33 ans – dans la foulée de la lutte héroïque des travailleurs de Tekel. Ces développements sont une indication des futures luttes massives de la part des travailleurs à travers toute la région, ce qui va poser les bases pour la construction d’un mouvement ouvrier puissant et indépendant, et pour la formulation d’une alternative de classe et socialiste à la place du système actuel.

    Économie

    La crise économique mondiale en cours en ce moment va avoir un effet dévastateur sur les conditions de vie de millions de personnes au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.

    Même avant la crise, environ 23% de la population de la région vivait avec moins de 2$ par jour, et six millions de gens avec moins de 1$ par jour. Bien que la crise financière mondiale ait eu des ramifications profondes dans les principales banques de la région, l’approche plus “conservative” des institutions financières de la région au cours des années de croissance a fait en sorte que celle-ci n’a pas été aussi fortement frappée que l’Occident, au moins pas dans les premières phases de la crise économique qui s’en est suivie. Les 18 économies qui composent le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord (MENA) s’en sont mieux sorties que les États-Unis, qui ont vu leur production chuter de 2,4% en 2009, ou en comparaison de l’Europe dont l’économie s’est contractée de 4,1% l’an dernier. Toutefois, la performance économique varie grandement au sein de la région entre les pays producteurs et non-producteurs de pétrole.

    Certains pays “pauvres en ressources” ont récemment connu une croissance. Uniquement surpassé par le Qatar en termes de croissance économique, le PIB du Liban s’est accru de 9% en 2008 et en 2009, et on s’attend à ce que ce pays croisse encore de 8% en 2010. Mais ces chiffres sont trompeurs. Le Liban se bat pour éradiquer une montagne de dettes qui s’élève à 148% du PIB, et qui est la troisième plus grande dette publique au monde. Les économistes avertissent aussi d’un effondrement possible de la bulle immobilière.

    La chute soudaine du prix du pétrole, passant de 145$/baril en juillet 2008 à moins de 40$/baril au début de 2009 a causé un ralentissement des économies des six États producteurs de pétrole de la région (le Bahreïn, le Koweït, l’Oman, le Qatar, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis), connus sous le nom de Conseil de Coopération du Golfe (Gulf Cooperation Council – GCC). Le PIB total des États du GCC, qui inclut certains des plus grands producteurs de pétrole au monde, a chuté d’un impressionnant 80% entre 2008 et 2009. Les États du GCC ont été forcés d’augmenter les dépenses d’État et d’augmenter leur déficit.

    Alors qu’on prévoit que l’économie des pays du GCC va connaitre une reprise en 2010 à cause de la nouvelle hausse du prix du pétrole, ce n’est pas une image uniforme, et la croissance générale est sapée par divers facteurs. On prédit que les Émirats arabes unis vont rester à la traine derrière leurs voisins du Golfe à cause de la stagnation de l’économie à Dubaï, à la suite de l’effondrement spectaculaire de son marché immobilier. La persistance de l’“aversion des risques” de la part du secteur bancaire et la prudence des consommateurs sont en train de menacer la reprise des GCC.

    La grave crise économique de 2000-2002 dans des pays comme Israël ou la Turquie a constitué une anticipation de la crise économique mondiale actuelle, qui a conduit à une approche plus prudente de la dérégulation des secteurs financiers et bancaires dans ces pays. Les effets de la crise économique mondiale depuis 2007 ont jusqu’à présent été limités, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord (bien que, pour la masse de la population, il n’y ait eu aucune amélioration des conditions de vie). Les plans de relance dans les principaux pays capitalistes ont eu un effet sur la région. Israël, en particulier, est assisté par ses liens avec les États-Unis et avec l’Union européenne. Mais l’économie de la région reste dans son ensemble anémique et très vulnérable à la crise mondiale qui se développe. Une “double chute” de l’économie mondiale, ou une croissance faible, une guerre des monnaies et une hausse du protectionnisme auront tous un effet désastreux pour les économies de la région. L’Arabie saoudite s’est déjà jointe à d’autres pays en imposant de nouvelles mesures protectionnistes.

    Un chômage de masse

    La crise économique met en relief les contradictions nées de la surdépendance aux réserves d’hydrocarbures au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. De nombreux pays de la région sont basés presque entièrement sur le pétrole, et ne sont pas parvenus ni à diversifier leur économie, ni à accroitre le niveau de vie. Le haut taux de chômage qui en découle est une caractéristique constante à travers toute la région ; c’est une véritable bombe à retardement (comme l’a démontré la récente révolte en Tunisie, qui s’est déroulée après le Congrès Mondial, NDT). Plus de 30% des 350 millions d’habitants de la région est âgée d’entre 15 et 29 ans, et le chômage parmi ce groupe est de 28% en moyenne.

    Le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord ont le plus haut niveau de chômage des jeunes au monde, et deux tiers de la population y ont moins de 24 ans. La Banque mondiale prédit que 100 millions d’emplois devraient être créés dans la région au cours des 20 prochaines années ne serait-ce que pour accommoder ceux qui cherchent à entrer sur le marché du travail pour la première fois de leur vie.

    Le chômage de masse a alimenté un mécontentement de masse et les tensions sectaires à travers l’ensemble de la région. Dans les États du Golfe en particulier, les musulmans chiites sont une minorité depuis longtemps discriminée dans les États sunnites. Ceci s’ajoute aux préoccupations de l’élite par rapport à l’influence de plus en plus grande des chiites en Iraq, aux tentatives de l’Iran de devenir la puissance dominante dans la région, et à la force relative du Hezbollah au Liban. Jouant à fond sur la stratégie de la division, les autorités saoudiennes, koweïtiennes et bahreïniennes ont toutes au cours des derniers mois fait usage d’une lourde répression sur leurs populations chiites qui réclament plus de droits.

    Irak

    La division sectaire trouve également son expression dans l’incapacité à former un gouvernement en Irak, même plusieurs mois après les élections de mars 2010 (un gouvernement a finalement été constitué en Irak le 11 novembre, après huit mois de négociations et après l’écriture de ce texte, NDT). Après 30 ans de dictature, de guerre, de sanctions, d’invasion et d’occupation impérialiste, d’insurrection et de guerre civile sectaire (les États-Unis soutenant la majorité chiite), l’Irak actuel a atteint une “forme de macabre stabilité”, avec un niveau de violence permanente sans précédent, et un État immensément corrompu et “dysfonctionnel”.

    La “situation sur le plan sécuritaire” demeure désespérée ; les pertes de civils sont plus élevées en Irak qu’en Afghanistan. Cette année, on a vu un nouveau développement dans la violence, avec l’assassinat ciblé de plus de 700 personnes, principalement du personnel de sécurité. L’impasse politique au sommet, l’occupation impérialiste continue et les conditions de vie atroces contribuent toutes à une colère de masse, à une violente opposition et au sectarisme. Bagdad est balafrée de 1500 check-points, des rues entières sont bloquées par des kilomètres de murs de protection en béton. Les attentats sectaires ont fait leur grand retour, avec le massacre de tas de chrétiens et de chiites à Bagdad au cours des premières semaines de novembre 2010. Depuis l’invasion sous direction américaine de 2003, la population chrétienne est passée de 1 million à 500.000, et un nouvel exode de cette minorité est maintenant probable. Sans surprise, très peu des 2 millions de réfugiés irakiens en Jordanie ou en Syrie sont prêts à risquer leur vie en tentant un retour au pays. 1,5 million d’autres personnes qui ont fui leur foyer durant les pogroms sectaires de 2006-2007 sont considérés comme “personnes déplacées en interne” ; beaucoup d’entre elles sont forcées de vivre dans des camps sordides, où ils sont rejoints par un nombre croissant de réfugiés économiques irakiens, dont bon nombre de paysans ruinés.

    On décrit de plus en plus l’Irak comme un “nouveau Liban”, où chaque ethnie ou communauté sectaire est en lutte pour sa part de pouvoir ou de ressources. Les réserves de pétrole non-exploitées du pays sont parmi les plus grandes au monde, et on estime que ses exportations de pétrole vont quadrupler au cours de la prochaine décennie. Chaque année, environ 60 milliards de dollars issus du pétrole sont nécessaires pour les dépenses de la machine d’État, principalement afin de payer les salaires des forces de sécurité et de la bureaucratie civile. Les dirigeants sunnites, chiites et kurdes veulent tous leur part de l’argent du pétrole et des rares emplois. Le “centre sunnite” de l’Irak craint un “renouveau chiite” – près de 40% du pétrole du pays entoure la ville chiite de Bassorah dans le Sud.

    L’Iran est en train d’essayer d’obtenir un accord entre Nouri al-Maliki, le Premier Ministre irakien, et le dirigeant chiite irakien Moqtada al-Sadr (avec aussi une implication des sections syrienne et libanaise du Hezbollah). Jusqu’à présent, les États-Unis ont échoué à composer un gouvernement alternatif. Un cadre occidental anonyme a commenté qu’un second gouvernement Maliki formé selon les termes de l’Iran ne serait “rien moins qu’une défaite stratégique” pour l’impérialisme américain, après une guerre de sept ans qui a couté plus de 600 milliards de dollars, plus de 4.425 vies de soldats américains et plus de 30.000 blessés. Il n’y a même pas la moindre tentative de la part des puissances occupantes de tenir un compte-rendu détaillé des morts civils causés par le conflit. Les estimations varient entre 100.000 et 600.000 morts. Quels que soient les chiffres exacts, il s’agit de toute façon d’un massacre en bonne et due forme de masses d’irakiens innocents.

    Malgré le “retrait des troupes” orchestré par Obama, les États-Unis vont conserver au moins 40.000 soldats en Irak, pour construire tout un réseau de bases militaires américaines et donner un soutien lourd à l’État irakien. Mais le fait de renforcer l’armée irakienne est extrêmement périlleux dans une situation de divisions nationales, régionales et sectaires. Un conseiller militaire américain, David Kilcullen, a averti l’an passé du fait que l’Irak affichait les “conditions classiques pour un coup d’État militaire”. Comme l’a déjà souligné le CIO à de nombreuses reprises, une des conséquences possibles de l’invasion et de l’occupation est la création de toute une série de nouveaux dictateurs “à la Saddam”.

    L’équilibre des forces sur le plan régional

    L’invasion de l’Irak dirigée par les États-Unis a intensifié les tensions au Moyen-Orient et a affaibli la position des régimes les plus pro-américains. Ce dernier processus a été renforcé par la colère populaire vis-à-vis des attaques contre le Liban et Gaza du fait d’Israël, en 2006 et 2009, ainsi que par le raid des commandos israéliens sur le cargo d’aide humanitaire pour Gaza en 2010, en plus de l’oppression continue des Palestiniens.

    Les élites dirigeantes des régimes pro-occidentaux, en Jordanie, en Égypte et en Arabie saoudite, sont perçues par les masses arabes comme étant complices de cette oppression, et sont de plus en plus détestées par leur propre peuple. La dynastie des Hachémites en Jordanie a chamboulé les cantons électoraux avant les élections parlementaires en novembre, de sorte à donner une plus grande représentation aux communes rurales faiblement peuplées qu’aux centres urbains denses, où dominent les Jordaniens d’origine palestinienne.

    Les conséquences de l’occupation de l’Irak ont modifié l’équilibre des forces dans la région, avec le renforcement de l’Iran et de “l’axe chiite” comme on l’appelle. En outre, avec une population de 72 millions d’habitants et l’ampleur de son intervention en Irak (elle est la deuxième plus grande composante des troupes de l’OTAN en Irak derrière les États-Unis), la Turquie est une puissance régionale grandissante dans la région, et vise à jouer un rôle majeur au Moyen-Orient. Le régime AKP au pouvoir en Turquie utilise la position géostratégique cruciale de son pays (à l’intersection de l’Europe, du “monde russe” et du Moyen-Orient, NDT) pour manœuvrer entre les différentes régions et les puissances locales et mondiales.

    Comme l’a souligné le document sur les relations mondiales, l’impérialisme ne sera jamais capable d’imposer de l’extérieur une solution durable pour l’Irak ni pour l’Afghanistan. Après le bilan des années Bush au niveau de la politique extérieure, le caractère de l’intervention impérialiste américaine a été contraint de se modifier. Mais les États-Unis restent, et de loin, la plus grande puissance militaire au monde, une puissance qui va continuer à intervenir là où elle peut pour sauvegarder ses intérêts stratégiques sur les plans économique et militaire.

    Une attaque américaine contre l’Iran reste une possibilité, éventuellement avec une coopération israélienne (ou bien sous la forme d’une attaque par Israël “tout seul”). Les répercussions sociales, politiques et militaires d’une telle attaque seraient énormes, dans la région et dans le monde entier. Au départ, une attaque israélo-américaine serait le déclencheur d’une vague terrible d’indignation nationaliste en Iran, mais mettrait aussi le feu aux poudres des sentiments anti-israéliens et nationalistes arabes à travers toute la région. Les Gardiens de la Révolution iranienne et les alliés régionaux de Téhéran – comme le Hezbollah – entameraient des actions de représailles. Sous l’énorme pression de leurs populations, l’Iran et les États producteurs de pétrole pourraient temporairement limiter leurs exportations de pétrole, ajoutant un nouveau revers déstabilisant à la crise économique mondiale.

    Le Yémen et la Somalie

    Les États-Unis sont de plus en plus emportés par les événements en Somalie et au Yémen, sans aucune perspective de résoudre ces crises. Les États-Unis financent allègrement le régime islamiste “modéré” de Sharif Ahmed en Somalie, qui impose la charia, bien que son autorité ne s’étende guère plus loin qu’à ‘‘quelques ruelles dans la capitale où l’on entend les mouches voler’’ (The Economist du 18/09/10). En réalité, des régions entières du sud et du centre de la Somalie sont contrôlées par les milices islamistes al-Shabaab (“La Jeunesse”). Près de 20.000 civils ont fui cette année la capitale, Mogadiscio, à cause du conflit, et plusieurs milliers ont été tués ou blessés. Les États-Unis sont réticents à envahir le pays à nouveau après son intervention désastreuse en 1993, mais même une politique plus agressive de la part des États-Unis pourrait se retourner contre eux, faisant de la Somalie le prochain “foyer du djihad mondial”.

    Au Yémen, l’organisation “al-Qaïda dans la Péninsule arabe” (AQPA) est maintenant considérée par les services de renseignement britanniques comme une menace terroriste aussi grande que celle qui émane du Pakistan et d’Afghanistan. Il n’est pas difficile de comprendre comment le Yémen est devenu un point de concentration pour tous les “moudjahiddines”. Le Yémen est le pays le plus pauvre de toute la MENA ; près de la moitié de sa population vit avec moins de 2$ par jour, alors qu’il est situé juste à côté de certains des plus riches États au monde, y compris l’Arabie saoudite. Le pétrole yéménite compte pour 90% de ses exportations et pour les trois-quarts de son revenu, mais on estime que son faible filon d’“or noir” s’asséchera d’ici 2017. Le chômage est de 35% et on s’attend à ce que sa population de 23 millions d’habitants – dont la moitié a moins de 24 ans – double d’ici 2035.

    Sous le règne kleptocratique du Président Abdoullah Salih, le Yémen souffre de conflits séparatistes dans le Nord et dans le Sud. Le Président Salih utilise la menace d’al-Qaïda et de la “situation sécuritaire” pour pourchasser impitoyablement toute opposition séparatiste dans le Sud et pour appeler à un soutien accru de la part du Royaume-Uni et des États-Unis. Peu désireux d’impliquer leurs troupes dans un autre potentiel bourbier militaire, les États-Unis ont envoyé un chèque de 300 millions de dollars “la moitié pour le développement, la moitié pour l’armée” au régime Salih. La presse affirme que la Maison blanche est en train de se préparer à intensifier ses “opérations spéciales” au Yémen, y compris plus d’attaques de drones. Il ne fait aucun doute que ceci va contribuer à accroitre le champ de recrutement d’AQPA. Toutefois, les “moudjahidines” sont moins soutenus dans le sud du Yémen. De fait, la plupart des Yéménites ‘‘se soucie plus de la terre et d’argent que de religion et d’idéologie’’ (The Observer du 31/10/10).

    Dans le contexte de l’aggravation des difficultés sur le plan économique, du vide politique à la tête des mouvements de masse, de la putréfaction de la bourgeoisie néocoloniale et de la rhétorique “anti-impérialiste” des islamistes politiques, les divers phénomènes de l’islamisme politique et du terrorisme vont continuer à susciter une attraction parmi des couches larges des parties les plus aliénées de la population de la région. Mais les masses apprennent aussi de leur propre rude expérience de l’islam “politique” et “radical” de droite, comme l’opposition de masse au règne des mollahs en Iran et le dégout face aux atrocités sectaires d’al-Qaïda en Irak le montrent bien. Le développement de la lutte de masse des travailleurs et de la radicalisation de classe va voir se développer les idées anticapitalistes et socialistes, et constituera un puissant pôle d’attraction pour les masses, de même qu’une tendance capable de contrebalancer l’islam politique réactionnaire et le terrorisme. Bien que ce processus ne se fera pas de façon directe, et verra aussi le développement de tendances plus larges et plus confuses comme le “pan-arabisme” ou le “pan-islamisme”, et même le développement possible d’un “islamisme de gauche”, les puissantes batailles de classe qui se trouvent devant nous vont poser la base pour le renouveau des idées socialistes et de classe qui étaient naguère si puissantes dans la région.

    C’est une de nos tâches principales dans ce processus : aider le mouvement ouvrier à apprendre les leçons des erreurs et des trahisons des anciens dirigeants des partis communistes et des autres organisations de masse.

    Palestine et Israël

    À coup de grand ramdam médiatique, le Président Obama a organisé de nouveaux “pourparlers de paix” entre le Premier Ministre Netanyahou et le dirigeant palestinien Abbas en septembre 2010. Le “but” de ces pourparlers, une soi-disant “solution à deux États”, verrait en réalité le maintien des frontières de 1967, avec 80% de la terre pour Israël, plus une partie de la Cisjordanie. Les Palestiniens recevraient un petit territoire invivable, sans aucun droit de retour pour les réfugiés. Netanyahou a bien expliqué que Jérusalem restera sous domination israélienne et ne sera pas une “capitale partagée”, et que tout État palestinien sera soumis à la surveillance de la police israélienne.

    Il ne fait aucun doute que l’administration Obama voudrait voir un accord – aux dépens des Palestiniens, bien entendu – afin de renforcer et consolider les intérêts américains, y compris la position d’Israël à long terme, en tant que son principal allié dans la région. Netanyahou, mis sous la pression des différentes factions au sein du gouvernement israélien de coalition, avec d’un côté l’ultra droite liée aux colons, de l’autre son propre parti, le Likoud, n’est à ce stade pas prêt à accepter les souhaits des États-Unis. Toutefois, Netanyahou pourrait finalement plier sous la pression américaine, qui est soutenue par certaines sections de la classe dirigeante israélienne qui craint les conséquences des tendances démographiques, et qui se soucie de la position régionale et internationale du capitalisme israélien.

    La classe dirigeante israélienne est prise au piège. Elle craint que la “bombe à retardement démographique” ne mène à ce que la population palestinienne croissante au sein d’Israël ne devienne majoritaire. Le Ministre israélien de la Sécurité, Barak, a exprimé en février 2010 ce problème auquel est confrontée la classe dirigeante : ‘‘Tant que dans ce territoire à l’ouest du fleuve Jourdain, il n’y aura qu’une seule entité politique appelée Israël, alors elle sera soit non-juive, soit non-démocratique’’. Il a poursuivi en disant ceci : ‘‘Si dans cet État unique, les Palestiniens qui habitent en Cisjordanie pouvaient dans le futur voter lors des élections en Israël, alors Israël deviendrait un État bi-national. D’un autre côté, au cas où les Palestiniens ne pourraient pas voter, alors ce serait un État d’Apartheid… Ces alternatives nous forcent à tracer la frontière d’un État qui inclut une majorité juive, avec un État palestinien de l’autre côté.’’

    La classe dirigeante israélienne craint fortement que toute concession accordée aux masses palestiniennes ne fera que renforcer la lutte contre l’oppression. Mais renforcer la répression étatique n’aura au final qu’un effet similaire.

    La montée du néolibéralisme en Israël a joué un rôle décisif dans l’écrasement de la base traditionnelle de soutien des principaux partis politiques de la classe dirigeante israélienne, ce qui a pour finir mené à l’effondrement du camp de la “gauche sioniste”. Le gouvernement Netanyahou, confronté à la crise historique du sionisme elle-même, est forcé, encore plus que les gouvernements précédents, à se baser sur un nationalisme et un militarisme israélien affirmé, en plus de l’islamophobie et du racisme anti-arabe. C’est cela qui a mené à l’inclusion de partis d’extrême droite dans le gouvernement et leur influence croissante au sein des principaux partis traditionnels de l’establishment au pouvoir. Un tel développement signifie que ces partis sont des outils moins fiables aux yeux de la classe dirigeante.

    Les “pourparlers” israélo-palestiniens sont en ce moment en pause, à la suite de la reprise de la construction de “colonies” en terre palestinienne le 27 septembre. Même si Netanyahou, sous l’intense pression américaine, parvient à dompter la droite assez que pour pouvoir maintenir “vivants” ces soi-disant pourparlers (en faisant même rentrer le parti “Kadima” dans la coalition), la classe dirigeante israélienne donnera aussi peu que possible et s’assurera qu’il n’y ait aucun développement d’un État palestinien réellement indépendant.

    Parmi la population juive, une couche, surtout composée de jeunes, est dégoutée par la politique de Netanyahou et de l’extrême droite, et commence à entrer en opposition ouverte. Bien qu’encore peu en nombre, l’existence même de cette tendance est lourde de sens.

    Tandis que le nationalisme sioniste est utilisé pour bloquer la lutte de classe, et en particulier les luttes qui pourraient franchir la division nationale, d’importantes ripostes de la part de la classe ouvrière ont eu lieu en Israël au cours des dernières années. On a eu en 2007 la grève massive des enseignants du secondaire qui a défié le gouvernement et qui a culminé avec la mobilisation de 100.000 enseignants, étudiants et sympathisants au cours d’un meeting de solidarité où les chefs des syndicats ont été forcés par l’humeur combative d’appeler à une lutte plus large, “pour un État-providence”. Même la fédération syndicale Histadrut a vu son nombre d’affiliés croitre depuis 2006. De 1996 à 2004, l’ancienne direction de Histadrut s’était vue contrainte de diriger les plus grandes grèves de toute l’Histoire d’Israël. Après la défaite de ces luttes, la nouvelle direction est parvenue depuis 2005 à imposer un silence industriel sans précédent (le syndicat des enseignants du secondaire ne fait pas partie de Histadrut). Elle a conclu des accords pourris avec les patrons et le gouvernement, sous prétexte de

    “responsabilité nationale”.

    Toutefois, comme cela est déjà impliqué par quelques exemples petits, mais lourds de signification, la bureaucratie a été forcée à lâcher de la vapeur lors des dernières années (dans certains cas, à cause de l’influence de la nouvelle organisation “Pouvoir aux travailleurs” que le CIO a aidé à lancer et à construire), le calme industriel va forcément se terminer, et l’emprise de la bureaucratie ne pourra que se relâcher. Ce sera particulièrement le cas lorsque l’économie israélienne sera touchée par la récession qui, on peut s’y attendre, sera plus vive que le dernier ralentissement de début 2009. Pour remporter les batailles du futur contre les patrons, les travailleurs israéliens vont devoir adopter un programme de solidarité et de lutte unie des travailleurs juifs et arabes. Ceci implique de rompre avec la politique d’oppression, de colonisation et d’agression militaire envers les masses de la région qui est celle de l’élite dirigeante.

    Pour l’instant, la “direction” poltronne de l’Autorité palestinienne (AP), sous pression de l’administration américaine, cherche toujours désespérément à maintenir les pourparlers, tout comme la très molle Ligue arabe. La réalité est que la tournée actuelle de (non-)pourparlers ne mènera absolument nulle part. Bien qu’une marge très limitée pour un peu plus d’“auto-gouvernance” des Palestiniens pourrait être accordée à un certain point – allant même jusqu’à l’annonce de la création d’un pseudo État palestinien “indépendant” –, sur base du capitalisme et de l’impérialisme, aucune solution durable et fondamentale ne peut être trouvée pour la question palestinienne ou pour amener la paix dans la région. Qui plus est, une telle annonce pourrait servir de prétexte pour intensifier la répression contre les Palestiniens qui vivent en Israël, ou pour lancer une nouvelle attaque militaire contre le Hamas à Gaza, où un et demi millions de gens restent vivent encore en état de siège, avec une immense pauvreté et un immense chômage. Les conditions au sein de l’AP sont loin d’être fort meilleures. Les Palestiniens qui vivent en Israël sont de plus en plus aliénés par les mesures discriminatoires et par la persécution et la répression brutales de toute forme de protestation. Ceci s’ajoute aux attaques de la part de l’extrême-droite, à la pauvreté croissante et aux tentatives de l’État israélien d’altérer l’équilibre démographique au détriment des Palestiniens.

    L’armée israélienne continue à menacer de lancer des attaques militaires contre le Hezbollah au Liban. De fait, la situation est lourde de conflits militaires et de guerres. Tout comme les attaques précédentes d’Israël sur le Liban et sur Gaza, de tels conflits vont déclencher une immense colère et opposition dans tout le monde arabe et sur le plan international. Au lieu de pourparlers menant à la paix et à la justice, la question nationale devient de plus en plus ingérable, menant à de nouveaux mouvements et révoltes de masse des Palestiniens opprimés. Même l’élite dirigeante palestinienne a partiellement reconnu cela, avec certains de ses dirigeants nationaux qui reprennent les cris de l’immense frustration des masses en parlant de “lutte”. Bien entendu, ces “dirigeants” ne font qu’utiliser la menace d’un renouveau de la lutte de masse pour tenter d’ajouter une pression sur Israël et sur les puissances occidentales et les forcer à un accord.

    Tous les acquis majeurs obtenus par les Palestiniens ne l’ont été que par des mouvements de masse, surtout la Première Intifada. Les développements actuels jettent les bases pour de nouvelles révoltes de masse. La lutte pour les droits démocratiques et sociaux des Palestiniens à l’intérieur d’Israël sera très certainement un des points centraux lors d’une “Troisième Intifada”. La lutte de masse des Palestiniens, tout comme au cours des précédentes insurrections, recevra une solidarité toute prête dans la région comme sur le plan international, y compris de la part d’une section des travailleurs et des jeunes juifs. Toutefois, sans une direction armée d’une approche de classe, le mouvement de masse pourrait finir par déployer des méthodes de lutte contre-productives, limitant par là sa capacité à contrer la violente répression du régime israélien. Un programme marxiste pour résoudre la question nationale, sur une base de classe et socialiste, est vital pour faire progresser la lutte et pour empêcher un possible élargissement de la barrière nationale.

    Le régime du Hamas à Gaza continue à partiellement canaliser la colère des Palestiniens face à leurs terribles conditions de vie. Mais avec sa politique islamiste de droite, le Hamas n’offre aucune stratégie alternative viable pour les Palestiniens opprimés ; cette politique est d’ailleurs de plus en plus remise en question par des sections de la population gazaouie. De fait, le Hamas a entamé des négociations en coulisse avec l’impérialisme américain, et son sous règne les femmes sont de plus en plus opprimées, de même que toute opposition au Hamas.

    La libération des masses palestiniennes ne peut pas être accomplie dans le cadre du capitalisme. Leurs aspirations ne peuvent être satisfaites dans une lutte aux côtés des régimes arabes corrompus et réactionnaires. Après tout, le régime de Moubarak en Égypte est responsable du blocus de la frontière de Rafah avec Gaza, et la classe dirigeante libanaise porte la responsabilité de l’oppression et de la discrimination continues des Palestiniens dans les camps de réfugiés au Liban. La lutte pour l’émancipation doit être liée à la lutte pour le socialisme, sur base de l’unité de la classe des travailleurs à travers la région. Ce n’est qu’à travers des mouvements de masse unis de la classe ouvrière et des pauvres de Palestine, et d’Israël aussi, qu’une solution pourra être trouvée ; que l’on pourra s’opposer à l’oppression nationale, aux partis des patrons et de l’impérialisme ; et obtenir une réelle auto-détermination pour les Palestiniens – pour une Palestine socialiste et démocratique, pour un Israël socialiste et démocratique, en tant que membres égaux et volontaires d’une confédération socialiste de tout le Moyen-Orient.

    Les positions politiques de principe établis par les forces du CIO en Israël et au Liban, souvent dans des conditions objectives extrêmement difficiles, sont cruciales pour préparer le terrain pour de futurs grands pas en avant pour le marxisme dans la région.

    Le Liban

    La complexité et la haute instabilité de la situation au Liban – dominée par des partis pro-marchés et à base sectaire, et par l’interférence des puissances régionales et impérialistes – ont été illustrées par la volte-face du Premier Ministre Saad Hariri en septembre dernier au sujet de l’assassinat de son père Rafiq, qui avait été cinq fois Premier Ministre. Saad Hariri avoue maintenant s’être trompé en accusant la Syrie de l’attentat à la voiture piégée qui a tué Rafiq, un homme d’affaires multimilliardaire. C’est ce meurtre en 2005 qui a déclenché la “Révolution des Cèdres”, soutenue par l’Occident, et qui a mené au retrait des “gardiens de la paix” syriens après trois décennies d’implication syrienne directe au Liban. Saad Hariri est arrivé au pouvoir au cours de ces événements, mais lui et ses alliés ont seulement obtenu une très mince majorité parlementaire. Le Hezbollah pro-syrien (dont le prestige a été grandement renforcé après la guerre d’Israël contre le Liban en 2006) a, avec ses alliés, forcé Hariri à partager le pouvoir en 2008. Depuis lors, les alliances politiques de Hariri se sont affaiblies et son principal soutien étranger, l’Arabie saoudite, a amélioré ses relations avec la Syrie. Maintenant, le tribunal des Nations-Unies qui est en train de mener une enquête autour de l’attentat de 2005 serait en train de s’orienter vers une responsabilité du Hezbollah ou d’un “groupe solitaire” émanant de cette organisation. Une telle découverte serait hautement explosive et pourrait déclencher une nouvelle crise politique.

    Quelles que soit leurs différences sectaires, tous les partis libanais partagent la même politique économique et sociale pro-capitaliste. L’importante lutte des enseignants en 2010 a montré qu’aucun des principaux partis ne défend les intérêts des travailleurs et des pauvres. Les travailleurs qui entrent dans de nouvelles actions industrielles, comme ils vont inévitablement le faire à cause du nouveau programme de privatisation et de coupes budgétaires du gouvernement, vont tirer la conclusion qu’ils ont besoin de s’unir pour construire un mouvement ouvrier contre la politique néolibérale et qu’il faut une alternative politique unifiée contre la pauvreté, le sectarisme et la guerre. En développant de manière audacieuse sa plate-forme et ses forces, le CIO au Liban peut jouer un rôle crucial dans ce processus.

    L’Iran

    L’Iran a bénéficié du pouvoir grandissant des chiites en Irak et a élargi son influence dans la région, comme on l’a vu avec la visite d’Ahmadinedjad au Liban en octobre 2010. Téhéran cherche à assister la création d’un gouvernement à dominance chiite en Irak. Ceci renforcerait le commerce et la “codépendance” économique entre l’Iran et l’Irak, et contribuerait à éviter à ce que l’Iraq redevienne une menace militaire, comme cela l’était avec Saddam, ou ne soit utilisé en tant que base de lancement pour une attaque américaine.

    Quelles que soient les menaces extérieures de l’impérialisme, au final ce sont les événements domestiques qui détermineront le destin de la théocratie au pouvoir en Iran. À cause du manque d’organisations de masse de la classe ouvrière, le mouvement de masse des “Verts” en 2009 a été réprimé et dispersé, pour le moment, par la force brute du régime Ahmadinidjad. Mais ce puissant mouvement de masse n’est que le prélude de luttes révolutionnaires de masse qui vont se développer en Iran. Des millions sont descendus dans les rues après les élections de juin 2009, qui étaient largement perçues comme ayant été truquées, malgré la violente répression des milices bassidji du régime. Il y avait des rapports de soldats qui désobéissaient aux ordres d’attaquer les manifestants.

    Au cours du mois de décembre 2009, la conscience du mouvement s’est développée bien au-delà de celle de ses soi-disant dirigeants, et il y avait des rapports d’une radicalisation accrue parmi les étudiants. Toutefois, avec le déclin du mouvement de masse, cette conscience radicalisée a quelque peu reculé, et Moussavi et Karroubi ont maintenu leur rôle de “dirigeant” de l’opposition. Pourtant, comme les événements l’ont déjà montré, ceci peut à nouveau changer très rapidement sur base de nouveaux mouvements de masse.

    La principale leçon de l’échec du mouvement de masse à renverser le régime est le besoin urgent de construire des organisations indépendantes de la classe ouvrière. De telles formations de classe mettraient en avant des revendications démocratiques (qui, dans une telle situation, acquièrent un caractère révolutionnaire) et des revendications de classe, et utiliserait les armes de la lutte de classe, y compris la grève générale, pour assurer la fin du régime réactionnaire des mollahs. Les couches des classes moyennes en 2009 se sont rangées derrière le mouvement de masse, et certaines sections de la classe ouvrière, en particulier les travailleurs des transports publics. Mais il manquait à tout ce potentiel une direction socialiste clairvoyante, et il ne s’est pas développé en une grève générale et en un mouvement de classe assez puissant que pour renverser le régime.

    Bien qu’Ahmadinedjad ne se soit cramponné au pouvoir que de justesse, sa faction dirigeante a par la suite souffert d’un fractionnement interne, reflétant en partie l’aggravation de la situation économique et sociale sur le plan domestique.

    Les sanctions imposées par l’Occident se font durement sentir, même si l’Iran reste le cinquième plus grand exportateur de pétrole au monde. Mais on estime que la production de pétrole va chuter de 15% d’ici 2015 et les exportations de 25%, selon le magazine The Economist. Le plan d’Ahmadinedjad est de cesser les subsides aux consommateurs, qui équivalent à un quart du PIB, ce qui va causer une forte hausse des prix de l’alimentation, du carburant et des transports. La perspective d’une vie de faible croissance économique, d’un haut taux de chômage et sous un règne autoritaire réactionnaire, signifie que les masses iraniennes – ayant pris le gout de la lutte de masse – vont forcément repartir sur cette voie.

    L’opposition de masse en Iran – confuse et désorientée après la répression brutale – entretient toujours à ce stade beaucoup d’illusions dans la démocratie bourgeoise, ce qui est compréhensible. On ne doit pas s’attendre à plus, étant donné l’héritage de trois décennies d’oppression théocratique, le caractère poltron de l’opposition Moussavi et le manque d’une alternative révolutionnaire socialiste. Moussavi représente une aile de l’élite qui désire entre autres parvenir à un accord avec l’impérialisme américain. Il veut aussi adoucir la répression et concéder quelques réformes démocratiques afin de tenter d’élargir la base de soutien du régime et donc faire dérailler le mouvement de masse. L’expérience du programme et des méthodes de Moussavi signifiera que des sections de travailleurs et de jeunes peuvent rapidement adopter des idées et des méthodes de lutte plus radicales. Cependant, des sections entières du mouvement de masse peuvent rapidement déborder des limites du programme Moussavi, qui tente de conclure un accord avec le régime. Nous avons vu pendant le mouvement de 2009 la manière dont les actions de protestation contre le truquage des élections se sont développées en une lutte pour abattre la dictature. Début 2010, les funérailles de l’ayatollah Hossein Ali Montazeri se sont transformées en une série d’actions larges anti-gouvernement, avec un niveau record de reprise des slogans contre la ligne dure du “guide spirituel suprême” Khamene’i.

    La question nationale en Iran est elle aussi une menace pour le régime. Dans les régions kurdes, les grandes manifestations du Premier Mai et la grève générale appelée après l’assassinat d’un militant syndical kurde a montré le caractère explosif des aspirations non-résolues des masses, y compris concernant leurs droits démocratiques nationaux.

    Le timing des futurs mouvements de masse contre le régime des mollahs est bien entendu impossible à prévoir. Mais il est certain qu’après s’être engagées dans une lutte ouverte, bien que temporairement retenues, les masses vont de nouveau s’avancer pour renverser le régime fondamentaliste. Si le mouvement pour les droits démocratiques est lié à une lutte de masse de la classe ouvrière et des pauvres, le régime peut être renversé. Le rôle de la classe ouvrière sera décisif. Bien que les tentatives d’organiser des syndicats indépendants ou des grèves soient brutalement réprimées, les travailleurs des bus de Téhéran et les ouvriers de la sucrerie de Haft Tapeh ont déjà entamé une lutte courageuse. Plus de travailleurs, surtout dans les régions kurdes, ont été impliqués dans des grèves au cours de l’an passé.

    De nouveaux mouvements de masse en Iran vont également avoir une énorme influence sur les pays environnants et sur le plan mondial. Cela souligne le besoin urgent de développer les idées et la présence du CIO au Moyen-Orient, sur base du travail magnifique qui est déjà accompli par le CIO là où il existe. Les socialistes appellent la classe ouvrière iranienne et les couches moyennes de plus en plus appauvries de ce pays à agir de manière indépendante de l’opposition pro-capitaliste et des factions de l’élite dirigeante. Il est nécessaire de tirer les leçons de l’amère déception de 1979/80, lorsque l’élite a utilisé une phraséologie “révolutionnaire” et religieuse pour prendre le pouvoir et le consolider. Les dirigeants de l’opposition actuels aimeraient détourner le pouvoir potentiellement révolutionnaire des masses à l’aide d’une phraséologie et de promesses “démocratiques”. La reconstruction du mouvement ouvrier est une tâche cruciale qui incombe aux masses iraniennes.

    Même si le régime Ahmadinedjad était renversé et remplacé par un régime bourgeois “pro-démocratie” – du fait du caractère pro-capitaliste des dirigeants de l’opposition qui exploitent les illusions dans la démocratie parlementaire “à l’occidentale” et essentiellement, à cause du manque d’une alternative socialiste – de nouvelles luttes de masse des travailleurs et de la jeunesse vont se développer. Un nouveau gouvernement capitaliste se baserait tout d’abord sur les espoirs et les illusions des masses, mais deviendrait rapidement un gouvernement de crise. Seul un gouvernement des travailleurs et des pauvres peut garantir les droits démocratiques et entamer la transformation du pays en rompant avec l’emprise de l’élite et du capitalisme.

    L’Égypte

    Avec sa population de 85 millions d’habitants, sa position géostratégique dans le monde arabe, son régime divisé et son niveau croissant d’opposition et de lutte industrielle, l’Égypte est un autre pays clé pour la lutte de classe qui se développe dans la région. Le vieux Président Moubarak a organisé des élections parlementaires à la fin de novembre 2010, mais cela était accompagné d’innombrables barrières aux partis d’opposition qui désiraient se porter candidats, et d’une répression générale des militants, en particulier contre les partisans des Frères musulmans. Le régime a une bonne raison de craindre des élections qui ne seraient pas bridées : malgré la fraude flagrante et la violence d’État, les dernières élections parlementaires en 2005 ont vu les Frères remporter un cinquième des sièges alors qu’ils n’étaient candidats que pour un tiers de ceux-ci. Les élections de novembre 2010 n’étaient qu’une farce, qui a permis au parti du gouvernement de “gagner” 97% des sièges. Selon des estimations indépendantes, le taux de participation était de 10-15%, comparé à 25% lors des élections de 2005. Reflétant la hausse de la radicalisation de l’opposition au règne de Moubarak (et à l’intronisation prévue de son fils Gamal) à travers toute la société, des divisions ont commencé à s’ouvrir au sein des Frères. Des opposants critiquent la décision de leur organisation de se présenter aux élections et d’avoir donné une légitimité à la farce électorale. Une campagne pour boycotter le scrutin menée par Mohamed El Baradei, l’ancien directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique, a récolté près d’un million de signatures.

    Les causes des troubles politiques grandissants et des divisions au sein de l’élite dirigeante sont la détérioration de la situation économique et sociale et la vague de grève qui s’est produite au cours des dernières années. Les travailleurs et les jeunes sont confrontés à un futur peu brillant, fait de chômage grandissant et de prix en hausse. L’inflation croissante mine le niveau de vie, et les salaires restent stagnants. Plus de 40% de la population vit dans la pauvreté, et près de 30% de la population est illettrée. Le fossé entre les riches et les pauvres s’est élargi ; les riches vivent aujourd’hui dans de luxueuses “communautés gardées”, les pauvres dans la misère urbaine.

    Les actions industrielles et les actions ouvrières ont commencé en décembre 2006, avec l’occupation par les travailleurs de l’usine textile Mahalla ; avec ses 28 000 travailleurs, cette usine est la plus grosse de toute la région Moyen-Orient/Afrique du Nord. Les patrons et le gouvernement ont été forcés de concéder de meilleurs salaires et de meilleures conditions, ce qui a inspiré d’autres travailleurs à partir en grève eux aussi. Les grèves contre les privatisations et pour les renationalisations sont extrêmement importantes, de même que les efforts pour créer des syndicats indépendants. Le régime a été contraint aux concessions, y compris l’annonce de la mise au frigo à durée indéterminée du programme de privatisation dans toute une série de composantes du secteur public.

    Des mesures courageuses et impressionnantes ont été prises pour former des syndicats indépendants, dans un contexte de loi martiale. Bien que le gros des grèves de masse aient été organisés par des ouvriers (comme les travailleurs du textile ou ceux de l’usine d’aluminium), jusqu’ici ce sont surtout les employés qui sont parvenus à franchir les étapes dans la création de nouveaux syndicats (par ex, les enseignants, le personnel administratif de l’éducation, les percepteurs d’impôts immobiliers et les postiers). Toutefois, de nouvelles grèves et luttes de masse vont voir d’autres sections de la classe ouvrière rompre la répression et développer de la confiance, et se voir entrainées dans la tâche décisive de la construction d’organisations indépendantes de classe.

    La pression de la classe ouvrière et de la crise économique et sociale est reflétée dans les vifs débats internes au sein du régime concernant la succession au Président Moubarak. Certaines sections du régime au pouvoir, et en particulier ceux qui représentent l’armée et la bureaucratie étatique, ne veulent pas voir Gamal Moubarak prendre le pouvoir. Les divisions du régime donnent confiance aux masses égyptiennes pour avancer pour plus de droits démocratiques. Les Frères musulmans cherchent à être les principaux bénéficiaires de ce processus, mais ils se sont opposés à la plupart des grèves de ces dernières années. En réalité, ces dirigeants servent de soupape de sécurité à l’establishment au pouvoir ; cela a mené à des divisions parmi les couches de ce mouvement qui sont basées sur des classes moyennes plus radicales.

    En l’absence d’organisations de classe de masse, de larges couches de la population égyptienne regardent en direction de Mohamed El Baradei et de son Association nationale pour le changement. El Baradei est considéré comme un étranger par le régime , qui a bloqué sa candidature aux élections présidentielles de 2011. En réponse, El Baradei s’est appuyé sur le mécontentement populaire. Il a appelé à des réformes, afin d’“éviter une révolution des affamés”. Il a lancé une campagne de boycott des élections, liée à des revendications démocratiques, qui bénéficie d’un large soutien parmi de nombreuses couches de la société. Ceci souligne l’importance vitale de revendications démocratiques transitionnelles, liées à la transformation socialiste de la société, en Égypte et dans les autres pays de la région.

    El Baradei est une figure quelque peu accidentelle, et il reste à voir quel cours il va suivre sous la pression des événements. Mais il est certain que l’Égypte est entrée dans une nouvelle étape d’une importance cruciale pour la lutte de classe dans la région. Le régime est de plus en plus divisé et perd beaucoup de son soutien traditionnel parmi les basses couches professionnelles et au sein de la bureaucratie d’État. À la suite de la vague d’actions industrielles, les élections présidentielles de 2011 pourraient devenir le point de ralliement de l’opposition au régime, avec des conséquences potentiellement explosives. Tout comme en Iran en 2009, la tentative de truquer les élections et la répression étatique pourraient être le catalyseur de luttes de masse qui vont rapidement se développer dans des tentatives de renverser le régime.

    Tous les régimes despotiques et autoritaires de la région craignent à juste titre les mouvements d’opposition de masse qui pourraient se développer en Iran, en Égypte et aillleurs, et qui constitueraient une source d’inspiration pour leurs populations opprimées. Toutefois, à moins que la classe ouvrière ne prenne la direction de tels mouvements, avec un programme de classe indépendant, l’opposition de masse peut emprunter des canaux différents. Sans une direction socialiste, les insurrections des populations opprimés du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord peuvent prendre la forme d’actes de désespoir, comme des émeutes de la faim ou le pillage.

  • Soirée 60-61: la nouvelle section de Namur est lancée!

    Ce samedi 8 janvier s’est déroulée la première activité publique de la section de Namur du PSL, à l’occasion de la présentation du livre de Gustave dache sur la grève générale insurrectionnelle et révolutionnaire de l’hiver 1960-61. Nous étions une vingtaine de personnes présentes après le travail de distribution de tract, de stands en rue,… Notre jeune section peut se targuer d’avoir accompli sa mission : mettre sur pied sa première soirée publique et proposer un débat de qualité.

    Par Thomas (Namur)

    Gustave Dache, encore une fois, aura fait forte impression. Les mots sont justes et scincères : le “feu sacré” bûle toujours en lui! Les mots sont justes et auront touché les membres, contacts et membres potentiels ou simples intéressés présents ce samedi. Nous ne doutons pas que notre groupe grandira encore dans les semaines à venir, notamment sur base de l’excellente discussion politique lors du meeting. Qu’on se le dise, Namur est aujourd’hui une section à part entière, et cette soirée nous donne encore plus de motivation pour la construire.

  • 10e Congrès Mondial du Comité pour une Internationale Ouvrière

    Relations mondiales : ‘‘Tout est changé, complètement changé’’

    Rapport de la discussion sur les relations mondiales au 10ème Congrès mondal du CIO

    Le 10e Congrès Mondial du Comité pour une International Ouvrière (CIO) a commencé la semaine dernière en Belgique. Ont participé à cet événement entre autres des délégués et des visiteurs en provenance d’Afrique du Sud, d’Allemagne, d’Angleterre et du pays de Galles, d’Argentine, d’Australie, d’Autriche, de Belgique, du Chili, de Chypre, d’Écosse, d’Espagne, des États-Unis, de France, de Grèce, de Hong Kong, d’Inde, d’Irlande, d’Israël, d’Italie, du Kazakhstan, de Malaisie, des Pays-Bas, du Nigéria, de Pologne, du Portugal, du Québec, de Russie, du Sri Lanka, de Suède, de Taïwan, de Tchéquie, et du Venezuela. Malheureusement, les délégués de Bolivie et du Pakistan n’ont pas pu venir, à cause du refus de leur visa.

    Sarah Sachs-Eldridge, délégation du Socialist Party (CIO – Angleterre et pays de Galles)

    Ce Congrès a duré une semaine et a discuté des principaux enjeux auxquels est confrontée la classe ouvrière internationalement dans cette période d’attaques d’austérité sauvages ainsi que des tâches du CIO.

    Les principales discussions lors du Congrès ont porté sur les relations mondiales, sur l’économie mondiale, sur l’Europe, l’Asie, l’Amérique latine, l’Afrique, et sur la construction du CIO.

    Le CIO est une organisation internationale socialiste et démocratique. Au cours du Congrès, les documents et les résolutions ont été discutés, amendés, puis soumis au vote. Un nouveau Comité Exécutif International a également été élu.

    Nous publierons les versions finales des principaux textes du Congrès. Notre site international (www.socialistworld.net) a déjà publié le projet initial de document de Congrès concernant les relations mondiales. Une version mise à jour de ce document sera publiée par la suite, avec les documents concernant l’Europe, le Moyen-Orient, l’Asie, la Russie et l’Europe de l’Est, de même qu’un document sur la situation en Afrique.

    Ci-dessous, nous publions un rapport de la première discussion du Congrès, celle sur les relations mondiales, rédigé par Sarah Sachs-Eldridge, de la délégation d’Angleterre et Pays de Galles (Socialist Party). D’autres rapports des principales discussions qui ont eu lieu tout au long du 10e Congrès suivront au cours des prochains jours.


    Des millions de personnes ont participé aux manifestations et aux grèves en France. Il y a eu des grèves générales en Grèce, au Portugal – la plus grande depuis la révolution de 1974 -, en Espagne et en Inde où une grève générale a impliqué 100 millions de travailleurs. Un immense mouvement partiellement victorieux s’est développé en Afrique du Sud et de nombreuses autres expressions de colère ont éclaté face à la crise la plus dévastatrice depuis les années ’30.

    Dans son introduction à la discussion, Peter Taaffe du Secrétariat international (SI) du CIO a cité William Butler Yeats, un célèbre poète nationaliste irlandais, qui avait dit : ‘‘Tout est changé, complètement changé’’ à propos des évènements d’Irlande. Pour décrire les événements de ces derniers mois, cette phrase reste d’actualité. Les contributions au débat portant sur les pays d’Afrique, d’Asie, d’Amérique latine, d’Amérique du Nord, du Moyen-Orient, d’Europe et d’Europe de l’Est ont bien démontré que pas un pays au monde n’a été épargné par la crise économique mondiale.

    Une crise prolongée

    Les gouvernements de plusieurs pays et régions peuvent bien clamer haut et fort que leurs économies sont à l’abri de tout danger et sur la voie de la reprise, il existe un potentiel pour une nouvelle chute de l’économie mondiale, ou en tous cas pour une stagnation prolongée avec une croissance faible. En fait, il n’y a aucun “remède” clair à appliquer pour la bourgeoisie, et des divisions existent entre et à l’intérieur des différentes classes dirigeantes quant à savoir quelles mesures devraient être prises.

    En cette époque de changements rapides, les gouvernements peuvent être enclins à des revirements soudains. La situation est lourde de troubles sociaux et politiques d’une ampleur tragique.

    Les relations mondiales sont dans un état d’instabilité croissante. Nous ne vivons plus dans un monde “unipolaire” où le pouvoir ultime des États-Unis, en tant que plus grande économie au monde, est accepté. Ceci peut mener à une hausse des frictions et des conflits.

    L’impression prédominante est que nous sommes dans une période de flux. Des luttes de la classe ouvrière ont lieu ou sont à l’ordre du jour dans chaque région du monde. Les socialistes doivent être prêts à ajuster leur tactique et leurs méthodes organisationnelles au fur et à mesure que la lutte de classe se développe et que les conditions objectives changent. De nouveaux mots d’ordre et revendications seront lancés lorsque cela sera requis.

    Des changements soudains

    Dans son introduction, Peter Taaffe a décrit comment, au cours d’un intervalle relativement court, l’économie irlandaise a été noyée, passant d’une des économies les plus prospères au monde à, non pas la récession, mais la dépression. Dans un sondage effectué il y a six ans auprès de 100 pays, on avait révélé que le peuple irlandais était le plus heureux au monde, sur base de la hausse des salaires et d’une phase de croissance apparemment sans fin. Mais ce 27 novembre, 100.000 manifestants sont descendus à Dublin malgré le froid polaire pour y exprimer leur rage, leur dégout et leur amertume face à la situation complètement différente, dans laquelle la majorité de la population est maintenant confrontée à des coupes sévères dans leur niveau de vie.

    La classe ouvrière irlandaise a montré qu’elle était capable de trouver par elle-même le chemin de la lutte, même lorsque les dirigeants syndicaux ont abandonné de la manière la plus poltronne qu’il soit leur responsabilité qui était de mener celle-ci. La survie du gouvernement, élu il y a moins de deux ans, ne tient plus qu’à un fil.

    La présence en Irlande du CIO et de Joe Higgins, l’eurodéputé socialiste de Dublin, signifie qu’il existe une voix qui est présente afin d’articuler l’opposition à la politique pro-marché, et qu’il existe le potentiel pour défier cette politique lors des élections générales de 2011, autour de l’Alliance de la Gauche Unie (United Left Alliance) récemment établie.

    L’ampleur de la crise économique mondiale, qui a commencé avec la crise des subprimes aux États-Unis en 2007, s’est largement fait ressentie lors de la crise bancaire de 2008. Le CIO a averti du fait que les patrons, dont la rapacité et le système du “tout pour le profit” sont responsables de la crise, ne seraient pas capables de trouver une issue facile pour sortir de cette crise, et qu’ils chercheraient à en faire payer le cout par les travailleurs.

    Cette crise a été si grave que, au départ, il n’était pas évident de voir comment une dépression de l’ampleur de celle des années ′30 pouvait être évitée. Toutefois, de nombreux gouvernements, après avoir jeté un œil par-dessus le gouffre et ayant aperçu le danger de la répétition d’une dépression qui durerait une décennie entière, ont pris peur et ont mis en place de grands plans d’urgence de relance de l’économie afin d’amortir les pires effets de la crise.

    Les travailleurs payent la facture

    De nombreuses contributions ont illustré à quel point les dirigeants ne sont pas parvenus à protéger les travailleurs et les pauvres. Par exemple, depuis le début de la crise, les plans de relance aux États-Unis ont empêché un million de pertes d’emplois, mais huit millions d’autres emplois ont été perdus depuis 2007. Dans les pays de l’OCDE, c’est 17 millions de travailleurs qui ont été virés des usines. On ne tient pas compte ici des travailleurs qui subissent le travail temporaire et/ou précaire, ce qu’on a commencé à appeler aux États-Unis des “jobs de survie”.

    À la grand’ messe du G20 à Toronto, il y a eu un accord général pour cesser l’intervention politique et financière et les plans de relance, et pour passer à des plans d’austérité, destinés à satisfaire les marchés. Il n’y a pas une confiance totale dans cette politique, qui a eu pour conséquence des coupes énormes dans de nombreux pays, suscitant déjà la colère et l’action de la classe ouvrière.

    Mais la colère, la frustration et l’opposition n’ont pas encore trouvé une expression dans la formation de nouveaux partis de masse de la classe ouvrière. Ce facteur représente un grand obstacle dans la lutte. Comme le document sur les relations mondiales l’a fait remarquer : ‘‘S’il existait des partis de masse de la classe ouvrière – même à l’image des partis ouvrier-bourgeois du passé – alors, en toute probabilité, les idées réformistes de gauche, centristes et révolutionnaires seraient en ce moment en train d’être largement discutées dans la société, et en particulier dans les rangs du mouvement ouvrier organisé.’’

    La Chine

    Un aspect important de la discussion a été le rôle de l’énorme plan de relance en Chine. Celui-ci a été combiné à une expansion massive du crédit, principalement de la part des banques d’État. L’investissement dans la construction de routes, de bâtiments et d’autres projets d’infrastructure a été une tentative de focaliser les mesures d’incitation sur la hausse de la demande intérieure.

    Un impact très important de ce plan a été de donner aux travailleurs la confiance de lutter. L’année 2010 a vu une nouvelle vague de grèves balayer la Chine, d’une nature en grande partie offensive, dans le but d’obtenir de meilleurs salaires. Les travailleurs ont vu l’économie s’accroitre, et en ont réclamé leur part. La croissance de ce mouvement et son développement va être crucial dans le développement de la lutte des travailleurs partout dans le monde.

    Dans sa réponse lors de la discussion, Robert, du Secrétariat International du CIO, a souligné les questions importantes qui sont posées : quel est l’attitude de ces travailleurs par rapport à la lutte pour les droits démocratiques, et syndicaux, par rapport aux syndicats officiels, à l’État et au gouvernement ?

    Toutefois, la discussion a bien clarifié le fait que les conséquences du plan de relance en Chine se sont fait ressentir dans de nombreux domaines. La croissance économique dans toute une série de pays, tel qu’en Allemagne, est liée au plan de relance chinois.

    Anthony, d’Australie, a expliqué le fait qu’une des raisons pour lesquelles l’économie australienne est jusqu’à présent parvenue à éviter les pires effets de la crise qui a touché les autres pays est la force du secteur minier et l’exportation massive de matières premières vers la Chine. Tout ralentissement de la croissance de l’économie chinoise aurait des répercussions désastreuses.

    Après être sortis de 30 ans de guerre civile, la classe ouvrière et les pauvres du Sri Lanka sont confrontés aux conditions les plus difficiles. Siritunga, du Sri Lanka, qui a passé la moitié de sa vie dans cette guerre, a décrit comment les “retombées de la paix” tant promises ne se sont absolument pas concrétisées. Au lieu de cela, le budget de 2010 a vu une hausse des dépenses militaires, qui constituent maintenant près du quart des dépenses de l’État, ce qui illustre la montée de la répression employée par le régime Rajapakse.

    Les puissances régionales, telles que l’Inde et la Chine qui ont soutenu l’effort de guerre, continuent à intervenir au Sri Lanka dans leur propres intérêts économiques et stratégiques, sans que cela ne profite le moins du monde aux populations laborieuses de la région.

    Toute une série de personnes ont pris la parole au sujet de la lutte d’influence entre les États-Unis et la Chine, en particulier dans certaines régions comme l’Asie-Pacifique.

    Derrière les statistiques qui montrent une croissance économique, la Chine est en train d’exporter son modèle de production basé sur la surexploitation de la main d’œuvre, avec des bas salaires et sans aucun droit syndical ou autre pour le personnel.

    André du Brésil et Patricio du Chili ont tous les deux expliqué comment l’exportation de matières premières vers la Chine a eu un effet d’amortir la crise économique mondiale dans toute une série de pays d’Amérique latine. Au Brésil, un processus de “reprimairisation” de l’économie est en cours (un développement du rôle de la place de l’extraction de matières premières), avec une désindustrialisation de plus en plus grande. Si cette tendance venait à se confirmer, elle sera accompagnée d’attaques sur les droits des travailleurs, d’une dégradation de l’environnement, et de traitements horribles pour les peuples indigènes.

    Des mouvements de masse

    Lors des précédents Congrès du CIO, au début des années ′2000, c’était le processus révolutionnaire en cours en Amérique latine qui se trouvait à l’avant-plan de la lutte. Tandis que ce processus s’est pour le moment temporairement ralenti, c’est la classe ouvrière européenne qui est aujourd’hui entrée en action.

    Là, même en l’absence de leurs propres partis de masse ou même semi-de masse, les travailleurs ont entrepris une action extrêmement audacieuse, et développent d’instinct leurs propres revendications. Andros de Grèce a expliqué comment l’expérience du mouvement de masse en Grèce a mené à ce qu’aujourd’hui, un Grec sur deux est en faveur de la nationalisation des banques, et un sur trois est pour le non-payement de la dette de l’État, pour laquelle on demande à la classe ouvrière de payer la facture. De telles idées ont été capables de se développer même sans que la plupart des partis d’une certaine taille ne les aient mises en avant, à l’exception de la section grecque du CIO, Xekinima.

    Rob de Russie a décrit le massacre affligeant des services publics, des salaires et des pensions qui s’est produit à travers toute l’Europe de l’Est. Dans toute une série de pays, les mouvements de protestation ont été énormes, avec par exemple le mouvement de masse dans les rues de la Lettonie qui a fait tomber le gouvernement. Mais en l’absence de tout parti ouvrier capable de prendre le pouvoir, c’est tout simplement une autre version de l’ancien gouvernement qui a été mise en place.

    La présence du CIO au Kazakhstan signifie qu’il existe le potentiel pour construire un nouveau parti des travailleurs de masse. La campagne ‘Kazakhstan 2012’, dans laquelle sont actifs les membres du CIO, a lancé plusieurs campagnes visant à défendre la population contre les expulsions de domicile, et à construire des syndicats indépendants. Elle se déclare en faveur de la ‘‘renationalisation de tout ce qui a été privatisé, sous le contrôle des travailleurs.’’ 2012 sera la date des prochaines élections présidentielles, où l’on espère que le régime répressif au pouvoir en ce moment sera remplacé. Un nouveau centre syndical y a aussi été récemment fondé.

    Le Moyen-Orient

    Les dernières fuites organisées par Wikileaks ont brutalement mis au grand jour les frictions qui existent entre les différents régimes du Moyen-Orient, comme le CIO l’avait fait remarquer auparavant.

    Yasha d’Israël a expliqué que les derniers documents suggèrent le fait que le régime israélien est sérieusement en train de se préparer à une attaque contre l’Iran, même si ce scénario est improbable. Robert a décrit comment l’intervention américaine en Irak a mené au renforcement du rôle régional de l’Iran. Mais le régime iranien n’est pas stable, comme l’a bien montré le mouvement de 2009.

    La classe ouvrière égyptienne a trouvé sa force dans le nombre de luttes qui se sont déroulées au cours des dernières années. Le taux de participation de 15% à peine lors des dernières élections montre à quel point aucun des partis politiques ne parvient à susciter le moindre enthousiasme parmi les travailleurs et les jeunes. Mais comme l’a fait remarquer Igor de Russie, une fois qu’un mouvement va commencer à se développer contre le régime détesté de Moubarak, la classe ouvrière pourrait jouer un rôle très important.

    Avec la “contagion” de la crise économique qui s’étend à partir de la Grèce jusqu’en Irlande, et maintenant potentiellement à l’Espagne, au Portugal, à la Belgique et au Royaume-Uni, c’est la question de la survie même de l’euro qui est posée.

    Illustrant les tours de passe-passe financiers qui ont conduit à la crise économique, Robin d’Angleterre a décrit comment la valeur notionnelle de tous les “dérivatifs” est équivalente à onze fois la valeur de production annuelle mondiale ! Il a expliqué que la crise économique mondiale en cours en ce moment n’est pas juste une crise cyclique faisant partie du cycle normal de croissance et décroissance du système capitaliste, mais que c’est une crise basée sur l’absence de demande. Les plans d’austérité massifs ont réduit le pouvoir d’achat des travailleurs.

    Aron d’Allemagne a fait une contribution au sujet de la tendance vers des mesures protectionnistes, dans la lutte pour une plus grande part du marché mondial. C’est là la trame de fond derrière la “guerre des devises” qui se déroule en ce moment. Les États-Unis ont lancé un autre tour massif de “facilitation quantitative” (c’est à dire, la création d’argent à partir de rien) et tentent d’inonder le monde de dollars afin d’améliorer leurs opportunités d’exportation. Paraphrasant un politicien américain, Aron a résumé ainsi l’attitude de l’administration américaine : ‘‘C’est notre monnaie, mais c’est votre problème’’.

    Cependant, les États-Unis ne peuvent pas simplement claquer des doigts et s’attendre à ce que le reste du monde accoure se mettre en rang. Peter a expliqué que l’État chinois est loin de se porter volontaire pour prendre les coups, et a exprimé la menace comme quoi si la Chine devait réévaluer sa monnaie, le monde assisterait à la fermeture de 40 millions d’usines chinoises, ce qui pourrait entrainer un mouvement de masse de la classe ouvrière chinoise, une perspective qui suscite des sueurs froides chez les gouvernements de tous les pays.

    Les conflits

    Mais la guerre des monnaies n’est pas le seul conflit qui menace le monde. La friction entre les Corées du Nord et du Sud pourrait se développer. L’Irak est une plaie béante et Judy d’Angleterre a montré que la guerre d’Afghanistan, qui est maintenant perçu comme la guerre d’Obama, est impossible à remporter pour l’impérialisme.

    Ceci sape le soutien en faveur d’Obama mais, comme Philip des États-Unis l’a dit, ce n’est pas le seul facteur de mécontentement : il y a aussi la colère croissante de la classe ouvrière et de la classe moyenne face au chômage, aux expulsions de domicile, et à d’autres effets de la crise sur leur vie de tous les jours.

    Sur base de cette expérience, c’est un sentiment anti-establishment qui a dominé les élections de novembre aux États-Unis. Le Tea Party, qui cherche à se faire passer comme l’alternative au statut quo tout en étant en réalité lié à des personnes telles que les dirigeants de la chaine Fox News, chaine droitière et pro-capitaliste, pourrait bien tirer profit de ce sentiment et de l’absence d’une alternative ouvrière de gauche. Toutefois, un sondage a révélé la nécessité urgente et le potentiel pour un tel parti, puisque plus de la moitié des personnes qui y ont répondu déclaraient avoir une mauvaise image du Parti démocrate tout comme du Parti républicain. En fait, le Tea Party a lui-même provoqué deux contre-manifestations à Washington.

    La riposte de la jeunesse

    Ty, des États-Unis, a décrit les batailles héroïques qui se sont déroulées dans le secteur de l’éducation. Des étudiants, des enseignants et des parents se sont organisés contre les coupes budgétaires et contre les attaques brutales contenues dans le programme scolaire Charter.

    Même alors qu’ils sont en train de mettre en place des plans de relance pour les grandes boites, les gouvernements vont tenter de forcer leur agenda néolibéral qui consiste à reprendre l’ensemble des précédents acquis de la classe ouvrière, tels que l’éducation, la santé et les pensions.

    Mais l’action estudiantine aux États-Unis n’est qu’un exemple parmi une nouvelle vague de mouvements de la jeunesse qui est en train de se développer. Vincent de Hong Kong a raconté comment 2.000 étudiants chinois ont démoli la cafétéria privatisée de leur campus lors d’une bataille autour de l’augmentation du prix des bouteilles d’eau. Au Royaume-Uni, les étudiants et les lycéens sont en marche en ce moment-même. En Grèce, en Malaisie, en Italie et en Irlande, les étudiants se battent pour leur avenir.

    Au Nigéria, où l’âge moyen est de 19 ans, la lutte pour l’avenir fait partie de la vie de tous les jours. Segun du Nigéria a dépeint l’horreur de la vie des travailleurs sous le capitalisme dans le monde néocolonial. Toutes les promesses rompues en terme de route, d’écoles, etc. a mené certains vieux travailleurs à commencer à penser que la vie était peut-être meilleure du temps de la colonie. Il a décrit à quel point la privatisation et la soif de profit peuvent devenir extrêmes, avec l’exemple d’une route privatisée de 6 km mais qui compte trois péages !

    Cependant, la classe ouvrière a montré sa force potentielle dans les huit fantastiques grèves générales de la dernière décennie. Le défi est maintenant de mobiliser ce potentiel dans une lutte pour changer la société.

    La crise environnementale

    La crise du changement climatique et la destruction de l’environnement ne sont qu’une des nombreuses preuves qui toutes démontrent à quel point l’idée du capitalisme en tant que système progressiste a été discréditée. Bart de Belgique a proposé des mots d’ordre qui puissent trancher à travers le scepticisme qui peut se développer face à des mesures soi-disant “vertes” telles que les taxes environnementales. Les socialistes doivent lier ce problème à celui de la crise générale, en remettant en question le droit à la propriété privée de la recherche scientifique, et avec des revendications telles que des emplois écologiques et la reconversion des usines.

    La discussion a bien confirmé que le sentiment et la compréhension de la classe ouvrière, de la jeunesse et de certaines couches de la classe moyenne est en train de changer et d’évoluer à travers l’expérience de la crise économique, politique et sociale, et surtout l’expérience des luttes émergentes.

    Le sentiment parmi les travailleurs et la jeunesse

    Les sentiments anti-banquiers, anti-establishment et anti-politiciens sont très vivaces. Sascha d’Allemagne a expliqué qu’il y a un potentiel pour un développement très rapide de ce sentiment, et que parmi certaines couches, il a acquis un caractère anticapitaliste plus prononcé. Au fur et à mesure que s’accentue l’expérience de la pire crise depuis les années ′30 et que pleuvent les coupes budgétaires qui s’abattent sur la classe ouvrière, il va y avoir une mise en question de plus en plus grande de la manière dont ces coupes peuvent être combattues et de quelle est l’alternative.

    Mais cela ne veut pas dire que les attaques violentes sur le niveau de vie vont automatiquement conduire à une plus grande volonté de se battre et une plus grande ouverture aux idées socialistes. Il peut y avoir un effet d’hébétement sous le choc de la crise, comme on l’a vu en Grèce au début de la crise. La question de la direction de la classe ouvrière va également jouer un rôle dans l’évolution d’une conscience combative et socialiste.

    Ce qui est propre à cette situation, c’est le potentiel qu’a la classe ouvrière d’infliger des défaites aux gouvernements, divisés et hésitants. Des revirements soudains de tactique de la part de la bourgeoisie peuvent se produire. Tout en essayant de forcer la mise en œuvre de leur agenda néolibéral, ils peuvent passer en un tour de main de la hache de l’austérité à la planche à billets virtuelle afin de se lancer dans de nouveaux plans de relance. Lynn a souligné le fait que toute une série d’économistes qui naguère prêchaient le monétarisme sont maintenant en train d’appeler à de nouvelles mesures de relance.

    Kevin d’Irlande a décrit la situation du sud de l’Irlande comme étant “en gestation d’une révolte”, et la discussion a amené à la conclusion que, en ce qui concerne l’Irlande comme en ce qui concerne les relations mondiales, nous sommes véritablement entrés dans une période différente.

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