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Category: National
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Logements sociaux en Belgique: un désastre!
"Tout citoyen a droit à un logement décent. Voilà pourquoi il faut promouvoir un logement adapté, de bonne qualité dans un enviroennement approprié à un prix abordable et présentant des garanties de sécurité”. Dans la Constitution, le droit à un logement décent a été ajouté. Mais, malgré ces belles déclarations, on est bien obligé de constater que la satisfaction de ce droit n’est pas, dans les faits, une réelle priorité et qu’au contraire, la tendance générale en cette matière est plus à la régression qu’au progrès social.
Karel Mortier
Dans notre pays, toutes régions confondues, on compte près de 140.000 personnes (74.000 en Flandre, 21.000 à Bruxelles et 43.000 en Wallonie) inscrites sur des listes d’attente pour obtenir un logement social.
En moyenne, une famille bruxelloise consacre plus de 30% de son budget pour lelogement.
En Flandre, pour plus de la moitié des locataires, le budget logement représente 20% du budget..
Un cinquième des locataires consacre plus de la moitié de son revenu au loyer. A Bruxelles, plus de la moitié de la population a droit à un logement social.mais à peine 8% des habitants de la Région de Bruxelles-Capitale voient ce droit satisfait. En Flandre, les besoins existant en la matière impliquent la construction de 100.000 à 180.000 logements supplémentaires. Au rythme actuel de 3.000 habitations neuves par an, il faudra soixante ans pour que toutes les personnes ayant droit actuellement à un logement social puissent l’obtenir ! En Belgique, à peine 6% du parc immobilier est constitué de logements sociaux. La moyenne européenne se situe aux alentours des 17% contre 36% aux Pays-Bas, pays dont le PNB est plus élevé que celui de la Belgique.
De plus, la qualité de nombre d’habitations laisse à désirer. En comparaison avec les pays avoisinants, la Belgique se caractérise par un parc immobilier relativement vieux, ce qui infirme clairement l’adage selon lequel le belge a une brique dans le ventre car nous construisons relativement peu de logements neufs..
En Wallonie, c’est surtout dans les régions de vieille industrialisation que la mauvaise qualité des habitations et la vétusté des logements sont les plus criantes entre autres parceque les locataires dans ces régions n’ont pas les moyens financiers pour entretenir ces habitations.
En Flandre, tous les 10 ans, on procède à une enquête portant sur la qualité des logements et on a pu constater que près de 300.000 logements sont de mauvaise qualité et qu’un locataire sur cinq habite dans un de ces taudis. En région bruxelloise, un code du logement définissant des critères de qualité a seulement été adopté en 2003.
Les partis traditionnels excellent dans l’art de multiplier les lois et décrets mais ils éprouvent les pires difficultés à les appliquer dans la pratique. Dans un grand nombre de cas, comme par exemple la lutte contre les logements abandonnés et la vétusté, on peut voir que les droits des propriétaires sont davantage protégés que ceux des locataires, même si personne ne l’avouera aussi clairement.
Les élections communales étant une fois de plus en vue, on peut constater que les partis traditionnels ont redécouvert le problème du logement. Laurette Onkelinx a émis une proposition afin de bloquer les loyers dans un certain nombre de zones avec comme perspective les élections communales à Schaerbeek. Cette proposition a été rejetée par les libéraux parce que selon eux, cela risquerait de renforcer la pénurie de logements sur le marché locatif privé.
Côté flamand, il semble que des partis comme le SP.a et Groen aient décidé de faire du logement un thème de campagne. Le SP.a a lancé l’idée d’augmenter l’offre de terrains à bâtir et de vendre ces derniers pour 60% de leur valeur sur le marché de façon à ce que “chacun” puisse bâtir son logement.
Il est évident que les positions du SP.a concernant le logement reflètent les préoccupations des ménages à deux revenus et des jeunes diplômés universitaires qui éprouvent de plus en plus de difficultés à se procurer un logement à un prix abordable. Le SP.a, tout comme le ministre libéral flamand du logement Marino Keulen, pense que ces ménages à deux revenus pourront jouer un rôle dans l’amélioration des relations sociales dans les quartiers à problèmes d’un grand nombre de villes flamandes.
C’est pourquoi le montant total des exonérations fiscales destinées à stimuler l’accession à la propriété équivaut au triple du budget régional consacré au logement social.
Tout cela montre que les partis traditionnels manquent de la volonté nécessaire à la résolution des problèmes fondamentaux qui sont bien connus depuis des décennies et pour lesquels personne ne s’est jamais vraiment bougé.
Comme les élections sont en vue, tout ce beau monde va venir avec sa petite proposition et un tas de belles promesses – souvent les mêmes qu’aux élections précédentes – qui seront jetées aux oubliettes une fois qu’il faudra les traduire en actes et en argent.
Pour casser ce cercle vicieux, une alternative sur le plan politique est nécessaire pour pouvoir mener une politique décente du logement, qui mette avant tout l’accent sur la lutte contre les logements abandonnés et la vétusté ainsi que sur la construction massive de nouveaux logements sociaux.
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PS et SP.a. Il n’y a plus d’excuses
Depuis le Pacte des générations, rien ne va plus entre le SP.a et la base de la FGTB en Flandre. De plus, toutes les tentatives du SP.a de se profiler plus à gauche tournent au fiasco. Du côté francophone, le fossé entre la base de la FGTB et le PS semble moins profond, mais l’idée de couper les liens y fait son chemin également.
Eric Byl, membre du Bureau exécutif du MAS, ancien membre du Bureau national des Jongsocialisten et ancien secrétaire politique du SP à Grammont.
PS: dissimuler le néolibéralisme derrière une rhétorique communautaire
Les dirigeants du PS et du SP.a l’ont bien compris. Leur attitude dans la lutte contre le Pacte des Générations n’est pas près d’être oubliée. Le PS se traîne à 28% dans les sondages, loin en-dessous des 36% qu’il avait obtenus lors des élections de 2004. Depuis lors, le parti est aux prises avec d’innombrables scandales et son plan Marshall pour relancer la Wallonie est très néolibéral. Si une nouvelle formation de gauche ne voit pas le jour d’urgence pour capter les suffrages des déçus, la Wallonie connaîtra un nouveau dimanche noir.
Le PS en est conscient. Il tente de redorer son blason auprès des jeunes par une proposition de dépénalisation de l’usage du cannabis pour les plus de 16 ans ; il tente la même opération auprès des travailleurs par une proposition de loi visant à instaurer un représentation syndicale dans les PME de plus de 20 travailleurs. Fort bien. Mais le PS ne fait rien pour créer un rapport de force pour faire aboutir ces propositions. Va-t-il en faire une question de gouvernement? Chiche !
Une fois que ces effets d’annonce se seront dissipés, le PS va sans doute tenter de rééditer le tour de force de 1987 en profilant le PS comme le défenseur des francophones face à l’agressivité flamande. Il va se retrancher derrière la soif de nouvelles compétences des politiciens flamands pour cacher sa responsabilité dans la politique néolibérale de régression sociale.
SP.a : le populisme ne paie pas
Les dirigeants du SP.a n’en mènent pas large. Ils se sont profilés ces dernières années comme des bûcheurs de dossiers et comme les principaux auteurs de la politique néolibérale de régression sociale. Jadis le populisme de Stevaert pouvait encore faire illusion, avec sa politique de gratuité et ses sorties médiatiques. Stevaert, patron d’une chaîne de cafés, savait s’y prendre pour plaire aux travailleurs et à leurs familles.
La seule sortie dont le nouveau président du SP.a et ancien vice-premier ministre a été capable – «qui tourne le dos au SP.a lorgne vers la droite» – était une injure à l’adresse de la base de la FGTB. Une tentative de sa collègue Freya Vanden Bossche de se profiler comme celle qui allait faire payer le secteur pétrolier s’est soldée par un fiasco. Cela lui a valu de faire la une de l’hebdomadaire Knack qui a titré « Qui a encore confiance en Freya ? »
Le professeur Vande Lanotte n’est pas un patron de café. Sa sortie populiste – réduire de moitié les effectifs de l’armée – a eu l’effet inverse. Les pacifistes et les antimilitaristes se souviennent du plaidoyer du SP.a pour la Constitution européenne qui prévoit justement d’augmenter les dépenses militaires. En outre, Vande Lanotte a réussi à inquiéter 40.000 familles de militaires qui voient leur sécurité d’emploi menacée sans qu’une alternative ne leur soit proposée. La nouvelle déclaration de principes du SP.a ressemble à un livre de recettes néolibérales qui n’a rien à envier au Manifeste du Citoyen de Verhofstadt.
Le SP.a a perdu sa base active
Voilà 10 ans que les prédécesseurs du MAS ont cessé de travailler dans le SP afin de construire une organisation indépendante. Le SP tournait alors déjà le dos à une partie importante de sa base traditionnelle. Le travail de quartier, les fêtes du parti, les maisons du peuple et une riche vie associative ont été remplacés par des campagnes publicitaires et des bals de gala où les militants n’avaient plus leur place. Les travailleurs en action se heurtaient frontalement au SP. Les habitants des quartiers s’en détournaient à cause de sa politique de rénovation urbaine taillée sur mesure pour les bien nantis. Le SP n’était plus le parti des travailleurs et de leurs familles. Si les prédécesseurs du MAS avaient continué à travailler au sein du SP, nous aurions été réduits à l’impuissance comme ce qui reste de la gauche au sein du SP.a.
Nombre de travailleurs ont quitté le PS et le SP. D’autres, surtout des syndicalistes, leur sont restés fidèles à contre-coeur par manque d’une alternative large et suffisamment implantée, avec l’espoir de contrer la droite. Le fait que même un secrétaire national de la FGTB comme Verboven soit maintenant obligé de remettre prudemment en question les liens avec le SP.a démontre que ce parti est en train de perdre ce qui lui reste de crédit. Au lieu de contrer la droite, le PS et le SP.a sont en effet devenus les instruments par excellence pour faire avaler la politique d’austérité néolibérale aux travailleurs. Celui qui pense pouvoir détourner le paquebot PS de sa route vient 20 ans trop tard.
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Salaires trop élevés? Les nôtres ou les leurs?
Le salaire mensuel net moyen d’un travailleur belge est de 1.487,7 EUR. Anton van Rossum, ancien patron de Fortis, touchait 2.400.000 EUR par an!
Geert Cool
Les chriffres
Prix du diesel à la pompe en 5 ans : + 40%
Coûts hospitaliers en 6 ans : + 41%
Loyers d’un logement social en 3 ans : + 13,8%
Loyers à Bruxelles en 3 ans : + 25%
Prix des terrains à bâtir en 10 ans : + 150%
Pouvoir d’achat des salariés en 10 ans: – 2 %Plusieurs produits de base ont furieusement augmenté ces dernières années. Acheter ou bâtir une maison, pour beaucoup de jeunes familles, est de l’ordre du rêve. Les frais de transport et de soins hospitaliers ont également augmenté de manière astronomique. Entretemps, l’index a déjà été attaqué par une adaption technique qui a pour conséquence que l’adaptation des salaires au coût de la vie doit attendre 3 mois supplémentaires.
Le litre de diésel revenait en février 2001 à 0,77 euro. Il coûte aujourd”hui 1,07 euros. Les coûts hospitaliers ont, eux, augmenté de 41% entre 1998 et 2004.
Toujours à titre d’exemple, alors qu’en 1976, seuls 13% des Flamands dépensaient plus de 20% de leur revenu pour leur loyer, ils sont 57,4% à le faire en 2004! 29% des locataires d’un logement social dépensent plus de 20% de leur revenu pour le loyer. La situation en Wallonie et à Bruxelles est similaire. Pour de nouveaux locataires, les loyers entre 1998 et 2001 ont augmenté de 40% en moyenne. Il n’est dès lors pas surprenant que 24,6% des locataires belges soient officiellement sous le seuil de pauvreté.
En l’espace de dix ans, le pouvoir d’achat des salariés a diminué de 2%. Il est évident que l’adaptation existante des salaires au coût de la vie par l’intermédiaire de l’index est insuffissante en soi.
Malgré cela, le patronat et les partis traditionnels prétendent que nos salaires sont trop élevés. La Banque Nationale, la FEB, l’Union des Classes Moyennes, etc réclament «une modération salariale soutenue». L’Union des Classes Moyennes veut supprimer l’index par «une indexation aux forces concurrentielles», pour que les salaires n’augmentent pas en fonction du coût de la vie, mais bien en fonction de l’évolution des salaires des pays voisins, sans tenir compte évidemment de la productivité belge qui est plus importante.
A la fin de l’année viendront les discussions pour le nouvel Accord Interprofesionnel où syndicats et patronat conclueront des accords salariaux pour les deux ans à venir. Le patronat n’a que la régression sociale à offrir aux salariés. La réponse doit être la lutte. Le mouvement contre le Pacte de Solidarité n’était qu’un début.
Dans cette lutte pour défendre nos salaires, nous ne pouvons pas compter sur les partis traditionnels. Tous défendent la même logique patronale. Le président des socialistes flamands a même déclaré à propos de son parti: «Je ne connais personne qui ait défendu avec tant d’ardeur les intérêts des entreprises». La soi-disante opposition chrétienne (cdH, CD&V) et le Vlaams Belang jugeaient, eux, que le gouvernement n’allait pas assez loin dans ses attaques contre les prépensions.
Ceux qui aujourd’hui en ont assez de subir les attaques sur nos salaires ne disposent pas d’un large parti politique. Le fait que certains groupes et figures comme Jef Sleeckx (ancien parlementaire SP.a) et Georges Debunne (ancien président de la FGTB) vont dans la direction d’une nouvelle formation politique, peut apporter une solution à cela. Le MAS/LSP soutiendra à fond cette initiative car elle signifiera un renforcement fondamental dans la lutte contre l’offensive patronale. n
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Bouhouche et De Clerck. Une lutte très sélective contre la criminalité et la fraude
Le gouvernement annonce qu’il va à l’avenir intensifier la lutte contre la fraude. Il pense entre autres aux “fraudes aux allocations”, aux chômeurs qui perçoivent une allocation alors qu’ils n’en ont pas le droit en suivant strictement les règles. La lutte contre le terrorisme est elle aussi rendue plus intense par l’introduction croissante de mesures répressives. Mais parallèlement, la lutte contres les grands fraudeurs et criminels est loin d’être aussi sévère.
Geert Cool
Famille De Clerck: 400 Millions d’euros de fraude fiscale
L’an dernier, le contrôle de 25.000 dossiers de chômeurs par l’ONEM a rapporté 9,7 millions d’euros. La vitesse à laquelle fonctionne la procédure est stupéfiante. Mais ces chômeurs ne font pas partie de la famille De Clerck. Dans une enquête – qui dure depuis déjà 15 ans! – visant les sommets de l’entreprise Beaulieu contrôlée pâr la famille De Clerck, la décision pour un éventuel renvoi devant un tribunal est postposée en juin. Pourtant, on parle ici d’un cas d’escroquerie pour une somme de 400 millions d’euros!
Le lent fonctionnement de la justice peut mener au classement pour prescription et sans aucune conséquence d’une des plus grandes affaires de fraude. Et il faut le faire: frauder 400 millions d’euros et ne pas être condamné!
Mais la famille De Clerck appartient aux plus hauts cénacles: à la fête d’anniversaire de Roger De Clerck en 1999 se trouvaient notamment George Bush sr. et Margaret Thatcher.
Bouhouche: une retraite paisible dans le sud de la France
On a vu récement un renforcement des mesures répressives dans la lutte contre le terrorisme. Un ex-terroriste de haut vol, Madani Bouhouche, a toutefois pu jouir d’une vie tranquille dans sa ferme dans le sud de la France. Nous le savons maintenant pour une seule raison: il est décédé.
Loin d’être un petit terroriste, il a avoué – après la prescription des faits – un vol retentissant d’armes ultramodernes à la brigade anti-terroriste de ce qui était encore la gendarmerie belge, le soir du reveillon de nouvel an de 1981. Lorsqu’il était encore à la BSR, il a été impliqué dans un règlement de compte contre son propre chef, Vernaillen. Une fusillade eut lieu chez celui-ci, qui rendit sa femme invalide permanente à 40%. Après cela, l’enquête de la BSR a été dirigée par Madani Bouhouche lui-même…
Bouhouche provenait des milieux d’extrême-droite actifs au sein de la Sûreté de l’Etat et de la gendarmerie. Il fut membre du Westland New Post (WNP), tout comme Christian Smet (commissaire à l’Administration de la Sûreté de l’Etat et responsable de l’enquête sur les groupes d’extrême-droite à Bruxelles et dans le Brabant Wallon). Lors d’une perquisition, une quantité non négligeable de propagande d’extrême-droite a été retrouvée chez Bouhouche, notamment une collection de photos d’Adolf Hitler. Le nom de Bouhouche est aussi cité pour le meurtre (en prison) de Latinus, dirigeant du WNP, et pour celui de l’ingénieur de la FN Juan Mendez,… A la gendarmerie et à la Sûreté de l’Etat se trouvaient beaucoup de sympathisants et d’activistes d’extrême-droite se protégeant les uns les autres. Même l’ancien chef de la Sécurité d’Etat, Albert Raes,a été cité dans plusieurs scandales.
La série de braquages sanglants dans les supermarchés au début des années 1980 a plongé le pays dans la terreur. Les tristement célèbres tueurs du Brabant n’ont laissé que mort et de destruction dans leur sillage. Bouhouche a plusieurs fois été cité comme une figure impliquée dans ces attentats. Il apparaissait aussi clairement qu’il s’agissait d’un réseau d’extrême-droite avec des ramifications, et non des moindres, dans l’establishment.
Lors d’une interview accordée des années plus tard, Bouhouche déclarait: “C’est évidemment grave, ces 28 personnes qui ont été tuées par la Bande. Je trouve cela horrible moi-même. Mais chaque année, il y a beaucoup plus de gens qui décèdent dans la circulation. Est-ce qu’on vient m’emmerder avec ça?”
Ces dernières années, Bouhouche a pu aller vivre de ses rentes dans le sud de la France. Sans aucun problème avec la justice, l’ex-terroriste a pu garder des contacts avec ses anciens amis. Il était même actif dans une société de location de son vieil ami Weyskamp, lui aussi ancien membre du WNP. Il possédait également une collection d’armes.
La soi-disant “lutte contre le terrorisme” est utilisée aujourd’hui pour faciliter les écoutes téléphoniques et les perquisitions,… En même temps, plus de 20 ans après les premiers attentats des tueurs du Brabant, il n’y a toujours pas de clarté sur les vrais responsables de cette vague de terrorisme.
Apparemment la lutte contre la fraude et le terrorisme suit d’autres règles quand elle concerne l’establishment…
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Le vote sur le Pacte des Générations: La Chambre n’entretient même pas l’illusion de démocratie
Le vote sur le Pacte des Générations
Seuls 3% des 150 représentants du peuple démocratiquement élus – ou doit-on dire “achetés” – ont voté contre le Pacte des Générations. Les partis de la majorité ont voté pour et, à l’exception des 4 élus d’Ecolo, l’opposition s’est abstenue, tout simplement parce que les attaques contre les travailleurs n’allaient pas assez loin pour eux. Voilà la démocratie “proportionnelle” ou ce qui doit y ressembler.
Eric Byl
Les syndicats ont néanmoins unanimement refusé d’approuver le pacte. Ensemble, ils organisent 76% des 3,6 millions de travailleurs et 35% des électeurs (*). De plus, beaucoup de non-syndiqués soutenaient le mouvement.
On peut évidemment, comme les politiciens et la presse ont essayé de le faire avant la grève du 7 octobre, présenter tous ces militants et leurs syndicats comme des conservateurs isolés.
Mais même à cette époque, cela a été démenti par une enquête du VUM (groupe de journeaux néérlandophones) qui démontrait que 40% des sondés soutenaient la grève de la FGTB alors que seulement 25% soutenaient l’approche du gouvernement. Ce soutien au mouvement n’a évidemment pas faibli quand la CSC a rejoint la lutte.
Au lendemain de la grève avec manifestation du 28 octobre, même le journal gouvernemental De Morgen a dû admettre que les syndicats pouvaient compter sur un large soutien social. “Croisons les doigts”, ajoutait le journal, “que le SP.a ne soit pas défié à sa gauche”.
Le mouvement social contre le Pacte des Générations n’a pas trouvé la moindre expression à la Chambre! Que le droit de vote et l’égalité, formelle, devant la loi ne sont pas des garanties de démocratie, on le savait déjà depuis longtemps.
Tant qu’une poignée de capitalistes monopolisent la production totale et choisit arbitrairement des politiciens à coup de campagnes excessivement chères, payées par le citoyen via les dotations publiques, notre “représentation” politique va rester limitée au remplacement d’un politicien bourgeois par un autre.
On peut faire beaucoup avec l’argent, surtout quand on contrôle les medias et que l’on a donc tout un arsenal de propagande idéologique. Qui peut y résister? Le budget électoral du MAS, totalement payé par nous-même, n’est même pas un 500ième de celui d’un parti traditionnel. Mais la propagande et l’argent ont leurs limites.
De plus en plus grandit l’appel pour une nouvelle formation de gauche dans laquelle toutes les forces opposées à la politique néolibérale pourraient se réunir. Cet appel va devenir plus fort à mesure que la soif de profits et l’arrogance du patronat et de ses valets politiques augmentera.
Contre la puissance de l’argent et des groupes financiers, le mouvement ouvrier ne peut opposer qu’une force: celle de son nombre et de son organisation. En Allemagne, une telle formation a obtenu dans sa première participation électorale 8,7% et 54 élus. C’est aussi possible en Belgique.
(*) Pour le nombre de travailleurs: http://www.belgostat.be/belgostat/PublicatieSelectieLinker?LinkID= 571000014|910000082&Lang=N Pour le nombre de syndiqués: http://steunpuntwav.test. smartlounge.be/steunpuntwav/view/nl/79936
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Qu’est-ce qui fait tenir Verhofstadt?
En septembre et en octobre, nous avions écrit qu’une chute de la coalition violette était plus que probable. Depuis plusieurs mois, le gouvernement semblait à l’agonie. Tous les dossiers délicats étaient repoussés aux calendes grecques et la cacophonie régnait entre ses différentes composantes. Lorsque la CSC brandit cet été la menace d’actions de grève contre les notes d’orientation concernant les fins de carrière, le chant du cygne semblait tout proche.
Els Deschoemacker
Le VLD faisait 16% dans les sondages et était victime de dissensions internes. Seul le PS de Di Rupo avait des raisons d’être optimiste. C’était avant la série des scandales politico-financiers qui ont entamé cette euphorie.
Di Rupo n’est pas seulement le président du PS mais aussi le ministre-président wallon. On ne saurait trouver de meilleure illustration de la faiblesse du plus grand parti du pays. De nouvelles élections représentaient une occasion unique de renforcer sa position dominante et d’emmener le CD&V en coalition pour appliquer les plans d’assainissement budgétaire du patronat sans rencontrer trop d’opposition syndicale.
Le facteur le plus important, et la surprise de l’année, fut l’appel à la grève générale de la FGTB le 7 octobre, action dirigée contre le pacte des générations. Auparavant, la stratégie du «voir, entendre et surtout se taire» semblait caractériser la FGTB en ce qui concerne la discussion sur les fins de carrière. De toute façon, la CSC avait mis en avant un langage combatif et semblait prête à l’être.
La pression émanant de la base de la FGTB l’emporta alors sur la direction qui fut rappelée à ses devoirs à l’occasion de réunions militantes. A la base, une résistance intransigeante a vu le jour contre la mise à mal de nos pensions. Avec son appel à la grève, la FGTB a mis le feu à la plaine. La grève fut bien suivie et ne porta pas exclusivement sur le pacte des générations. Il s’agissait plutôt d’une expression d’un mécontentement généralisé contre la politique néolibérale. Aux Pays-Bas et en France, ce mécontentement a été à la base du rejet de la Constitution européenne. En Allemagne, c’est ce même sentiment qui est à l’origine de l’émergence du Linkspartei. Après toutes ces années de coupes sombres sur le plan budgétaire, les travailleurs et leurs familles en ont assez.
Le CD&V souhaitait faire tomber le gouvernement. Mais sûrement pas en s’alignant sur un mouvement de lutte contre le pacte des générations! Une lutte qui aurait conduit à la chute du gouvernement lui apparaissait comme un pas de trop dans son jeu de récupération politicienne. En effet une chute du gouvernement suivie d’élections aurait conduit de facto à un test sur toute velléité d’attaque contre les pensions. Et cela aurait placé n’importe quelle future coalition gouvernementale dans une position délicate…
La direction de la CSC abandonna dès lors très vite sa rhétorique combattive. Elle entendait surtout apporter des corrections au pacte des générations mais partageait l’ambition d’augmenter le taux d’activité des aînés.
Ces différents faits nous permettent de saisir le nœud du problème: l’absence de programme alternatif au sein de la direction syndicale qui tranche singulièrement avec la combativité de la base!
Le gouvernement aurait pu tomber et, sur base d’une alternative claire, les travailleurs auraient renvoyé les néo-libéraux à leurs chères études. Les leaders syndicaux ont opté pour un atterrissage en douceur. C’est ce qui a permis le sauvetage du gouvernement.
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Les lois anti-terroristes nous touchent tous!
La classe dirigeante en Belgique comme ailleurs se dote de nouveaux moyens pour renforcer la lutte contre le terrorisme. Les dirigeants capitalistes instrumentalisent à outrance la remontée des attentats terroristes pour instaurer un climat de peur et renforcer leur appareil répressif. Au-delà de l’inefficacité de telles mesures et de leur coût exorbitant, c’est bien d’une vague d’attaques contre nos droits démocratiques dont il s’agit.
Stéphane Delcros et Cédric Gérôme
Suite au récent attentat kamikaze perpétré par une Belge en Irak, la Ministre de la Justice Onkelinx tente de faire passer un avant-projet de loi renforçant les moyens policiers et judiciaires face à une menace terroriste. Le gel de certains comptes bancaires sera facilité, des perquisitions à toute heure et des écoutes par téléphone ou micro caché seront autorisées. Toutes les données récoltées par la police seront en outre confinées dans un dossier secret auquel ni l’accusé, ni l’avocat n’auront accès.
La Belgique est loin d’être le seul pays à adopter des lois antiterroristes; le Parlement européen a adopté récemment une directive permettant la conservation des données téléphoniques et électroniques pour une durée de 6 à 24 mois et donnant plein droit à la police de les consulter.
Après le 11 septembre 2001, les Etats-Unis avaient adopté le Patriot Act, loi antiterroriste d’exception qui décuple les pouvoirs de la justice et de la police. Adopté initialement pour une durée de quatre ans, le Patriot Act était en passe d’être reconduit indéfiniment, mais cette dernière proposition a été -temporairement, du moins- rejetée par le Sénat, suite aux nombreux scandales qui ont éclaboussé la Maison-Blanche et la mettes dorénavant sur une position défensive. On ne compte plus les abus policiers et judiciaires basés sur cette loi, notamment en matière de surveillance de la population. La mise sur écoutes de la population américaine et les pratiques d’espionnage du Pentagone ne sont cependant pas nouvelles: ce genre de mesures furent largement utilisées contre des groupes hostiles à la guerre du Vietnam et des organisations de défense des droits civiques dans les années ’70.
En Grande-Bretagne, les lois antiterroristes prennent une ampleur démesurée. Plusieurs millions de caméras filment désormais les faits et gestes de la population. Après les attentats de Londres en juillet dernier, le gouvernement de Blair a encore durci son programme avec une nouvelle loi qui prévoit notamment la prolongation de la garde à vue à 3 mois pour les personnes suspectées de terrorisme.
A la suite de l’explosion des banlieues, la classe dirigeante française a adopté puis prolongé pour 3 mois l’état d’urgence, se référant à une loi qui n’avait pas été invoquée depuis un demi siècle dans l’Hexagone. Le gouvernement peut ordonner à la police de procéder à des arrestations massives, interdire les manifestations et censurer les médias. La police est autorisée à perquisitionner et restreindre les mouvements des personnes sans devoir fournir de preuves ou de raisons justifiant de telles actions. Ainsi, 11 des 24 propositions du Front National en matière de justice et de police ont déjà été mises en application par le gouvernement français.
Brandissant le prétexte de la menace terroriste, partout les gouvernements capitalistes consolident leur appareil de répression et restreignent les libertés publiques. L’interprétation des lois anti-terroristes étant extrêmement large, ces mesures s’avèrent très utiles afin de museler les mouvements sociaux.
Dans les années 80 déjà, Margaret Thatcher s’était servi d’une loi antiterroriste pour réprimer une grève de mineurs. On se souvient également des déclarations de plusieurs dirigeants européens n’hésitant pas à assimiler les militants anti-mondialisation à des terroristes. Cette année, en France, les unités antiterroristes du GIGN sont intervenues deux fois contre des actions syndicales. En Belgique, l’actuel procureur fédéral en charge de la lutte contre le terrorisme est Daniel Bernard, qui avait mené l’accusation dans le procès contre les syndicalistes de Clabecq.
Tout comme les actes de terrorisme servent de justification à la politique répressive de la bourgeoisie, cette dernière alimente le terrorisme et ne résoud rien. Les énormes moyens développés par la Grande-Bretagne dans son arsenal anti-terroriste n’ont pas empêché les attentats de Londres. Quant aux centaines de milliards de dollars investis par Bush dans sa " lutte contre le terrorisme ", ils n’ont pas permis d’endiguer le terrorisme mais ont au contraire stimulé son développement à travers le monde. Il est temps de sortir de ce cercle vicieux en construisant une véritable opposition qui combat le terrorisme en s’en prenant à sa racine : le système capitaliste qui le génère.
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Scandales à répétition, froid avec la FGTB, sondages en chute libre,… Le PS peut-il remonter la pente?
Scandales à répétition, froid avec la FGTB, sondages en chute libre,…
En un an et demi, le PS est passé d’un score de 36% aux élections régionales de juin 2004 à des intentions de vote qui ne sont plus que de 28% selon les derniers sondages. Cela signifie que, sur dix électeurs du PS, plus de deux ont l’intention de se faire la malle.
Jean Peltier
La raison de ce désamour massif, c’est évidemment la combinaison détonante des divers scandales (la douche d’Arena, la Carolo et les autres sociétés de logements sociaux, Francorchamps,…) et du soutien actif et sans faille du parti au Pacte de soi-disant Solidarité entre les Générations concocté par le gouvernement Verhofstadt.
Le PS peut-il se remettre d’une telle chute (qui n’est peut-être pas encore finie) ? Peut-il repartir comme si rien ne s‘était passé et espérer refaire un tabac aux élections communales de 2006 et fédérales de 2007? A première vue, cela paraît difficile… Pourtant cela s’est déjà produit plusieurs fois par le passé et encore tout récemment.
A la fin des années ’90, le PS se trouvait dans une situation fort proche de la situation actuelle. Il a connu alors plusieurs reculs électoraux, dont le pire a eu lieu en 1999, payant à la fois son soutien au plan Global de 1993 (un plan d’austérité du gouvernement chrétien-socialiste de Dehaene qui avait mis les syndicats dans la rue pendant plusieurs semaines), la suppression par les ministres Di Rupo puis Onkelinx de 6.000 postes d’enseignants dans le secondaire (qui avait provoqué des mois de grèves, d’actions et de manifestations) et une série d’ « affaires » retentissantes (l’assassinat d’André Cools, les pots-de-vin d’Agusta qui avaient coûté leur carrière à Spitaels, Coëme et Mathot,…). A ce moment déjà, le PS avait été prestement enterré et les faire-part envoyés par de nombreux commentateurs. Et pourtant, à la faveur de la prise du pouvoir par Di Rupo et du changement d’alliance gouvernemental avec les libéraux et les écolos, le PS a réussi à se redresser électoralement et à faire de véritables cartons en 2003 et 2004.
Alors, les problèmes actuels, juste un mauvais moment à passer ? Ce n’est pas sûr et pour, au moins, trois raisons.
D’abord, pour beaucoup d’électeurs du PS, ce qui s’est passé à la rentrée est beaucoup plus grave que les « affaires » qui avaient plombé le PS dans les années ’90. A ce moment, des dirigeants du parti avaient contourné la légalité pour remplir les caisses du parti, sans en tirer un profit personnel. Aujourd’hui, des mandataires du parti se remplissent les poches en puisant de l’argent dans les caisses des sociétés de logements sociaux au détriment d’habitants à bas revenus.
Ensuite, la «positive attitude» que Di Rupo espérait développer grâce à son Plan Marshall (« Tous ensemble pour relancer la Wallonie ») et utiliser au bénéfice politique du PS a pris une méchante décharge de chevrotine avec le scandale de La Carolo et les diverses révélations sur la manière dont les dirigeants locaux du PS utilisent le pouvoir qu’ils détiennent dans les administrations, les intercommunales et les sociétés de logement.
Mais la raison la plus profonde qui fait douter de la capacité du PS à se relancer durablement, c’est la cassure de plus en plus profonde entre un nombre grandissant de syndicalistes FGTB et un parti qui, participant au gouvernement depuis bientôt 18 ans, a soutenu tous les plans d’austérité, vendu au privé la CGER, Belgacom, Cockerill et un paquet d’autres entreprises publiques, participé au remplacement de l’index par un index-santé truqué, mis en œuvre la «norme salariale» qui impose une modération salariale contraignante, appliqué les mesures de chasse aux chômeurs, avalé la réforme fiscale libérale de Reynders, réduit les impôts des sociétés et augmenté d’année en année les réductions de charges patronales,…
Chez beaucoup de syndicalistes grandit l’idée que le PS n’est même plus un «moindre mal» face aux libéraux et au patronat mais un parti comme les autres qui a abandonné les travailleurs, les pensionnés, les chômeurs et leurs familles au profit des gens aisés et du patronat.
Certes, faute d’alternative à sa gauche, le PS (comme d’ailleurs les autres partis sociaux-démocrates en Europe) peut certainement encore remonter dans les sondages et gagner des élections en agitant le danger de la droite et de l’extrême-droite. Mais la confiance et le soutien actif que lui ont apportés les travailleurs pendant des dizaines d’années s’évaporent de plus en plus vite. Et la possibilité de construire un nouveau parti qui mettrait au cœur de son programme et de son activité la défense des travailleurs grandit d’autant.
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Richesse et pauvreté en hausse. Une histoire de gagnants, mais surtout de beaucoup de perdants
Les coulisses de ce monde résonnent de bruits de fête. Les esprits chagrins se trompent, qui pensent que ce monde n’est qu’une vallée de larmes. Une très petite minorité vit dans un luxe inouï, accumule des quantités incalculables de capitaux et détermine la vie du reste de la population. Un petit exemple: En Amérique Latine, les 26 multimillionnaires les plus riches possèdent autant que les 130 millions les plus pauvres.
Bart Vandersteene
Depuis sa naissance, le capitalisme est un système économique qui mène à une concentration de capital, de richesses et de pouvoir. Tandis que l’élite peut se procurer un GSM pour quelques dizaines de milliers d’euros à la foire aux millionnaires, plus de la moitié de la population mondiale n’a jamais donné ou reçu un coup de téléphone. Le capitalisme a toujours été une histoire de gagnants, mais surtout de beaucoup de perdants. Des perdants qui sont sans cesse confrontés aux contraintes de l’existence.
Ce n’est pas seulement dans le lointain monde néocolonial que la misère détermine la vie de la majorité de la population. En Occident aussi, une frange sans cesse croissante de la population sombre dans la pauvreté absolue.
L’économie mondiale à la traîne depuis des années
Les médias publient régulièrement des articles euphoriques sur la situation économique. C’est de la pure propagande! Parallèlement à la croissance, nous voyons une baisse du pouvoir d’achat des travailleurs et de leurs familles. En 2004, la Belgique a connu une baisse du pouvoir d’achat de 0,5%.
Les économistes les plus sérieux reconnaissent que la croissance des dernières années n’est due qu’à la hausse de l’exploitation, notamment en Chine, et à une stimulation inédite de la consommation. Celle-ci se base sur un taux d’intérêt historiquement bas qui rend le crédit particulièrement bon marché. On nous incite à acheter à crédit et à nous endetter. On incite donc les travailleurs à dépenser ce qu’ils n’ont pas.
Aux USA, le taux d’épargne (la part du revenu qu’on épargne) se traîne à 1,5% depuis des années. C’est historiquement très bas et ça démontre qu’une grande partie de la population est submergée de dettes. Nombre d’entre eux ne pourront sans doute pas les rembourser.
La situation économique actuelle n’est pas stable à cause de l’éclosion de bulles financières sur le plan de la consommation et du crédit ainsi que dans le marché de l’immobilier.
Après l’effondrement du secteur des nouvelles technologies sur les bourses en 2000-2001, le capital est parti à la recherche de cieux plus cléments. Vu les taux d’intérêt historiquement bas beaucoup d’argent a été injecté dans le secteur immobilier. Cela a poussé le prix des maisons à la hausse ; le prix d’un logement moyen a crû cette année de 14% aux USA ! Une remontée des taux avec un crédit plus cher à la clé n’irait pourtant pas sans conséquences. Cela plongerait une partie importante de la population dans les problèmes financiers, ce qui peut mener à une hausse des ventes de logements et à un atterrissage brutal du marché de l’immobilier. Cela peut entraîner l’économie américaine dans une crise.
Les dettes sévissent aussi chez nous
La Belgique n’est pas épargnée non plus par une forte hausse du crédit. Les 6 premiers mois de 2005 ont ainsi connu un renchérissement du crédit de 14%. La moindre adaptation des taux d’intérêt a en outre des conséquences non négligeables pour ceux qui ont conclu un emprunt hypothécaire à taux variable.
La Banque centrale européenne a décidé de relever les taux à 2,25%, soit une hausse de 0,25%. Cela signifie que quelqu’un qui a conclu un emprunt récent de 100.000 euros sur 20 ans doit rembourser 40 à 50 euros de plus par mois. Pour bon nombre de familles, il ne s’agit pas de chiffres abstraits mais d’une difficulté de plus à nouer les deux bouts.
Le manque de logements sociaux, mais aussi, par exemple, la libéralisation du marché de l’énergie combinent leurs effets pour augmenter la pauvreté. C’est ce qui ressort d’une étude récente de l’Université d’Anvers. Le problème se pose avec le plus d’acuité parmi les plus de 65 ans (22,6% de pauvres) et les chômeurs (32%). La situation économique pourrait pourtant mener à une forte hausse du nombre de travailleurs pauvres (6,4% actuellement).
Les profits des 30.000 plus grandes entreprises ont crû de 9% en 2004
Le journal patronal Trends a révélé que les 30.000 plus grandes entreprises avaient enregistré un bénéfice net de 19,2 milliards d’euros en 2004, et cela sans compter Belgacom et les intercommunales. Cela correspond à une hausse de 9% par rapport à 2003.
Avec 19,2 milliards d’euros, on pourrait donner du travail à temps plein (avec un salaire brut de quelque 25.000 euros par an) à 750.000 personnes. Cela résoudrait le problème du chômage en Belgique, diminuerait les dépenses de la sécurité sociale et rapporterait en outre 1 million d’euros de cotisations en plus à celle-ci.
Mais les choses ne sont pas aussi simples. Les divergences d’intérêt entre capitalistes et travailleurs sont insurmontables. Les capitalistes n’admettront jamais que leurs bénéfices plantureux soient mis au service de la majorité de la population. Si le MAS lutte pour arracher tous les acquis possibles dans la situation actuelle, il ne saurait trop insister sur le fait que seule une société socialiste pourra garantir à tous une existence digne.
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Après le pacte des generations. Continuons le combat
Le mécontentement continuel du patronat et ses demandes ressemblent à la liste de Saint Nicolas d’un enfant gâté. La hausse de l’acier, du pétrole, de l’euro… sont autant de belles excuses pour justifier l’austérité imposée aux seuls travailleurs car les bénéfices des entreprises ne décroissent pas.
Nicolas Croes
Le pacte des générations n’était pas encore voté au Parlement que l’on parlait déjà lors du congrès du VLD d’une seconde attaque sur les fins de carrière. Cela ne pouvait que satisfaire le Fonds Monétaire International pour qui le Pacte, s’il va dans le bon sens, se caractérise surtout par sa «faiblesse». Mais, sans résistance, ce n’est pas seulement plus longtemps que les travailleurs se feront exploiter…
Pour Guy Quaden, gouverneur de la Banque Nationale (et membre du Parti «Socialiste»…), il y aurait une croissance économique de 2,2% en 2006. Ce serait une amélioration par rapport à l’année précédente, mais dont ne saurait profiter assez le beau monde des entreprises pour cause de handicap salarial. Quaden poursuit en comparant nos salaires à ceux des pays voisins, moins élevés et surtout non-indexés. Et c’est pour lui évidemment là que se situe le problème, dont la solution serait un «Pacte de Compétitivité» impliquant modération salariale, remise en question de l’index et de nouvelles baisses de charges pour les patrons… Il est hors de question de son point de vue de prendre en compte la productivité supérieure des travailleurs belges, cette donnée est probablement réservée aux patronats voisins, pour qui cela peut servir d’explication pour les bas salaires pratiqués chez eux. Quaden ignore aussi le coût de la vie sans cesse croissant, comme vient encore de le démontrer la récente étude du Service Public Fédéral de l’Economie qui calcule ce fameux index dans lequel n’est toujours pas prise en compte la hausse du pétrole.
La FEB est moins optimiste et prévoit une croissance de 2% (ce qui est toujours supérieur au 1,4% de cette année). Mais sur le fond, l’analyse est la même: nos revenus sont trop élevés. Les travailleurs sont doublement visés dans le rapport de la FEB qui demande aussi une diminution des dépenses publiques. Moins de services à la population, donc, et de nouvelles privatisations avec les conséquences que l’on sait.
A cela, il faut encore ajouter les pressions du Conseil Central de l’Economie et la bonne volonté du gouvernement pour appliquer les plus infimes désirs du patronat, seule voix «raisonnable» dans la société.
C’est la faiblesse qui attire les coups et pour stopper le racket, c’est par des actions résolues, massives, et unies que les travailleurs doivent répliquer. La logique du profit est aux seuls avantages des inustriels et autres exploiteurs. Nous ne l’acceptons pas!