Category: Amérique du Nord

  • Défendons la liberté d’expression dans les lycées de Boston

    Le 2 Novembre, nous avions organisé une manifestation qui devait sortir de notre école pour protester contre la guerre en Iraq et les recruteurs militaires. Cependant, mon directeur, Mr. Anselme, et mon préfet, Jonathan Diamond, nous ont informé sur le temps de midi que si nous participions à cette manifestation, nous serions renvoyés de l’école pendant trois jours. Beaucoup plus que si nous avions simplement séché les cours un autre jour pour n’importe quelle raison.

    Jennifer Hoerres

    Ceci est une violation de notre droit à la liberté d’expression, et empêche des douzaines d’étudiants intéressés de participer à la construction d’un mouvement qui défende les droits démocratiques.

    De toutes façon, une grosse partie d’entre nous décida de quitter l’école quand même. Les trois-quarts des élèves de notre école nous ont suivi. Je peux dire que je suis sortie la tête haute, sachant que j’agissais pour une cause juste.

    Je peux maintenant dire que j’ai appris quelque chose que mon école ne m’aurait jamais enseignée, une expérience de la vie. Je vous demande d’appeler ou d’envoyer un mail au directeur de notre école, ainsi qu’au préfet, et de leur demander de respecter notre droit à la liberté d’expression, et de supprimer les menaces de renvoi. ( leur adresse est en bas ) Les élèves des autres écoles secondaires à Boston ont reçu des menaces encore pires de leurs directeurs. Les écoles de Cambridge Rindge and Latin et de Boston Latin Academy ont eux aussi menacé leurs élèves de renvois.

    Ils essaient vraiment d’intimider les étudiants à la Boston Latin Academy. Nous avons reçu un mail d’un élève qui disait "J’étudie à la Boston Latin Academy, je suis en 8ème année ( càd 2è secondaire, NDT ) et j’ai quitté l’école aujourd’hui… Je suis allé dans la salle de jeu avec trois amis et ma copine. Nous avons tous été menacé d’un renvoi de trois semaines et de la perte de nos crédits pour le prochain bulletin. J’ai besoin d’aide, nous en avons tous besoin."

    Aidez-nous en contactant les directeurs de ces écoles aussi :

    Academy of the Pacific Rim:

    · Principal Anselme — 617-361-0050 x157 danselme@pacrim.org

    · Dean Diamond — 617-361-0050 x142 jdiamond@pacrim.org

    Boston Latin Academy:

    · Headmaster Garcia-Aaronson — 617-635-9957 mgaaron@boston.k12.ma.us

    Cambridge Rindge and Latin:

    · Principal Knight — 617-349-6630 ( allez sur le site pour laisser un message )

    Merci beaucoup pour votre soutien

    Jennifer Hoerres, élève à l’Academy of the Pacific Rim, Boston MA, Jeunes contre la Guerre et le Racisme (Youth against Racism and War ), jennyftb24@aim.com

  • Katrina est-il le seul responsable de ce désastre? Le néoliberalisme dans la tourmente

    Avec des vents allant jusqu’à 225 km/h, l’ouragan Katrina a traversé la Louisiane, le Mississippi, l’Alabama et l’ouest de la Floride, dévastant une région de la taille de la Grande-Bretagne. A la désolation causée directement par le cyclone sont venues s’ajouter les innondations, et ce sont des centaines de victimes qui sont à déplorer, en plus des centaines de milliers de personnes qui ne possèdent plus rien aujourd’hui, si ce n’est leur rage et leur crainte accrue du lendemain.

    Dossier par Nicolas Croes

    “Jamais personne n’avait imaginé que les digues pouvaient se rompre”, tels ont étés les propos du président Bush lorsqu’il a enfin daigné se prononcer sur ces tristes évènements, plusieurs jours après le drame. Catastrophe naturelle imprévisible, donc? Rien n’est moins sûr. Depuis 50 ans, tout les rapports font états d’inquiétudes croissantes quant à la capacité des digues à supporter pareil ouragan, rapports laissés sans suites, qu’ils soient arrivés sur le bureau présidentiel ou ailleurs. Cette déclaration du cowboy de la Maison Blanche est à prendre, au mieux, comme un aveu d’illetrisme, au pire, et c’est hélas le cas, comme la preuve ultime que les préoccupations de la classe dirigeante américaine et de leur marionnette présidentielle ne sont orientées que vers leurs propres profits.

    Pourtant, après le 11 septembre…

    … Bush avait créé, sous les flashs des journalistes, un ministère de la sécurité intérieure, dont dépendait l’administration chargée de gérer et d’anticiper les mégacrises (la FEMA) dirigée par Michaël Brown. Celui-ci s’était précédement distingué en démontrant l’étendue de son incompétence à la tête de l’Association Internationale du Cheval Arabe, dont on se demande d’ailleurs dans quelles mesures pareil organisme a pu lui apprendre à gérer les situations de crise.

    La FEMA avait comme priorité de gérer trois types de catastrophes; un attentat terroriste tel que celui du 11 septembre, un accident chimique et… une innondation de La Nouvelle Orléans, encerclée par le Mississipi, le lac Pontchartrain et construite sous le niveau de la mer. Mais la priorité était la sacro-sainte lutte contre le terrorisme. 70 millions de dollars furent donc enlevés du budget de prévention des catastrophes de La Nouvelle Orléans et celui destiné aux catastrophes naturelles a ainsi été raboté jusqu’à 187 millions de dollars par an. Somme dérisoire comparée au milliard de dollars qui est chaque semaine nécessaire à l’occupation de l’Irak…

    Evacuation : Quand les égoûts des USA sortent au grand jour

    Mais si l’entretien, ou plutôt l’absence d’entretiens des digues est à pointer du doigt, que dire du plan d’évacuation? Michaël Brown, à qui il était demandé de s’expliquer, n’eut pour seule réponse que de fustiger les habitants de La Nouvelle Orléans, responsables selon lui de leur situation pour n’avoir pas obéi à l’évacuation ordonnée par le maire. En effet, 100.000 habitants sont restés sur place. Folie ? Confiance excessive ? Rien de tout cela, mais plutôt l’expression concrête d’un chiffre : 30% des 485 000 habitants de la ville vivent en-deça du seuil de pauvreté. Comment dès lors quitter La Nouvelle Orléans, sans voiture, sans argent (l’ouragan étant de plus arrivé en fin de mois) et sans qu’aucune prise en charge ne soit prévue?

    Cette réalité systématiquement cachée par le mirroir déformant que sont les médias bourgeois a émergé violement sur le devant de la scène. Tant aux Etats-Unis qu’à travers le monde, l’image de la super puissance US a radicalement changé. S’est ouverte sous nos yeux plus clairement que jamais une Amérique où le 1% le plus riche possède autant que les 90% les plus pauvres, une Amérique où 37 millions de personnes (soit 12,7% de la population) vivent en desous du seuil de pauvreté, bref, une Amérique dominée par des grandes entreprises engrangeant des profits gigantesques tandis que les travailleurs paient le prix lourd pour les cadeaux fiscaux et autres accordés à ces crapules au cerveau en portefeuille.

    C’est ainsi que ces pauvres gens se sont retrouvés pris au piège dans une ville envahie par les eaux, regroupés parfois par milliers dans des endroits comme le Superdome de La Nouvelle Orléans (qui a ainsi hébergé plus de vingt milles personnes) sans eau, sans nourritures et sans soins, attendant les secours des jours entiers sous une chaleur accablante. Partout autour d’eux flottaient débris et corps sans vie tandis que Bush rappatriait 300 soldats d’Irak, destinés avant tout à protéger les restes de la ville des pillages avec le mot d’ordre de “tirer et tuer”. Mais si des gens ont tentés de profiter de la situation, la majorité écrasante de ces “pillages” semble bien être en fait des opérations de collecte de vivres, médicaments et autres pour faire face à l’incurie des secours…

    Une économie dévastée

    Le cyclone et ses destructions pourraient coûter quelques 400.000 emplois et les dégâts sont estimés actuellement à plus de 200 milliards de dollars. Bush a promis de faire face à cette situation en créant une zone économique spéciale afin d’encourager le redémarage des entreprises, mais il est plus que probable que cette initiative aura de graves répercussions sur les acquis sociaux des travailleurs et sur l’environnement.

    A cela s’ajoute la déstabilisation de l’infrastructure économique, dont le cas du port de La Nouvelle Orléans est particulièrement significatif. Ce port, qui est le premier aux USA et le cinquième au monde, est le principal destinataire de la quasi-totalité de la production agricole exportable et sa destruction entraînera des conséquences jusqu’au plus profond du pays.

    De plus, alors que le quart du pétrole américain provient du golfe du Mexique, c’est 95% de cette production qui a été perdue depuis le passage de Katrina et le LOOP (Louisian Offshore Oil Port) a subit de nombreux dégâts. Compte tenu du fait qu’il s’agit de la seule infrastructure pétrolière capable d’accueillir les supertankers en provenance du golfe persique, du Vénézuela, ou encore d’Afrique de l’Ouest (ce qui représente tout de même 11% des importations de pétrole vers les Etats-Unis) la crise de l’or noir n’est pas prête de finir ses ravages.

    Bush sur la sellette

    A la différence des attaques du 11 septembre, il y a ici absence d’un ennemi capable de détourner la colère de la population américaine du manque de préparation et des erreurs du gouvernement. Et la réponse exessivement lente de l’administration Bush est d’autant plus critiquée que la sécurité est le thème favori du champion des pétroliers. Le président a attendu une quinzaine de jours avant de reconnaître, enfin, que le gouvernement n’avait pas été à la hauteur (bel euphémisme!). Il n’a cependant pas poussé la critique jusqu’à réclamer une enquête indépendante. Mais au-delà des fautes de l’administration Bush, la population a très mal perçu le fait que leur président n’ai que survolé les lieux, et deux jours après le drame, pour ne bien vouloir se rendre sur place que quatre jours après le passsage de Katrina. Quand à son état-major, Dick Cheney est resté dans son ranch, et l’événement n’a pas été jugé suffisament important par Condolezza Rice pour qu’elle interrompe son shopping.

    En conséquence de quoi, jamais encore la popularité du président n’a été si faible. Selon les derniers sondages, son soutient a chuté jusqu’à 40%. Soutient encore plus faible parmi la communauté noire, pour qui, à 76%, les choses se seraient passées autrement si la population coincée à La Nouvelle-Orléans avait été “blanche et aisée”.

    Bush peut néanmoins compter sur ses parents pour le défendre, le père, ancien président lui aussi, estimant que le gouvernement avait fait tout ce qu’il fallait tandis que la mère déclarait avec morgue qu’un grande partie des sinistrés étaient de toute façon des déshérités et que donc la situation leur convenait très bien!

    Derrière Bush, un système et une idéologie

    Le problème n’est pas seulement Bush, loin s’en faut. Il ne fait que servir les intérêts d’une classe dominante motivée exclusivement par l’appât du gain, au même titre que ses collègues, qu’ils soient républicains ou démocrates. Son aggressivité ainsi que son arrogance ne sont que le reflet de l’assurance de la bourgeoisie. Se sentant plus à même de s’affirmer durant les années 90’ où la loi du marché était proclamée systême suprême, celle-ci n’eut de cesse de s’attaquer toujours plus violement aux acquis que les travailleurs avaient obtenu par leurs luttes. Mais cette offenssive néo-libérale, guidée par l’idée d’un dépouillement de l’Etat et d’une recherche frénétique de nouvelles sources de profits, ne pouvait être éternelle.

    Les premiers signes importants d’un changement apparurent avec le mouvement altermondialiste. Mouvement ayant principalement touché la jeunesse qui a grandi durant ces années de recul des luttes, il se distinguait par un retour à une critique plus franche du capitalisme. Parallèlement, le rejet du modèle américain gagna en importance, à force de coups brutaux portés à nos conditions de vies et de travail.

    Katrina est un élément primordial de ce processus dans le sens où cet ouragan apparaît clairement, comme l’a écrit un camarade de notre organisation-soeur aux USA, tel “une fenêtre sur notre futur dans le cadre du capitalisme”. Le fait que même la chaîne Fox, dévouée au Parti Républicain et à l’administration Bush, se soit indignée aussi fortement tant de la nonchalance du gouvernement que de la misère de ces américains est signe d’un changement de mentalité.

    Quelle Alternative?

    Le refus de la soumission totale à la loi du marché va aller grandissant et avec lui les illusions envers les possibilités d’aménager le capitalisme. Mais laisser les commandes de notre société en une infime minorité d’assoiffés de profits revient à foncer droit devant sans se soucier des icebergs qui brisent nos flancs. Le seul moyen d’assurer notre bien être est d’assurer que notre pouvoir de décision existe réellement, hors de leurs relais qui ne respectent que la loi du plus riche. L’anarchie du marché détermine la société dans laquelle nous vivons, mais dans une société où la population déciderait vraiment, personne ne ferait le choix de limiter les investissements contre les catastrophes au profit d’occupations sanglantes. Dans une telle société, l’économie serait planifiée pour le bien de tous et non pour accroître à tout prix le profit de quelques uns.

    Même si aucune initiative de masse ne va pour l’instant dans cette direction aux Etats-Unis, récemment une rupture est survenue dans la fédération syndicale AFL-CIO pour rompre avec les politiciens démocrates, guère différents des républicains. L’absence d’un parti défendant réellement les intérêt des travailleurs se fait chaque jour plus durement sentir, et avec elle l’absence d’un plan d’action contre le néo-libéralisme. Mais un programme contre le néo-libéralisme ne peut être efficace que s’il pose clairement la question d’un changement de société, la question d’une société socialiste.


    Les sacrifiés de l’après-11 septembre

    Les suites des attentats du 11 septembre ont aussi montré à quel point le profit des grandes sociétés passe avant la santé des Américains.

    Les nuages gris qui ont suivi la chute des Tours étaient très spectaculaires mais il s’agissait essentiellement de poussière comme celles des chantiers de démolition. Par contre, pendant plus de quatre mois, des débris ont continué de brûler, alimentés par les 300.000 litres de diesel stockés dans les sous-sols ainsi que par des huiles. Ces dégagements – formant un cocktail toxique de poussières d’amiante, de plomb, de ciment, de mercure et de fibre de verre – ont stagné en nuages et contaminé l’air de New York.

    Au lieu de décontaminer la ville de ses poussières d’amiante et autres fumées toxiques, les autorités ont donné la priorité à une réouverture ultra-rapide de la Bourse. Résultat : des milliers de sauveteurs et d’habitants sont victimes de bronchites, sinusites, asthmes et autres difficultés respiratoires qu’ils garderont toute leur vie.


    Voyage dans l’Amérique pauvre

    Les images des survivants de la Nouvelle-Orléans ont montré que tous les Américains ne ressemblent pas aux personnages de « Dallas » ou des « Feux de l’Amour » – Blancs, riches et bien portant. Un livre récent le confirme.

    Jean Peltier

    La journaliste américaine Barbara Ehrenreich a décidé de vivre pendant quelques mois la vie d’un travailleur à bas salaire. Elle a donc été successivement serveuse en Floride, femme de ménage dans le Maine, vendeuse au Minessota. Son objectif était de voir comment les travailleurs à bas salaires s’en sortaient après la « réforme » qui a liquidé l’aide sociale en 1996 (sous le démocrate Clinton !). Et la réponse est claire : ils ne s’en sortent pas !

    Alors que les autorités reconnaissent qu’un salaire décent pour un adulte ayant deux enfants à charge s’élève à 14 dollars l’heure, 60% des travailleurs américains gagnent moins que ce montant. Ehrenreich touchait 6,65 dollars comme femme de ménage et… 2,43 dollars (plus les pourboires !) comme barmaid.

    La majorité des travailleurs pauvres consacrent plus de la moitié de leurs faibles revenus à leur habitation. Pour ne pas dormir à la rue, beaucoup s’entassent dans des caravanes ou des minibus. Or, pour avoir un emploi, il faut une adresse. Et, pour obtenir un logement, il faut un revenu régulier, donc un emploi sable. Résultat : un sans-abri sur cinq est un travailleur qui a un boulot !

    Ehrenreich décrit aussi les conditions de travail dans tous ces boulots précaires : interdiction de s’asseoir, de parler, de manger, de boire pendant le service ; fouilles corporelles, harcèlement par les managers et les petits chefs, tests d’urine pour dépister l’utilisation de drogues,…

    A lire pour en savoir plus sur le « modèle américain » qu’on veut nous imposer.

    L’Amérique pauvre », format poche aux éditions 10/18, 336 pages, 10 EUR

  • Bush s’enfonce dans les marecages

    Quand Bush a attaqué l’Irak, son but principal était d’avoir le contrôle sur les richesses en pétrole de la région, afi n de diminuer le facteur énergétique des USA. Aujourd’hui, il est clair que cette stratégie était mauvaise pour lui. Au lieu de stabiliser le pays, son intervention est un détonnateur pour la situation au Moyen orient.

    Marc Puyol

    Bush voudrait que l’Irak soit un exemple de démocratie pour le Moyen Orient. La nouvelle Constitution en Irak est une attaque frontale sur les droits des femmes et la démocratie en générale. Pour les confl its familiaux, c’est la charia, c’est à dire la loi islamique, qui sera utilisée. Les femmes sont alors réduites à être la propriété des hommes, leurs libertés et leurs droits leur sont enlevés et des punitions corporelles et féodales seront appliquées pour l’infi délité et le sexe avant le mariage. La charia était prohibée en irak jusqu’au vote de la nouvelle constitution.

    L’irak a beaucoup de pétrole mais les profi ts ne servent pas la population locale. Au contraire, la majorité du peuple irakien n’a pas d’accès à l’électricité ou à l’eau courante. Comme il n’y a pas d’alternative ouvrière, les organisations islamistes ont un impact et organisent la résistance sur base de divisions ethniques. Aujourd’hui, la guerre civile pour la division des richesses en Irak est à l’ordre du jour.

    C’est le résultat de l’intervention américaine. Mais aussi aux Etats Unis, la résistance contre l’occupation grandit. Après le passage de l’ouragan Katrina, Bush disait qu’il était possible pour les services d’ordre d’évacuer la population mais qu’il ne voulait pas le faire car ça créerait un trou dans le budget de gouvernement. Mais la guerre en Irak coûte à Bush 4 milliards de dollars /mois. Le soutien à Bush est plus bas que jamais. Moins de la moitié des américains donne encore son soutien à l’occupation de l’Irak, les officiers de recrutement sont jétés des écoles, et le 24 septembre on va avoir de nouvelles manifs de masse contre l’occupation. C’est sur cette base, en construisant une résistance internationale, qu’on peut combattre Bush and co.

  • Les lycéens manifestent aussi aux USA contre l’occupation de l’Irak

    Bush a de plus en plus de difficultés à trouver des jeunes pour son armée d’occupation en Irak. Pour la majorité de la population américaine, c’est clair que la situation en Irak est dangereuse. Pour le moment, il y a plus de 2000 soldats tués et quelques 10 000 bléssés. La question est: pour qui ou quoi tous ces sacrifices sont faits ? Est-ce pour les intérêts des américains ou des multinationales?

    La réponse est claire. Bush a lancé une nouvelle offensive de charme pour boucher le trou dans le recutement de jeunes soldats. Il envoie des officiers spéciaux pour convaincre les jeunes de rejoindre l’armée, en les payant. Ces officiers se concentrent sur les quartiers les plus pauvres aux USA où habitent majoritairement des noirs et des hispaniques. Pour eux, rejoindre l’armée est souvent le seul moyen d’avoir un job bien payé et sûr. Ils sont obligés de travailler dans la guerre d’un système capitaliste qui est responsable des discriminations qu’ils vivent.

    Avec leur stupide patriotisme, ils vont aux écoles secondaires et ils parlent la langue de l’argent. Dans différentes écoles, il y a des contre-actions qui sont organisées par notre organisation soeur aux USA, Youth against War and Racism. De plus en plus d’officiers sont accueillis par des actions de masse.

    A Seattle, des soldats ont dû fuir le campus quand les lycéens ont commencé à jeter des bouteilles d’eau et des autres objets contre les militaires. Dans plusieurs endroits, les activités de recrutement sont annulées parce qu’ils ont peur des contre-actions. Cela montre que la population américaine n’est pas une masse conservatrice qui est entièrement derrière Bush. Mais qu’aux USA, il y a, de plus en plus, différentes classes qui se montrent. Cela va poser un serieux problème pour le régime de Bush.

  • Etats-Unis. Ouragan Katrina: un désastre amplifié par le capitalisme

    Des centaines de milliers de personnes sont devenues sans abri. Des dizaines de milliers d’entre elles ont été envoyées au Texas en temps que réfugiées. Les immeubles se sont effondrés. Des quartiers entiers ont été réduits en gravats. La Nouvelle-Orléans, un des centres culturels et historiques des Etats-Unis, sera inhabitable pour plusieurs mois. Le nombre de morts causés par Katrina se comptera en centaines, si pas en milliers. Certains commentateurs avancent que c’était imprévisible, mais c’est un mensonge.

    Bryan Koulouris, New York, Etats-Unis

    Le Wall street Journal a même imprimé un journal intitulé, « l’évacuation était un modèle d’efficacité – pour ceux qui avaient une voiture. » Le sud profond aux Etats-Unis est aujourd’hui comparable au tiers monde en terme de pauvreté, et la Nouvelle-Orléans, en dépit de son côté touristique, n’est pas une exception.

    Pour les plus de 100.000 habitants pauvres de la Nouvelle-Orléans sans accès aux voitures, il y avait peu d’options. Vous pouviez cracher les quelques penny que vous aviez pour prendre un bus sortant de la ville, abandonnant vos biens, amis, et connaissances pour se retrouver dormant à la belle étoile dans une autre ville. Ou alors, vous pouviez aller au Superdome, où plus de 23.000 personnes avaient décidé d’attendre la fin de l’ouragan dans un stade conçu pour le football américain, pour être éventuellement transporté (après une évacuation dangereuse) vers le pas si proche Astrodome de Houston au Texas.

    Ou bien, comme des centaines de personnes l’avaient décidé (ou avaient été forcées à le faire), attendre cette évacuation sur leur toit ou dans leur grenier, assiégés par la destruction et les cadavres flottants ; en espérant seulement ne pas devenir l’un d’entre eux. La classe ouvrière et les pauvres avaient les maisons les moins stables, leurs maisons furent donc, de manière disproportionnée, les plus détruites.

    La Nouvelle-Orléans (et d’autres endroits à travers la Louisiane, le Mississipi, l’Alabama, etc.) n’ont pas d’eau potable et la distribution de nourriture a été négligée. Des travailleurs et des pauvres désespérés ont été poussés au « pillage » pour se nourrir. Se procurer nourriture, eau et marchandises de première nécessité est vital et les gens ne devraient pas être punis pour la tragédie qu’ils vivent. Les supermarchés peuvent se permettre d’abandonner de la nourriture ; les travailleurs faces à ce désastre, pas.

    Alors que cette crise frappe, plus de 6.000 gardes nationaux de Louisiane et du Mississipi sont en Irak pour soutenir l’occupation du pays (voulue par la classe dirigeante américaine) ne servant que les bénéfices d’Halliburton, Texaco, Bechtel et d’autres compagnies américaines. Théoriquement, la garde nationale n’est supposée s’occuper que des urgences intérieures (ils sont souvent utilisés pour briser des grèves) et s’il y a jamais eu un moment où ils étaient nécessaires dans une urgence intérieure, c’est bien celui-ci. Les priorités du gros business et de ses deux partis sont vraiment dévoilées ici.

    On estime actuellement que les seuls dégâts de la Nouvelle-Orléans coûteront des dizaines de milliards de dollars. Ca semble une somme incroyable, mais pensons-y : en seulement quelques mois, Bush et sa clique ont dépensé des centaines de milliards de dollar pour la guerre en Irak. Aujourd’hui, l’occupation coûte 5,6 milliards de dollars par mois.

    Visiblement pour les millionnaires et les milliardaires qui dirigent ce pays, la guerre et les profits passent avant le souci des gens ordinaires confrontés à la pire des situations. A cause, en partie, de la quantité astronomique d’argent consacré à la guerre pour le pétrole, des profits et du prestige, les gouvernements locaux et fédéraux ont fait des coupes de budget vaseuses qui ont causé, plus qu’autre chose, une diminution de l’argent destiné à s’occuper des désastres naturels.

    Prévention: les profits avant les gens

    Les dernières années ont vu une croissance significative du nombre d’ouragans et autres catastrophes naturelles dont certains résultent probablement des changements climatiques. Il aurait, bien sûr, été impossible de prévenir l’entièreté des dommages causés par Katrina, mais une grosse partie pouvait l’être. La Nouvelle-Orléans encerclée de trois côtés par l’eau (le Mississipi, le lac Pontchartrain et le golfe du Mexique) a atteint un niveau record d’inondations pendant l’ouragan.

    La ville a été construite en dessous du niveau de la mer et est protégée des inondations permanentes par un système de digues et de pompes. Les digues ont été conçues pour résister à des ouragans de niveau trois, mais Katrina était un ouragan de niveau quatre et il existe une multitude de technologies qui supportent même le niveau cinq.

    Le système de pompes qui extrait l’eau des endroits les plus bas fonctionne avec l’électricité pas avec des générateurs. Bien sûr, l’électricité n’a pas été coupée seulement à la Nouvelle-Orléans, mais bien sur toute la côte du golfe. Le système aurait pu fonctionner à l’aide de générateurs, mais cela aurait coûté de l’argent, de l’argent que les politiciens du « big business » n’était pas prêt à dépenser.

    Dans un article intéressant du New Orleans City Business daté du 7 février 2005, l’armée américaine constatait que des millions étaient nécessaires pour la protection de la Nouvelle-Orléans des ouragans et des inondations, mais « la plupart des projets ne seront pas financés dans le budget fiscal de 2006 du président.» De 2001 à 2005, les dépenses gouvernementales dans des projets de protection des inondations massives pour la Nouvelle-Orléans sont tombées de manière drastique de 147 millions de dollars à 82 millions.

    Le corps d’armée des ingénieurs est responsable de la maintenance des défenses contres les inondations et en juin de l’an dernier, son chef de projet (Al Naomi) vint avant que l’autorité de la digue d’East Jefferson ne réclame 2 millions $ pour « travaux urgents » que Washington ne payait pas. « Les digues s’affaiblissent » dit-il, « tout s’affaiblit, et si nous n’obtenons pas suffisamment vite l’argent pour les renforcer, alors nous ne pourrons plus protéger les constructions. »

    Toutes les études ont montré que les quartiers pauvres et ouvriers, comme le nécessiteux “Lower Ninth Ward” de la Nouvelle-Orléans, sont les plus durement frappés par les inondations à cause du manque d’investissements dans la prévention.

    Ils clament qu’il n’y avait pas d’argent pour la prévention, pourtant des millions ont été injectés dans United Airlines par le gouvernement fédéral. Des milliards sont dépensés dans la destruction, l’occupation et l’oppression en Irak. Et ils ne peuvent financer des projets pour minimiser les dommages de catastrophes inévitables ? Ridicule…

    Avec le contrôle du plan d’urgence par le « big business », la situation semble mauvaise pour les masses pauvres de la côte du golfe. Même si le niveau de l’eau se normalise, les cadavres, la nourriture avariée et les eaux putrides vont mener à des épidémies et la certitude de la maladie pour celui qui retournerait dans la région. L’électricité et l’eau potable ne seront pas prêt non plus pour une utilisation de masse.

    Pour le moment, Wall street ne s’inquiète pas de la situation dramatique vécue par des millions de gens à cause du désastre. Ils sont inquiets à propos de l’essentiel : les profits. Et plus spécifiquement du pétrole. La côte du golfe a beaucoup, si pas la plupart, de raffineries pétrolières des USA. Avec la montée en flèche du prix du gaz et une crise importante de l’énergie dans de nombreux endroits, les grands manitous de Wall Street s’inquiètent de « la confiance des investisseurs » et d’un « effet boule de neige » dans la chute des stocks.

    Ils devraient être inquiets. L’économie américaine et l’économie mondiale seront massivement affectées par ces évènements. La classe ouvrière a déjà été frappée très durement. Les travailleurs ne peuvent laisser le « big business » leur faire porter le fardeau des problèmes économiques ; et c’est ce qu’ils feront quand ils nous demanderont de « nous serrer la ceinture .» Bush et son gang sont inquiets. La colère monte envers lui sur plusieurs sujets, la guerre qui s’éternise en Irak, le revenu instable et sa coupe massive des taxes pour les riches. Souffrant déjà d’un taux d’approbation au plus bas, Bush craint que la catastrophe ne le mine d’avantage avec la compréhension des responsabilités de son gouvernement dans la coupe des budgets des défenses contre les inondations et de l’envoi de la garde nationale en Irak. L’ouragan Katrina pourrait être un moment charnière dans lequel la colère passive se transformerait en opposition active.

    Nous devons combattre le « big business » pour un désastre qu’il a aidé à amener et qu’il a empiré. Nous devrions exiger un contrôle par la communauté et les travailleurs des ressources d’aide. Nous devrions exiger des milliards en aide et en prévention des catastrophes naturelles. Le gouvernement fédéral doit fournir l’entretien complet et sans restrictions à ceux qui ont perdu leur emploi, il doit y avoir un programme de construction de bonnes habitations publiques d’urgence pour tous ceux qui sont maintenant sans toit, des prêts sans intérêts doivent être donnés aux petites affaires et aux fermiers pour leur permettre de reconstruire, un financement fédéral doit être donné aux états pour compenser leurs pertes de revenu en taxes. Nous devons organiser des manifestations de masse, des grèves, des actions concrètes pour renverser les coupes budgétaires, taxer les riches, et obtenir des fonds pour des programmes comme des soins de santé universels, un enseignement de qualité et des travaux publics qui offrent des emplois décents.

    Le système capitaliste a ses priorités : rendre les actionnaires heureux en augmentant leurs profits. Pour faire des profits, ils veulent garder nos salaires bas. Les grosses entreprises ne veulent pas être taxées pour payer nos programmes sociaux, donc ils payent des politiciens qui font passer des lois et des budgets dont bénéficient les super riches. Nous avons besoin d’un parti qui représente les travailleurs, un parti qui ferait de la pauvreté, de la guerre, du racisme et de la destruction environnementale de l’histoire ancienne. Nous avons besoin d’un parti des travailleurs avec un programme socialiste qui combattra le « big business » jusqu’au bout.

  • Mouvement anti-guerre. Une majorité d’Américains veulent le retrait des troupes d’Irak

    Mouvement anti-guerre

    Semaine après semaine et sondage après sondage, deux grandes tendances se confirment aux Etats-Unis. La popularité de Bush plonge et est maintenant nettement en dessous des 50% tandis que l’hostilité à la poursuite de l’occupation militaire de l’Irak grandit.

    Jean Peltier

    Début juin, un sondage réalisé pour le quotidien USA Today indiquait que 59% des Américains souhaitent que les Etats-Unis procèdent à un retrait total ou partiel de leurs troupes d’Irak.

    Les deux tendances sont évidemment étroitement liées. Malgré le pilonnage pro-guerre et pro-Bush des grands médias, les Américains se rendent compte que, loin de s’améliorer, la situation continue à se dégrader en Irak. David Rumsfeld, secrétaire à la Défense et va-t’en-guerre de première classe, a dû le reconnaître lui-même en déclarant que " L’Irak n’est statistiquement pas plus sûr aujourd’hui qu’après la chute de Saddam Hussein ".

    Les statistiques qui tracassent Rumsfeld ne sont sans doute pas les 100.000 Irakiens qui, selon des estimations réalisées pour les Nations-Unies, ont trouvé la mort depuis l’invasion américaine. Ce sont plutôt les pertes matérielles et humaines qu’encaisse l’armée US – plus de 1.600 GI sont morts depuis que Bush a annoncé la fin de la guerre il y a deux ans – et l’effet que cela a sur le moral des troupes. Car celui-ci part en chute libre. Beaucoup de soldats sont partis en Irak persuadés qu’ils allaient libérer le pays et qu’ils seraient accueillis à bras ouverts par la population. Or, à la place de fleurs, ce sont des crachats, des pierres et une hostilité générale qu’ils reçoivent. Quand elles sortent de leurs bases ultra-protégées, les patrouilles risquent à tout moment de tomber dans des embuscades. En réaction, les soldats tirent à vue aux contrôles routiers ou lors des attaques nocturnes contre les quartiers sensés abriter des " terroristes ", ce qui renforce en retour la haine dans la population.

    Désertions et résistance

    Cette situation de tension extrême est de plus en plus mal vécue par les soldats US. Malgré le blocus total mis par l’Etat-major sur toutes les informations concernant le contingent américain en Irak, des informations commencent à percer. Les auto-mutilations se multiplient, les soldats blessés espérant être renvoyés chez eux. Plus étonnant encore, l’armée US elle-même a dû reconnaître plus de 6.000 désertions depuis le début de la guerre. Durant la même période, le nombre de demandes du statut d’objecteurs de conscience a triplé. Tout comme pendant la guerre du Vietnam, des organisations de soldats revenus d’Irak et de parents de soldats morts se développent et jouent un rôle important dans le mouvement contre la guerre.

    Rien d’étonnant dans ces conditions que l’armée US rencontre aujourd’hui un autre gros problème, celui du recrutement. Le nombre de volontaires pour partir en Irak étant lui aussi en chute libre, l’armée est obligée de multiplier les opérations de recrutement dans les écoles. C’est pourquoi le mouvement anti-guerre aide à développer un mouvement d’étudiants et de lycéens contre le recrutement militaire, qui dénonce les mensonges et les fausses promesses des militaires et multiplie stands et réunions de contr’information dans les écoles.

    Si, dans les années ’60 et ’70, les Etats-Unis ont perdu la guerre, ce n’est pas uniquement sur le terrain – dans les rizières, les forêts et les quartiers populaires du Vietnam – mais tout autant sur les campus universitaires américains. La guerre actuelle en Irak pourrait bien elle aussi être perdue autant dans les écoles et les villes US que dans les sables de Bagad.

  • BUSH A BRUXELLES. QUELLE REPONSE AUX NEO-CONSERVATEURS?

    BUSH A BRUXELLES

    La visite du président américain Bush à Bruxelles a provoqué un tas d’actions de protestation. Bush demeure la personnalité la plus haïe du monde parce qu’il symbolise la politique guerrière en Irak et les valeurs des néo-conservateurs aux Etats-Unis. Par contre, il ne suffit pas de dire que Bush n’est pas le bienvenue, il faut examiner de quelle façon une réponse crédible peut être offerte pour battre cette politique néo-libérale et impérialiste.

    Position du MAS-LSP

    Malgré l’énorme polarisation dans la société américaine, les scandales autour de la guerre en Irak, les énormes baisses d’impôts pour les riches et les grandes entreprises (plus de 2.000 milliards de dollars), le clivage croissant entre les riches et les pauvres, le mouvement antiguerre historique, etc., Bush a été réélu président des Etats-Unis.

    C’est surtout le résultat d’un manque d’une véritable alternative politique. Les Démocrates n’ont pas réussi à expliquer comment ils pourraient faire la différence et apporter des solutions aux problèmes que vit la majorité de la population américaine et mondiale. Ils portent sans nul doute la responsabilité de la réélection de Bush. Non seulement Kerry est le sénateur le plus riche, mais il a systématiquement voté du côté des intérêts du patronat. En gros, les élections présidentielles de novembre se sont limitées à un choix entre Coca Cola ou Pepsi Cola.

    La plupart du temps, on a tendance à choisir la version originale et non la copie. Nader, le candidat populiste de gauche, l’a posé ainsi : « Il n’existe pas d’élections libres dans ce pays. Nous avons un parti des grandes entreprises à deux têtes, l’une et l’autre portant un ‘maquillage’ différent, qui vendent nos élections à la surenchère. »

    Malgré cela, il existe bien aux Etats-Unis l’espace pour une nouvelle alternative politique. Les manifestations antiguerre étaient d’une ampleur énorme et la résistance contre la politique antisociale dans le pays même croît à vue d’oeil. Fin août, 500.000 personnes ont manifesté à New York contre Bush !Dans une période de crise économique, le capitalisme tentera toujours soit d’exporter les crises à l’étranger, soit de les repousser dans le temps.

    Voilà la base de la politique économique de Bush. Il a fait baisser les taux d’intérêts à un niveau historiquement bas (1 pc) pour inciter les consommateurs américains à continuer à consommer, entre autre en s’engageant dans des emprunts.

    Mais chaque dollar qui est emprunté aujourd’hui devra être remboursé un jour. Pour chaque dollar de croissance économique entre 2001 et 2003, 3,19 dollars de dettes ont été accumulées (par les entreprises, par le gouvernement et par les consommateurs). .et cette bulle de dette devra éclater un jour.

    Il faut une alternative politique des jeunes et des travailleurs

    Bush projette un programme historique de coups d’austérité dans les services sociaux, avec toutes les conséquences que cela implique. Sous Bush, le nombre de pauvres officiels a augmenté de 40 à 45 millions de personnes. Pour la plupart des Américains, qui disposent d’un état-providence plus que douteux, la crise imminente frappera fort. Pour eux, il s’avérera que le pays du Rêve Américain et de « la liberté et la démocratie » ne sera plus capable de leur offrir un avenir. L’idée d’une transformation de la société ne fera pas uniquement l’objet d’une discussion parmi une couche restreinte, mais s’élargira pour faire l’objet d’un débat sociétal. Des bouleversements spectaculaires dans la façon de réfléchir et d’agir des Américains seront alors envisageables.

    Le cycle des présidences successives des Républicains et des Démocrates qui défendent tous les deux fermement les intérêts des grandes entreprises, devra être rompu. Afin de résister à la politique de l’establishment, il faudra un instrument politique pour les travailleurs, les jeunes, etc. qui défende bien leurs intérêts et qui renforce la lutte contre la politique antisociale.

    Voilà une des luttes que mènent nos camarades américains de Socialist Alternative. Pour les actions de protestations en Belgique, nous ne partons pas d’un point de vue ‘anti-américain’et nous ne mettons pas la responsabilité sur les épaules des Américains ordinaires. Nous partons d’un point de vue de classe et nous exprimons donc notre solidarité avec les victimes de la politique de Bush: tant en Irak qu’aux Etats-Unis même. En se jetant dans la gueule du lion pour y mener la lutte contre la guerre, l’exploitation et la pauvreté, on y peut construire une alternative politique.

  • Encore quatre ans avec Bush!

    ÉTATS-UNIS

    LES RÉSULTATS des élections américaines représentent une grosse déception pour beaucoup. Tant aux Etats-Unis que sur le plan mondial, on cultivait l’espoir d’une Ldéfaite du règne haï de Bush. Beaucoup ne pouvaient pas comprendre, ne voulaient pas le croire. Comment peut-on élire à nouveau un président qui est responsable de guerres effroyables et d’une politique asociale sans précédent?

    Katrijn Zaman

    Dans son discours, Bush a indiqué qu’il se servira de sa majorité républicaine confortée à la Chambre et au Sénat pour mettre en oeuvre son programme qui va encore davantage profiter aux riches et qui approfondira le projet impérialiste.

    Pourquoi Bush a-t-il remporté les élections?

    L’actualité des derniers mois n’a pas été favorable au président: le bourbier irakien, le pillage d’un dépôt de munitions, le déficit budgétaire démesuré, les pertes d’emplois. Selon les sondages, 52% des électeurs trouvent que l’économie est mal gérée. 55% jugent que la politique de Bush favorise plus les grandes entreprises que l’Américain moyen.

    Malgré cela Bush a été réélu. Bush a même reçu 34% des voix de ceux et celles qui ont perdu leur emploi ces dernières années. Beaucoup de jeunes et 88 pc des Afro- Américains ont voté pour Kerry. Leurs voix n’ont pas suffi pour battre les millions d’autres, surtout d’inspiration évangéliste chrétienne, qui ont vu en Bush le gardien des valeurs traditionnelles américaines.

    Beaucoup de ceux qui ont donné leur voix à Bush ont dans les faits donné leur voix à leur oppresseur (c’est-àdire les capitalistes qui soutiennent et financent Bush) contre les intérêts de la majorité de la population américaine. C’est le grand paradoxe de ces élections, qui résulte de nombreuses raisons historiques et culturelles. Parmi celles-ci, la volonté de s’accrocher à certaines certitudes (l’Église, la famille), d’autant plus que le monde est devenu plus instable et que la période dans laquelle nous vivons est dominée par la peur, le doute et l’incertitude.

    Kerry était-il une alternative?

    La victoire de Bush résulte surtout de l’échec de Kerry dans ses efforts d’avancer une alternative claire. Les similitudes entre les deux candidats étaient évidentes. Kerry ressort du même milieu élitiste que Bush et défend les mêmes intérêts de cette élite. Seul 40% de l’électorat a voté pour Kerry par conviction. Tous les autres ont voté pour lui dans le but de s’opposer à la politique de Bush.

    Tant Bush que Kerry défendent la politique néo-libérale d’austérité qui enrichit la minorité nantie tandis que les travailleurs et leurs familles paient la note pour la crise du système. Ils défendent tous deux la même politique belliciste. Si Kerry avait gagné, le massacre en Irak n’aurait pas pour autant disparu. Aucun des deux partis n’offre d’issue au bourbier irakien. La seule différence que les Américains ont pu remarquer, c’est que Kerry n’est pas Bush.

    Briser le système bipartite

    Ralph Nader, le candidat indépendant, a connu lors de sa campagne électorale une vague d’opposition de la part des Républicains, des Démocrates et de beaucoup de progressistes. Les Démocrates l’ont empêché de se présenter, notamment par des manoeuvres juridiques. Le coût de cette campagne anti-Nader s’est élevé à 70 millions de dollars.

    Finalement, Nader a récolté moins de 1% des voix. Cela est en partie dû à l’atmosphère «Tout sauf Bush». Ce résultat modique s’explique aussi par le refus de Nader de traduire sa campagne électorale (il a eu de très bons résultats lors des élections de 2000) par un organe politique, sous la forme d’un nouveau parti…

    Après 2000, Nader a disparu de la scène pour ne revenir que lors des élections présidentielles de cette année-ci. Une telle stratégie, purement électorale, ne suffit pas.

    L’opposition écartée?

    La victoire de Bush ne signifie pas que la résistance est brisée. L’opposition va revenir à l’avant-plan. Rien ne change au fait que Bush est un président rejeté par la majorité de la population. Un quart des électeurs est en colère contre le président. Ses mesures antisociales iront de pair avec un mouvement de protestation des travailleurs et de leurs familles aux Etats-Unis et dans le monde.

    Afin de s’opposer aux attaques à venir, il faudra un instrument politique aux travailleurs. Une nouvelle conscience est née des mouvements anticapitalistes, contre la mondialisation et contre la guerre. Le candidat indépendant Nader doit se déplacer du terrain électoral vers la construction d’une organisation politique active sur une base quotidienne. Une telle démarche représenterait un bon point de départ pour la création d’un instrument politique pour les travailleurs américains. Nous craignons cependant que cela ne se produise pas.

    Une telle initiative est pourtant la seule méthode pour éviter que les prochaines élections soient à nouveau dominées par le débat entre deux clones qui défendent la même politique asociale, néo-libérale et impérialiste. Face à cette perspective, il nous faut un parti des travailleurs, un parti indépendant des grandes entreprises et des banques.

  • Kerry contre Bush: La peste ou le choléra!

    Un mois avant les élections présidentielles américaines qui se tiendront le 2 novembre, beaucoup de sondages donnent un léger avantage à Bush. Malgré la polarisation importante dans la société, un soutien faible pour Bush (entre 40 et 45%), les scandales liés à la guerre en Irak, les gigantesques baisses d’impôts pour les riches et le big business (plus de 2 milliards de dollars), le clivage croissant entre les riches et les pauvres, les manifestations de masses, les Démocrates de Kerry n’arrivent pas à infliger une cuisante défaite à Bush.

    Bart Vandersteene

    Pourquoi les Démocrates n’arrivent-ils pas à battre Bush?

    Lors des élections présidentielles précédentes, seulement la moitié des Américains ont jugé utile se rendre aux urnes. Les Démocrates ne réussissent pas à expliquer à la population pourquoi et comment un président démocrate mènerait une politique radicalement différente pour les Américains moyens et pour la population mondiale. Les causes de ce manque d’enthousiasme sont uniquement dues à eux-mêmes.

    Dans un magazine d’opinion destiné aux patrons, Kerry est décrit comme «l’équivalent politique du valium». Kerry bénéficie d’une auréole due à sa réputation de héros de guerre (conflit du Vietnam) et plus tard dans le mouvement contre la guerre au Vietnam. Dans les faits il compte parmi les riches Démocrates qui aspirent au pouvoir et qui sont à la solde du big business. Il est non seulement le sénateur le plus riche. A ce poste il a systématiquement voté selon les intérêts patronaux.

    A propos de la guerre en Irak il emploie un discours vaguement anti-guerre. Mais au parlement il a voté en faveur de la guerre en Irak et des fonds destinés aux efforts militaires. Lors d’une de ses conférences de presse, il a même déclaré que sa première décision après son élection serait d’envoyer 40.000 de soldats en plus en Irak. De temps en temps, il essaie de profiter du sentiment anti-guerre répandu aux Etats-Unis. Mais d’autre part, face aux élites dominantes, il s’efforce de faire preuve d’être un gérant meilleur et plus fiable que l’équipe en place.

    Les élections primaires et le tournant à droite des Démocrates

    Lors des élections primaires, où l’on désigne un candidat démocrate pour les élections présidentielles, divers candidats se sont profilés comme le pôle antagoniste de Bush. Howard Dean, qui pendant longtemps a devancé les autres candidats dans les sondages, avait l’intelligence de ressentir le sentiment anti-Bush profond dans la société. Il a mené une campagne anti-guerre qui a connu un accueil enthousiaste parmi certaines couches de la population. Kerry a été obligé de l’imiter en lançant des slogans radicaux. La direction du Parti démocrate a été très angoissée par cette campagne, susceptible de susciter des espoirs parmi la population, espoirs que les Démocrates sont incapables de combler. C’est pourquoi la direction du Parti démocrate a choisi d’écarter Dean au profit de Kerry. En revanche depuis sa désignation officielle il a fait une courbe rentrante à droite. Si des illusions pouvaient encore subsister quant à l’aptitude du Parti démocrate d’être un instrument de transformation de la société, elles sont maintenant définitivement dissipées.

    Le crédit: une bombe à retardement

    Dans une période de crise économique structurelle, le capitalisme tente de repousser la crise devant lui, soit en l’exportant vers d’autres pays, soit en la repoussant dans le temps. Voilà la profession de foi de la politique économique de Bush. Il est responsable du taux d’intérêts de 1% (le plus bas historiquement) afin d’inciter les consommateurs américains à continuer à consommer à crédit. Mais chaque dollar emprunté devra être remboursé à un moment donné. Pour chaque dollar de croissance économique entre 2001 et 2003, 3,19 dollars de dettes ont été accumulés (par les entreprises, le gouvernement ou le consommateur). Les niveaux de dette des entreprises, du gouvernement et du consommateur, ont atteint des sommets historiques. Cette bulle boursière devra éclater à un moment donné. Tant Kerry que Bush devront procéder à une politique d’austérité dans les dépenses sociales, avec les conséquences à prévoir. Sous la présidence de Bush, le nombre de pauvres a officiellement augmenté de 40 millions à 45 millions de personnes. Pour la plupart des habitants, bénéficiant d’une faible couverture sociale, la crise imminente frappera fort. Ils se rendront compte que la nation du Rêve américain, de la liberté et de la démocratie, n’est plus capable de leur offrir un avenir. L’idée d’une alternative ne sera pas uniquement un sujet de discussion des jeunes et des travailleurs radicalisés, mais imprègnera toute la société. Alors à ce moment-là, un bouleversement dans la réflexion et l’action quotidiennes des Américains est envisageable.

    La nécessité d’en finir avec le bipartisme

    Il faut rompre avec le bipartisme pour arriver à un changement aux USA. La candidature de Ralph Nader montre la faiblesse de ce système. C’est pourquoi Socialist Alternative, la section soeur du MAS aux USA, mène une campagne énergique en soutien à la campagne de Nader, qui en 2000, avec le soutien des Verts, a récolté 2,7 millions de voix. Ils ont leur propre postulant qui se présente uniquement dans ces états où le résultat du vote est connu d’avance et qui est donc dépourvu d’importance. Dans les états où Bush et Kerry se battent coude-à-coude, les Verts appellent à voter Kerry.

    Ralph Nader est un populiste de gauche, qui mène une campagne audacieuse contre le big business et le bipartisme. Son programme est un pôle d’attraction parce qu’il combine des revendications radicales: contre la guerre en Irak et l’occupation, l’abolition du Patriot Act (la restriction des droits démocratiques après le 11/9), la création de millions d’emplois suite à des investissements publics, un salaire minimum de 10 $ l’heure, l’extension des droits des travailleurs, l’abolition de la législation antisyndicale (Taft-Hartley Act), l’égalité des droits pour des homosexuels, lesbiennes et bisexuels, le droit de vote à partir de 16 ans, etc.

    Contrairement au programme des Démocrates, celui de Nader offre la base autour de laquelle des dizaines de milliers d’activistes peuvent être regroupés. Malheureusement, certains souffrent du syndrome Anyone But Bush (Tout sauf Bush), dont Michael Moore. Pour eux, tous les problèmes du monde et aux USA sont l’oeuvre d’une seule personne et non le résultat de la volonté et de la politique d’une force dans la société (la bourgeoisie) qu’elle souhaite imposer à la population mondiale. Chose qu’elle a faite sur base du sentiment d’effroi après le 11 septembre. Bush n’est que l’interprète de cette politique. La chimère de Tout Sauf Bush ignore la question de qui ou en quoi doit consister le Tout.

    Pour les Américains, les élections signifient un choix entre Pepsi-Cola of Coca-Cola. Souvent on choisit pour l’original et non pour la mauvaise copie. Nader l’a posé ainsi: «Dans ce pays, il n’y a pas d’élections libres. Nous avons un parti du Big Business à deux têtes qui sont toutes les deux maquillées à leur façon, qui vendent nos élections et nos gouvernement à celui qui offre le plus».

    Malgré cela Nader refuse toujours jusqu’à présent de mettre sur pied la structure nécessaire, c’est-à-dire un parti, qui encadre la résistance de beaucoup d’Américains. S’il continue à suivre cette politique, on ne pourra pasconstruire un mouvement de contestation que tous les quatre ans. Socialist Alternative, par contre, a lancé un appel à Nader pour convoquer une conférence qui réunisse des militants anti-guerre, des syndicalistes, des minorités ethniques opprimées, des électeurs démocrates désillusionnés et autres pour préparer le lancement d’un nouveau parti. Tel parti pourra faire en sorte que chaque mouvement contre Bush ou Kerry ait une expression politique sur le plan local, régional et national. C’est d’une importance extrême pour toute la population mondiale. Car aux USA une lutte décisive devra être menée si l’on veut construire une autre société, une société socialiste.

    Comment acheter un président

    Pour leur campagne électorale, Bush et Kerry disposent ensemble de plus d’un milliard de dollars. Nader, par contre, tout en refusant des fonds des entreprises, a récolté cet été plus d’un million de dollars. Une paille dans un pays comme les Etats-Unis. Malgré l’avantage financier énorme de Bush et de Kerry, le programme de Nader trouve des échos beaucoup plus positifs parmi ces couches de la population qui ont l’occasion de faire la connaissance avec la version originale, et non via les déformations de ce programme qu’ont fabriquées les Démocrates et les Républicains. Selon les sondages de cet été, pour chaque dollar dont Nader aurait besoin pour gagner une voix, Bush en dépenserait 15,43 et Kerry 11,29. Imaginez ce qui aurait été possible si chaque candidat avait eu les mêmes chances.

  • Comment sortir la classe ouvrière américaine de l’étau républicain/démocrate?

    Un parti des travailleurs

    La question d’une réelle alternative politique défendant les intérêts du peuple américain est loin d’être nouvelle, et fut notamment abordée par Trotsky dans ses discussions avec les membres américains de la Quatrième Internationale dans les années trente.

    Nicolas Croes

    L’histoire du mouvement ouvrier n’est en rien linéaire. Chaque pays a connu un développement particulier, influencé par la situation économique et sociale du pays lui-même, mais également par la classe ouvrière étrangère. L’émergence des syndicats aux États-Unis ne date que de la guerre de sécession (alors qu’en Angleterre, par exemple, les premières tentatives se situent avant même la révolution française), mais il fallut attendre la crise de 1929/33 pour que ceux-ci deviennent de véritables organes de lutte. Et, de la même manière que le Parti travailliste a émergé des syndicats anglais au début du 20e siècle sur base du déclin relatif du capitalisme et de l’impérialisme britanniques, mais également de la nécessité d’un prolongement politique aux luttes économiques, il fallait aux USA un parti de défense de la classe ouvrière.

    La direction des syndicats américains de l’époque était trop liée au Parti démocrate qui, tout comme aujourd’hui, ne représentait que les intérêts de la bourgeoisie. En 1938, lancer un appel pour un parti des travailleurs était une évidence, mais la question était de savoir si l’on devait abandonner pour cela la construction d’un parti révolutionnaire.

    Trotsky argumenta que le déclin du capitalisme se déroulait beaucoup plus vite que le développement de l’organisation aux États-Unis, développement rendu d’autant plus difficile que les staliniens, effrayés à la fois par la perspective d’une forte organisation véritablement marxiste révolutionnaire et par un mouvement de masse qu’ils ne pourraient contrôler, ne ménageaient pas leurs attaques, quitte à être du côté des exploiteurs. Dans ces conditions, demander à la masse des ouvriers d’adhérer à l’organisation révolutionnaire directement était une absurdité. Par contre, un parti large des travailleurs permet à la classe ouvrière de s’organiser plus efficacement et de tirer une analyse plus pertinente des luttes passées, bien qu’il ne puisse suffire à aider les ouvriers à s’émanciper complètement et à sortir du cadre du capitalisme. C’est pourquoi Trotsky défendait que l’appel à la création d’un parti des travailleurs devait être lancé tout en continuant la construction d’un courant révolutionnaire organisé au sein de ce partit large, de manière à le transformer en parti révolutionnaire de masse.

    La Deuxième Guerre mondiale devait hélas se déclencher. La bourgeoisie en profita pour prendre des mesures contre le mouvement ouvrier pendant et après la guerre, en réprimant tout mouvement combatif sur une base nationaliste facilitée par la suite par la guerre froide.

    Actuellement, la situation est un peu différente. Mais l’augmentation du temps de travail sans augmentation de salaire, les différentes pressions visant à réduire les coûts salariaux,… tout nous démontre que rien n’est chose acquise sous le capitalisme, et que rien n’arrête les exploiteurs dans leur recherche effrénée de profit. Et avec l’impressionnant virage à droite des partis sociaux-démocrates, nous nous retrouvons dans la même situation que la population laborieuse américaine, sans relais politique pour défendre nos intérêts. Et si ce nouveau parti des travailleurs ne saurait être créé que sur base des luttes concrètes de la population, et doit donc attendre une amplification des luttes, le courant révolutionnaire, lui, ne peut attendre, et doit continuer à être renforcé.


    (voir: Léon Trotsky, Discussions sur le Labor Party, Oeuvres n°17, p.279, Institut Léon Trotsky)

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