Category: Amérique du Nord

  • Etats-Unis : Quel avenir pour le mouvement ‘Occupy’ ?

    Quelle devrait être la prochaine étape à franchir pour le mouvement?

    Cet article a été initialement publié le 28 octobre dernier sur le site de Socialist Alternative, les partisans du Comité pour une Internationale Ouvrière aux USA. Depuis lors, un sondage d’opinion a montré que 59% des sondés étaient entièrement ou fortement en accord avec les revendications d’Occupy Wall Street (Financial Times, Londres, 31 Octobre, 2011)

    Ty Moore, Socialist Alternative (CIO-USA)

    ‘‘Nous sommes en train de gagner. Bien sûr, nous n’avons pas pris les institutions gouvernementales en main, ni même n’avons gagné de réformes concrètes ou à venir avec des institutions solides pour défendre nos acquis. Nous ne sommes même pas près d’en finir avec la lutte ou avec la création du monde dans lequel nous voulons vivre. Mais – aux côtés des révolutionnaires à travers le monde – nous avons contribué à libérer le potentiel caché et endormi de millions de personnes, prêtes à croire à nouveau qu’il existe une alternative’’, a expliqué Yotam Marom, un des principaux organisateurs de l’occupation de Wall Street (Alternet.org, 13 Octobre, 2011).

    ‘‘Notre mouvement est composé de gens qui luttent pour des emplois, des écoles, l’allégement de leur dette, des logements équitables et pour de bons soins de santé. Nous résistons à la destruction écologique, à l’impérialisme, au racisme, au patriarcat et au capitalisme. Et cela, nous le faisons tous de façon participative, démocratique, féroce et inébranlable.’’

    En quelques semaines, le mouvement ‘Occupy’ a changé la face de la politique américaine. Bien plus de 100 villes connaissent actuellement des occupations, et des militants prévoient des occupations ou des actions de solidarité dans plus de 1.000 autres. Des centaines de milliers de personnes ont participé aux manifestations. Des millions de travailleurs se sont clairement identifiés à ces fameux ‘99%’ qui s’opposent au 1%, et ont été inspirés par la position audacieuse adoptée contre Wall Street et le système politique contrôlé par les entreprises.

    Dès les premiers jours du mouvement, les membres de Socialist Alternative ont énergiquement aidé à organiser les occupations dans les villes où ils étaient présents, en faisant des propositions concrètes pour des actions de sensibilisation, etc. Nous avons ajouté nos voix aux cris proclamant ‘‘qu’un autre monde est possible", en soulignant fortement le fait que cela exigeait une transformation de la société vers le socialisme démocratique.

    Aujourd’hui, aux côtés de nombreux autres dans le mouvement, nous sommes aux prises avec cette question cruciale : que faire maintenant ?

    Quelle prochaine étape?

    Premièrement, nous devons reconnaître que, tout d’un coup, nous sommes devenus une force avec laquelle il faut compter. L’establishment politique et médiatique a tout d’abord tenté d’ignorer les occupations, puis de les discréditer, et ensuite de physiquement les réprimer. Mais maintenant, chaque institution de la classe dirigeante, de la campagne présidentielle d’Obama au Tea Party, essaye de réorienter sa stratégie politique pour répondre à cette explosion sociale.

    Notre succès pour briser le black-out des médias et pour gagner un large soutien pour notre mouvement a également attiré l’attention du Parti Démocrate. Avec le début la campagne présidentielle, les Démocrates courtisent le mouvement. Obama nous a offert de belles paroles, tout en quémandant en même temps des millions de dollars de Wall Street pour sa campagne. Nous devons être bien clairs : le Parti Démocrate n’est pas l’ami des mouvements sociaux. Ils ne nous tendent la main que pour s’attirer le mouvement et pour canaliser nos énergies vers leur campagne électorale pro-capitaliste.

    Nos amis sont ailleurs, avec les autres mouvements sociaux, et plus particulièrement le mouvement ouvrier. Le mouvement d’occupation doit construire des liens plus étroits avec les luttes sociales et économiques. Nous devons relier les étudiants sur les campus universitaires aux préoccupations des travailleurs et des pauvres qui souffrent tous de cette récession économique dévastatrice.

    Le 15 octobre dernier, la journée d’action internationale a attiré plus de 25.000 manifestants à Manhattan, et un nombre encore plus grand à travers l’Europe. Maintenant, Adbusters – le magazine qui a lancé l’appel d’Occupy Wall Street – propose des protestations mondiales le 29 octobre pour revendiquer une "taxe Robin des bois" sur les transactions financières. [Cet article a été publié le 28 octobre, NDLR]

    De tels appels pour une action coordonnée autour de points de revendication clairs et précis vont dans la bonne direction. Mais, tandis que la ‘‘taxe Robin des Bois’’ peut être une idée populaire chez les militants. Mais pour attirer les travailleurs et les jeunes – dont la colère s’ancre profondément dans les coupes budgétaires, le chômage, l’endettement des étudiants, les saisies de logements, les soins de santé, etc. – et parvenir à avoir des protestations beaucoup plus grandes, le mouvement doit se positionner clairement contre l’austérité brutale en cours d’élaboration au Congrès

    En fait, le Congrès et Barack Obama nous donnent involontairement un point de ralliement idéal à destination d’unifier le mouvement Occupy et d’approfondir le soutien actif que nous avons dans les diverses communautés des travailleurs les plus touchés par les coupes d’austérité.

    Après des années de compressions budgétaires sévères au niveau de l’Etat et au niveau local, désormais, le Congrès et Barack Obama se préparent à des coupes historiques dans la sécurité sociale fédérale. Le 23 novembre, un ‘Super Comité’ bipartite décidera du sort de centaines de milliards de dollars pour les programmes sociaux dont dépendent les personnes âgées, les malades, les pauvres, les étudiants, les travailleurs, les femmes, etc. La sécurité sociale, les soins de santé, le financement de l’éducation et d’autres programmes vitaux sont en pleine ligne de mire.

    Occupy Congress!

    Ces coupes budgétaires historiques exigées par les grandes banques et les grands actionnaires constituent la plus grande menace face à nous et face à la classe ouvrière américaine. Si l’ensemble du mouvement Occupy – y compris les syndicats – s’opposent résolument à ces attaques impopulaires et recourent aux tactiques d’action de masse et de mobilisations dans les communautés de travailleurs, il est possible de réduire considérablement l’impact de ces attaques, voire même de les vaincre. Imaginez ce que cela donnerait si, à travers le pays, des assemblées générales Occupy appellent les syndicats du secteur public et les groupes d’étudiants à organiser une action coordonnée de grève nationale contre les coupes, comme les assemblées l’ont fait en Grèce ! Même si de nombreux dirigeants syndicaux ont déjà refusé d’aller plus loin, le niveau de colère est tel que les travailleurs du rang, dans de nombreux secteurs, pourrait organiser elle-même les masses, comme les enseignants du Wisconsin l’ont fait le printemps dernier.

    Imaginez ce que cela donnerait si le mouvement Occupy lancerait un appel à ‘‘Occuper le Congrès’’, à occuper les bureaux locaux des membres du Congrès à moins qu’ils ne signent un engagement à voter contre toutes les coupes proposées, en combinaison de manifestations, de pétitions, de meetings, d’actions,…

    Il y a déjà une semaine d’action ‘‘Jobs Not Cuts’’ (Des emplois, pas de coupes) pour la semaine du 16 au 23 novembre, qui a reçu le soutien de personnalités telles que Noam Chomsky, mais aussi de syndicats, d’organisations locales, de Socialist Alternative et d’autres (voir JobsNotCutsProtest.org) Nous encourageons les assemblées générales Occupy à entériner ces actions et à orienter le mouvement vers une opposition active à ces coupes.

    Soutenir cette campagne n’aura pas pour seul avantage de faire le lien entre le mouvement Occupy et la lutte, plus large, contre les coupes, cela aura l’avantage supplémentaire d’exposer davantage au grand jour le rôle du Parti Démocrate dans la promotion de ces coupes budgétaires. Ainsi, il sera plus difficile pour les Démocrates de tenter de récupérer l’énergie du mouvement pour sauver leurs candidats aux élections de 2012. Il sera important de miser sur l’énergie de cette lutte anti-coupes pour aller vers la présentation d’une réelle alternative pour les électeurs en 2012, en présentant des candidats anti-coupes indépendants, dans le cadre de la construction d’un nouveau parti politique pour et par les 99%.

    Afin de maintenir notre élan, nous devons apprendre à nous adapter rapidement. Nous avons déjà changé le paysage politique de telle manière que le simple fait de répéter les tactiques et les slogans qui ont donné naissance aux occupations ne sera pas suffisant pour soutenir le développement du mouvement. Des millions de personnes se tournent vers nous afin de fournir un moyen concret d’aller de l’avant, de montrer un chemin vers un changement réel.

    Exiger des réformes des institutions capitalistes ne signifie pas de mettre de côté les aspirations radicales du mouvement Occupy. En fait, notre tâche est d’expliquer que les réformes véritables sont toujours les produits de la lutte des masses, menaçant le pouvoir de la classe dirigeante. Nous avons déjà fait peur aux élites politiques et aux géants du capital. Si nous pouvons continuer à élargir notre influence, à coordonner nos actions et nos revendications et à fournir une stratégie claire pour toutes les couches de la société américaine prêtes à entrer dans la lutte, le sentiment que nous sommes «gagnant» va prendre chair et d’os.

    • Il faut étendre les occupations à travers le pays et vers les écoles et les collectivités. Nous avons besoin d’une campagne de masse pour mobiliser les couches larges de travailleurs, de jeunes et la base syndicale et les impliquer dans la lutte.
    • Organisons des manifestations de masse le week-end qui appèlent au retrait de toute coupe dans les services sociaux, à l’élaboration d’un programme massif de création d’emplois, à l’imposition de taxes sur les super-riches et le Grand Capital, à la fin des guerres, à des coupes massives dans le budget militaire et pour la défense des droits syndicaux et des droits démocratiques.
    • Construisons activement la mobilisation et la semaine d’action nationale du 16 au 23 novembre pour combattre le Super Comité du Congrès qui prévoit des coupes dans les services sociaux à hauteur de 1.500 milliards de dollars. Non aux pertes d’emploi !
    • ‘‘Occupy Congress’’: occupons massivement les bureaux locaux des membres du Congrès jusqu’à ce qu’ils ne signent un engagement à voter contre toutes les coupes antisociales proposées, avec également des manifestations, des pétitions, des meetings, des actions,…
    • Préparons-nous à proposer des candidats anticapitalistes issus de la classe ouvrière en 2012 pour s’opposer aux politiques des deux partis de Wall Street, en tant que première étape pour la constitution d’un nouveau parti des 99%, un parti des travailleurs de masse.
    • Non à la dictature de Wall Street! Plaçons les grandes banques qui dominent l’économie américaine sous propriété publique et gérons démocratiquement par l’élection de représentants des travailleurs et de la population. Des compensations pourraient être accordées aux petits investisseurs sur base de besoins prouvés, pas aux millionnaires.
    • Construisons le mouvement pour qu’il soit capable de remplacer ce système capitaliste pourri par le socialisme démocratique, pour créer une nouvelle société basée sur les besoins humains.
  • USA : Non à la dictature de Wall Street !

    L’occupation de Wall Street a su capter l’attention de la terre entière, et a véritablement enthousiasmé des milliers de personnes. Maintenant, de nouvelles occupations se développent à travers tous les Etats-Unis.

    Tract de Socialist Alternative (CIO-USA)

    La répression brutale de la police à New York était une tentative, vaine, d’intimider le mouvement. Elle visait à briser l’esprit combatif des militants et fut un cuisant échec. Maintenant, nous sommes plus déterminés que jamais à nous battre. Inspirés par les soulèvements révolutionnaires en Égypte et à travers l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient ainsi que par les occupations massives de la jeunesse en Espagne et en Grèce, les manifestants ont occupé les rues de New York et de diverses villes américaines pour se soulever contre la domination qu’exercent Wall Street et le Grand Capital sur nos vies.

    Sous la surface, il existe une colère profonde au sein même de la société américaine et il a semblé un moment qu’elle ne pouvait trouver d’expression, déformée, qu’avec les lunatiques de droite radicale du Tea Party. Mais le mouvement de masse au Wisconsin le printemps dernier ainsi que les occupations actuelles illustrent le potentiel gigantesque qui est actuellement présent pour que cette colère soit capable de devenir un puissant mouvement social progressif.

    Comment développer la lutte?

    Nombreux sont ceux qui espèrent que les ”espaces libérés” peuvent construire une nouvelle communauté plus égalitaire et qui pensent que cela en inspirera d’autres. L’occupation de Wall Street est un bon exemple d’une communauté basée sur la démocratie, la coopération et la solidarité mais, malheureusement, une occupation ne suffit pas à elle seule pour construire un mouvement de masse capable de changer la société.

    Il y en a qui se réfèrent à l’Egypte, en disant que là, une occupation de plus en plus importante autour d’une revendication de base a suffit pour que la dictature s’effondre. En fait, la situation est plus compliquée que cela. Dans la semaine qui a précédé la chute du dictateur Moubarak, la classe ouvrière est entrée en scène avec des actions décisives qui ont paralysé des pans cruciaux de l’économie.

    Les occupations de places en Espagne et en Grèce étaient bien plus grandes que celle de Wall Street, mais elles aussi ont besoin de l’entrée en action des puissantes forces de la classe ouvrière pour l’emporter. Au Wisconsin, un occupation massive du Capitole a duré 3 semaines et a constitué la base de manifestations de masse des travailleurs et de la jeunesse. Ils auraient pu obtenir une victoire si ce mouvement s’était orienté vers une grève générale du secteur public pour mettre à plat tout ce qui dépendait de l’Etat dans l’économie.

    La bataille du Wisconsin a été consciemment déviée par l’activité du parti Démocrate et de la direction syndicale, qui ont orienté le mouvement de masse vers une campagne destinée à faire tomber les Républicains pour simplement élire des Démocrates à leur place. Le Parti Démocrate est toutefois le parti de Wall Street et du Grand Capital, au même titre que le Parti Républicain. Les Démocrates n’ont aucune solution à apporter qui soit favorable aux travailleurs et à leurs familles. Ce dont nous avons besoin, c’est d’une lutte indépendante capable d’entraîner les couches larges de travailleurs et de jeunes. Unis, nous avons le pouvoir de stopper la marche traditionnelle des choses et de frapper les banques, les grandes entreprises et l’élite dirigeante en plein cœur.

    Nous avons besoin de construire une confiance suffisante pour prendre des mesures sérieuses. C’est pourquoi ”Occupy Wall Street” doit appeler à des manifestations de masse autour de revendications claires concernant les sujets brûlants auxquels sont confrontés les travailleurs et les jeunes comme l’emploi, l’enseignement, les soins de santé, etc.

    Changer de système

    Il n’y a pas que l’économie qui est en crise profonde, ce constat vaut pour toute la société. Le capitalisme est un système qui a failli et qui est incapable de répondre aux problèmes d’inégalité croissante, de pauvreté, de chômage de masse, de destruction environnementale et de guerre. Ce sont d’ailleurs des problèmes créés par ce système lui-même. Le mouvement doit s’opposer, avec résolution, à Wall Street et aux deux partis du Grand Capital, Démocrates et Républicains. Nous devons faire front contre leurs politiques qui consistent à tenter de résoudre leur crise économique sur notre dos afin de maintenir un système qui ne bénéficie qu’à l’élite.

    Mais nous avons également besoin d’offrir une claire alternative. Ce qu’il nous faut, c’est une transformation radicale de la société, vers une société qui ne sera pas basée sur la course aux profits, mais sur la satisfaction des besoins de base de l’humanité. La seule réelle alternative à l’avidité capitaliste est une société socialiste démocratique où l’économie, les lieux de travail et la société entière sont démocratiquement dirigés pour et par la vaste majorité de la population.

    Rejoignez Socialist Alternative!

    • Il faut étendre les occupations à travers le pays et vers les écoles et les collectivités. Nous avons besoin d’une campagne de masse pour mobiliser les couches larges de travailleurs, de jeunes et la base syndicale et les impliquer dans la lutte.
    • Organisons des manifestations de masse le week-end qui appèlent au retrait de toute coupe dans les services sociaux, à l’élaboration d’un programme massif de création d’emplois, à l’imposition de taxes sur les super-riches et le Grand Capital, à la fin des guerres, à des coupes massives dans le budget militaire et pour la défense des droits syndicaux et des droits démocratiques.
    • Construisons une semaine d’action nationale du 16 au 23 novembre pour combattre le Super Comité du Congrès qui prévoit des coupes dans les services sociaux à hauteur de 1.500 milliards de dollars. Non aux pertes d’emploi !
    • Préparons-nous à proposer des candidats anticapitalistes issus de la classe ouvrière en 2012 pour s’opposer aux politiques des deux partis de Wall Street, en tant que première étape pour la constitution d’un nouveau parti des 99%, un parti des travailleurs de masse.
    • Non à la dictature de Wall Street! Plaçons les grandes banques qui dominent l’économie américaine sous propriété publique et gérons démocratiquement par l’élection de représentants des travailleurs et de la population. Des compensations pourraient être accordées aux petits investisseurs sur base de besoins prouvés, pas aux millionnaires.
    • Construisons le mouvement pour qu’il soit capable de remplacer ce système capitaliste pourri par le socialisme démocratique, pour créer une nouvelle société basée sur les besoins humains.
  • New York : La répression de la Police ne suffit pas à stopper l’occupation

    Rapport et réflexions d’un participant

    Ce samedi 24 septembre, “l’occupation de Wall Street” est partie en manifestation, après huit journées où des jeunes, des travailleurs et divers militants ont commencé l’occupation d’une place dans le district financier de Manhattan, à deux blocs de Wall Street. Tout commença comme une manifestation normale. Les slogans habituels pouvaient être entendus: “Les banques sont renflouées, nous sommes plumés !”, “A qui sont ces rues ? Ce sont les nôtres !”, “A quoi ressemble la démocratie? Voici à quoi ça ressemble !”

    Par Jesse Lessinger, Socialist Alternative (CIO-USA)

    Le cortège, dès le début, était très énergique. Cette occupation avait reçu une attention nationale et internationale, et était vue comme une tentative de se soulever contre l’avarice et la domination des grandes banques sur notre économie, notre gouvernement et nos vies. L’inspiration pour cette occupation était directement issue des occupations de masse de la jeunesse en Espagne, en Grèce de même que des soulèvements révolutionnaires en Tunisie, en Egypte et à travers le Moyen Orient et l’Afrique du Nord.

    De nombreux participants à l’occupation de New York sont des militants de longue date, organisés depuis des années. Mais d’autres sont totalement nouveaux dans l’organisation de protestations et participant pour la première fois de leur vie à une lutte sociale. Alors que la plupart d’entre eux sont inexpérimentés, ils ont su faire preuve d’une détermination et d’un esprit combatif à toute épreuve. Tout comme les autres, ils chantaient : “Toute la journée et toute la semaine : occupation de Wall Street!”

    Alors que nous marchions, notre nombre grandissait graduellement et la manifestation commençait à bloquer le trafic. Etant donné que nous n’avions pas de route prédéterminée, ni permission officielle, la police a tenté de nous éjecter et a tenté en vain de contrôler la manifestation et de la repousser vers le côté.

    “A qui sont ces rues ? Ce sont les nôtres!”

    Contrairement à la plupart des manifestations à New York, nous n’avons pas été parqués comme des animaux, forces à marcher sur les trottoirs, isolés et marginalisés du reste de la ville. Les passants pouvaient nous voir, et certains nous ont d’ailleurs rejoints, surtout des jeunes. Nous étions alors plus de 1.000, marchant librement à travers les rues de Manhattan, nos voix portant loin, claires et décidées.

    J’ai déménagé à New York il y a de cela 4 ans, et j’ai participé à un nombre incalculable de manifestations et d’actions. Mais ce que je n’avais encore jamais vu, c’était une manifestation qui prenait place dans les rues elles-mêmes. Nous avons parcouru quelques kilomètres. Nous n’avions pas eu à subir de tir de gaz lacrymogènes et n’avons pas du affronter des motards de la police. Pour la première fois depuis bien longtemps, les gens étaient capables d’exercer leur droit de se rassembler librement dans les rues de New York, sans restriction d’aucune sorte.

    C’était une petite victoire pour les travailleurs et les jeunes de la ville, une victoire que la police et le gouvernement ne voulait pas voir perdurer. Cette occupation, qui durait alors depuis une semaine, n’était pas une simple nuisance. L’establishment est en fait très apeuré que ce genre d’initiative puisse se répandre et menace le bon “ordre” de la ville, un ordre où les riches deviennent plus riches et où le reste n’est qu’une masse de laissés pour compte, un ordre où la super-élite, le “top 1%,” dirige la société alors que les “99% restant” n’ont pas voix au chapitre. C’est pourquoi l’occupation de Wall Street avait pour slogan “Nous sommes les 99%!”.

    Après quelques brèves prises de parole, la manifestation s’est retournée pour rentrer “à la maison”, au campement baptisé Liberty Plaza (place de la liberté). La police avait amassé de plus grandes forces derrière nous. Dans un premier temps, il semblait qu’il n’avaient l’intention que d’entourer le cortège, de nous séparer en petits groupes et de disloquer ainsi l’action. Mais nous avons vite compris qu’ils voulaient arrêter le plus grand nombre de personnes possibles.

    La police deviant violente

    La police est alors devenue agressive, a violement repoussé les manifestants, se saisissant de certains pour les jeter à terre, et procédant à des arrestations. Nous avons couru, mais ils ont bloqué des dizaines de personnes à la fois entre eux et les bâtiments. J’ai pu ‘échapper et rejoindre les autres qui, de l’autre côté du cordon de police, criaient des slogans pour exiger la libération de leurs camarades.

    Nous étions pacifiques. Ils étaient violents. Nous ne faisions qu’exercer notre liberté d’expression et notre droit de nous rassembler. Ils ont brutalement violé ces droits. Un petit groupe de jeunes femmes, encerclées, avaient une attitude parfaitement pacifique, mais elles ont été les cibles de jets de sprays anti-émeute sans aucune raison. La vidéo de cet incident a fait le tour du monde. Environ cent personnes ont été arrêtées – dont des passants qui n’avaient rien à voir avec la protestation – détenues dans des bus et jetées en cellules durant des heures, pour n’être finalement relâchées que vers 5 heures le lendemain matin.

    La police n’avait qu’un seul objectif: intimider. Ce comportement scandaleux visait à briser l’esprit combatif de la jeunesse. La violence policière a peut-être bien pu réussir à refroidi certains face aux protestations, mais cela a aussi causé une indignation très large, ainsi qu’une grande solidarité. La majorité du mouvement est d’ailleurs restée poursuivre l’occupation.

    Cela illustre le rôle hypocrite de la police et de l’Etat. Ils ont brutalement réprimé une tentative de parler librement contre la domination des grandes entreprises. Alors que les vrais criminels se rendent librement à Wall Street, et amassent des milliards sur notre dos, exigeant que ce soit à nous de payer pour leur crise, ce régime oppresseur les protège, et abuse des lois s’il le peut, de la force aussi.

    La plupart d’entre nous sont donc revenus à la place occupée, exténués mais excités aussi, choqués mais en colère, et surtout déterminés. J’ai su plus tard qu’un de nos camarades avait été arrêté. Il a par la suite realisé cette vidéo de la manifestation, avec sa propre arrestation. Bien entendu, nous étions tous inquiets de la santé des personnes arrêtées.

    Extension de la lutte

    J’ai aussi commence à me demander où allait ce mouvement qui avait su saisir l’imagination de centaines de personnes et capter l’attention de milliers, peut-être même des dizaines de milliers, à travers le monde. Les discussions sont constantes quant à la meilleure manière d’étendre le mouvement. Nombreux sont ceux parmi les nouveaux arrivants, électrisés par l’énergie et le fort sens de la collectivité présents à l’occupation, qui demandent : “Pourquoi n’y a-t-il pas plus de monde ici?”

    Il n’y a pas de réponse simple, mais nous pouvons être sûrs d’une chose. Des milliers de personnes regardent ce mouvement avec sympathie, nombreux sont ceux qui veulent rejoindre, mais qui ne le peuvent pas. Ils ont un travail ou une famille. Ils ne peuvent pas se permettre d’occuper la place indéfiniment. Ils ne sont pas capables, ou peut-être pas encore prêts, à faire de grands sacrifices. Mais ils veulent soutenir l’action. La question n’est pas simplement de savoir comment obtenir plus de monde à l’occupation, mais comment nous pouvons être plus impliqués dans le mouvement général.

    Avec l’attention dont bénéficie cette occupation et l’armée de militants à temps plein qui existe, Liberty Plaza peut devenir un point de rassemblement pour organiser des luttes plus larges. Une prochaine étape pourrait être d’appeler à une nouvelle manifestation de masse un samedi, avec quelques revendications de base comme: ‘‘Faites payer Wall Street pour la crise; Taxez les super-riches; des emplois, pas d’austérité; Enseignement et soins de santé, pas de guerre et de renflouement des banques; Non à la brutalité policière, défendons nos droits démocratiques.’’ De cette façon, des milliers de personnes pourraient participer aider à développer le mouvement. L’occupation de Wall Street devrait publiquement appeler toutes les organisations progressistes, particulièrement les syndicats, à participer à ces manifestations de masse et à mobiliser pour elles.

    Des occupations se développent également aux autres villes, comme à Washington, D.C. pour le 6 octobre (www.october2011.org). Quelque chose est en train de changer dans ce pays. Les travailleurs et les jeunes se politisent et se radicalisent. La colère est profonde et s’amplifie de jour en jour dans la société américaine, juste sous la surface. Elle ne pourra pas être contenue éternellement. Elle explosera.

    L’occupation de Wall Street reflète la colère et la radicalisation de la société. Du Wisconsin à New York, nous faisons l’expérience du tremblement de terre social qui se développe à travers la planète en réaction aux tensions nées de la crise économique. L’épicentre de cette vague de protestations de masse est peut-être bien dans la région de l’Europe, du Moyen Orient et de l’Afrique du Nord, mais il ne faudra pas longtemps avant que les USA ne soient profondément affectés.

  • Wisconsin : USA, un ‘‘géant endormi’’ s’éveille

    Partout dans le monde, les travailleurs font face à la crise. Dans les pays où les attaques ont été annoncées, les travailleurs ont réagi avec vigueur. Aux États-Unis, la crise a frappé fort avec la perte de millions d’emplois (on parle d’un taux de chômage officiel de 10 à 15%). Obama n’a pas hésité à déposer environ 800 milliards pour permettre à l’économie américaine de se relever. Alors que les patrons et les actionnaires se remplissent à nouveau les poches et que les banques profitent des taux 0 de la Fed (la banque centrale américaine), la note est présentée aux travailleurs.

    Par Alain (Namur)

    Une attaque massive contre les droits syndicaux

    À l’instar de Sarkozy en France – qui avait fait voter le service minimum au tout début de son mandat avant d’annoncer des attaques tous azimuts – les gouvernements de divers Etats américains annoncent des mesures visant à réduire la force de frappe des travailleurs à travers des attaques contre les droits syndicaux. Tel un géant endormi, la classe ouvrière américaine se réveille et lutte contre ces politiques.

    Afin de pouvoir attaquer les salaires et les conditions de vie des travailleurs, les divers gouvernements des Etats américains s’attaquent aux droits syndicaux,:des lois antisyndicales sont à l’agenda dans 18 d’entre eux, de nouvelles législations sur le ‘‘droit au travail’’ sont en préparation dans une douzaine d’Etats et, dans 7 Etats, l’establishment veut fouler aux pieds la législation salariale dans la construction.

    On annonce, de l’échelon fédéral à l’échelon local, quelque 100 milliards de coupes et 300 milliards pour les 2 prochaines années.

    Au Wisconsin, une réaction spontanée des masses a répondu à la tentative de Scott Walker, le gouverneur, de s’attaquer aux droits syndicaux. Le plan du gouverneur était de faire passer une législation visant à s’attaquer aux droits de négociation des syndicats, d’obliger le syndicat à obtenir un vote annuel pour être représentatif et à diminuer le soutien financier des syndicats. Le soulèvement a commencé lorsque Le gouverneur Walker a présenté sa loi de programme budgétaire le 10 février 2011. Alors qu’une grande partie du déficit budgétaire est due à des diminutions d’impôt accordées aux ‘‘super-riches’’ pour un montant de 117 millions de dollars, les travailleurs, eux, ne subissent que des attaques. Ils ont donc organisé des délégations et des protestations. Chaque jour, des milliers de gens sont sortis en rue. Plusieurs bâtiments, y compris le capitole, furent occupés par les jeunes et les travailleurs. Les professeurs se sont déclarés malades, et les étudiants sont sortis pour manifester.

    Un mouvement qui prend de manière large

    Ces mouvements de protestation n’ont pas seulement touché l’Etat du Wisconsin. Des mouvements de solidarité ont touché tout le pays, qui fait partout face à des attaques contre les droits syndicaux. Les manifestations de février ont réuni 50.000 personnes, celle du 5 mars 100.000 et celle du 12 mars 200.000 (soit un 25e de la population de l’Etat !). Notre section-sœur aux USA, Socialist Alternative, appelle à une grève générale dans tout l’Etat afin d’augmenter qualitativement le niveau de la lutte. La force du gouvernement de Walker, c’est qu’il a le temps pour lui. La classe ouvrière a mené diverses actions qui ont permis de postposer le vote de la loi. Mais il ne s’agit pas seulement de faire reporter le vote, mais bien de modifier le rapport de forces afin de faire reculer le gouvernement.

    Aucune confiance ne peut être accordée aux Démocrates. Les 14 démocrates ont refusé le texte de Walker mais dans d’autres Etats, ce sont eux qui mènent les politiques d’austérité. Le décalage entre les promesses d’Obama et leur réalisation illustre que le temps du ‘‘Yes, we can’’ est terminé…

    Ce mouvement a aussi permis de démasquer les mensonges du Tea-Party. La lutte a pointé le fait que l’argent doit être pris dans la poche des riches et des banques pour bénéficier aux travailleurs et aux jeunes. Ceux qui ont forgé les organisations du mouvement ouvrier américain dénonçaient le capitalisme comme source du chômage, de la pauvreté et de l’inégalité sociale. Le capitalisme ne peut garantir le bien-être de l’ensemble des travailleurs et de leurs familles. Alors que le monde est secoué par la crise économique et n’entrevoit pas de voie de sortie autre que de nous faire payer, l’organisation d’un parti des travailleurs américain permettrait au mouvement d’obtenir des victoires et d’organiser le combat.

  • USA: La lutte pour les droits LGBT se poursuit !

    Ce 18 décembre 2010, le Sénat américain a voté l’abrogation d’une loi anti-gay en vigueur depuis 17 ans déjà, plus connue sous le nom de «Don’t Ask, Don’t Tell». Le président Obama a signé l’abrogation de la loi le 22 décembre 2010, concrétisant ainsi l’une des promesses de sa campagne électorale.

    par Shillingford Nick, Alternative socialiste (CIO-USA)

    Mais ne nous y trompons pas. Cette abrogation ne vient pas d’en haut, elle est le résultat de la pression populaire exercée à la fois sur Obama et sur le Congrès américain. Le choix du timing, en abrogeant cette loi juste après avoir capitulé sur une loi de réductions d’impôt, indique la façon dont Obama espère utiliser l’abrogation du «Don’t Ask, Don’t Tell» pour apaiser la colère des progressistes.

    Alors que la loi n’est pas encore complètement ratifiée (il faut attendre un délai de 60 jours), l’abrogation du «Don’t Ask, Don’t Tell» a eu un impact significatif pour de nombreux gays et lesbiennes qui travaillent dans le plus grand secteur aux Etats-Unis : l’armée. Ils peuvent enfin choisir de parler librement de leur orientation sexuelle avec qui ils veulent !

    Les lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres (LGBT) ont déjà montré qu’ils ont la volonté d’utiliser les mobilisations massives, la désobéissance civile, des rassemblements et des marches historiques. Pensons ainsi à la Marche nationale pour l’égalité, qui a rassemblé 200.000 personnes en octobre 2009 pour revendiquer "l’égalité totale et au niveau fédéral".

    Cependant, à côté de cela, on doit aussi signaler le soutien massif des américains – environ 75% se déclarent pour l’abrogation de cette loi datant de l’ère Clinton (Sondage CNN du 25/05/10). Selon le New York Times, "70% des membres de l’armée interrogés estiment que l’impact [d’une abrogation] sur leurs unités serait positive ou n’aurait pas de conséquence en fin de compte” (30/11/2010). Même 58% de ceux qui se déclarent conservateurs ont appuyé l’abrogation (05.06.2009).

    L’abrogation de la loi n’a pas été une décision courageuse prise par Obama en matière d’égalité, mais plutôt la nécessité d’abroger une loi intenable dans l’espoir de reconquérir le soutien de progressistes qui sont de plus en plus dégoûtés par les politiques pro-capitalistes menées par les Démocrates. Avec un taux d’approbation du Congrès au plus bas – à 13% après les élections de novembre – il est clair que le rôle des huit députés républicains a contribué à pousser l’abrogation du «Don’t Ask, Don’t Tell», parce que ces derniers ont réalisé qu’ils ne pouvaient pas continuer à maintenir une loi contre laquelle s’opposait même la majorité des conservateurs (sondage Gallup, 15/12/2010).

    Les militants s’enhardissent

    La victoire des Républicains à la fois au niveau fédéral et au niveau des différents états, lors des dernières élections de novembre, nous place sans doute dans un contexte législatif toujours plus difficile pour contester les lois homophobes. Dans le même temps, cependant, le mouvement pour l’égalité des LGBT est susceptible de continuer à croître, avec de nouveaux groupes et de nouveaux militants qui s’engagent aujourd’hui dans la lutte.

    Témoignant de ce regain d’intérêt, le lendemain des dernières élections, Robin McGehee, directeur de GetEQUAL, a écrit: ”Nous tiendrons les Démocrates et les Républicains responsables pour tous ceux qui ne parviennent pas à s’afficher librement, ainsi que pour ceux qui s’opposent violemment contre nous sur les principaux enjeux progressistes”, en ce compris ”l’égalité des LGBT, la justice climatique, les droits des femmes de choisir.” Elle poursuit en disant ”nous allons continuer à descendre dans la rue jusqu’à ce que nous voyons s’écrouler autour de nous le placard politique à Washington.”

    Dans ce contexte, l’abrogation du «Don’t Ask, Don’t Tell» doit être considérée comme une victoire pour ce mouvement grandissant de protestation et qui pousse les militants à aller de l’avant. Les nouvelles attaques de la droite pourraient, en fait, agir comme le ”fouet de la contre-révolution”, en poussant encore de nouvelles vagues de jeunes dans des luttes défensives. Dans le même temps, toutes les demi-victoires ou capitulations des Démocrates continueront également à faire avancer l’aile gauche du mouvement, qui a embrassé l’idée d’une lutte de masse et a construit ses revendications à l’encontre des groupes conciliants et autres lobbys qui ont dominés le mouvement LGBT au cours des dernières années.

  • Etats-Unis : que retenir de la défaite d’Obama ?

    Les élections de mi-mandat aux Etats-Unis se sont traduites par une défaite d’Obama face aux Républicains, sous l’impulsion du nouveau-venu, le ‘‘Tea Party’’, emmené par Sarah Palin. Cela signifie-t-il pour autant qu’Obama est trop à gauche pour des Etats-Unis trop à droite ? Une telle conclusion serait pour le moins erronée lorsqu’on observe le mécontentement qui se cache derrière ces résultats électoraux.

    Par Baptiste (Wavre)

    Fox News, le relais médiatique par excellence de la frange la plus conservatrice des Républicains, insiste sur le fait que cette défaite n’est rien d’autre qu’un rejet du soi-disant agenda politique de gauche du président Obama. Des analystes un peu plus sérieux insistent eux sur le fait que des millions d’Américains ont voté sans toujours être sûr de ce qu’ils voulaient, mais qu’en tout cas ils savaient qu’ils n’étaient pas satisfaits par la politique menée par Obama.

    De fait, depuis qu’Obama est arrivé au pouvoir les travailleurs ont vu le chômage monter et concerner quelques 23 millions de personnes, ils ont vu se faire expulser de leur logement des millions de ménages et des coupes budgétaires dans toute une série de services publics.

    Promesses creuses et poursuite de la politique impérialiste.

    Cette incapacité à donner une réponse à la crise autre que le ‘‘socialisme pour les riches’’ (socialiser les pertes, privatiser les profits) a été renforcée par le constat amer que toutes les promesses d’Obama se sont révélées être des paroles creuses, tant du point de vue d’une réforme des soins de santé que sur le plan de l’implication militaire des États-Unis au Moyen-Orient. Sa réforme n’assurera jamais des soins de santé accessible à tous et de qualité, tant Obama a fait de concessions majeures aux compagnies d’assurances privées et aux grandes entreprises pharmaceutiques.

    Quant à sa politique de guerre, son annonce d’augmenter les troupes en Afghanistan avait déjà créé un grand mécontentement. D’autant plus que l’argument d’Obama assurant que l’augmentation des troupes allait porter le coup fatal aux talibans s’est trouvé infirmé et cette guerre n’en finit plus d’être un bourbier menaçant de s’étendre au Pakistan, qui ne cesse de multiplier les dépenses militaires, les pertes civiles et qui ne cesse de dégrader les conditions de vie des travailleurs et des paysans pauvres de la région. La recherche d’un accord avec des franges modérées de talibans est symptomatique de l’échec de l’intervention américaine au Moyen-Orient, et confirme encore une fois que cette intervention n’était en rien une solution contre les groupes réactionnaires dans la région. Que du contraire, la corruption et le diktat des seigneurs de guerre et autres réactionnaires n’ont fait que s’affirmer depuis le début de l’occupation.

    Mécontentement généralisé contre l’establishment et récupération par le Tea Party.

    L’élection d’Obama à la maison blanche en janvier 2009 était marquée par l’enthousiasme de millions de travailleurs et de pauvres aux USA. Mais moins de deux ans plus tard, cet engouement a fait place à une désillusion sans pareil. L’incapacité d’Obama et des démocrates à répondre à la crise autrement que par le sauvetage de l’élite de Wall Street tout en laissant les conditions de vie et de travail de millions de personnes se dégrader a permis au Tea Party de récupérer un mécontentement populaire largement partagé.

    Selon un sondage, le plan de relance d’Obama a effectivement donné l’impression à 60% des personnes sondées que l’attention avait été prioritairement accordée aux élites financières (qui ont très rapidement recommencé à s’arroser de milliards de bénéfices et de bonus) et non aux emplois. Si l’on regarde un peu plus loin, il n’y a rien d’étonnant à cela : au lendemain de son élection, son cabinet était constitué de toute une série de figures bien connues de Wall Street, comme Larry Summers pour ne citer que lui, qui est passé plus tôt par la direction de la Banque Mondiale et par le cabinet de Clinton. Barack Obama avait déjà très tôt démontré qu’il n’était rien d’autre que le porte-parole des démocrates, un parti pieds et poings liés à la gestion du capitalisme.

    La ‘‘réponse’’ du Tea Party n’en est évidemment pas une, ses discours populistes sont bourrés d’hypocrisie derrière une apparence de ‘‘parti du peuple’’ ce parti n’est rien d’autre qu’un instrument financé par les milieux du ‘‘big business’’ afin de protéger leurs intérêts. Ce n’est rien d’autre que la même tactique vicieuse des autres ‘‘droites folles’’ à travers le monde : en récupérant le mécontentement envers ‘‘l’establishment’’, ces partis profitent du diviser-pour-mieux-régner, ces discriminations et divisions parmi les travailleurs permettant de dissimuler leurs politiques néolibérales antisociales. En outre, ce Tea Party est aussi caractéristique d’une classe moyenne qui se retrouve poussée dans la pauvreté par la crise. Lorsque les affaires tournent, cette classe moyenne accorde une certaine confiance aux partis traditionnels du capitalisme mais, en temps de crise, elle se retourne, enragée, vers des populistes qui s’attaquent à l’establishment. C’est du moins le cas en l’absence d’un parti de masse des travailleurs qui offrirait une alternative au discrédit du capitalisme.

    Une période d’instabilité politique est ouverte.

    S’il s’agit d’une défaite pour Obama, il n’y a pas pour autant un phénomène de ralliement autour des républicains. Que du contraire, les résultats électoraux sont plutôt caractérisés par une volatilité importante et une colère généralisée contre les élites financières et contre l’establishment. C’est ainsi qu’on peut comprendre le phénomène d’un Tea Party sorti de nulle part et la chute de 78% à 45% de la popularité d’Obama. Pour le moment, l’alliance est réussie entre le parti républicain et le Tea Party, essentiellement grâce à une situation d’opposition au Président en place. Mais, à un certain moment, le ‘‘populisme irresponsable’’ du Tea Party peut devenir plus un fardeau pour les républicains qu’un instrument. A ce moment là, les républicains pourraient très bien se retrouver à nouveau discrédités par leurs politiques néolibérales et le Tea Party pourrait très bien disparaître aussi vite qu’il est apparu une fois confronté à ses incohérences programmatiques. Au final, ces élections ont principalement constitué une illustration de la crise politique que traversent les États- Unis. D’ailleurs, les chiffres suivants appuient ce constat : seuls 10% des jeunes entre 18 et 29 ans en âge d’aller voter se sont rendus aux urnes et, plus globalement, seuls 41% des électeurs sont allés voter.

    Une réponse des travailleurs est nécessaire.

    A la suite de sa défaite, Obama a réagi en annonçant qu’il irait à présent encore plus loin dans les compromis avec les républicains, notamment en ce qui concerne les coupes asociales dans les budgets, les privatisations et les accords de libre-échange. Un certain dépit dans la gauche est probable à la suite de ces élections mais, dans un second temps, la colère générée par les politiques de droite menée par une ‘‘cohabitation’’ au pouvoir entre les deux partis du capitalisme américain conduira inévitablement à résister, à s’organiser et à contre-attaquer.

    La gauche fait face dans cette période de crise à un défi historique qui comporte également de nombreuses opportunités. Un mouvement de masse enraciné parmi les jeunes et les travailleurs est nécessaire pour résister à la droite et proposer une véritable alternative politique de gauche aux deux partis du ‘‘big business’’ et à la crise de leur système capitaliste.

    Par le passé, les acquis sociaux ne sont jamais arrivés grâce à la bonne conscience des démocrates ou par du lobbying politique envers eux. Ces acquis ont toujours été arrachés par la lutte des travailleurs et des pauvres, et il est grand temps de remettre ce mot d’ordre à l’ordre du jour. Il est nécessaire de canaliser la colère pour construire un parti politique et un programme socialiste défendant les intérêts des travailleurs. Un tel parti des travailleurs est indispensable pour ne plus laisser la place à la droite folle.

  • Haïti : violent conflit entre manifestants et troupes de l’ONU.

    A Haïti, de violents affrontements ont eu lieu le 14 novembre dernier entre manifestants et troupes des Nations Unie et ont causé au moins deux morts et 16 blessés à Cap-Haïtien, la deuxième ville du pays. Les barricades ont forcé la fermeture de plusieurs bâtiments publics de la ville ainsi que l’aéroport. Le poste de police a également été incendié. D’autres manifestations et fusillades ont été rapportées à Hinche et Gonaïves.

    Niall Mulholland, CIO

    Les autorités gouvernementales craignent que le mécontentement s’étende à la capitale, Port-au-Prince, qui a été dévastée en janvier dernier par le tremblement de terre qui fit 250.000 morts et sans-abris.

    Cette manifestation a pour élément déclencheur l’apparition d’une épidémie de choléra qui a, jusqu’ici, officiellement causé plus de 1.000 morts et 1.000 nouveaux cas sont déclarés tous les jours. Des spéculations se généralisent, affirmant que la maladie, ressemblant de très près à une variante sud-asiatique, aurait été introduite accidentellement par les troupes népalaises de l’ONU.

    Quand l’ouragan Tomas balaya l’île le 5 novembre, les voies fluviales ont débordé, créant ainsi les conditions idéales pour la diffusion du choléra. Cela a renforcé la rancune qui vit depuis longtemps parmi les Haïtiens envers les troupes de l’ONU.

    La colère est aussi générale contre le gouvernement du Président René Préval, considéré comme corrompu, affaibli et incapable de prendre des mesures pour stopper la propagation du choléra. Les diplomates étrangers sont maintenant en train de spéculer sur la tenue ou non des élections prévues pour le 28 novembre.

    L’épidémie a commencé comme un cas isolé de colique il y a un mois dans la vallée rurale d’Artibonite, et a rapidement concerné plus de 17.000 personnes conduites à l’hôpital. Les épidémiologistes avertissent que la maladie est maintenant présente dans les provisions d’eau et elle peut y rester pour des mois voire des années. La maladie a maintenant atteint Port-au-Prince, qui est encore en ruines après le tremblement de terre de Janvier.

    Le choléra est causé par une bactérie d’origine aquatique appelée le Vibrio choléra. S’il reste non traité, il cause des diarrhées, des vomissements, la déshydratation et peut tuer en 24 heures seulement. Cette maladie ne cause que peu de problèmes quand de l’eau propre est disponible ainsi que de bonnes conditions sanitaires et d’hygiène, mais Haïti, un pays très pauvre est particulièrement vulnérable. Il n’existe pas une seule usine de traitement des eaux usées dans tout le pays, mais les riches ont des fosses sceptiques dans leurs maisons. Même avant le tremblement de terre, les Haïtiens vivaient dans des conditions très malsaines. Maintenant, les 3 millions d’habitants de Port-au-Prince vivent dans des cités de tentes, à côté des égouts en plein air.

    D’un bout à l’autre du pays, beaucoup de gens sont obligés de se procurer de l’eau dans la rivière dans laquelle les gens se lavent et font leurs besoins.

    Le choléra est relativement facile à soigner si les patients reçoivent des antibiotiques à temps, mais le service de national de santé du pays a des moyens limités et est incapable de tenir le coup. La pauvreté et l’infrastructure en ruines font que beaucoup d’Haïtiens reçoivent l’assistance médicale trop tard, ou pas du tout.

    Les Nations Unies estiment que 200.000 Haïtiens pourraient être infectés par la maladie et ont fait appel à la ‘‘communauté internationale’’ pour 163 millions de dollars d’aide d’urgence. Mais les misérables dons pour Haïti de la part des principaux gouvernements capitalistes ne peuvent donner aucune assurance d’avenir aux pauvres. Dix mois après le tremblement de terre, 1,5 millions d’Haïtiens restent sans-abris et la plus grande partie de Port-au-Prince est encore en ruines. Seule une minuscule partie des 5 milliards de dollars promis par les gouvernements pour la reconstruction ont actuellement réellement été versés. La multitude d’associations et d’ONG qui sont apparus à Haïti ses dernières années ne peuvent bénéficier que d’une toute petite part de l’aide dont ils ont désespérément besoin.

    Sur base du capitalisme, la grande majorité des Haïtiens va rester pauvre, sans emplois, illettrée, affamée et vivant dans des bidonvilles et des tentes. Cette vie signifie que la masse de la population va rester hautement vulnérable face aux maladies et aux désastres naturels. 80 % vivent sous le seuil de pauvreté. Le chômage atteint 75%.

    Contrôle démocratique des ressources

    Plus que jamais, les masses haïtiennes ont besoin d’un contrôle démocratique des ressources dans la société. Les véritables socialistes appellent à une aide médicale d’urgence immédiate et gratuite pour combattre l’épidémie de choléra, tout comme à un programme massif de reconstruction sous le contrôle de comités démocratiquement élus de travailleurs, de paysans et de pauvre dans chaque région.

    Les masses d’Haïti ont un besoin urgent d’habitations, d’hôpitaux, d’écoles, de routes et d’infrastructures de bonne qualité et résistants aux tremblements de terre, cela inclut un accès à de l’eau potable, aux sanitaires et à d’autres ressources et services publics de première nécessité. Le Comité pour une Internationale Ouvrière s’oppose aux échanges injustes imposés à Haïti par les grandes puissances capitalistes et appellent à l’annulation des dettes du pays. Nous appelons à un politique pour procurer des emplois avec de bons salaires pour tous ainsi qu’à des subsides de l’Etat pour les petits fermiers. Le niveau de vie des masses ne peut être amélioré que par l’instauration d’une planification centrale de l’économie et de la nationalisation des secteurs clés de l’économie sous le contrôle démocratique des travailleurs.

    Pendant des décennies, Haïti a été frappé par la pauvreté, le chômage et la dictature militaire. Le grand fossé qui existe entre la majorité pauvre noire parlant Créole, composant plus de 95% de la population, et le 1% de riches francophones possédant près de la moitié des richesses du pays, reste intouché.

    Les travailleurs et les pauvres d’Haïti ont besoin de leurs propres organisations de classe indépendantes, de syndicats et d’un parti de masses avec un programme socialiste afin de se battre pour de réels changements fondamentaux. Les Le CIO revendique la fin de l’ingérence impérialiste – les forces de l’ONU hors d’Haïti ! – pour un Haïti socialiste, faisant partie d’une fédération égalitaire et socialiste des Caraïbes.

  • INTERVIEW : Cindy Sheehan à propos du capitalisme, d’Obama et de la nécessité d’un nouveau parti.

    Cindy Sheehan a commencé à faire parler d’elle en 2005, en organisant un camp de protestation aux abords du ranch de Georges Bush. Elle voulait tout simplement lui demander pourquoi il avait envoyé son fils mourir en Irak. Elle s’est présentée aux élections du Congrès en tant que candidate indépendante face à Nancy Pelosy (une des figures de proue du parti démocrate) en 2008, a tout de même obtenu 16% des voix et a devancé le candidat républicain.

    Soacialist Alternative (CIO-USA)

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    Des fuites confirment que les Etats-Unis s’enfoncent de plus en plus dans le bourbier

    Le site web WikiLeaks a publié plus de 90.000 documents concernant la guerre en Afghanistan. Ils révèlent que les talibans sont plus que jamais depuis le début de la guerre en 2001. Les Etats-Unis ont cherché à cacher les preuves de cette puissance croissante.

    Les USA cachent aussi leurs propres horreurs. Des centaines de personnes ont perdu la vie dans des ‘‘incidents’’, c’est-à-dire qu’on leur a tiré dessus sans raison. Les documents parlent d’au moins 195 morts parmi les civils, mais le nombre réel est sans doute bien plus grand. Les documents parlent notamment d’une fusillade de soldats polonais contre un village en 2007, lors d’un mariage. Parmi les morts se trouvait une femme enceinte.

    Au moins 180 documents abordent les problèmes rencontrés avec les services secrets pakistanais (ISI). L’ISI a été impliqué dans l’entrainement des terroristes kamikazes, dans l’introduction d’argent en contrebande, dans l’organisation d’attentats,… Ce soutien est utilisé par le régime pakistanais pour renforcer sa position parmi la population pathane.

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    Pour Cindy Sheehan, le capitalisme est à la source de la plupart des problèmes actuels et la seule alternative à ce système se nomme ‘socialisme’. Un nombre sans cesse croissant d’Américains remettent en cause le capitalisme, et cette tendance est encore renforcée par le fait que nous subissons actuellement la pire crise économique depuis 1929. Il n’est dès lors pas étonnant d’apprendre que 37% des américains pensent que le socialisme est le meilleur système économique possible.

    Au cours de cette interview, Cindy parle, entre autres, de l’urgent besoin de rompre avec le parti démocrate et de construire un nouveau parti qui représenterait des millions de travailleurs et qui pourrait s’opposer aux banques, aux institutions financières et aux assurances, mais aussi de l’absolue nécessité pour les forces de gauche de présenter des candidats indépendants aux élections de 2010 et de poser la question de l’alternative la plus forte et la plus sérieuse possible pour les présidentielles de 2012.

    Quelles sont vos opinions sur les politiques intérieures et étrangères d’ Obama? A-t-il tenu sa promesse de mettre fin à la politique du ‘Grand Capital’ de l’ère Bush?

    «L’Irak n’avait plus ni cohésion ni logique quand Obama est entré en fonction en 2009. Les alentours avaient été ‘nettoyés ethniquement’ avec 1 million de morts et à peu près 5 millions de personnes contraintes quitter leurs villages, pour se rendre dans une autre région d’Irak ou même dans un pays voisin. Pendant la campagne électorale, Obama avait promis à maintes reprises que la première chose qu’il ferait en tant que président serait de programmer le retrait des troupes d’Irak, sur base d’un calendrier avec des dates concrètes. Il est au pouvoir depuis 16 mois et on n’a toujours rien vu venir. De plus, il avait également promis le retrait total des troupes de combat endéans les 16 mois.

    Concernant l’Afghanistan, 2009 a été la pire année en termes de morts, tant civils qu’américains. Obama a triplé le nombre de soldats par rapport à l’époque de Bush et a demandé deux rallonges budgétaires d’urgence (l’une d’entre elles doit encore être approuvée), ça aussi, il avait promis de ne pas le faire. Et là, on ne parle même pas du fait qu’il a triplé le nombre de drones d’attaque dans le nord du Pakistan.

    Ce sombre constat vaut aussi pour sa politique intérieure. Dans son équipe économique figurent de nombreux membres de l’élite néolibérale tels que Timothy Geithner (ancien vice-président du Comité fédéral pour le marché libre et ancien directeur de la politique du développement du Fond Monétaire International, NDT), Robert Rubin (ancien secrétaire au Trésor de Bill Clinton, NDT) ou encore l’effrayant Larry Summers (ancien secrétaire au Trésor de Bill Clinton, notamment connu pour avoir déclaré «Je pense que la logique économique qui veut que des masses de déchets toxiques soient déversées là où les salaires sont les plus faibles est imparable.», NDT). Les institutions financières continuent à être renflouées et le chômage est toujours de 9,9% (chiffre officiel, la réalité est plus importante). Et la ‘réforme des soins de santé’ n’est rien d’autre qu’un cadeau aux compagnies privées.

    Un des principaux arguments de ceux qui font l’apologie du parti démocrate est qu’il faut élire les démocrates pour ne pas que la Cour Suprême penche trop à droite. Mais les deux premières personnes qu’Obama a nommées sont connues pour leurs positions de droite.

    Quelle a été votre expérience personnelle avec les dirigeants du parti démocrate quand vous êtes devenue une des figures du mouvement anti-guerre en 2005 ? Comment ont-ils répondu à votre demande de stopper la guerre après qu’ils aient pris le contrôle du Congrès en 2006 ?

    J’ai rencontré des dizaines de sénateurs démocrates (Clinton, Kerry, Reid, Levin,..) et des députés (Pelosi,…), ils m’ont tous dis: "Cindy si tu nous aide à avoir la majorité au Congrès, on t’aidera à mettre fin à la guerre."

    Après le mois d’août 2005, alors que le sentiment anti-guerre et anti-Bush n’avait jamais été aussi haut, les démocrates ont utilisé cette atmosphère pour récupérer de courtes majorités dans les 2 Chambres. Qu’ont-ils fait avec ces majorités? Ils ont financé les guerres, fait en sorte que le syndicat du crime de Bush n’ait pas à se justifier, voté l’acte de modernisation de la FISA et le renflouements des "banksters" et bien d’autres choses.

    Après que la première rallonge budgétaire destinée à la guerre ait été votée en 2007 (avec des associations comme Moveon.org – une organisation citoyenne liée au parti démocrate – militant en faveur) j’ai quitté le parti démocrate pour de bon. La guerre continue et, maintenant, les démocrates sont au pouvoir tant à l’exécutif qu’au législatif.

    Au cours de ces dernières années, l’opposition à la guerre en Afghanistan s’est intensifiée et une majorité d’Américains sont toujours opposés à la guerre en Irak. Pourtant, le mouvement anti-guerre est en crise et les protestations (meetings, manifestations ou autres) sont de tailles très réduites. D’après vous, que se passe-t-il?

    En 2008, pour le 5e anniversaire de la guerre en Afghanistan, des organisations anti-guerre ont déclaré qu’une large manifestation à Washington "embarrasserait" les démocrates qui se battaient alors pour la présidence et pour une plus large majorité au congrès. En fait, le mouvement institutionnel anti-guerre, que j’appelle le mouvement pacifiste industriel, est aussi lié au parti démocrate que les syndicats traditionnels.

    Presque tout les dirigeants du mouvement anti-guerre (mais pas moi) ont soutenu Obama et ont fait campagne pour lui. Maintenant, ces organisations commencent à comprendre qu’il n’est finalement peut-être pas meilleur que Bush. Mais je vous garantis qu’en 2012, ils le soutiendront à nouveau.

    Vous avez participé à une élection contre l’actuelle présidente de la Chambre, la démocrate Nancy Pelosi et vous avez battu le candidat républicain et obtenu le score de 16% des suffrages. Pouvez-vous nous parler de votre expérience en tant que candidate anti-guerre indépendante ?

    La réponse à cette question pourrait constituer un livre, mais on peut tirer quelques leçons principales: le système fédéral est conçu de telle façon qu’il ne peut pas être battu à son propre jeu. Les lois en vigueur rendent pratiquement impossible pour un troisième parti (ou un candidat indépendant) de se que se présenter au scrutin.

    Un candidat ne peut être payé par la campagne et, à moins qu’il ne soit un candidat "officiel", celui-ci ne peut avoir d’autre travail. Je me suis donc présentée et ai mené campagne 10 mois avec un très petit revenu. Mon unique carte de crédit a surchauffé…

    Je pensais que me présenter contre Nacy Pelosi serait un bon moyen de faire connaitre les limites et la corruption qui règne dans le système du "bipartisme", mais les médias m’ont totalement passée sous silence.

    Pensez vous qu’il est temps de construire un parti indépendant des républicains et des démocrates ? Comptez-vous vous présenter en 2012 et ainsi proposer une alternative de gauche en faveur des travailleurs ?

    Je pensais déjà qu’il en était grand temps il y a un moment. Actuellement, il y a une réelle atmosphère anti-establishment, malheureusement récupérée par la droite.

    Oui, j’ai monté une équipe de professionnels pour la campagne et nous allons commencer très bientôt.

    Que pensez-vous du Parti Vert?

    J’aime le programme du parti mais il semble (et beaucoup de membre de ce parti sont d’accord avec moi) que ce parti ait été infiltré par des démocrates qui veulent le discréditer ou le faire virer à droite.

    Vous avez publié deux éditions de votre livre "Les 20 plus gros mythes de la classe des voleurs et les arguments pour la révolution". Pourquoi dites-vous que nous avons besoin d’une révolution?

    Parce que je pense que le système ne peut être réformé. La classe des capitalistes (que j’appelle la classe des voleurs) a acquis un contrôle très profond sur chaque aspect de notre société, et les USA ont le plus grand écart de revenu entre riches et pauvres de tout les pays capitalistes industrialisés. Ma révolution est une révolution des travailleurs (la classe volée) qui démarre de la base pour reprendre le pouvoir et redistribuer équitablement les richesses et ressources.

    Vous avez popularisé l’idée de la nationalisation des banques pendant votre campagne de 2008. Quelles réactions avez vous eues concrètement, dans la rue, quand vous propagiez cette idées ? Etes-vous pour la nationalisation d’autres secteurs de l’économie ?

    Je pense que les richesses d’une région ou d’une nation appartiennent à la population. Je pense que l’industrie devrait être sous le contrôle démocratique des travailleurs.

    Je pense aussi que les gens "ordinaires" ont le instinctivement le sentiment que c’est la seule façon de faire. Enormément de personnes ont perdu leur boulot, leur maison et toute la sécurité qu’ils avaient et ils observent les riches devenirs toujours plus riches, alors que les pauvres deviennent sans cesse plus pauvres. Je pense que le plus gros avantage d’une campagne présidentielle clairement socialiste est qu’on peut vraiment expliquer aux gens que ce n’est pas eux le problème. Le problème, c’est le capitalisme, pas le capitalisme de "copinage" ou l’"avarice" capitaliste. Le copinage et l’avarice sont inhérents au capitalisme. Le seul et unique objectif de ce système est le profit.

    Donc vous pensez que le capitalisme est la source des problèmes de la société. Mais Quelle est l’alternative ? Le socialisme démocratique ?

    Oui c’est l’alternative.

    Vous avez commencé à lire "Ma vie" de Léon Trotsky, un des dirigeants de la Révolution russe de 1917 et adversaire acharné de la dictature stalinienne qui a usurpé le pouvoir. Que pensez-vous de lui ?

    J’ai seulement lu la première partie du livre. Selon moi, Trotsky est un auteur engageant et motivant, bénéficiant à l’évidence d’un intellect hors du commun. J’ai hâte d’arriver à la partie où il aborde les luttes politiques.

  • Obama est-il différent?

    Lorsque les américains et le monde ont appris l’élection d’Obama, on avait l’impression qu’une véritable révolution avait éclaté: autre style, autre discours, autre couleur de peau,… tout allait être différent! ‘‘Change, we can believe in’’(1) scandaient les américains. Ont-ils eu raison d’y croire? Où en sommes-nous un an plus tard? L’homme le plus puissant du monde l’a-t-il changé?

    Par Stéphane (Liège)

    Au début de la crise des subprimes, Bush, après avoir laissé couler Lehman Brothers marquant le signal de déclenchement de la crise, sauvait les sociétés financières Fanny Mae et Freddie Mac à coup de deniers publics. Dès le début de sa présidence, Obama s’est attelé à ficeler son plan de relance principalement fait de réduction d’impôts pour les grandes sociétés… Sauvez l’économie capitaliste vacillante à coup de deniers publics… voyez le changement…

    La politique de guerre prolongée

    L’autre grand reproche fait à Bush, surtout par les non-américains fut sa politique étrangère: guerre en Afghanistan et Irak en tête, soutien inconditionnel à Israël, unilatéralisme, etc. Ici, peu question de changement aussi, mais la couleur était annoncée dès le départ: la guerre en Afghanistan est LA guerre qu’il fallait mener et l’engagement précipité en Irak une erreur. Jamais il n’a été question de s’opposer aux guerres d’agression des Etats-Unis, ni d’un retrait des troupes d’Irak.

    Obama déclarait: ‘‘Je ne m’oppose pas à toutes les guerres. Je suis opposé aux guerres stupides. Ce à quoi je m’oppose est la guerre irréfléchie.’’ S’il y a différence avec W., c’est peut-être dans la stratégie opérée pour élargir ‘‘l’Empire’’ américain. Là où les néoconservateurs voulaient contester les grandes puissances jusque chez elles, le réaliste Obama revient à la zone traditionnelle étasunienne: les Amériques. Ainsi Obama a décidé d’abandonner le bouclier anti-missile pour se réconcilier avec la Russie. Aussi, les révolutions colorées qui ont fleuri sous le mandat de George Bush (Géorgie 2003, Ukraine 2004, Kirghizstan 2005, etc.) ne risquent pas de bénéficier du même soutien et même lorsque le gouvernement pro-US au Kirghizstan a été renversé par un mouvement populaire, il n’y a eu aucune contestation de la part de la Maison Blanche. D’autre part, dans les coulisses du sommet de Copenhague, Barack Obama a préféré négocier un accord minimaliste non-contraignant pour les parties avec une brève déclaration d’intentions avec la Chine, le Brésil, l’Afrique du Sud, etc. Par contre, la droite radicale a fait un Coup d’Etat au Honduras avec l’assentiment tacite de Washington et des bases militaires fleurissent aux portes du Venezuela ou en Haïti à quelques kilomètres de Cuba.

    De l’espoir à la déception

    Même dans son propre pays, Obama n’a pas réussi à parvenir à un changement fondamental. Il y a peu, Bush n’hésita pas à sauver les entreprises privées et les banques avec l’argent de la communauté. Le résultat de ce ‘‘socialisme pour les riches’’ (privatiser les profits, socialiser les pertes), ce sont des économies dans les services publics et l’infrastructure qu’Obama ne remet pas en cause.

    D’autre part, la réforme des soins de santé est très limitée. Il n’a pas été question d’un grand service de santé public pour tous, même une option minimale publique a été écartée. Même après cette réforme, 23 millions d’Américains ne sont pas assurés. Le groupe d’action ‘‘Médecins pour un plan national de santé’’ (PNPH) compare ainsi la réforme à une ‘‘aspirine pour combattre le cancer’’. Obama a fait des concessions aux républicains (en n’hésitant pas à davantage limiter le droit à l’avortement pour tenter de gagner des votes républicains) au lieu d’écouter le point de vue de ceux qui ont voté pour lui. En vain. Le résultat, c’est un déclin de popularité pour Obama et une réforme des soins de santé très limitée.

    L’espoir d’un changement ne s’est pas réalisé et le soutien pour Obama est victime de cette désillusion. Seule une minorité de la population est toujours en faveur de sa politique. Le soutien au parlement a déjà disparu, 75% de la population estimant qu’il fait mal son job. C’est le plus haut niveau jamais enregistré.

    Il est grand temps d’entendre à nouveau la voix des américains ordinaires: travailleurs, chômeurs, retraités ou jeunes. Nous ne pouvons pas compter sur les démocrates. Leur échec offre des ouvertures pour un retour des républicains et crée l’espace pour les démagogues populistes comme Sarah Palin et son Tea Party. Ce n’est pourtant pas le type d’opposition vers laquelle regardent les travailleurs américains et leurs familles.

    Un élément que les médias ne rapportent pas, c’est le fait que 36% des Américains ont aujourd’hui une opinion positive du socialisme. L’ouverture pour des alternatives et des idées socialistes est de plus en plus grande, mais elle doit être politiquement organisée. Nos camarades de Socialist Alternative plaident pour soutenir des candidats indépendants des républicains et des démocrates qui peuvent se battre pour les soins de santé universels, contre la guerre et pour la nationalisation des secteurs-clés de l’économie, en réponse à la crise. Aux Etats-Unis aussi, un parti des travailleurs de masse avec un programme socialiste est nécessaire. www.socialistalternative.org (1) Le changement, nous pouvons y croire!

  • Stratégie pour la reconstruction du mouvement anti-guerre

    7 ans après le début de l’invasion de l’Irak

    S’il subsistait encore le moindre doute quant à la complicité des Démocrates dans la mise en œuvre de l’occupation brutale de l’Irak et de l’Afghanistan, la déclaration de décembre d’Obama au sujet du déploiement de 30.000 troupes en Afghanistan l’a supprimé pour de bon. Le rôle des démocrates est très clair. 7 ans après le Jour X, nos camarades américains de Socialist Alternative abordent l’avenir du mouvement anti-guerre aux USA.

    Socialist Alternative (CIO-USA)

    Le coût de l’escalade en Afghanistan est estimé à 30 milliards de dollars, en plus des 1,5 trillions de dollars déjà alloués à ces deux guerres. Pourtant, malgré ces coûts énormes et un bilan qui se rapproche rapidement des 6.000 morts pour les soldats américains et de centaines de milliers de civils irakiens et afghans, Obama et les Démocrates poursuivent la guerre impérialiste en affichant une l’horrible indifférence qui avait caractérisée l’Administration Bush.

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    Retour sur le "Jour X"

    La campagne Résistance Internationale lancée par le PSL (qui s’appelait encore Mouvement pour une Alternative Socialiste à l’époque) avait pris l’initiative de mener campagne pour appeller à des manifestations le "Jour X", le jour du commencement de la guerre en Irak. Ces manifestations avaient été une belle réussite, comme en témoigne les chiffres suivants:

    • ALOST: 300 manifestants
    • ANVERS: manif des lycéens et étudiants: 3.000 | manif générale: 2.000
    • BEVEREN: 500
    • BRUXELLES ULB: 3.000
    • BRUXELLES: 17h Ambassade américaine: 10.000
    • BRUGES: 700
    • COURTRAI: 1.000
    • GAND: manif des lycéens et étudiants: 5.000 | manif générale: 10.000
    • LOUVAIN: manif des lycéens et étudiants: 3.000 | manif générale: 2.000
    • LIEGE: 3.000
    • MALINES: 400
    • OSTENDE: manif des lycéens et étudiants: 1.500 | manif générale: 700
    • SINT-NIKLAAS: 250
    • TURNHOUT: 60

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    Pas de surprise. Obama lui-même, dans le feu de sa campagne présidentielle, avait fait le serment qu’il intensifierait la guerre en Afghanistan s’il était élu. Nous ne pouvons pas simplement rester assis et faire confiance à ces politiciens pour mettre un terme à la guerre à notre place. Nous allons devoir le faire nous-mêmes.

    Il faut des actions de masse

    Le mouvement anti-guerre de notre génération a été généralement défini par une contradiction: un fort taux d’opposition publique à la guerre et un faible taux de lutte active. Même alors qu’une majorité s’oppose aux deux occupations, comme c’est le cas maintenant, ceux qui sont impliqués dans les manifestations et les autres actions restent une infime minorité. En septembre 2005, plus de 200.000 personnes ont manifesté à Washington, D.C. contre la guerre alors qu’en mars 2009, la manifestation contre les six ans de guerre en Irak n’a attiré qu’un peu plus de 10.000 personnes, de par les faux espoirs qui étaient placés dans les Démocrates nouvellement élus.

    Etant donné ce faible taux d’activité, la principale tâche du mouvement anti-guerre à ce stade est de remplir nos rangs en mobilisant de nouvelles couches de la population dans la lutte. Une condition cruciale pour accomplir cette tâche sera un appel à des manifestations de masse regroupant autant de gens que possible et autour d’une plateforme commune de quelques revendications anti-guerre cruciales, telles que «De l’argent pour l’emploi et l’enseignement, pas pour la guerre!» ou encore «Retour des troupes – maintenant!»

    Un point central pour la résistance est la Journée Nationale d’Action du 20 mars, qui marque le septième anniversaire de l’invasion américaine en Irak. Des marches organisées sur le plan national sont appelées pour Washington D.C., Los Angeles et San Francisco, avec des manifestations locales et régionales appelées par diverses organisations un peu partout dans le pays (rendez-vous sur SocialistAlternative.org après le 20 mars pour des comptes-rendus de ces actions). Bien que ces manifestations n’atteindront probablement pas le niveau de 2005, elles vont devenir un point d’attraction pour la jeunesse en cours de radicalisation, en colère face à l’attitude va-t’en-guerre de l’Administration Obama.

    L’Assemblée Nationale pour Terminer la Guerre et l’Occupation d’Irak et d’Afghanistan a joué un rôle important pour aider à unir les différents groupes autour des manifestations de masse et d’un fonctionnement démocratique dans le mouvement.

    Les véritables socialistes comprennent que les manifestations ne seront jamais par elles-mêmes suffisantes pour mettre un terme à la guerre. Mais celles-ci sont une tactique cruciales pour la reconstruction d’un mouvement anti-guerre de masse, pour unir les différents secteurs du mouvement anti-guerre, pour fournir un levier pour la mobilisation, pour attirer de nouvelles forces, et pour élever le niveau de confiance, d’éducation et d’organisation du mouvement.

    Bien sûr, nous soutenons aussi les autres actions qui peuvent être utilisées pour galvaniser le soutien – des tactiques telles que les sit-in étudiants et des actions directes bien planifiées pour faire appel à une audience plus large. Mais ces tactiques elles aussi ne seront pas suffisantes en soi pour mettre un terme à la guerre, elles doivent être utilisées en tant qu’outils afin de construire un mouvement qui aie déjà une base de masse, plutôt qu’en tant qu’exutoire à la frustration de quelques radicaux.

    Unifier les luttes

    L’enjeu de la guerre n’est pas isolé des autres problèmes auxquels sont confrontés les travailleurs et les jeunes. Les militants anti-guerre doivent s’unir aux luttes contre les coupes budgétaires, contre les licenciements, contre les expulsions de domicile. Dans toutes les luttes pour l’emploi et pour les services publics, le mouvement anti-guerre doit aider à construire le soutien et la solidarité tout en appelant à ce que tout l’argent qui est maintenant dépensé pour la guerre soit réorienté afin de satisfaire les besoins des travailleurs et des jeunes.

    Pour pouvoir lutter de manière efficace, ceci implique de rompre tous les liens politiques avec le Parti Démocrate qui est en train de faire passer cet agenda guerrier brutal. Nous avons besoin de candidats anti-guerre et anti-assainissements pour chaque élection possible à partir de 2010, de sorte à pouvoir nous confronter aux partis du grand capital tout en nous organisant dans les rues. Des campagnes électorales afin de soutenir des candidats indépendants de la classe ouvrière ont le potentiel d’élargir le mouvement et de rallier de nouvelles bases de soutien.

    C’est la nature même des deux principaux partis politiques, leur nature capitaliste, qui les pousse à la guerre dans leur éternelle quête de domination américaine et de profits gigantesques pour leurs mécènes des grandes multinationales. Il nous faut nous battre contre ce système capitaliste brutal qui engendre la guerre par son attitude à faire passer la nécessité de plus de profits avant les préoccupations humaines. Si nous désirons en finir pour de bon avec les guerres, nous devons alors, à partir de cette lutte, construire une société socialiste démocratique dans laquelle les simples travailleurs contrôleront un monde basé sur la satisfactions des besoins humains et l’établissement d’une existence sûre et pacifique.

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