Category: Public divers

  • Service publics menacés

    Les restes de contrôle gouvernemental sur Belgacom suivront l’exemple des glaces des pôles et disparaîtront au fur et à mesure si cela ne dépendait que des négociateurs de l’Orange Bleue.

    Aujourd’hui déjà, c’est le privé qui a le plus à dire dans l’entreprise de télécommunication. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : en 2006, Belgacom a réalisé plus de 6,1 milliards d’euros de profits alors que la moitié du personnel a disparu au début des années 1990 (notamment sous le ministère Di Rupo).

    Quand Belgacom paiera une partie de ses dividendes aux actionnaires (170 millions d’euros tout de même), seuls 91 millions d’euros finiront dans les caisses de l’Etat. Cela doit compenser les chiffres lamentables des finances de l’Etat. Après Belgacom, ce sera au tour de La Poste, dont la vente totale ne fait pas encore l’unaminité, mais qui doit cependant être « négociable ».

    Une privatisation plus poussée de la Poste signifiera que la moitié des postiers seront remplacés par des « distributeurs de courrier » qui devront travailler quelques heures par jour pour un salaire de misère. Et après ? La SNCB ?

  • AU SECOURS !!!! Sapeurs-pompiers à la recherche de respect !

    Quelque milliers de sapeurs-pompiers sont venus des 4 coins de la belgique, dans le capitale ce 28 février en front commun syndical. Ils ( et elles!!!) revendiquent, notamment, la reconnaissance du caractère à risque de leur métier, la pension complète à 55 ans et un refinancement massif de nos services d’incendie (certaines unités travaillent avec des véhicules de près de 30 ans !).

    CAP

    Différents membres du Comité pour une Autre Politique, de Gand, de Liège et de Bruxelles sont venus manifester avec les travailleurs du feu. Le même bus qui avait accompagné les travailleurs de VW à leur piquet de grève était dans le cortège et a servi de refuges à bien des pompiers sous l’averse. Une bonne tasse de café n’était pas de trop !

    Le message du CAP (voire annexe) a d’ailleurs été fort bien reçu. Des dizaines de manifestants ont signé les listes de parrainage pour aider le CAP à se présenter aux élections législatives.

    La différence entre le CAP et les partis au pouvoir a aussi été vivement démontrée aujourd’hui. Les centaines de pompiers n’ont eu personne pour les recevoir, le ministre de l’Intérieur, Patrick Dewael (Open-VLD), était absent. Ce mépris des travailleurs a été vivement ressenti parmi les manifestants. L’ordre a même été donné à la police de bloquer le parcours de la manifestation. La police a également fait usage de ses auto-pompes, plusieurs manifestants ont été blessés, dont au moins un grièvement.

    Les revendications des travailleurs se sont heurtées à un mur, mais les pompiers sont retournés chez eux résolus à continuer la lutte. Solidarité et changement de CAP !

    Pompiers: Gouvernements et communes économisent sur notre sécurité

    Tract du Comité pour une Autre Politique

    Sapeurs-pompiers, vos revendications sont on ne peut plus légitimes. Elles entraînent de nombreuses questions quant aux priorités du gouvernement.

    La reconnaissance du caractère à risque du métier de sapeur-pompier, la pension complète à 55 ans, un refinancement important du secteur, la réorganisation complète des services d’incendie en fonction de ses besoins et l’engagement de personnel suplémentaire ne sont pas des demandes uniquement en faveur des pompiers, c’est la population surtout qui en bénéficiera !

    A côté de la situation préoccupante des travailleurs du feu, nous voyons la fermeture de nombreux bureaux de poste (277 uniquement avant les élections), l’augmentation des tarifs des transports en commun (sans que la qualité du transport ni les conditions de travail ne soient meilleures), ou encore les moyens de l’enseignement sans cesse moins en rapport avec le nombre d’élèves. Doit-on s’étonner qu’il y ait plus de violence scolaire ?

    Pour les partis traditionnels, un véritable service à la population passe après avoir loyalement servi les intérêts des patrons.

    Les réponses faites aux revendications des travailleurs des services publics sont identique : « il n’y a pas d’argent dans les caisses». Mais qui les a vidées ? La politique des partis établis est faite de diminution de charges patronales. C’est autant d’argent de nos salaires indirects qui manque pour le service à la population. Selon la Banque Nationale, en 2003, les diminutions de charges patronales à la sécurité sociale s’élevaient à 3.451 millions d’euros, en 2004, à 4.073 millions, en 2005, à 4.547 millions et à 4.697 millions l’an dernier !

    Nos entreprises seraient donc en difficulté ? Non ! En 2005, les entreprises belges (à l’exception du secteur financier) ont réalisé 41 milliards d’euros de profits : 50% de plus qu’en 2004, et même quatre fois plus qu’en 1996.

    Mais par la lutte, plus de moyens sont possibles! Les pompiers de Liège ont ainsi pu obtenir de nouveaux engagements et une augmentation après leurs actions.

    L’argent existe !

    Mais pour l’utiliser, nous avons besoin d’une autre politique, une politique qui mette au centre de son action les intérêts des travailleurs et de leurs familles et non ceux des actionnaires et des patrons.

    Le comité pour une autre politique (CAP) veut faire entendre une autre voix et construire une alternative à cette politique néo-libérale et aux partis traditionnels. Nous voulons agir de manière concrète et quotidienne dans nos quartiers, nos entreprises, nos écoles,… et nous voulons aussi nous présenter aux élections légilatives du 10 juin.

  • Solidarité avec les pompiers de Liège et d’ailleurs. Gouvernement et communes économisent sur nos vies !

    Depuis des années, les pompiers revendiquent les mêmes choses, sans que leur sort ne soit pour autant amélioré. Que se soit au niveau fédéral ou au niveau des communes, les pompiers ont beaucoup à exiger pour pouvoir faire efficacement leur travail : protéger nos vies.

    Faites l’expérience autour de vous, demandez à quel métier on pense quand on parle de métier à risque. Nombreux sont ceux qui vous répondront « pompier ». Mais pas le gouvernement, pour qui les hommes du feu ne font pas un métier « à risque » ! Cette situation est d’autant plus ridicule qu’une récente étude a fait ressortir que les pompiers, en plus des dangers évidents d’un incendie par exemple, sont bien plus exposés à quatre types de cancers en raison des produits chimiques auxquels ils sont confrontés durant leur travail (gaz d’échappements, suies, benzène,…).

    Autre revendication pour le fédéral, l’accès à la pension dès 56 ans. Mais là encore, il y a blocage, surtout depuis que le soi-disant Pacte de Solidarité entre les Générations est passé fin 2005.

    Ces deux demandes valent déjà à elles seules de rentrer en lutte, mais les conditions de travail des pompiers sont encore empirées par la situation au sein de leur Intercommunale (Intercommunale d’Incendie de Liège et Environs, IILE).

    C’est tout d’abord l’ambiance de travail que citent les pompiers. Le manque de communication et de respect caractérise la direction. Nominations et promotions, par exemple, connaissent des conditions assez obscures aux yeux des travailleurs. Il y a aussi les bâtiments dans lesquels travaillent les pompiers 24h/24, dans un état déplorable au contraire des locaux de la direction, qui n’y passe, elle, que 8 heures par jour. « Et encore… » nous dit avec humour un travailleur. Deux mots qui en disent beaucoup sur les rapports qu’entretient la direction avec « son » personnel…

    La direction roule en voitures de fonction, de grosses BM, sans en avoir l’utilité, et bénéficie de cartes de crédits et d’autres avantages, alors que les 500 pompiers liégeois sont en sous-effectif d’au moins 30 hommes. Voilà un danger supplémentaire qui pourrait être évité en utilisant mieux l’argent disponible.

    Comme cité plus haut, les travailleurs du feu demandent la reconnaissance de leur métier comme étant « à risque ». Mais tous ne sont pas exposés aux mêmes dangers. Les « plongeurs » ou le GRIMP (Groupe d’Intervention en Milieu Périlleux) effectuent, selon la direction, le même travail que les autres ! Le GRIMP, pourtant, se distingue déjà dans les entraînements, qui se font parfois à 50 ou 60 mètres de hauteur sur des grues, des clochers,… Ils doivent de plus recevoir des formations en dehors des heurs de travail, qui ne sont bien entendu pas payées par leur patron, l’Intercommunale!

    Les pompiers demandent aussi une revalorisation de leur salaire de l’ordre de 5%. Augmentation salariale, plus de clarté dans les nominations et promotions, plus de moyens et d’effectifs, reconnaissance du caractère « à risque » de leur métier,… Les pompiers ne demandent finalement rien d’extraordinaire, ils demandent à pouvoir assurer au mieux la vie de la population. Et pourtant…

    Et pourtant, beaucoup de blabla et rien de concret. Face à cette situation, les travailleurs sont ainsi donc rentrés en action, tout en assurant le service. Ce sont donc des pompiers en congé qui ont commencé la tournée des communes dépendant de leur Intercommunale, à commencer par celle de Beyne-Heusay dont le bourgmestre est président de l’IILE. Ainsi, en quelques jours, le centre-ville, Visé, Saint-Georges, Grâce-Hollogne, Ans, Herstal ont connu la même visite et le même arrosage des façades. Rien de dégradant, donc, mais plutôt d’impressionnant, d’autant plus que les arrosages, la mousse et la fumée étaient accompagnés des sirènes des véhicules qui attiraient les habitants du quartier. A ce titre, les pompiers ont fait un effort particulier pour informer la population de la teneur de leurs actions, notamment en organisant au centre-ville un barbecue géant et une soupe populaire.

    Ils se sont également rendus ce 5 février devant les bâtiments liégeois de la RTBF et de RTL. Les médias traditionnels furent enfumé et chahuté en signe de protestation contre la manière dont ils retransmettent leur lutte. « On a quasi 10 minutes sur une école qui a un nouveau toit, mais rien sur les problèmes sociaux » nous dit un pompier, un travailleur en lutte face au black-out médiatique.

    Pour Alain Charlier, délégué des pompiers de Liège, la réussite des actions (une centaine de participants à chaque fois, alors qu’ils devaient être en congé) tient à un travail de sensibilisation à l’intérieur de la caserne, mais aussi à une longue histoire de ras-le-bol. Et en effet, il ne faut pas remonter loin pour trouver des traces de lutte des pompiers. En décembre dernier, ils avaient déjà mené des actions contre l’assureur Ethias qui refusait de couvrir les accidents de travail. A ce moment déjà, on parlait aussi du manque de considération de la direction pour les travailleurs et du salaire sans rapport avec les risques quotidiens du métier de pompier.

    Alain Charlier remarque aussi qu’avant leurs actions, rien n’était possible. Mais après avoir visité quelques communes, 6 euros de chèques repas par garde prestée ont tout de même été trouvé. Alors que les politiques disaient être arrivés à un maximum, l’argent arrive quand on lutte un peu.

    Cette situation de sous-financement est commune à l’ensemble des services publics. Il est facile aux politiciens de répondre qu’il manque de l’argent pour concrétiser les revendications légitimes des travailleurs, mais ce sont pourtant eux qui ont organisé (et organisent encore) la privatisation des services publics tout en vidant les caisses de l’Etat à force d’offrir des cadeaux fiscaux au patronat « pour sauvegarder l’emploi ». L’exemple de VW nous a récemment démontré à quel point cela était utile…

    Ce dont nous avons besoin, c’est d’une autre politique, une politique qui mette au centre de son action les intérêts des travailleurs et de leurs familles et non ceux des actionnaires et des patrons.

  • Une direction à l'écoute des syndicats…

    Nos lecteurs ont l’habitude de voir dans nos pages patrons et gouvernants critiqués pour l’absence d’attention pour les revendications syndicales. Voici un exemple où un directeur s’est mis à l’écoute de ses délégués… au sens propre, en faisant placer du matériel digne d’un film d’espionnage!

    Nicolas Croes

    L’histoire se passe à Nannine, sur les hauteurs de Namur, où se trouve le Centre de prêt de matériel de la Communauté française.

    En juin 2004, le directeur fait appel à un de ses employés pour acheter et installer du matériel d’écoute téléphonique dans le bureau syndical, copier les mots de passe de l’ensemble des ordinateurs du centre, et faire un double des clés individuelles des bureaux.

    Entre-temps, l’ambiance s’était considérablement déteriorée au Centre, et 4 employés ont été licenciés en janvier de cette année, abusivement selon les syndicats. Pris de remords, l’employé en question a pris contact avec un des délégués qu’il avait mis sur écoute, début novembre, pour lui révéler l’affaire.

    Manque de chance pour la direction, il avait assuré ses arrières en gardant factures, mails échangés avec le directeur,… ce dernier est maintenant suspendu et une enquête est ouverte. Son identité et sa couleur politique n’ont pas été révélée dans la presse, mais s’il est membre du PS, ce serait pour une fois une affaire touchant la bande à Elio où il n’y a pas de corruption…

  • Stop à la liberalisation des services publics

    La Poste a été vendue pour moitié à des entreprises étrangères. Les quelques services publics qui subsistent encore doivent se préparer pour la privatisation. Le secteur des chemin de fer, sur recommandation de l’Union Européenne sera, à l’avenir, scindé entre le propriétaire de l’infrastructure (INFRABEL) et le prestataire des transports (SNCB). Cette scission représente une étape supplémentaire dans le démantèlement total et la vente des chemins de fer belges.

    Karel Mortier

    Les ministres européens des transports ont décidé en décembre de libéraliser totalement en 2010 le transport international des voyageurs. La libéralisation du transport national des voyageurs ne devrait pas suivre. Mais, vu la position centrale de la Belgique, il est clair qu’une libéralisation totale des lignes internationales aura un grand impact sur le transport national. Les investisseurs privés pourront, par exemple, circuler entre Ostende et Cologne, Anvers et Lille et vendre des tickets pour les trajets entre les gares sur ces lignes. Une grande partie des lignes nationales rentables sera donc libéralisée. Ce projet est également celui du PS et du SP.a au gouvernement. La libéralisation des liaisons internationales sera “bonne pour les gens”, déclare Renaat Landuyt (SP.a), ministre fédéral des transports. “Et cela n’aura aucune conséquence sur les lignes moins rentables”.

    Différents exemples à l’étranger ont plutôt démontré que la libéralisation du transport des voyageurs n’a pas conduit à une meilleure offre de service ou à une baisse des prix. Mais ce genre de détail est tout à fait négligeable pour les futurs investisseurs.

    Affirmer que la libéralisation des lignes internationales et nationales rentables n’aura aucun impact sur les autres est un mensonge puisque la mise sur pied des réseaux à haute vitesse s’est faite au détriment du réseau national. Les consommateurs pourront choisir à l’avenir entre plusieurs entreprises de transport, mais ce sera choisir entre la peste et le choléra.

    Après que l’énergie, la communication et la Poste aient été livrées aux aléas du marché, c’est maintenant le tour du transport public. La libéralisation de tous ces services est allée de pair avec la perte de dizaines de milliers d’emplois, une augmentation de la charge de travail et une détérioration des conditions de travail.

    A la Poste, les plans d’assainissement se sont succédés à un rythme plus que soutenu. A peine Géoroute 1 a-t-il été intégré que Géoroute 2 pointe le nez. En matière de fourniture d’énergie, on peut prévoir que des dizaines de milliers de familles passeront l’hiver sans chauffage ni électricité après qu’elles aient été virées par les fournisseurs privés d’électricité. Dans ces conditions, nous ne voyons pas qui doit payer pour les campagnes publicitaires par lesquelles les fournisseurs d’énergie essaient d’attirer de nouveaux clients.

    La libéralisation des services publics n’est pas encore une affaire entendue. La résistance à travers toute l’Europe des dockers contre la libéralisation de leur secteur et le démantèlement de leur statut prouve qu’une opposition est envisageable et que, de surcroît, elle donne des résultats. Chaque nouvelle tentative visant à libéraliser le marché du travail portuaire se heurte à des actions de résistance des dockers. Sans cette stratégie, la libéralisation de ce marché serait un fait accompli depuis belle lurette. Oser se battre, c’est oser gagner!

  • La lutte paie. Les gardiens de la prison d’Anvers remportent une victoire!

    Après des semaines de grève, les gardiens de la prison d’Anvers ont eu gain de cause sur tout la ligne. Il y aura plus de personnel pour combler le manque actuel. En cas de manque d’effectifs, le travail sera adapté. Il a fallu quatres semaines pour obtenir cela, même si ce manque de personnel suffisant était flagrante.

    Malgré cela, la ministre Onkelinx a préféré durcir le conflit. Son désir était la capitulation des gardiens de prison et elle fit tout son possible pour casser la grève. Elle pu compter sur le soutien du parlementaire VLD Fons Borgignon, qui proposa de limiter plus encore le droit de grève pour le personnel des prisons. Malheureusement, un protocole pour restreindre le droit de grève fut accepté par un syndicat : le CCOD ( la CCSP flamande, centrale CSC pour les services publics).

    Au piquet de grève de la prison d’Anvers, c’est à coup de gamineries que l’on chercha à démoraliser les travailleurs: ainsi a-t-on interdit aux grévistes de mettre un baril qui les rechauffait au piquet. Les services de nettoyage qui enlevèrent ce braséro, ont également (pourquoi pas ?) emporté trois drapeaux syndicaux: un de chaque couleur!

    Mais les semaines de grève ont porté leurs fruits. La ministre Onkelinx a annoncé que 36 gardiens de prison supplémentaires seront recrutés. Vingt d’entre eux peuvent commencer toute de suite et 16 sont en réserve. Mais d’autres encore sont nécessaires. De l’encadrement actuel (237 gardiens de prison), 60 ont demandé à être mutés ailleurs.

    La grève qui vient de se terminer eut comme base le départ de 23 gardiens vers une autre institution. Ce problème peut se reproduire dans un futur proche. A long terme, il faudra repartir en action. Un examen d’embauche supplémentaire pour la prison anversoise est nécessaire.

    Maintenant, le personnel de la prison a dû faire grève durant quatre semaines pour contraindre le gouvernement à tenir sa promesse de remplir un encadrement de personnel de 260 gardiens effectifs. Le gouvernement a refusé de tenir sa parole et devrait l’admettre. Les gardiens ont souffert financièrement à cause du gouvernement. Ils ont perdu le droit aux primes supplémentaires et verront partir en fumée une bonne partie de leurs primes de congé annuel en 2006. Ce ne serait que logique que le gouvernement reconnaisse qu’il a eu tort et prenne ses responsabilités en allouant les primes de congé annuel pour 2006 au personnel de la prison d’Anvers.

  • Service public privatisé. “Je prèfère encore courir derrière le camion!”

    Service public privatisé

    Dans pas mal de communes, le ramassage des ordures ménagères est confié depuis quelques années à des firmes privées dont l’objectif est de faire du profit et non de rendre un service à la population. Bon nombre d’habitants l’ont ressenti dans leur portefeuille: sacs payants, hausse de la taxe annuelle,…Bien entendu, un sac à 1 euro, cela pèse plus sur le budget d’un pensionné ou d’un chômeur que sur celui d’un notaire. Et les travailleurs qui collectent les déchets? Nous avons interrogé Jean, qui travaille dans une firme privée de ramassage des poubelles.

    Tu travailles chez Biffa. C’est une société privée ou une intercommunale?

    C’est privé à 100%. Biffa a des contrats avec les autorités locales pour ramasser les déchets. Là où j’ai travaillé, on était chargé de ramasser les sacs PMC (sacs bleus) dont le contenu est recyclable (canettes en métal, bouteilles en plastic, tetrapak,…). Normalement les sacs ne sont pas trop lourds, sauf quand les gens trichent en remplissant les boîtes avec plein de truc. Comme les sacs sont relativement légers on est seul derrière le camion. Tous les ménages ne trient pas. Il y a donc moins de sacs bleus. Ils sont moins lourds mais il faut cependant une bonne condition physique car on ne marche pas derrière le camion, mais on court toute la journée. Je dis bien «courir», car si on marche on ne rentre pas chez soi avant 10 heures du soir! D’après les mesurages qui ont été faits, un ramasseur de sacs PMC fait en moyenne une quarantaine de km à pied sur sa journée de travail. Quand la distance est trop longue entre les habitations je monte dans la cabine du camion. Celui-ci parcourt en moyenne une centaine de km sur la journée, y compris la distance pour aller au dépôt de Châtelet..

    Y a-t-il des travailleurs intérimaires?

    Oui. En principe pour boucher les trous (remplacer les malades, ceux qui sont en congé) mais certains intérimaires sont là tous les jours.

    Et le salaire?

    La firme chipote avec les barèmes. Nous sommes clas-sés dans la catégorie «transport routier», où les salaires sont plus bas qu’en «ramassage des déchets». Sur le plan salarial je suis considéré comme convoyeur et non comme ramasseur. Nous sommes donc payés moins que les ouvriers qui ramassent les ordures ménagères. En francs belges, j’avais environ 330F de l’heure plus une prime d’environ 35F de l’heure car nous n’avons pas de toilette ni de cantine. Le supplément pour les heures supplémentaires n’est payé qu’au delà de 10 heures de travail quotidien et non pas au delà de 8 heures, parce que dans le transport routier on considère qu’il y a des «heures d’attente».

    S’il n’y a pas de réfectoire ni de sanitaires prévus, comment faites-vous pour manger? Pour vous laver les mains?

    On mange dans le camion. On a un jerrycan d’eau pour se laver les mains. On travaille bien sûr avec des gants pour des raisons d’hygiène et pour éviter les coupures. Normalement on doit passer un examen médical. J’ai été convoqué plusieurs fois à l’examen mais je devais pour cela courir à Charleroi en dehors de mes heures de travail. Comme j’arrête ce travail dans quelques semaines, je n’aurai pas subi d’examen médical. J’ai seulement envoyé mon attestation de vaccination antitétanique.

    Y a-t-il une présence syndicale?

    J’en ai entendu parler, mais je n’ai jamais vu de délégué. Il faut dire que la firme est très étendue et a des activités diverses dans la collecte et le traitement des déchets. Ainsi au dépôt de Châtelet se trouve un centre de tri: des aimants sélectionnent les objets métalliques. Tout le reste est trié à la main par des travailleurs mal payés et qui sont toute la journée le nez dans les odeurs. Je préfère encore courir derrière le camion car là au moins on est à l’air.

    Par tous les temps?

    Oui. Le pire n’est pas le froid mais la pluie. Il n’y a pas de chômage intempéries prévu, comme dans le bâtiment. S’il pleut, les sacs doivent quand même être ramassés. On s’arrête parfois quelques minutes s’il drache trop fort. Mais si la pluie continue de tomber il faut bien recom-mencer à courir derrière le camion. On est trempé toute la journée. On a bien des protections mais qui prennent l’eau rapidement. Courir avec un ciré est intenable car on transpire tellement qu’on est alors mouillé à l’intérieur. On reçoit des vêtements de travail fluos, comme tous ceux qui travaillent le long des routes, mais seuls les travailleurs engagés directement par Biffa reçoivent des chaussures de sécurité. Pas les intérimaires!

    Propos recueillis par Guy Van Sinoy

  • Faillite de la Sobelair. Les travailleurs laissés à leur détresse

    La faillite de la Sabena avait provoqué un choc important au sein du monde du travail: beaucoup de travailleurs y ont vu (avec raison) la conséquence de la privatisation et de la course au profit. Mais une partie plus large de la population avait été touchée et avait perçu la faillite de la Sabena comme la disparition d’un symbole national. Les travailleurs de la Sabena, et en particulier le personnel de cabine, avaient fait preuve d’une combativité résolue.

    Guy Van Sinoy

    Mais les directions syndicales n’étaient pas à la hauteur car elles n’avaient pas l’intention de mener une lutte de grande envergure pour sauvegarder l’emploi des travailleurs de la Sabena et des entreprises de sous-traitance. La manifestation nationale de solidarité organisée à Zaventem par les directions syndicales n’avait d’ailleurs pas eu pour but de lancer un mouvement de grèves allant en s’élargissant, mais seulement de montrer que les syndicats avaient «montré leur solidarité».

    Aujourd’hui les travailleurs de Sobelair sont bien seuls. D’abord parce que la Sobelair n’avait pas le prestige de la S-bena et qu’une large partie de la population n’accorde pas beaucoup d’importance à cette faillite. Ensuite parce qu’une partie des travailleurs de Sobelair sont des anciens de la Sabena et ont dû accepter une baisse de salaire de 25% pour être repris par Sobelair. Enfin parce qu’ils ont retenu de l’expérience de la Sabena que les directions syndicales ne sont capables de les soutenir qu’en organisant une manifestation symbolique au lieu de lancer une bataille pour le maintien de l’emploi avec une mobilisation d’autres secteurs.

    Le désarroi des travailleurs licenciés chez Sobelair fait peine à voir. A la fois ils dénoncent les manoeuvres de leur patron, l’affairiste Bruno Vastapane, tout en s’accrochant désespérément aux belles paroles des curateurs. Voir les travailleurs de la Sobelair applaudir les curateurs au lendemain de la faillite donne la mesure de leur désarroi. Nous ne sommes pas les apôtres de la violence. Mais il suffit de se rappeler la manière dont quelques travailleurs des Forges de Clabecq, poussés à bout par les huissiers qui les harcelaient, avaient traité les curateurs des Forges pour voir le gouffre qui sépare les travailleurs de la Sobelair de ceux de Clabecq. A Clabecq l’incident avec les curateurs n’avait rien arrangé: au contraire car les médias s’étaient jetés sur cet incident pour criminaliser les travailleurs des Forges et en particulier leurs délégués FGTB qui menaient le combat sur tous les fronts: contre les patrons, le gouvernement wallon et la bureaucratie syndicale. Les travailleurs des Forges de Clabecq avaient cependant compris que les curateurs ne sont pas là ni pour défendre l’emploi ni le sort des travailleurs mais pour solder l’entreprise et payer les créanciers. Dans le camp patronal, les vautours se pressent autour de la Sobelair pour la dépecer et acquérir à vil prix l’un ou l’autre bon morceau. Dans le camp syndical, les dirigeants syndicaux se font discrets.

    Partout dans le monde les travailleurs de l’aviation civile sont soumis à une dégradation brutale de leurs conditions de travail et de rémunération. Ainsi chez Ryanair le personnel de cabine doit nettoyer l’habitacle lors des escales. Dans son livre «Mike contre-attaque» (Stupid White Man), Michael Moore dénonce le fait que les pilotes d’American Eagle, une filiale d’American Airlines, ne gagnent que 16.800$ par an (soit l’équivalant 1.12O euros par mois!). La bourgeoisie, les gouvernements, le Fonds Monétaire International ne cessent d’invoquer le respect d’une logique: la rentabilité économique (le profit) des en-treprises. Mais les travailleurs ont une autre logique économi-que à respecter: celui de faire vivre leur famille! Dans cette bataille il n’y a pas d’espace pour une position intermédiaire entre les deux camps: soit on accepte avec résignation la logique capitaliste qui vous broie, soit on mène avec l’ensemble des travailleurs une résistance acharnée contre l’exploitation. Mais cette résistance ne peut être menée à bien qu’à deux conditions: renforcer le mouvement syndical à la base et y mener une lutte sans merci contre les dirigeants syndicaux qui acceptent la logique capitaliste.

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