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Grèce : Une épreuve de force : Les syndicats annoncent une grève générale de 48 heures contre l’austérité
L’establishment grec a été ébranlé par la grève générale du 15 juin, combinée à la poursuite des occupations de places, la place Syntagma à Athènes et les places d’autres villes du pays, tout autant que par la demande généralisée de la population grecque de se débarrasser du gouvernement des “menteurs et voleurs”, tel qu’il est largement qualifié.
Stephan Kimmerle, CIO, Athènes
Dans le courant de la journée de grève générale, le Premier Ministre Giorgios Papandreou a offert sa démission et a annoncé la formation d’un gouvernement "d’unité nationale", pour ensuite retirer sa démission. Le Pasok, le parti au gouvernement, social-démocrate, essaye maintenant de resserer ses rangs et de regagner une certaine stabilité. Le remaniement ministériel du gouvernement est sensé être suffisant pour gagner un vote de confiance pour Papandreou le mardi 21 juin.
Il s’agit d’un gouvernement extrêmement faible, avec une majorité de seulement 155 parlementaires sur 300, mais ce n’est pas tout – le pire problème est que les masses grecques réalises la faiblesse du gouvernement, elles comprennent qu’il a été ébranlé et se tiennent toujours derrière le slogan: “dégagez”.
Le gouvernement et les forces derrière lui – la "troika" de l’Union Européenne, de la Banque Centrale Européenne et du Fond Monétaire International ainsi que le grand Capital grec – craignent maintenant une intensification de la résistance de masse contre leurs coupes budgétaires et leur austérité.
Le dimanche 19 juin se sont tenues des manifestations et des assemblées populaires à Athènes, place Syntagma, devant le Parlement. Depuis le début de l’occupation de la place par les ‘indignés’ le 25 mai, les dimanches sont toujours des occasions de montrer la force du mouvement et de discuter en assemblées massives, de plus de 5.000 personnes, de ce qui suivra.
Le lundi, 20 juin, GENOP, le syndicat de l’électricité, commence une grève de 48 heures. Cette grève sera évaluée après deux jours et immédiatement reconduite si besoin est. La compagnie d’électricité, DEI, est tant que maintenant toujours dans les mains de l’Etat (qui détient 51% de ses actions) mais est menacé de privatisation dans le cadre de l’austérité maintenant imposée par la troika et avec le consentement du gouvernement du Pasok.
Le conseil syndical POE/OTA appelle à des actions de grève et à l’occupation des locaux du gouvernement et à la tenue d’assemblées, suivant l’exemple de la place Syntagma Square. Il n’est toutefois pas encore bien clair si cet appel va être suivi de toute action réelle.
La confédération syndicale appelle à une grève générale de 48 heures
Vendredi dernier, le 17 juin, la confédération syndicale des secteurs privés et publics s’est réunie et a appellé à une grève générale de 48 heures, deux jours avant le vote du ‘second memorandum’ – le nouveau paquet d’austérité – au Parlement. Cette grève devrait se tenir aux environs du 28 juin.
Sous la pression du mouvement de masse – les indignés rejoignant les travailleurs en grève générale le 15 juin – les dirigeants syndicaux ont été forcés d’augmenter le niveau de résistance. L’exemple des travailleurs de GENOP peut pousser à avoir plus d’actions issues de la base. Après neuf grèves générales depuis le début de la crise, utilisées essentiellement pour faire baisser la pression, il s’agit d’un changement significatif. Les travailleurs, les chômeurs et la jeunesse ont démontré une détermination exemplaire, avec le clair objectif de stopper les coupes. Les assemblées ont offert une opportunité d’agir plus indépendamment des dirigeants syndicaux et de mettre sur elles une pressions immense pour passer à l’action.
Rôle et pouvoir des assemblées
A Athènes, des militants ont tenté de lancer des assemblées locales dans plusieurs quartiers. Elles sont parfois petites initiallement, et rassemblent plutôt des militants de gauche. En certains endroits, 100 à 150 personnes se rencontrent au niveau local sur une place publique et commencent à mener des actions, essayent de s’organiser pour les manifestations et livrent bataille au niveau local contre les attaques antisociales dans les hôpitaux, en lançant des revendications pour protéger les sans-emploi, etc. Ces assemblées locales sont toujours à un stade initial et leur futur développement n’est pas encore clair. Cela dépendra du développement général du mouvement et de la lutte des classes.
L’assemblée place Syntagma est au centre de ce processus. Les décisions qui y sont prises constituent des références pour le mouvement, particulièrement pour les assemblées locales. Les orateurs sont choisi par lotterie, chacun voulant prendre la parole recevant un numéro et les numéros étant tirés au sort. Après les discussions, des votes sont effectués sur les propositions.
Certains thèmes se sont dégagés ces dernières trois semaines. Par exemple, il est assez largement convenu qu’il ne faudrait pas payer pour la dette souveraine de la Grèce. Après beaucoup de scepticisme, compréhensible, envers les dirigeants syndicaux, une majorité claire s’est prononcée pour forger des liens puissants avec les travailleurs en lutte. La question de la nationalisation des banques est un débat continuel et une majorité des indignés est en faveur de cela, mais sans un accord complet sur ce qu’il convient de faire ensuite.
D’autres thèmes sont encore en débat. Mercredi dernier, la question de quitter l’Union Européenne et la zone euro a été soulevée, et une majorité s’est prononcée en faveur de cela, sans claire alternative. Alors que les partisans du KKE (Parti Communiste – qui ne participe pas aux assemblées, les consédérant comme “petites bourgeoises”) déclarent que la Grèce sera plus à même de résoudre ses problèmes seule, d’autres disent qu’il faut considérer le contexte économique grec dans le cadre de l’économie globale.
Tant que cette question est simplement posée entre le ‘choix’ entre l’euro, dominé par les plus fortes puissances impérialistes européenes, et le retour au drachme sur une base capitaliste, toujours sous la domination des grandes économies capitalistes, c’est un choix entre deux maux, entre la peste et le choléra.
Xekinima (section du CIO en Grèce), défgend la nécessité d’une résistance des travailleurs et des jeunes à l’échelle européenne contre l’Europe capitaliste et ses institutions, ouvrant ainsi la voie à une coopération socialiste à tous niveaux, en tant que partie d’une confédération socialiste volontaire des Etats ouvriers d’Europe.
D’autres thèmes en débat concernent le rôle des partis politiques, comment se débarrasser du gouvernement du Pasok et par quoi le remplacer. Peu de réponses sont données.
Si ces assemblées s’étendent localement et particulièrement sur les lieux de travail, et que la place Syntagma peut réunir des délégués de toutes les assemblées, il s’agirait alors de l’embryon d’une future alternative : la base d’un gouvernement pour les travailleurs et les pauvres, dans les intérêts des travailleurs, des chômeurs, des pauvres et des jeunes.
Pour l’instant, les assemblées offrent l’opportunité d’organiser la résistance contre les attaques antisociales, d’être un contrôle sur les dirigeants syndicaux et d’impliquer activement plus de gens dans la lutte contre l’agenda des capitalistes de Grèce et d’ailleurs.