Iran: Pour la fin de la dictature!

11 février: De la révolution de 1979 à la nouvelle vague de résistance de 2010

Le régime de Téhéran célèbre officiellement le 31ème anniversaire de la révolution de 1979, une révolution réalisée par les opprimés, les travailleurs et les pauvres. Au même moment, des milliers de personnes sont emprisonnées pour le «crime» d’avoir revendiqué des droits démocratiques. Mais le mouvement continue: de protestations contre la fraude électorale, la lutte s’est développée pour exiger la fin de la dictature de la nouvelle élite au pouvoir. Si le mouvement pour les droits démocratiques est lié à la lutte des masses de la classe ouvrière et des pauvres, le régime s’effondrera.

Comité pour une Internationale Ouvrière

> Iran 1978-79: Une révolution volée à la classe ouvrière

  • Pour la fin de la dictature! Tout comme les travailleurs et les pauvres avaient fait chuter le Shah, les oppresseurs actuels doivent tomber!
  • Pour la libération de tous les prisonniers politiques, stop à la peine de mort et à la torture!
  • Pour le droit de créer des partis et des organisations de travailleurs, pour de pleins droits syndicaux et la liberté de créer des syndicats pour tous les travailleurs et les soldats.
  • Pour de pleins droits démocratiques, pour l’élection démocratique d’une assemblée révolutionnaire constituante afin de décider de l’avenir de l’Iran.
  • Pour développer les protestations: pour la création de comités du mouvement et leur liaison régionale et nationale. Ces comités doivent assurer la tenue et l’organisation d’élections libres.
  • Pour le droit des travailleurs à s’organiser, à faire grève et à défendre leurs conditions de vie et de travail.
  • Pour l’arrêt du recours à l’armée contre la population. Pour le droit de créer des syndicats pour tous les soldats, pour le droit d’élire les officiers, qui doivent être révocables. Pour le démantèlement de la milice Basiji et des Pasdarans (Gardiens de la Révolution).
  • Pour des droits égaux pour les femmes
  • Non à l’emprise de la dictature sur chaque aspect de la vie quotidienne et culturelle.
  • Non à l’oppression des Kurdes, des Arabes et de toute autre minorité.
  • Pour des médias libres, pour l’accès libre à internet, pour la fin de censure.

L’Iran est un pays riche. Mais, tout comme avant 1979, seule une petite minorité bénéficie de cette richesse tandis que des millions de personnes souffrent de chômage, de contrats à court terme et de pauvreté – sans même avoir le droit de s’organiser et de protester contre cette situation. Tout juste comme avant 1979! Mais l’exemple de la révolution, 31 ans passés, démontre que les masses ne peuvent être stoppées par l’oppression, aussi brutale soit-elle.

La célébration de la révolution (le 2 février) de la part de ce régime est aussi cynique que son utilisation du mouvement de masse il y a 31 ans: des millions de personnes exigeaient alors la fin de l’autocratie du Shah et de la dictature du grand capital, sous l’emprise des USA qui traitaient l’Iran comme une colonie. Mais les sentiments anti-impérialistes de la classe ouvrière et des pauvres – comme leur revendication d’une «république des pauvres» – ont été exploités pour instaurer un nouveau système sous lequel les capitalistes nationaux, ainsi que la nouvelle élite dirigeante prétendant personnifier l’Islam, exploitent le pays pour servir leurs propres intérêts.

Les USA, de même que d’autres puissances impérialistes ayant soutenu le régime du Shah jusqu’à sa chute, versent aujourd’hui des larmes de crocodile face à la répression du régime de Téhéran. Mais en même temps, les gouvernements capitalistes des USA et d’Israël menacent d’attaquer l’Iran, ce qui aboutirait probablement à une nouvelle guerre à côté des guerres impérialistes en Irak et en Afghanistan.

A travers le monde, beaucoup de travailleurs et de jeunes ont exprimé leur solidarité avec la population iranienne. Voilà d’où le mouvement de masse en Iran peut obtenir une aide véritable. Il y a un monde de différences entre cette solidarité et les «protestations» hypocrites des grandes puissances capitalistes.

  • Stop aux guerre d’Irak et d’Afghanistan!
  • Pas de guerre de la part des USA ou d’autres puissances capitalistes contre l’Iran!
  • Pour la solidarité internationale basée sur le mouvement ouvrier à travers le monde, pour la solidarité avec le mouvement révolutionnaire en Iran et contre l’hypocrisie des puissances occidentales qui ne veulent qu’augmenter leur influence dans la région.

La menace que constitue l’impérialisme est instrumentalisée par le régime iranien afin de stabiliser son pouvoir et ‘unir la nation contre la menace étrangère.’ Mais l’Iran n’est pas un pays ‘uni’: quelques riches retirent bénéfices de l’exploitation des masses que ce soit dans des entreprises capitalistes ou dans les ‘fondations’, dirigées par le Pasdaran et sous contrôle des familles liées à la bureaucratie cléricale dirigeante, les mollahs millionnaires. De l’autre côté, les gens souffrent d’un chômage de masse et de pauvreté tandis que l’Etat essaye de tout diriger, jusqu’aux relations personnelles et la vie quotidienne des gens.

Officiellement, le chômage est de 12% mais, selon des estimations officieuses, il s’agit de plus du double de cela: jusqu’à 30% de la population serait sans travail, une situation affectant tout particulièrement les jeunes. Ceux qui ont un emploi ont souvent des contrats à court terme, sans aucun droit et avec le danger de perdre ce travail à tout instant. Le salaire minimum officiel est de loin sous le seuil de pauvreté. Chaque tentative d’organiser des syndicats indépendants ou des grèves est brutalement réprimée.

Malgré cela, les luttes des conducteurs de bus à Téhéran ou encore des raffineries de canne à sucre de Haft Tappeh constituent des exemples encourageants. Le régime a répondu en emprisonnant les dirigeants et plusieurs travailleurs des autobus de Téhéran et les dirigeants du syndicat indépendant de Haft Tapeh.

Pendant qu’il opprime le mouvement d’opposition, le régime iranien prépare une autre attaque néo-libérale contre les travailleurs et les pauvres. Les subventions accordées pour limiter les prix de quelques marchandises, comme l’essence et la nourriture, doivent être réduites de l’équivalent de 100 milliards de dollars d’ici 2015, à partir de cet avril, avec des coupes de 10 à 20 milliards. Des discours parlent de remplacer ces subventions en donnant directement de l’argent aux pauvres, mais cela conduirait l’inflation 15.7% au-delà du taux actuel officiel, qui est déjà loin du taux réel.

Ahmadinejad avait basé sa première campagne électorale pour les présidentielles de 2005 sur une critique des politiques néolibérales de Rafsandjani, ce qui lui avait assuré un certain soutien parmi les pauvres. Il mine actuellement ce soutien avec des thérapies de choc capitalistes comme d’essayer d’adapter les prix au marché.

  • Stop aux attaques contre les conditions de vie et les droits des travailleurs!
  • Pour une vie décente, pour l’augmentation immédiate du salaire minimum au-delà du seuil de pauvreté en tant qu’étape vers des salaires décents. Pour la liaison des salaires et des revenus des pauvres au taux d’inflation.
  • Pour des droits démocratiques pour tous les travailleurs et chômeurs, pour le droit de s’organiser, de construire des syndicats et de faire grève.
  • Pour la libération de tous les prisonniers du mouvement ouvrier, comme les dirigeants syndicaux de Haft Tappeh.
  • Pour la nationalisation des grandes banques et des grandes entreprises qui contrôlent l’économie, pour que les entreprises nationalisées et les fondations soient placées sous gestion et contrôle démocratiques des travailleurs.
  • Luttons contre le capitalisme et l’impérialisme! Pour un Iran socialiste et démocratique en tant que part d’une fédération socialiste du Moyen-Orient dans un monde socialiste, avec pleins droits pour les minorités nationales et ethniques en Iran.

Moussavi et Karroubi, deux des quelques candidats autorisés aux dernières élections, n’offrent aucune réelle alternative. Quand Moussavi était premier ministre, lors de la présidence de Rafsandshani dans les années ‘80, s’est alors déroulé le plus grand nombre d’exécutions de prisonniers de l’opposition de l’histoire d’Iran. De son côté, Karroubi déclare lui-même être «membre du système [islamique], enfant du système et mon destin est attaché à ce système». Le mouvement doit agir indépendamment des capitalistes et de l’élite dirigeante. Il doit aussi tirer des leçons de l’amère déception de 1979/80, quand une nouvelle élite a utilisé une rhétorique «révolutionnaire» et religieuse pour prendre le pouvoir et le consolider. Seul un gouvernement des travailleurs et des pauvres peut garantir les droits démocratiques et commencer la transformation du pays en retirant le pays de la poigne de l’élite dirigeante et du capitalisme.

  • Il faut renforcer l’opposition – il faut reconstruire le mouvement ouvrier, construire et défendre des syndicats indépendants!
  • Pour développer le mouvement révolutionnaire, il faut créer des comités démocratiquement élus du mouvement, pour l’organiser régionalement et nationalement.
  • Pour des comités ouvriers pour défendre les conditions de travail, en liaison avec le mouvement. De ces comités, de nouvelles formations dans la tradition des Shoras de 1979 (conseils issus des comités de grève) peuvent se développer, avec le droit d’élire des représentants au salaire d’un travailleur et révocables.
  • Il faut s’organiser pour construire un parti des travailleurs. La révolution de 1979 a été trahie par ceux qui affirmaient que les lutes et organisations des travailleurs devaient être subordonnées à l’alliance avec l’opposition des fondamentalistes islamistes de Khomeiny. Nous avons besoin d’un parti des travailleurs avec un programme visant à renverser la dictature et le capitalisme.
  • Pour un gouvernement des travailleurs et des pauvres!
  • Pour une stratégie internationaliste et socialiste pour prévenir toute menace de guerre et d’intervention impérialiste.

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