[PHOTOS] Meeting/débat sur l’expérience du combat de “ceux de Clabecq”

Hier soir, une petite cinquantaine de personnes avaient répondu à l’invitation des sections bruxelloises du Parti Socialiste de Lutte de revenir sur l’expérience du combat des Forges de Clabecq en compagnie de Silvio Mara, ex-délégué FGTB aux Forges, et de Gustave Dache, ex-délégué Caterpillar, vétéran de la grève générale de l’hiver 1960-61. Cet événement prenait place très exactement 20 ans après la grande marche pour l’emploi du 2 février 1997 qui a réuni 70.000 personnes sur le site des Forges.

En décembre 1996, les Forges de Clabecq sont déclarées en faillite. Les actionnaires avaient pris la poudre d’escampette. Les délégations syndicales prennent alors la sécurité du site en main et occupent l’entreprise. Ils se rendent compte qu’ils auront besoin de la mobilisation permanente de tous les 1800 travailleurs, mais ils sont bien préparés. Avant même la faillite, la délégation FGTB nous expliquait qu’ils discutaient chaque semaine de l’évolution mondiale du marché de l’acier, qu’ils évaluaient la position des Forges et préparaient ainsi politiquement les militants pour ce qui allait survenir et, surtout, comment y faire face. Au travers de dizaines de militants, toute l’usine était politiquement prête.

A partir de la faillite, environ 1.500 travailleurs se réunissent toutes les deux semaines à peu près, dans l’un des halls vides de l’usine, pour dresser un état de lieu et lancer des propositions d’action. La délégation réalise bien le danger que certains, au fil du temps, restent à la maison. Les militants contrarient cela en appelant chacun bien à l’avance et, si nécessaire, en leur rendant une visite à la maison. Ici, pas de privilèges ou de tapis rouge pour les journalistes. Le ‘‘pape rouge’’ ou encore le ‘‘clan D’Orazio’’ est fustigé dans la presse pour cela. Mais les sympathisants d’autres entreprises et les militants de gauche sont accueillis à bras ouverts. La distribution de tracts et la vente de journaux de gauche n’y est pas considéré comme un problème, mais comme une contribution précieuse au débat. Les plus motivés sont reçus par la délégation lors des réunions régulières, de sorte que non seulement leur solidarité est reçue mais aussi leur mobilisation et leur capacité organisationnelle.

A coups de bus remplis de travailleurs de Clabecq, une mobilisation se lance dans tout le pays. La délégation est ainsi capable de réunir 70.000 manifestants à Clabecq le 2 février 1997 dans une Marche multicolore. À la fin du mois de mars, les travailleurs sont attirés dans un piège de la gendarmerie sur une autoroute. Des coups sont donnés des deux côtés. Les dirigeants syndicaux instrumentalisent l’événement pour démettre la délégation de ses fonctions. A partir de là, les dirigeants de la délégation sont poursuivis en justice. Après cinq ans, les 13 accusés sont acquittés sur toute la ligne. Entretemps, ils avaient réussi à négocier une reprise, un petit miracle. Mais ils se retrouvent eux-mêmes sur liste noire. La lutte de Clabecq a eu lieu dans une période d’expansion économique, et non pas après une crise mondiale du capitalisme comme aujourd’hui. Il y avait d’autres foyers de résistance, mais très loin du mouvement généralisé d’aujourd’hui contre le gouvernement de droite.

La soirée d’hier a aussi abordé la solidarité internationale puisque Gustave et Silvio ont rejoint l’appel de solidarité avec les accusés de Jobstown en Irlande (Faites comme Noam Chomsky: opposez-vous à la criminalisation de la résistance sociale en Irlande!Le plus grand procès politique en Irlande depuis des décennies: Soutenez les activistes de Jobstown!)

Meeting "20 ans après la Marche multicolore pour l'emploi de Clabecq"

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