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Brésil: NON à la guerre contre les pauvres!
En pleine semaine sainte, la mort d’innocents a de nouveau fait pleurer la communeauté du complexe d’Alemão (un ensemble de treize favelas situées dans le nord de la ville de Rio de Janeiro). Quatre personnes sont mortes des suites de balles perdues lors d'échanges de tirs avec la police dont une éducatrice municipale, Elizabeth Moura Francisco, morte dans sa maison, et Eduardo Jesus, 10 ans, mort de manière brutale alors qu'il jouait. La réponse du gouverneur Pezão face à ces crimes fut de promettre d'encore accroître l’occupation de la communauté par les forces de répression. Dans la communeauté voisine, à Maré, l’occupation militaire du gouvernement de la présidente brésilienne Dilma est synonyme d'exécution des habitants dans les favelas.
Par Raphael Mota, LSR (Liberdade, Socialismo, Revoluçao, section brésilienne du Comité pour une Internationale Ouvrière)
L’indignation a saisi les rues de Rio et des rassemblement ont eu lieu au lendemain de la mort du petit Eduardo Jesus. La communeauté en deuil a réagi en manifestant et en criant «la police ne tue que les habitants!» et «dehors les UPP!» (unités de police pacificatrice, installées dans les favelas) tandis que des panneaux ont été accrochés aux fenetres et aux plaques des motos. La police militaire a dispersé les manifestants qui commençaient a monter sur l’avenue Itaoca, l’artère centrale du complexe Alemão (ces agressions physiques ont été retransmises en direct à la télévision). Le jour suivant, une manifestation a réuni des personnes issues de toute la ville. Quelques jours plus tard, ils occupaient la quartier de Copacabana le dimanche de Pâques. Au vu de l’attention de l’opinion publique et médiatique, ces dernières manifestations n’ont pas été réprimées par la police militaire.
Le projet des Unités de Police de Pacification (UPP) a été conçu pour créer une ceinture de «pacification» à l’occasion des événements sportifs de la ville de Rio, que ce soit la coupe du monde de football ou bien les jeux olympiques. Aucune – ou quasiment aucune – des préoccupations du peuple n’ont été prises en considération. Le résultat fut une rapide escalade de la politique sécuritaire. Chaque semaine surviennent de nouveaux récits d’agressions contre les habitants dans les journaux locaux
La guerre contre les drogues dans la ville de Rio n’est en réalité pas une guerre contre les trafiquants, c’est une guerre contre la pauvreté.
La criminalité sert de prétexte pour exterminer la population noire et pour militariser les périphéries urbaines. Voilà où se situent les véritables intérêts du capital concernant la drogue et la violence. D’autre part, les trafiquants de drogue, qui ne vivent pas dans les favelas, bénéficient de cette politique de non assistance aux pauvres.
Démilitarisation et contrôle démocratique
Mener un véritable débat concernant la politique de sécurité dont nous avons besoin devient plus urgent jour après jour. Des changements sont nécessaires tels que la création d’une commission d’enquête indépendante, une politique communautaire intégrant la population dans son élaboration et son application, la fin des UPP et la démilitarisation de la politique. Ces propositions traitent de la possibilité concrète d’opérer des changements profonds dans la sécurité publique.
Les favelas, devant autant de difficultés, nécessitent une aide qui ne peut provenir que des habitants eux-mêmes et de la solidarité entre les opprimés (travailleurs, précaires,…) unis contre l’oppression. Dans ces cités-ghettos, les conditions matérielles manquent pour assurer l’accès à l’égalité des bénéfices démocratiques comme l’enseignement, la santé, des espaces culturels,… Mais le gourvenement en place se contente de politiques sécuritaires. Les droits de ces citoyens sont bafoués alors qu’ils devraient avoir le meilleur de ce que notre société a à leur offrir. C’est à partir de ce type de garanties sociales que s’ouvrira la possibilité d’une liberté sociale pour les habitants des favelas.