Les politiques d’austérité plongent le logement en plein marasme

Par Baptiste

Des loyers continuellement en augmentation, des listes d’attente interminables pour avoir droit à un logement social, des milliers de bureaux et de bâtiments vides, des prix faramineux pour l’acquisition du moindre appartement, des recensements de sans-abris en hausse,… et des projets de prestige pour les plus aisés ! Tel est le résultat de décennies de politiques néolibérales dans le logement à Bruxelles.

Des loyers inabordables !

Année après année, se loger revient de plus en plus cher à Bruxelles. Depuis 2002, les loyers ont en moyenne augmenté de 45%. Sur le même laps de temps, seuls 440 logements sociaux supplémentaires ont été créés (portant le nombre à 39.000), alors que 41.000 personnes se retrouvent sur liste d’attente. Et cette liste est une sous-estimation importante de la demande. Pouvant parfois se retrouver sur liste d’attente plus d’une décennie, de nombreux ménages renoncent à ce parcours du combattant.

Au final, cette pénurie en logements sociaux exerce une pression à la hausse encore plus grande sur l’ensemble des loyers, ce qui met dans le rouge l’immense majorité des ménages. Une famille bruxelloise consacre en moyenne plus de 30% de son budget au logement !

Où est donc passé l’argent public ?

Les logements sociaux sont placés sur une voie de garage et les solutions proposées par les autorités sont, au mieux, des logements publics. A Saint-Gilles, il faut savoir que le plafond de revenus annuels pour y prétendre est relativement élevé : 40.000 € bruts pour un isolé, 70.000 pour un ménage. Cette politique a pour conséquence logique de remplacer les locataires les plus précarisés par d’autres disposants d’un revenu plus important. Les problèmes sociaux, eux, restent inchangés.

Sous prétexte d’organiser une mixité sociale, il s’agit de se débarrasser des plus pauvres à la place de traiter la pauvreté en soi. Benjamin Cadranel (PS), patron de la Société de Développement pour la Région de Bruxelles-Capitale (SDRB) et ancien directeur de cabinet de Charles Picqué, déclarait à ce propos : ‘‘à Bruxelles, la population précarisée est captive au coeur de la ville, or la population qu’il faut convaincre de rester ou revenir au centre, c’est la classe moyenne.’’

Cette stratégie du gouvernement Olivier est scandaleuse. L’objectif est d’offrir un secteur du logement rentable pour les entreprises privées. Pour les promoteurs immobiliers, c’est le jackpot. La société immobilière Cofinimmo a d’ailleurs encore réalisé 120 millions d’euros de bénéfices nets l’an dernier, tout comme l’année précédente.

Et si les ménages payent au prix fort la facture de cette politique antisociale, c’est également le cas des travailleurs du secteur du bâtiment, où la proportion de travail au noir et la pratique du ‘‘dumping social’’ sont fréquemment pointées du doigt. Bruxelles, paradis des promoteurs.

Les bâtiments vides ? Pour encore et toujours plus de prestige et de profits !

Quant aux 1,6 millions m² de bureaux vides à Bruxelles, 30€/m² de subsides sont offerts par la Région aux promoteurs pour leur réhabilitation en logements de luxe. Pourtant, la ‘‘loi Onkelinx’’ datant de 1993 permet la réquisition des logements vides par les autorités publiques pour les mettre à disposition des sans-abris. Dans le contexte de pénurie actuel, ce raisonnement pourrait très bien être étendu aux bâtiments dans lesquels se retrouvent les bureaux inoccupés, ce qui permettrait d’offrir un logement accessible à des couches plus larges que les seuls sans-abris.

A la place de cela, la région offre une opportunité de profits supplémentaires aux promoteurs, au prix de l’expulsion des occupants de fortunes comme ce fut le cas du Gésu en novembre dernier. Dans un communiqué, Cofinimmo parlait ainsi de la poule aux œufs d’or qui lui est apportée sur un plateau d’argent: ‘‘Bruxelles est soumise à une pression démographique de plus en plus importante ; une manière d’y répondre est de convertir des immeubles de bureau en logements et c’est ce que nous commençons à faire avec le projet Livingstone dans le quartier européen.’’ Et de préciser que les appartements haut de gamme de cet immeuble seront vendus pour 3500€/m² !

Pour des loyers abordables et du logement de qualité pour tous !

Il est inacceptable d’utiliser le phénomène du ‘‘boom démographique’’ pour se déresponsabiliser des pénuries en logement, comme le font les communes bruxelloises et la région. Non seulement elles se déresponsabilisent, mais en plus elles organisent l’évacuation des ménages les plus précaires pour mieux gonfler les bénéfices des entreprises privées. Sur l’ensemble des logements de la région, seuls 8% sont des logements sociaux. A Saint-Gilles, dans la commune où Picqué est bourgmestre depuis près de 30 ans, la situation est pire encore puisqu’il n’y a que 4,6 % de logements sociaux. L’absence de point sur les logements sociaux dans le programme électoral du PS n’est pas étonnant et c’était déjà le cas en 2012.

Nous n’avons pourtant pas besoin de projets de prestige dont seuls les plus aisés peuvent profiter. Chacun devrait avoir droit à un logement de qualité à prix abordable. Tout comme les associations pour le droit au logement, nous défendons qu’il y ait 20 % de logements sociaux. On peut y parvenir avec la construction massive de ceux-ci, par la réquisition et la réhabilitation des logements et des bureaux inoccupés, (par réquisition si nécessaire). Ainsi, 60.000 nouveaux logements sociaux publics de qualité pourraient être créés afin de résoudre la pénurie.

Une alternative à l’austérité

Il est nécessaire de sortir les secteurs du logement et de la construction des mains des promoteurs immobiliers et du privé, assoiffés de profits. C’est la condition pour pouvoir réaliser une politique d’urbanisme et de logement favorable aux besoins de toute la population. On pourrait en outre sortir l’emploi du secteur de la précarité et permettre aux jeunes peu qualifiés de nos quartiers d’y trouver un travail décent.

30 années de sous-financement des services collectifs, ça suffit ! L’austérité, ça ne fonctionne pas ! Une politique qui refuserait de payer la dette publique destructrice et nationaliserait les banques et les secteurs vitaux de l’économie permettrait de lancer un plan radical d’investissements publics pour relancer l’économie, créer des logements, des écoles, des crèches et des emplois décents.

=> Site de Gauches Communes

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