Elections grecques : Votez SYRIZA! Pour un gouvernement de gauche avec un programme socialiste !

Pour les élections législatives de ce 17 juin, nous avons le choix entre les conservateurs de la Nouvelle Démocratie (ND) et la coalition de la gauche radicale Syriza. Le choix auquel nous sommes confrontés est le suivant : la poursuite de la politique d’austérité et des mémorandums ou la fin de cette politique antisociale afin d’adopter un cours nouveau.

Déclaration de Xekinima, section grecque du Comité pour une Internationale Ouvrière

Les deux partis qui gouvernent le pays depuis des années, le PASOK social-démocrate et la ND conservatrice, ont provoqué une baisse générale des conditions de vie pour des millions de travailleurs, de jeunes et de retraités. Ces mêmes partis ont également posé les bases qui ont permis la croissance d’Aube Dorée, une bande d’assassins fascistes, qui se qualifient de ‘‘patriotes’’ tout en regardant avec nostalgie la période hitlérienne ou celle de la dictature militaire des colonels connue en Grèce de 1967à 1974. Ils ont pu entrer au Parlement pour la première fois.

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MEETINGS : Pour une alternative à l’Europe d’austérité !

Ce 20 juin, 3 jours après la tenue des élections en Grèce, Nikos Chountis (eurodéputé de Syriza) sera présent à un meeting européen contre l’austérité.

Bruxelles – Mercredi 20 juin, 19h30

Meeting organisé par Alternatives à Bruxelles & ‘‘Gauches Communes’’ avec :

  • Nikos Chountis, eurodéputé de Syriza, Grèce
  • Paul Murphy, député européen du Socialist Party, Irlande
  • Charlotte Balavoine, candidate du Front de Gauche aux législatives pour la circonscription du Bénélux
  • Tony Mulhearn, Trade Union and Socialist Coalition, Angleterre
  • Un représentant d’Izquierda Unida, Espagne
  • Stephen Bouquin, de Rood!
  • Anja Deschoemacker, ‘Gauches Communes’

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Nous appelons les millions de victimes de la politique du PASOK et de la ND à faire tout ce qui est en leur pouvoir pour mettre un terme à cette politique. Aujourd’hui, cela signifie de voter pour Syriza.

La gauche doit travailler ensemble

Pour ces élections du 17 juin, les forces de gauche auraient dû travailler ensemble afin d’assurer que la politique grecque change de cap autant que possible. Le KKE (Parti communiste) et Antarsya (une alliance de gauche anticapitaliste) auraient dû répondre positivement à l’appel de Syriza visant à coopérer ensemble avec l’objectif de constituer un gouvernement de gauche.

Ces deux formations ont basé leur refus sur le prétexte que le programme de Syriza est insuffisant, pas assez radical et à gauche. Xekinima, la section grecque du Comité pour une Internationale Ouvrière, partage en grande partie les critiques émises par le KKE, Antarsya et d’autres forces de gauche concernant le programme de Syriza. Ce n’est toutefois pas une raison suffisante pour motiver une absence de coopération. Ce refus renforce les possibilités qu’ont les partis pro-austérité et la troïka d’empêcher une victoire de la gauche aux élections.

En dépit des désaccords, les autres forces de gauche auraient dû coopérer avec Syriza. Cela s’applique plus particulièrement à la plus grande d’entre elles, le KKE. Une collaboration aurait pu être utilisée pour mener une discussion ouverte sur le programme de Syriza ainsi que sur la politique que devrait appliquer un réel gouvernement de gauche. Un tel débat serait très utile pour la population, permettrait de préciser où il est possible d’obtenir des consensus et instituerait une pression vers la gauche sur Syriza. De plus, cela n’aurait pas menacé la position indépendante du KKE (ou d’Antarsya). Une collaboration commune entre différentes forces de gauche ne signifie pas d’avoir automatiquement une même idéologique ou une même identité politique et organisationnelle. Mais le KKE a refusé toute coopération, ce qui l’a d’ailleurs conduit à connaître un affaiblissement de la position du parti dans la société tout ainsi que des éléments de crise interne.

Comment sortir l’économie de la dépression ?

La discussion sur le programme que la gauche doit adopter est de la plus haute importance. En effet, la possibilité est réelle qu’un gouvernement de gauche arrive, soit directement après le 17 juin, soit par la suite si un nouveau gouvernement d’austérité peut être formé avec la ND et le PASOK.

Beaucoup suivent avec grand intérêt cette discussion sur ce que doit être une politique réellement de gauche, et les faiblesses sont encore nombreuses à ce niveau. Syriza, qui constituerait la base pour un éventuel gouvernement de gauche, a de nombreuses limites, ambiguïtés et contradictions au sein de son programme.

Xekinima soutient Syriza dans sa position de refus total des politiques d’austérité imposées par la troïka. Mais parallèlement, nous attirons l’attention sur le vide existant concernant le type de politique à mener, et nous mettons en avant nos propres propositions en vue de combler ce vide avec une politique alternative. A notre avis, les éléments centraux d’un programme de gauche doivent être :

  • Le non-paiement des dettes publiques. Ces dettes représentent 350 milliards d’euros, soit 160% du Produit Intérieur Brut. Le paiement de celles-ci constitue une insoutenable saignée pour l’économie grecque. Ces dettes sont le résultat des conditions de crédit contractées aux banques par leurs représentants politiques du PASOK et de la ND. Les travailleurs et leurs familles ne portent aucune responsabilité là-dedans. Le refus de payer ces dettes est une condition sine qua non pour disposer d’une marge de manœuvre économique.
  • Le système bancaire doit être placé dans les mains du public, de la collectivité. Les banques grecques ont spéculé avec l’épargne de la population et se sont elles-mêmes énormément enrichies. Maintenant, l’épargne des Grecs aux mains des banques est bien plus limitée. Seule une nationalisation complète du secteur bancaire peut offrir la garantie de protéger l’épargne de la population tout en accordant des crédits abordables pour que l’économie puisse se développer.
  • Il faut nationaliser les grandes entreprises stratégiques. Des années durant, les entreprises des secteurs de l’énergie, des communications, des transports, de la construction, et bien d’autres grandes entreprises ont été subventionnées par les fonds publics, avec notre argent. Maintenant, ces capitaux privés s’en vont. Quand la spéculation tourne mal, ce sont les travailleurs qui en payent le prix et sont foutus à la porte. Nous devons prendre possession de ces entreprises et en assurer le contrôle public, de sorte qu’elles constituent autant de leviers pour des investissements publics et pour une croissance économique. Les ressources ainsi disponibles pourraient être utilisées pour la collectivité, notamment dans le domaine de l’enseignement et des soins de santé.
  • Une nationalisation n’est pas suffisante en soi, elle doit être accompagnée d’un contrôle et d’une gestion opérée par les travailleurs et la société en général. Cela permet d’assurer que la collectivité mette un terme à la corruption, à la mauvaise gestion, à l’évasion fiscale et au gaspillage des cotisations à al sécurité sociale.

Sur base de ces mesures, il sera possible de planifier l’économie afin que celle-ci puisse répondre aux besoins de la collectivité.

D’autres mesures

Outre les points généraux mentionnés ci-dessus, un gouvernement de gauche devrait également prendre les dispositions suivantes :

  • Augmenter le salaire minimum et immédiatement revenir sur l’abolition des négociations de conventions collectives de travail
  • Geler tous les licenciements et convertir les emplois temporaires et précaires en contrats à durée indéterminée.

Sur la base de tous ces éléments, il est possible de procéder à des recrutements massifs et des investissements massifs là où les besoins sont les plus importants, notamment dans l’enseignement et les soins de santé. Il faudrait également investir dans les secteurs capables de renforcer l’économie : l’infrastructure, l’agriculture, le tourisme, les énergies renouvelables,…

Un programme socialiste

Ce programme n’est pas celui de Syriza. Mais en votant pour Syriza et en instaurant un gouvernement de gauche, les masses grecques auront la possibilité de stopper les attaques antisociales et d’entamer une discussion sur la politique socialiste nécessaire pour relancer l’économie. Il est maintenant très important de discuter de ce programme de gouvernement et des mesures que ce dernier devra prendre. Un gouvernement de gauche créera les conditions favorables à la lutte pour l’amélioration des conditions de vie de tous.

Le mieux pour ce faire est un programme de type socialiste, une économie basée sur la collectivisation des secteurs-clés de l’économie, la seule façon de sortir l’économie de la dépression en défendant les intérêts de la population.

Entrer en confrontation avec l’Union européenne en collaboration avec les travailleurs du sud de l’Europe et du reste du continent

L’establishment européen menace la Grèce d’exclusion de la zone euro si elle ne respecte pas ses “obligations” envers les créanciers. Pour continuer d’appartenir à l’euro, ils veulent que la population grecque accepte un effondrement total de la société. La réponse doit être claire : c’est non!

Alors qu’ils exercent un chantage avec cette exclusion de la zone euro, messieurs Venizelos (du PASOK) et Samaras (de la ND) ainsi que leurs amis de la troïka préparent une politique qui finira de toute manière par mettre la Grèce en dehors de la zone euro. Ce sont les derniers à être autorisés à utiliser cette menace ! Sur base de leur propre système capitaliste en faillite, la Grèce devra quitter l’euro et réintroduire sa propre monnaie. Cela s’accompagnera d’une dévaluation drastique de la monnaie et d’une inflation très élevée.

Un gouvernement représentant les intérêts des travailleurs et de leurs familles basé sur un programme socialiste est capable de résister aux diktats de Bruxelles et d’empêcher qu’une sortie de l’euro étouffe complètement l’économie grecque.

Cette question de la sortie de l’euro ne doit pas être traitée avec des slogans plats et superficiels tels que ‘‘sortie immédiate de l’UE’’, il faudra une transition. Bruxelles n’a pas la capacité de mettre dehors un pays en 24 heures. Il même possible pour un temps de garder l’euro pour le commerce extérieur à côté d’une monnaie nationale pour le commerce intérieur. Ce processus peut prendre des mois, des mois au cours desquels un programme socialiste de reconstruction de l’économie peut être appliqué, la véritable base pour une nouvelle croissance et stabilité de l’économie.

Au cours de cette période, une autre bataille devra également être menée, celle de la lutte pour l’internationalisme, en travaillant avec la population du reste de l’Europe afin de combattre nos ennemis communs de l’Union Européenne, de la Banque Centrale Européenne et du Fonds Monétaire International, contre le capital et les multinationales. Notre objectif devra être la constitution d’une Europe des travailleurs et du socialisme. Aucun pays ne peut survivre comme une oasis socialiste entouré d’un monde capitaliste hostile. La Grèce sera un exemple et une source d’inspiration pour des millions de personnes à travers l’Europe. Cet effet ne doit pas être sous-estimé.

Si cela ne conduit pas immédiatement à un mouvement général à l’échelle européenne, il est toutefois bien possible que les mouvements de résistance du sud de l’Europe et dans les pays massacrés par la crise (l’Espagne, le Portugal, l’Irlande, l’Italie) conduisent à un changement vers une zone économique commune avec une monnaie commune.

Des possibilités historiques

La gauche a déjà eu des occasions historiques mais, malheureusement, celles-ci ont été perdues ou ont conduit à des tragédies. La cause sous-jacente de ces échecs a toujours été le refus ou la faiblesse de connecter la lutte quotidienne à un programme capable de briser le pouvoir du capital. Nous avons maintenant face à nous une nouvelle opportunité historique avec la percée de Syriza, et nous ne devons pas la perdre.

Le mouvement des travailleurs grec doit continuer à se construire à travers ses grèves et ses occupations d’entreprises et de places, à travers les campagnes de non-paiement (notamment celles contre le péage sur les routes et celles contre le prix des transports en commun), à travers les actions de masses et aujourd’hui dans les urnes. Ainsi, nous pouvons infliger une défaite à la troïka. Nous pouvons travailler avec la population de toute l’Europe, en particulier celle du sud, et livrer un message de résistance et d’espoir pour une autre société.

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