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Crise du pouvoir d’achat et envolée des prix, l’expression du chaos capitaliste et du manque de planification

Les hausses de prix généralisées frappent la classe travailleuse et les jeunes au cœur du porte-monnaie. Que trouve-t-on derrière cette inflation croissante ? Comment cette évolution est-elle liée à la crise du capitalisme ?
Par Peter (Leuven)
Des décennies de baisse néolibérale du pouvoir d’achat
Ce que vous ne lirez nulle part dans les médias de masse, c’est que nos salaires et allocations sociales sont sous pression depuis les années 1980. Depuis lors, la classe dirigeante s’efforce de comprimer les salaires et les allocations sociales afin qu’elles ne suivent pas la hausse des prix. Les marges bénéficiaires ont à nouveau augmenté après la crise au milieu des années 1970 en raison de la politique d’austérité néolibérale (un transfert de richesses de la collectivité vers le privé). Le revers de la médaille : en Belgique, la pauvreté est passée d’environ 5 % dans les années 1980 à 15 % aujourd’hui. Le nombre de travailleurs pauvres a également augmenté, pour atteindre 5 % de l’ensemble des indépendants et des travailleurs salariés.
Il y a bien un mécanisme d’indexation en Belgique, mais il a été manipulé pour ne plus représenter correctement l’augmentation de la cherté de la vie. La forte hausse des prix de l’immobilier ne s’y reflète pas non plus entièrement. L’indexation des salaires en Belgique tient compte des loyers, mais pas de l’augmentation massive des prix des logements. En 2014, l’indice des salaires belge réformé donnait un poids de 19 % au “logement” (loyer, énergie, eau…) en termes de part du revenu des ménages. Alors que, selon les enquêtes sur le budget des ménages – menées par le gouvernement – la famille moyenne a consacré 30,3 % en 2018 et 31,8 % en 2020 du revenu familial au logement (prêt immobilier ou loyer, énergie, eau…).
La raison invoquée par les économistes bourgeois est que l’achat d’un logement peut être considéré comme un “investissement” et non comme une simple forme de consommation. Les riches et les spéculateurs ont en effet fait grimper les prix des logements de cette manière. Pour les travailleurs ordinaires, cependant, ce problème est beaucoup moins important, voire inexistant. Pour nous, il reste à voir si nous atteindrons l’âge de la retraite sans perte d’emploi…
Des décennies de restrictions salariales néolibérales, d’index-santé et de flambée des prix de l’immobilier ont assuré que, même avant la vague inflationniste actuelle, une famille moyenne de la classe travailleuse avait besoin de deux salaires. Sans, bien entendu, que ces familles puissent bénéficier de services publics bon marché ou gratuits afin de s’occuper des tâches ménagères. Au contraire.
Ere du désordre & accélération de la crise du pouvoir d’achat
À l’ère néolibérale, les crises économiques ont été abordées par la création de davantage de dettes, grâce à des taux d’intérêt bas, et en augmentant le taux d’exploitation. Le libre-échange et la mondialisation ont imposé la création de profits au reste du monde. C’était la réponse du capital à la crise de rentabilité des années 1970 et aux problèmes de suraccumulation dans les pays développés.
Après la crise de 2008 – lorsque la montagne de dettes a menacé de s’effondrer – une sorte d’urgence économique est apparue. L’intervention des banques centrales a dû sauver les banques privées, les gouvernements et certaines entreprises. L’ensemble du système a commencé à vaciller. L’argent supplémentaire imprimé a de nouveau augmenté les dettes des gouvernements et alimenté l’inflation boursière.
Après la crise de 2020, le livre de recettes néolibéral, qui condamnait l’intervention de l’État dans l’économie, a été mis de côté pour sauver le système. Les gouvernements ont lancé des plans de relance. Une plus grande partie de cet argent imprimé s’est retrouvée en circulation. Cela a contribué à l’évolution des modes de consommation qui a perturbé les chaînes d’approvisionnement mondiales. Ces chaînes d’approvisionnement provenant de pays comme la Chine ont été mises en place pour une production « juste à temps », c’est-à-dire sans aucun stock qui pourrait jouer le rôle de « tampon » en cas d’imprévu. Aujourd’hui, l’échec de la politique de « Zero Covid » en Chine pose toujours des problèmes d’approvisionnement. La nouvelle guerre froide entre la Chine et les États-Unis renforce quant à elle le processus de démondialisation de l’économie mondiale.
L’introduction du capitalisme privé en Chine et la nature non planifiée du capitalisme mondial signifient que les chocs de production se traduisent par des prix plus élevés. Une économie démocratiquement planifiée reposant sur la nationalisation des secteurs clés de l’économie introduirait un contrôle des prix et serait en mesure de réorienter et de soutenir la production plus rapidement, de sorte que les chocs d’offre soient plus vite absorbés et corrigés sans dégâts sociaux.
Près de la moitié de l’inflation en Belgique, est due à la hausse des prix de l’énergie. Ces derniers ont augmenté de 66 %. Les causes citées plus haut sont : une offre qui n’a pas pu répondre au rebond de l’activité économique après la pandémie, la guerre en Ukraine et les sanctions contre la Russie de Poutine, les taxes sur le CO2 sur les gros consommateurs – comme les compagnies d’électricité – qui ont doublé et sont répercutées sur les clients…
Quant à la production de céréales et de denrées alimentaires, elle est également perturbée par la guerre en Ukraine. À cela s’ajoute la spéculation capitaliste en raison de la perspective de nouvelles hausses de prix. La crise climatique est également de plus en plus un facteur de pénurie alimentaire et de hausse des prix. Mais les entreprises monopolistiques jouent également un rôle, dans ce secteur comme dans d’autres. Les prix augmentent parfois simplement parce que quelques grandes multinationales qui dominent un secteur décident de répercuter l’augmentation de leurs coûts.
Le manque de réserves et de planification, les conflits géopolitiques, la crise climatique, la monopolisation, la réticence des gouvernements à « fausser » le marché… : en définitive, les causes de la hausse des prix résident au cœur du système capitaliste. Le capitalisme a engendré une multitude de crises, toutes liées les unes aux autres et se renforçant mutuellement dans cette nouvelle « ère du désordre » des années 2020.
Les éléments ne manquent pas pour indiquer que l’inflation persistera. Toutefois, ce processus pourrait être interrompu par une nouvelle récession économique, éventuellement profonde et prolongée. Sur base de pertes d’emploi, d’attaques contre les salaires, de faillites… une tendance inverse de déflation pourrait apparaître. Le capitalisme, quel que soit le développement qui prévaut dans la période à venir, est un système usé. Il doit être remplacé par la planification rationnelle et démocratique qu’assure un système socialiste démocratique.