Bientôt un demi-million de malades de longue durée : cette société est malade

Image : Wikimedia Commons

Nous approchons lentement des 500.000 malades de longue durée sur une population active de 5 millions. Près de 36 % des malades de longue durée souffrent de troubles mentaux, suivis par les maladies musculaires et articulaires telles que les problèmes de dos. Le plus frappant est la grande proportion de maladies professionnelles de longue durée : burn-out, dépressions, problèmes de dos.

Par Irina

Ne soyons pas surpris que des personnes tombent malades sur leur lieu de travail avec la course effrénée à la performance (une véritable « course de hamsters» entre collègues). La productivité et les normes augmentent sans cesse, il faut de plus en plus d’énergie pour tenir le rythme, sans la compensation d’une journée de travail plus courte ou d’un meilleur temps de récupération. On attend plus de flexibilité pour une charge de travail plus lourde. Faire des heures supplémentaires, être disponible à tout moment, même pendant les vacances ou les week-ends, c’est chose courante en de nombreux endroits. Parallèlement, les tâches ménagères s’accumulent à la maison.

Le coût social de cette pression accrue est colossal. Les allocations de maladie ont coûté 9,3 milliards d’euros à la collectivité en 2019. Le coût humain pèse encore plus lourd. Les personnes malades sont stigmatisées comme « inutiles » et « profiteuses », en plus du stress financier qu’entraîne souvent le fait

d’être malade pendant une longue période. Les possibilités de trouver un travail adapté sont limitées. Dans leur forme actuelle, les trajets de réintégration sont souvent synonymes de raccourci vers la sortie médicale et l’indemnité de maladie peut être stoppée à tout moment. De nombreux malades de longue durée voient ainsi toutes leurs perspectives s’effriter lentement, de même que leur estime de soi. Ce ne sont pas des profiteurs : ce sont des victimes d’un système pervers.

L’idée défendue par le professeur Stijn Baert selon laquelle « nous sommes trop indulgents envers les malades de longue durée » est tout à fait répugnante. Ce discours épargne les employeurs et le système capitaliste. C’est envers eux que nous sommes trop indulgents !

Cette course de hamsters doit être stoppée. Cela commence par une réduction collective du temps de travail avec embauches compensatoires, sans perte de salaire et une diminution de la charge de travail. La prévention sur les lieux de travail doit être améliorée, ce qui passe par les CPPT (Comité pour la Protection et la Prévention au Travail) et les délégations syndicales. Le poids supplémentaire des tâches ménagères, qui aujourd’hui encore reposent souvent sur les épaules des femmes, peut être soulagé par le développement de services collectifs adaptés pour prendre en charge une partie de ces tâches, avec un personnel travaillant dans de bonnes conditions de travail et un salaire suffisant. Un emploi convenable, cela signifie également la sécurité de l’emploi au lieu de la précarité. Quant aux personnes qui doivent faire un pas de côté, elles doivent recevoir des allocations plus élevées : tomber maladie ne doit faire sombrer personne dans la pauvreté.

Mener une vie saine et socialement utile, prendre soin de soi,… tous ces besoins humains essentiels entrent de plus en plus brutalement en conflit avec cette économie reposant sur la soif de profits. Soyons clairs : la vraie maladie, c’est le capitalisme.

Author

0
    0
    Your Cart
    Your cart is emptyReturn to Shop