C’était il y a tout juste 50 ans : le 7 janvier 1961

Au lendemain de la journée d’ affrontements violents à la gare des Guillemins, toute la classe ouvrière du pays a le regard tourné vers Liège. C’est avec une grande colère et un grand respect que les grévistes commentent les heurts, et c’est aussi avec une très grande émotion qu’ils apprennent qu’il y a eu des morts et de nombreuses victimes suite aux affrontements. Mais ils ressentent aussi une grande fierté, la fierté d’ appartenir à cette classe ouvrière qui s’ est battue avec héroïsme face à des bataillons de gendarmes lourdement armés.

Cet article, ainsi que les autres rapports quotidiens sur la ”Grève du Siècle”, sont basés sur le livre de Gustave Dache ”La grève générale insurrectionnelle et révolutionnaire de l’hiver 60-61”

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Les travailleurs sont restés à leur poste de combat, montrant aux appareils leur volonté d’ en découdre avec l’ Etat bourgeois. L’ un des blessés graves de Liège est décédé dans la nuit de samedi des suites de ses blessures, après avec reçu une balle dans le dos. La victime, un travailleur, Laurent Rodder, avait participé aux affrontements survenus à la gare des Guillemins. Albert Boutet est plongé dans un coma critique. Les dirigeants syndicaux de la FGTB et du PSB avaient initialement l’intention de désapprouver publiquement les incidents de Liège mais, face à cette violence et à la détermination des manifestants, ils n’ osent pas les condamner parce qu’ils savent très bien qu’ils sont les premiers responsables de cette situation, ayant laissé les travailleurs livrés à eux-mêmes sans qu’aucun mot d’ ordre d’ action ne soit donné.

La FGTB nationale publie cependant un communiqué après avoir salué : «avec émotion les victimes des brutalités de la répression» : «Le combat continue, tant en Flandre qu’en Wallonie.» De son côté, le Comité de Coordination des régionales FGTB de Wallonie, réuni ce 7 janvier 1961, ne publie aucun communiqué. Bizarre ?

L’ éditorialiste du Peuple du 7 janvier 61 se borne à donner des conseils de calme aux grévistes en colère. «La lutte légitime des travailleurs ne doit pas déborder ; en bloquant le système économique du pays, ils tiennent le bon bout. Qu’ils calment leurs nerfs, qu’ils tiennent paisiblement le coup. Pas de violence. Sang-froid et décision.» Le lendemain, nouvelle déclaration du bureau du PSB : «Le PSB tient à faire à nouveau appel aux masses travailleuses pour qu’elles gardent le calme et le sang-froid qui sont l’ arme des forts.» L’ éditorial de Jean Blume dans le « Drapeau Rouge » du 7 janvier 61 est déconcertant de radicalisme gratuit quand il dit : «Dans le camp des travailleurs, la puissance de frappe est intacte. En tout cas, il faut en finir. Si, à l’abandon honorable, M.Eyskens préfère le Knock-out, il aura le Knock-out.»

Dès le 5 janvier, après s’ être à plusieurs reprises prononcé contre la marche sur Bruxelles, Renard avait fait entériner sa position après le Congrès de l’ Action Commune de Liège. En outre, n’hésitant pas à se défiler devant ses propres responsabilités, il avait fait adopter le principe de l’abandon de l’ outil, tout en s’ en remettant, pour les modalités d’ exécution, aux centrales professionnelles. Comme si une seule centrale professionnelle pouvait oser à elle seule prendre une responsabilité si lourde de conséquences.

Le lendemain de cette journée d’ émeute, Renard ne désavoue pas carrément les incidents de la veille, mais il les considère comme l’ expression de la colère, l’oeuvre de meneurs, de jeunes qui veulent la violence. «Bien des années plus tard, Jacques Yerna se déclare persuadé que ces incidents sont le résultat de la colère des travailleurs et non d’ une poignée d’ agitateurs, comme certains l’ ont prétendu, renard en premier : «Il ne faut pas oublier que le 6 janvier, la grève dure depuis trois semaines, qu’il fait très froid et que toute la période des fêtes s’ est passée dans la lutte. Les travailleurs qui se sentent de plus en plus exclus de la société constatent bien que le mouvement s’ essouffle.»» (André Renard, Pierre Tilly, P.623)

Ce samedi 7 janvier, plusieurs ministres du gouvernement Eyskens rendent visite aux gendarmes de Liège pour les féliciter et les encourager. «M. Vanaudenhove a donné pour instruction de faire tirer en cas de nécessité.» peut on lire dans les pages du Peuple du 7 janvier.

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