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Quelles perspectives pour la lutte contre le gouvernement Michel ?
La manifestation syndicale des 100.000 du 7 octobre dernier aurait pu être un tremplin vers un plan d’action tout aussi ambitieux que celui de fin 2014 qui avait abouti à la grande grève générale nationale du 15 décembre. Le succès de cette manifestation, alors que beaucoup en doutaient, a illustré que le potentiel reste toujours bel et bien là pour une lutte victorieuse contre ce gouvernement des riches.
Par Ben (Charleroi), article tiré de l’édition de décembre-janvier de Lutte Socialiste
Mais pour cela, il nous faudrait des objectifs clairs et le moins que l’on puisse dire, c’est que ce n’est pas le cas aujourd’hui. On pouvait en penser ce qu’on en voulait mais, fin 2014, il y avait tout de même les 4 balises mises en avant par le front commun syndical et discutées jusque parmi la base syndicale (1). Aujourd’hui, il est devenu évident aux yeux du plus grand nombre que les possibilités de ‘‘concertation’’ avec ce gouvernement sont inexistantes. La chute de ce dernier est perçue comme une nécessité par de plus larges couches.
Il semble toutefois qu’une partie de la direction syndicale n’ait pas pour intention de le faire tomber et préfère attendre le résultat des prochaines élections. C’est un calcul très dangereux. L’hésitation et l’absence de lutte conséquente contre Michel et sa bande les ont poussés à encore plus gagner en arrogance et à passer encore plus de mesures antisociales. Il n’en ira pas autrement à l’avenir : la faiblesse appelle à l’agression.
Quels sont nos atouts ?
Il y a quelques années, l’idée même d’une lutte de masse restait encore relativement abstraite pour beaucoup de jeunes travailleurs (et même de moins jeunes). Mais depuis le plan d’action crescendo de fin 2014 (avec la grève générale nationale de 24 heures du 15 décembre préparée par une tournée de grèves générales régionales et par une manifestation nationale), nous disposons d’une expérience concrète à reproduire en l’améliorant sur base des leçons de son déroulement. Notamment quant à la manière d’éviter de voir à nouveau la dynamique militante être stoppée d’en haut avant d’avoir assuré la victoire.
Le manque de suite sérieuse au plan d’action de fin 2014 a démotivé, voire même démoralisé, beaucoup d’anciens militants. Mais ce plan a aussi permis à de nouvelles couches de travailleurs de faire leurs premières expériences syndicales et de s’investir dans la lutte. C’est d’ailleurs un des facteurs qui explique le succès de la manifestation du 7 octobre.
Les élections sociales qui renouvellent les délégations syndicales entreprises se dérouleront du 9 au 22 mai 2016. Nous devons assurer qu’une partie de cette nouvelle couche de militants combatifs éprouvée par la lutte contre le gouvernement Michel devienne des délégués syndicaux déterminés à accélérer la reconstruction et le renforcement d’un mouvement syndical axé sur un syndicalisme de combat et non de conciliation.
De nouveaux mouvements sont inévitables
Le fait que le gouvernement continue son travail de destruction de nos conquêtes sociales mais aussi l’absence de perspectives économiques favorables garantissent un recul perpétuel du niveau de vie du plus grand nombre. Mais aussi l’augmentation de la colère et de la volonté de résister. Il est donc évident que la question des luttes de masses reste à l’agenda. Toute la question est de savoir si nous assisterons à un mouvement généralisé dans les quelques mois à venir. C’est possible, mais ce n’est pas le plus probable.
Les divisions et le manque de volonté de se battre dans les sommets syndicaux, ainsi que l’absence d’objectifs clairs et de stratégie cohérente, représentent des freins pour un tel développement. La dramatique actualité récente et le climat de peur qui en découle n’aide certainement pas non plus. Mais ce qui se fait le plus cruellement sentir, c’est l’absence de bastions syndicaux capables de servir de locomotive au mouvement depuis la base, en tirant dans l’action les éléments les plus frileux.
Des luttes sectorielles sont fort probables, à la SNCB par exemple. Celles-ci pourraient jouer un rôle moteur, même si jusqu’à présent le plan d’action de la CGSP-cheminots est resté radical surtout dans les mots et moins dans la pratique. L’ampleur de l’offensive contre les cheminots est telle que la volonté de lutte y est pourtant peut-être encore plus présente qu’ailleurs. Un plan d’action sérieux pourrait assurer que leur lutte serve d’exemple à d’autres. L’une ou l’autre régionale syndicale pourrait aussi jouer un rôle d’entrainement, comme cela a été le cas avec le maintien et le succès de la grève régionale dans le Hainaut le 23 novembre dernier, principalement à Charleroi.
Développer le soutien pour de nouveaux mouvements de masse et clarifier les objectifs de notre lutte exige de promouvoir la pratique des assemblées générales interprofessionnelles ainsi que sur les lieux de travail. De telles réunions démocratiques ouvertes à tous permettraient de réunir les anciennes et nouvelles couches de militants combatifs et servir de lieux de discussion pour convaincre les sceptiques et discuter du constat de l’échec de la concertation, de la réponse syndicale à offrir face aux diverses complications pour l’action issues de l’actualité, de la campagne nécessaire pour un nouveau plan d’action ambitieux, de la manière de rassembler les non-syndiqués autour de nous,…
La victoire de la lutte contre l’austérité et pour une autre société dépendra de notre capacité à reconstruire la puissante force collective que sont les travailleurs organisés. Ce processus de reconstruction n’est pas linéaire. Il fonctionne par essais, par erreurs, par bonds en avant puis par reculs. Une chose est certaine cependant : ce processus se développe et se renforce. A nous d’y trouver notre place et d’y jouer notre rôle. Opposons à l’austérité, à la barbarie et au capitalisme la lutte, la solidarité et le socialisme.
(1) La sauvegarde et le renforcement du pouvoir d’achat, la préservation d’une sécurité sociale forte, l’investissement dans une relance et des emplois durables et une plus grande justice fiscale.