Le gouvernement à l'offensive contre le rail et le droit de grève. Ripostons ensemble!

SNCB_0910A l’occasion de la grève du transport de marchandises par voies ferroviaires du 24 septembre dernier, la société gestionnaire d’infrastructure, Infrabel, avait introduit une action judiciaire pour empêcher une occupation de la voie ferrée par les cheminots. Le président du tribunal de première instance d’Anvers l’a débouté de sa requête unilatérale qui visait à briser la grève. Il était tout de même remarquable qu’une entreprise publique fasse appel au tribunal pour ce qui revient dans la pratique à interdire une grève. Cette décision de la Cour d’Anvers était justifiée et semble somme toute logique. Mais il restait à voir si tous les juges allaient agir de telle façon.

Mais dans le cadre de la grève régionale des cheminots à Bruxelles qui se déroule aujourd’hui, une nouvelle ordonnance unilatérale du tribunal de première instance visant à suspendre l’action des grévistes sous peine d’astreintes est arrivée à la demande d’Infrabel. Comme c’est le cas à chaque grève, les cheminots en grève se sont rendus hier à 21h45 à la cabine de signalisation pour sensibiliser les travailleurs concernant les motifs de la grève et pour convaincre certains d’arrêter le travail. Mais, pour la première fois, il a été signifié aux grévistes par les autorités d’Infrabel qu’ils devaient quitter les lieux.  L’ordonnance du tribunal fait référence à une “d’occupations temporaires de voies de chemin de fer dans un contexte de grèves politiques.»

Jean-François Tamellini, secrétaire fédéral de la FGTB, et Philippe Van Muylder, secrétaire général de la FGTB Bruxelles, étaient sur le piquet et ont annoncé les avocats de la FGTB alaient se présenter devant le juge pour contester cette ordonnance. En procédant de a sorte, Infrabel, avec peut-être es encouragements d’au moins une partie du gouvernement, vise à restreindre le droit de grève dans la pratique.

Au même moment, la N-VA, sans le soutien du reste du gouvernement, présente un projet de loi visant à limiter le droit de grève à la SNCB par l’instauration d’un service minimum. Selon le texte, en cas de grève, 60% des trains devraient rouler pendant l’heure de pointe. En dehors de ces horaires et le week-end, l’obligation passerait à 40%. Précédemment, la ministre Galant avait annoncé que les “partenaires sociaux” (les syndicats et la direction) devaient eux-mêmes négocier cet éventuel service minimum et disposaient pour ce faire de jusqu’à la fin d’année. Ce n’était visiblement pas assez comme provocation pour la N-VA, qui joue cavalier seul et lance une attaque encore plus directe contre le personnel des chemins de fer et contre leurs droits démocratiques. Un fonctionnement de 60% des trains nécessite une plus de 60% du personnel qui doit normalement travailler. Pourcertaines catégories de cheminots, le droit de grève serait ainsi complètement aboli.

L’incertitude qui règne quant au plan d’action syndical, avec notamment des divisions internes entre les syndicats de cheminots ainsi qu’en leur sein même, ne peut que renforcer l’offensive de la droite contre les conditions de travail et les droits démocratiques. Le fait que la direction de la CSC-Transcom ait déjà signé un accord avec la SNCB concernant le détachement du personnel de B Logistics à de pires conditions de travail est une trahison qui ne joue pas en notre faveur.

La droite veut briser la SNCB. Elle veut privatiser les chemins de fer sur le modèle britannique, ce qui revient au final à une prestation de service médiocre plus chères pour les usagers, tandis que les cheminots doivent travailler avec moins de personnel tout en gagnant moins de salaire. La ministre Galant veut économiser d’ici 2019 633 millions d’euros dans le budget de la SNCB, soit environ 20% du budget total de fonctionnement. Cela ferait disparaître la moitié du personnel des guichets et ferait perdre leur emploi à 2000 signaleurs. Sur certaines lignes, la direction veut même économiser sur le nombre d’agents de bord. Cela aura également des conséquences pour les voyageurs. Les économies et le manque d’investissement de ces dernières années sont responsables de tous les problèmes de retards et de services, des trains annulés aux divers problèmes techniques.

Lorsque la possibilité d’une privatisation complète de Bpost et de Proximus a été annoncée par Alexander De Croo, il n’a pas parlé de la SNCB. Cela a explicitement été attribué à la crainte de troubles sociaux, les actions du personnel des chemins de fer inquiètent. D’où l’attaque lancée contre le droit de grève, dont le but n’est pas d’offrir un service minimum aux usagers, mais bien d’aider à privatiser les chemins de fer plus tranquillement. Le service aux usagers sera de toute manière réduit au minimum ensuite.

Cette attaque contre le droit de grève, contre les travailleurs et contre le service public ne doit pas être laissée sans réponse. Ne nous laissons pas diviser. Tout signe de division et de faiblesse de notre côté sera utilisé au maximum pour miner les droits de tous. Luttons ensemble, au-delà des couleurs syndicales et, compte tenu de la gravité de cette attaque contre les cheminots, tous secteurs confondus. Cela devrait faire partie intégrante d’un plan d’action global jusqu’à la chute de ce gouvernement. Le potentiel pour notre combet est encore très grand, il a été illustré par le succès de la manifestation de masse de ce mercredi 7 octobre. Nous n’avons pas d’autre choix que de riposter, sans quoi le gouvernement gagnera en audace et poursuivre ses attaques antisociales de plus belle. Ce qui arrive aujourd’hui aux cheminots nous en donne un aperçu très clair.

Photos : PPICS

Deurwaarders en politie tegen spoorstaking // Foto's door PPICS

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