Tunisie : l’annulation de la grève générale provoque colère et indignation

La révolution continue ! Préparons dès maintenant la prochaine riposte !

Ces derniers jours, la Tunisie a connu un moment historique; l’annonce, pour le 13 décembre, de la première gréve générale dans le pays depuis 1978 (le fameux ”jeudi noir”). Cette annonce provoqua un électrochoc. Les masses et les partis politiques ne parlaient que de cela; enfin l’UGTT décidait de passer aux choses sérieuses ! Malgré le fait que les revendications émises par l’UGTT n’avaient aucune profondeur sociale et avaient un caractère purement défensif, bien en-deçà des enjeux du moment (la direction syndicale se contentait d’exiger la dissolution des ‘Ligues de protection de la révolution’, ces milices au service du parti au pouvoir) la majorité de la population, travailleurs, jeunes, chômeurs, avait des grands espoirs en celle-ci et considérait cette grève comme le début d’une contre-offensive majeure contre le gouvernement en place.

Par des correspondants du CIO

Ce n’est que la veille de la gréve, en fin de journée, que la commission administrative de l’UGTT, constituée de 13 personnes, a décrété la suspension de la gréve jusqu’à nouvel ordre. Cette annonce a fait suite à plusieurs heures de négociations entre la direction de la centrale syndicale et le gouvernement. L’accord qui en est sorti n’a cependant pas l’allure d’une victoire pour les travailleurs, mais plutôt celle d’une amère débandade que la situation peut difficilement justifier. La direction syndicale, qui est entrée dans les négociations avec presque rien, en ressort avec encore moins.  

Cela prouve encore une fois une sérieuse défaillance démocratique au sein de l’UGTT. En effet, les syndicalistes de base en très grande majorité appelaient a une gréve générale depuis un bon moment pour des revendications sociales et économiques, qui ne s’arrêtaient certainement pas à la dissolution des milices d’Ennahdha.

La grève générale était massivement soutenue par de larges couches de syndicalistes et de jeunes révolutionnaires. Dans les derniers jours, les travailleurs et les jeunes affluaient par vagues vers le siège de l’UGTT place Mohamed Ali, vers ses locaux régionaux, et dans les manifestations à travers le pays, pour démontrer leur détermination à faire de la journée du 13 une mobilisation historique contre le gouvernement et pour la poursuite des objectifs de la révolution.  

La commission de l’UGTT est empreinte d’un double discours: paraissant très radicale quand elle s’adresse à la masse, ainsi qu’aux militants du ‘Front populaire’ qui étaient la pour protéger le siège de l’UGTT contre les attaques des milices, les membre de cette commission criaient haut et fort des slogans tels que ”la gréve générale est un devoir, faire chuter le système est un devoir”. D’autre part, ils combinaient cela avec des initiatives visant a créer un consensus entre la bourgeoisie ”moderne”et ”religieuse”, toutes deux pourtant les suces-sang des travailleurs et des pauvres.

Ce double-jeu a trouvé sa meilleure illustration dans la décision bureaucratique d’annuler une grève dont l’impact et la dimension auraient sans aucun doute été sans précédent. Tout cela à l’heure ou le pouvoir en place envoie ses milices contre la centrale et tire sur les enfants de la révolution à coups de chevrotine.

Résultat de tout cela: un répit salutaire pour le gouvernement en place et un grand coup au moral de la masse et des travailleurs qui on gardé un réel gout d’amertume et de dégout suite a cette décision bureaucratique; la direction de la centrale aura dans l’affaire perdu beaucoup de sa crédibilité.

Ceci est une leçon de plus pour tous les syndicalistes et militants révolutionnaires dans le monde: être capable d’identifier, au sein du mouvement ouvrier, ceux qui freinent la lutte des travailleurs au lieu de la conduire, et ne pas mettre d’espoir dans la bureaucratie syndicale. C’est pourquoi le Comité pour une Internationale Ouvrière soutient la nécessité pour les syndicats d’avoir une direction combative, qui rend des comptes à ses membres, et qui se bat sans compromission pour les intérêts de la classe ouvrière.

La meilleure chose a faire des à présent est de s’appuyer sur la colère de la masse et des travailleurs pour aller de plus belle dans ce second souffle de la révolution Tunisienne. Le mot d’ordre doit demeurer celui de la construction d’une grève générale de 24h contre le pouvoir en place. En effet, la mobilisation effective de la force des travailleurs organisés à l’échelle du pays est le seul langage que le pouvoir capitaliste, qu’Ennahda représente, comprend. Les efforts déployés par ce parti pour empêcher à tout prix la grève de prendre place ne l’ont que mieux illustré.

La lutte continue, la révolution est permanente!

 

  • La révolution continue ! Pour la popularisation du mot d’ordre de grève générale de 24h, dans les syndicats et dans la rue!
  • Pour la tenue d’assemblées générales et l’élection de comités d’action partout dans le pays, afin de préparer ensemble la prochaine étape, et pour assurer un contrôle démocratique de la lutte révolutionnaire par les travailleurs et la population eux-mêmes
  • Pour un syndicalisme de combat et démocratique ! Pour un parti de masse des travailleurs, indépendant des capitalistes et de leurs représentants  
  • Non au pouvoir d’Ennahda ! Ce sont les chômeurs, les travailleurs et les masses populaires qui ont fait la révolution, c’est à eux de diriger le pays !
  • Pour une lutte soutenue jusqu’à un gouvernement révolutionnaire des travailleurs et de la jeunesse, appuyé par l’UGTT et les autres organisations populaires      

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