Pays-bas. Le SP cède la place à Diederik Samsom

En quelques semaines, le Socialistische Partij (SP, gauche radicale) a perdu environ la moitié du soutien que lui accordaient les sondages. A la mi-août, il semblait que le parti de gauche allait emporter 37 sièges et devenir ainsi le plus grand parti du pays. Un mois plus tard, il n’était plus question que de 15 sièges. Les vainqueurs du scrutin sont le parti libéral VVD et le Parti travailliste social-démocrate PVDA (respectivement 41 et 38 sièges). Les analystes parlent du retour des partis traditionnels, mais les énormes fluctuations de votes exprimées dans les sondages indiquent que cette base est très instable.

Par Socialistisch Alternatief (CIO-Pays-Bas)

Un mois avant la tenue des élections, le SP prenait autant de place dans les sondages que les travaillistes et les chrétiens-démocrates (CDA) ensemble. Une grande victoire était à portée de main. Même par rapport à 2010, le SP a perdu des plumes (15.000 électeurs) et reste au même nombre de siège ; 15. Quelques semaines ont donc suffit pour passer de 25% à moins de 10%.

Le SP ne peut s’en prendre qu’à lui-même pour cet échec. Son opposition à l’augmentation de l’âge de la retraite n’a pas été prise au sérieux. Le SP prévoit en effet lui aussi de relever l’âge de la retraite jusqu’à 67 ans, mais à un rythme plus lent. La volonté de la direction de conclure des compromis et des accords avec les partis de droite était frappante. Jusqu’au dernier moment, le dirigeant du SP Roemer n’a eu de cesse d’appeler son collègue travailliste Samsom à préférer une coalition avec le SP plutôt qu’avec les libéraux. Le SP a raté une occasion historique de l’emporter en maintenant un profil clair d’opposition de gauche.

Le résultat final ne signifie cependant pas que les sociaux-démocrates et les libéraux peuvent former une coalition stable disposant d’un large soutien populaire. Les travaillistes ont réussi à gagner une quinzaine de sièges durant les dernières semaines de la campagne, ce qui donne une idée de la volatilité de l’électorat. De plus, ce nouveau gouvernement appliquera la politique d’austérité, et le mécontentement au sein de la population ne fera que croître.

Cette insatisfaction devra s’exprimer dans la rue. Actuellement, les réformes en cours au sein de la fédération syndicale FNV constituent un frein pour le développement de la lutte syndicale. Le projet d’une grève générale le 10 septembre a ainsi été annulé. Les dirigeants syndicaux vont-ils organiser ou désorganiser la lutte contre les politiques d’austérité des libéraux et des travaillistes ?

Ce combat contre l’austérité capitaliste doit avoir son prolongement politique. La discussion est vive aujourd’hui dans le SP au sujet du bilan de la campagne électorale passée. Ces derniers mois ont illustré tout le potentiel du SP pour autant que le parti adopte une position cohérente et conséquente contre l’establishment et leur austérité. Le SP pourrait ainsi faire barrage au retour du Parti populiste de droite de Geert Wilders, le PVV. Ce parti a perdu 5%, et se trouve lui aussi à 15 sièges au Parlement, mais peut encore croître si le SP échoue à proposer un alternative anti-establishment de gauche.

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