Les prix nous étouffent : organisons notre colère !

Manifestation du 20 juin : sa réussite servira de tremplin pour construire la dynamique à la rentrée

Il y a tout d’abord eu des actions spontanées chez Audi, Safran Aero Boosters, Sonaca, la FN Herstal. Le constat est là : tout augmente, sauf nos salaires. Dans d’autres entreprises, également sous l’impulsion de la base, des cahiers de revendications spécifiques ont été déposés par les délégations syndicales. Puis, à l’occasion de la Journée de l’égalité salariale, le 24 mars, à côté d’une action symbolique à Bruxelles, une manifestation a été organisée en vitesse à Liège, avec une participation de 3000 personnes. De la tribune le message était clair : « Nous vous avons entendu, il nous faut un plan d’action, et pas un plan d’action en trompe-l’œil ». Quelques jours plus tard, c’était au tour des travailleurs d’Industeel à Charleroi de débrayer.

Par un délégué syndical FGTB

Les dates de mobilisation du front commun syndical du 22 avril et du 20 juin étaient alors déjà connues, mais il était évident que la pression était intense à la base. Le 22 avril, des milliers de militantes et de militants se sont regroupés pour des actions en entreprises, aux portes de la Fédération des entreprises de Belgique (Bruxelles), devant le siège de l’entreprise énergétique ORES (Charleroi), pour des rassemblements (à Verviers) et des manifestations (à Anvers, où les plus de 7000 manifestants soulignaient le caractère national de la mobilisation ; à Liège, plus de 6000 à partir du port pétrolier de Sclessin ; à Gand avec un millier de personnes et à Namur). D’ici au 20 juin, d’autres actions devraient encore prendre place à quelques endroits, notamment à Liège.

Le faux dilemme du patronat : l’index ou la loi de 96

Les médias ont relayé des témoignages de collègues se mettant en maladie car dans l’incapacité de payer le carburant pour se rendre au boulot en plus du reste. « On travaille mais on n’y arrive pas. Même en travaillant à deux on n’y arrive pas. » Pour échapper aux hausses de salaire, le patronat se réfugie derrière le mécanisme d’indexation automatique des salaires et des allocations sociales, alors qu’il fait précisément tout pour en atrophier le principe. Il n’est toutefois pas opposé à toutes les hausses de salaire : les grands patrons de Belgique se sont en moyenne augmentés de 14,4% en 2021 ! Mais il était « irresponsable » de trouver une marge d’augmentation de salaire supérieure à 0,4% dans l’Accord interprofessionnel (AIP) 2021-22 en plus de l’indexation pour les travailleurs ordinaires…

Lors des discussions pour ce dernier AIP, les mobilisations avaient également été bien suivies en dépit des difficultés liées à la pandémie. Malgré tout, nous avons eu un AIP de misère et nous n’avons pas pu briser la loi de 1996, la « loi-prison » sur les salaires. Nous devons discuter de ce qui n’a pas marché. Pas mal de militantes et de militants ont fait un bon travail de sensibilisation et de mobilisation, qui a porté ses fruits puisque le gouvernement a été mis en difficulté. La dynamique n’a toutefois pas été poursuivie car une partie de la direction syndicale n’a pas voulu prendre d’autres initiatives en suivant la logique défendue par le PS qui affirmait que si on modifiait la loi de 1996, les plus à droite du gouvernement en profiteraient pour s’en prendre à l’indexation.

Cette fin d’année 2022, nous aurons à nouveau des discussions pour un Accord interprofessionnel. Avec une inflation qui se situe (pour l’instant) aux alentours des 8%, nous avons eu, avec effet retard, 4 indexations. Cela signifie qu’il n’y aura probablement aucune marge d’augmentation si on se base sur les critères de la loi de ‘96.

Avec cette attention concentrée sur l’indexation et la loi de 96, le patronat espère bien qu’on oublie un élément essentiel : ses bénéfices. Les entreprises n’ont pas manqué d’en faire dans beaucoup de secteurs ces dernières années. Et la source de ces profits, c’est notre travail. Le socle de notre réflexion doit être que la mobilisation des travailleuses et travailleurs doit servir à récupérer collectivement les fruits de NOTRE travail.

La compétitivité est l’arme des patrons, la solidarité est la nôtre

Une chose est sûre : ce n’est que face à un mouvement de masse en action dans la rue et dans les entreprises que ce gouvernement reculera. Nous avons jusqu’au 20 juin pour continuer à mobiliser nos collègues pour la manifestation nationale. D’ici là, l’impatience va monter. Il faut donc également prendre le temps de construire la dynamique non seulement par des assemblées du personnel régulières et des diffusions de tracts, mais aussi par des actions locales ou en entreprises. Les assemblées du personnel sont le lieu idéal pour en discuter les modalités.

Il faudra continuer après le 20 juin, c’est évident, contre la loi de ’96 et pour la restauration de l’indexation afin qu’elle représente réellement l’augmentation du coût de la vie, et immédiatement. Et une leçon du plan d’action actuel est qu’il est bien plus facile d’enclencher une dynamique de lutte positive avec un plan d’action où les différentes dates sont connues suffisamment à l’avance. Un plan d’action qui va crescendo crée un rapport de force. C’est sur cela qu’il faut se reposer et pas sur la logique du temps parlementaire.

Il nous faut également un programme alternatif au vieux logiciel périmé des néolibéraux. L’idée que le marché privé offre de meilleurs services et à meilleur prix est battue en brèche par la réalité. Mais on ne contrôle pas ce que l’on ne possède pas. Il faut nationaliser le secteur de l’énergie pour deux raisons : préparer la transition énergétique vers une économie décarbonnée et offrir de l’énergie verte à l’ensemble de la population à un coût abordable. Ce type d’approche permettrait également de réunir dans la rue le mouvement ouvrier organisé et la jeunesse qui se mobilise pour le climat.

Lors de la crise sanitaire on a vu que ce système était incapable d’offrir une gestion de crise rationnelle. La guerre et l’inflation doivent nous pousser à discuter de la manière d’organiser la production de richesse sur d’autres bases que celle de la propriété privée des moyens de production. Il est grand temps de se battre pour une alternative socialiste démocratique.

Photos de Liège, par Emily :

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Photos de Namur, par Dominique Botte :

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