Manifestation du 24 septembre : Écrasons la norme salariale !

Au printemps, nous sommes entrés en action et partis en grève contre cette norme salariale scandaleuse. Nos salaires ne pourront augmenter que de 0,4 % cette année et la suivante, un diktat patronal imposé par le gouvernement. Pendant ce temps, nos logements nous reviennent plus cher, les prix de l’énergie montent en flèche et tout devient plus cher. Et nos salaires ? Ils ne suivent pas ! Au contraire, les salaires pour un premier emploi sont même 2,4% plus bas qu’en 2019 !

Par Julien (Bruxelles), article tiré de l’édition de septembre de Lutte Socialiste

Dans ce contexte de crise capitaliste, les patrons et leurs politiciens n’ont aucune leçon à nous donner. C’est leur soif de profits qui a rendu nos soins de santé exsangues à la veille de la pandémie. C’est elle aussi qui nous a conduits droit dans la crise climatique. Elle encore qui a porté les inégalités à des niveaux historiques. Nos revendications salariales ne sont pas irresponsables, c’est leur système qui l’est ! Le capitalisme n’a que la crise à nous offrir.

La FGTB a pris l’initiative d’organiser une manifestation à Bruxelles le 24 septembre prochain contre la norme salariale : « La loi sur la marge salariale écrase nos salaires ». Cette loi bloque à peu de chose près toute avancée pour les travailleurs et rend les négociations caduques. La détermination pour en finir avec cette loi ne fait que grandir. Ceci étant dit, abolir cette loi exigera plus qu’une manifestation à Bruxelles. Il nous faudra un véritable plan d’action basé sur l’enthousiasme à la base et qui cherche à construire un rapport de force en allant chercher la solidarité dans toute la société.

Au premier semestre 2021, de nombreux travailleurs se sont mobilisés contre l’AIP à 0,4 %. La journée de grève du 29 mars, bien que largement suivie, n’était hélas pas inscrite dans un plan plus large et son impact fut dès lors limité. Cela peut malheureusement générer un certain cynisme : à quoi bon manifester si c’est déjà perdu d’avance ? Soyons clairs : le combat n’est jamais perdu d’avance. La Fédération des Entreprises de Belgique (FEB) en est consciente et continue la bataille idéologique. Pieter Timmermans, son administrateur délégué, nous rappelait en juillet dernier que « Cette norme préserve la compétitivité des entreprises et offre une plus grande marge de manœuvre pour un rattrapage bien nécessaire après une année de stagnation et de déclin. » Il continue ainsi : « Il faudra travailler dur pour parvenir à un budget équilibré. » Dans leur Focus Conjoncture, toujours de juillet dernier, la FEB conclut : « Une condition essentielle [pour relancer l’économie] est que la paix sociale […] soit effectivement réalisée dans les prochains mois. » Les patrons sont bien conscients de l’ampleur de la colère à la base et craignent notre réaction.

Lutter pour tous les salaires

La FGTB demande une « révision en profondeur de la loi ». Le projet de loi défendu par le PTB et Marc Gobelet juste avant son décès, de son côté, propose une norme salariale indicative plutôt que contraignante. Ces propositions constitueraient certes une grande avancée pour les travailleurs. À tel point qu’elles nécessiteraient une bataille de grande ampleur pour y aboutir. Ce que nous avons connu à l’hiver 2014 – avec un rassemblement militant préparant un plan d’action crescendo avec une manifestation nationale, des grèves provinciales et une grève générale nationale – constituerait une bonne base.

Quitte à dépenser autant d’énergie, ne nous arrêtons d’ailleurs pas là. Jetons définitivement la loi de ‘96 à la poubelle ! Imposons le salaire minimum à 14€ de l’heure ! Définissons une nouvelle norme qui oblige le patronat à payer une augmentation minimum de tous nos salaires ! L’augmentation du coût de la vie met à l’ordre du jour la revendication de la restauration de l’index. Enfin, pourquoi ne pas leur faire goutter ce qu’ils exigent de nous depuis des années en imposant un maximum aux dividendes et salaires des managers ?
Les patrons et le gouvernent feront tout pour maintenir ces débats dans le groupe des 10 et au parlement. Raoul Hedebouw et la FGTB doivent aller chercher le soutien dont ils ont besoin ailleurs, à commencer par le cœur des entreprises : leurs travailleuses et travailleurs. Une vaste campagne d’information pourrait servir à relancer l’enthousiasme et, surtout, à montrer combien nous sommes à vouloir nous mobiliser.
Des assemblées générales ouvertes dans chaque région pourraient servir à élaborer des revendications partant de ce dont nous avons besoin et à définir un plan d’action. Des actions nationales seront nécessaires, mais ne négligeons pas l’impact d’actions locales devant des entreprises, dans des zonings industriels, sur des places publiques,… Nous devons inciter les travailleuses et travailleurs à prendre la campagne en main : écrire un petit tract ou utiliser le tract national, aller discuter avec les collègues non syndiqués ou non affiliés à la FGTB,… Des erreurs seront certainement faites, ce n’est pas grave. Nous apprendrons et le rapport de force ne pourra que grandir. Rappelons-nous que si nous ne faisons rien, la norme salariale continuera de plomber nos salaires et ceux des futures générations.
La rentrée promet d’être chargée. Entre le rapport du GIEC, les inondations,… la colère a de multiples facettes, mais un seul ennemi : le capitalisme. Utilisons les mobilisations et les grèves locales à venir pour aller construire un solide rapport de force sur le long terme. La lutte pour de meilleurs salaires concerne tout le monde.

Défendons chaque emploi

En réaction à la grève du 29 mars dernier contre l’AIP, la FEB avait proclamé qu’il était dommage que « que les syndicats aient décidé d’entraver la difficile relance économique, de compromettre la compétitivité de notre économie et par conséquent de mettre à mal l’emploi ». À les écouter, les grands patrons n’auraient d’autre choix que de limiter les salaires. Il n’y aurait pas assez de moyens à la fois pour maintenir l’emploi et pour augmenter les salaires. En Belgique, les 10 % les plus riches concentrent 42 % du patrimoine. Malgré la crise, le patrimoine des millionnaires a augmenté de 2,4 % en 2020. Au deuxième trimestre, le bénéfice net des sociétés du Bel20 a augmenté de 87% et celui de toutes les sociétés belges cotées en Bourse de 160% en moyenne. Cette forte augmentation est attribuée non seulement à la reprise post-corona, mais aussi à la hausse des prix et à une réduction des coûts pour les entreprises : entre autres, par le biais du travail à domicile et des salaires de départ en moyenne 2,4 % plus bas qu’en 2019.

Si des entreprises se disent incapables de supporter les augmentations, qu’elles ouvrent d’abord leurs livres de comptes que cela puisse être vérifié. Face à la menace d’une avalanche de licenciements, ripostons par la nationalisation sous contrôle des travailleuses et des travailleurs des entreprises qui ferment ou procèdent à des licenciements collectifs. S’il n’y a pas assez de travail pour tout le monde, répartissons-le par la réduction collective du temps de travail sans perte de salaire et avec embauches compensatoires.

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