Notre camarade Jan Van Emous est décédé

Jan, lors du Congrès National du PSL/LSP de décembre 2017.

La nouvelle fut choc. Samedi soir, notre ami et camarade Jan Van Emous est décédé chez lui, quelques semaines la découverte de deux tumeurs au cerveau. Nous envoyons notre sympathie et nos sincères condoléances à sa femme Ann, ses fils Ben et Tijl ainsi que toute leur famille. Il est difficile d’accepter que la maladie puisse emporter si jeune un père, un mari et un ami.

Par Peter (Louvain)

Jan a toujours été franc et a affronté la réalité telle qu’elle était, sans se voiler la face. Infirmier de profession, il connaissait la maladie contre laquelle il se battait et il ne voulait pas perdre ses capacités en raison de la maladie. Lundi dernier, une opération réussie a semblé rendre espoir, mais un moment seulement. Mais elle a été suivie d’une hémorragie cérébrale à l’hôpital. Maintenant, Jan s’en est allé.

Il y a une semaine et demie, Jan était encore intervenu en toute lucidité lors d’une réunion du parti. Maintenant, il y a un vide, aussi grand que l’était sa modestie.

Jan était un militant syndical dans la maison de retraite où travaillait depuis de nombreuses années. Tout comme son épouse Ann, il était militant de la FGTB, syndicat où il donnait également des formations syndicales. Lors des élections sociales, Jan a informé nos membres qu’il avait réussi à inviter plusieurs nouveaux candidats à rejoindre la liste. Il avait déjà sondé les candidats potentiels à un stade précoce de leur engagement syndical. Il a ainsi pu renforcer l’organisation des travailleurs sur son lieu de travail. Cette société brutale basée sur le profit et la logique d’austérité peut rendre ce type de travail très difficile, il ne peut être plus civilisée que grâce au développement de la force syndicale. Pour Jan, il s’agissait d’une étape pouvant conduire à des conclusions sociales plus globales.

Jan a commencé son activité en tant que marxiste au sein de l’organisation sœur néerlandaise du PSL/LSP au début des années ’80. Après avoir rencontré sa future épouse Ann dans les années ’90 lors d’une école d’été de notre organisation internationale à Gand, Jan s’est installé à Louvain en Belgique. Depuis lors, il y a été, tout comme son épouse Ann, l’un des piliers de la section. Au fil des années, il est resté constant dans ses analyses et son activité politique. Et son caractère très réaliste s’est exprimé tant dans la vie quotidienne que lors de nos réunions.

En tant que trésorier, Jan a aidé la section du PSL/LSP à Louvain – qui est passée à un moment donné à deux sections dans les années 2000 – à construire une tradition financière saine, avec de solides objectifs et un plan concret pour les réaliser. De nombreux camarades se souviendront des dîners – avant ou après une réunion politique – chez Jan et Ann à Kessel-Lo, qui se terminaient parfois après le coucher du soleil avec les boissons de leur choix.

Jan ne cessait de nourrir son analyse marxiste en lisant le journal, des nouvelles politiques aux nouvelles économiques, avec un intérêt tout particulier pour les sujets scientifiques. Lire, c’était à la fois interpréter, analyser et nourrir un cadre d’analyse marxiste. Et peu importait ce que l’histoire ou la vie lui faisait vivre, c’est à dire beaucoup de choses compte tenu de ses quelque 40 années d’activité politique. De la dégénérescence de la social-démocratie aux Pays-Bas, à la chute du stalinisme en passant par la croissance du mouvement contre la globalisation capitaliste, les divers mouvements de grève, les manifestations antifascistes contre le cercle étudiant du Vlaams Belang NSV, la crise de 2008, la pandémie et à la nouvelle crise économique.

Jan luttait depuis un certain temps contre des problèmes de locomotion qui lui ont rendu plus difficile de mener campagne dans la rue. Mais il a affronté la situation de manière sobre, ce qui ne veut pas dire sans émotions.

Beaucoup de personnes ont également connu Jan en tant que coorganisateur de la cuisine lors de nos camps d’été politiques. Il revenait régulièrement à l’école d’été – lors de la fête du dernier soir, il était ostensiblement plus élégamment habillé que d’habitude, ce qui le faisait rayonner. Ces écoles d’été lui avaient apporté un grand bonheur personnel tout en aiguisant sa perspicacité.

Et oui, Jan, dans une économie planifiée, il y aura aussi une “planification décentralisée”, corrigée par les conseils de travailleurs et ajustée au niveau sectoriel dans un esprit de solidarité. C’est ainsi que tu l’avais résumé de manière remarquablement concise.

Par le biais de sa profession dans une maison de repos, Jan était très conscient que la mort appartenait finalement à la vie. Pour Jan, cette vérité est arrivée bien trop tôt. Lors de récentes discussions sur la pandémie, il a ajouté qu’au sein de ce système criminel, il y a des morts et des souffrances inutiles.

Alors que nous militions avec la Campagne ROSA pour la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes de ce 8 mars à Louvain et que nous savions déjà que Jan risquait d’avoir de très mauvaises nouvelles à l’hôpital, nous lui avions envoyé un court message de soutien. Sans savoir si cela serait approprié ou non. Jan a renvoyé un message une demi-heure plus tard : “Merci Peter. Je croise les doigts pour que l’action soit couronnée de succès ce soir.” C’était une action réussie, malheureusement sans Jan. Nous ne pouvons savoir si nous-mêmes pourrions réagir de la sorte en étant confrontés à ce genre de dialectique que personne ne surmonte. Disons que nous l’espérons. C’était sobre, mais pas sans émotion. Dans les meilleures traditions de la classe ouvrière. C’est tout Jan. Tu vas nous manquer, camarade.

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