Your cart is currently empty!
Écoles. Des congés prolongés ? Un code orange qui ne nous protège pas?

Le jeudi 15 octobre 2020, la ministre de l’Éducation de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Caroline Désir, a annoncé, sans concertation avec le terrain, que le congé d’automne sera prolongé de deux jours reliant ainsi la semaine du 2 au 6 novembre et le jour férié du 11 novembre. Cette annonce a suscité de vives réactions au sein de la population pour plusieurs raisons.
Par des enseignantes du PSL
D’abord, l’octroi de ce congé supplémentaire a été présenté comme une forme de cadeau « pour permettre aux enseignants et aux directions de souffler ». Cette lamentable communication démontre un manque total de considération. En effet, ce ne sont pas les excuses de la ministre qui vont régler les problèmes organisationnels, notamment dans la garde des enfants et les inquiétudes quant au retard accumulé dans les apprentissages. Non, une fois de plus, les solutions devront être trouvées, organisées et financées au niveau local ou juste par les parents tout seuls.
De plus, c’est gentil de nous “offrir” 2 jours supplémentaires, mais si c’est pour ne rien changer à la situation actuelle, après ces jours, c’est en dessous de tout. Ne pas mettre en place de nouvelles mesures pour nous protéger tous de ce virus, ne va pas nous permettre de “souffler”.
Enfin, le déchainement des foudres à l’encontre des enseignant·e·s illustre le déficit de valorisation du secteur de l’enseignement dans le chef de la population. Le secteur souffre des politiques d’austérité fomentant ainsi un système inéquitable, reproduisant les inégalités socio-économiques et empêchant un travail de qualité dans de bonnes conditions, un système dont souffre aussi bien les enseignants (burn-out, turn-over des équipes …) que les élèves (échecs, décrochages scolaires, perte de motivation et de perspectives).
Donc oui, les membres du personnel de l’enseignement sont fatigués. Bien-sûr, le port du masque dans un métier où la voix est un outil et la relation à l’autre un élément essentiel de la confiance et du bien-être fatiguent les professionnels de l’éducation plus qu’à l’accoutumée. Mais les enseignant·e·s étaient déjà fatigué·e·s avant que la pandémie ne les mettent à l’épreuve dans leur pratique professionnelle et dans leur vie personnelle, à l’instar de l’immense majorité de la population.
Rappelons que ce que les enseignant·e·s veulent, ce ne sont pas des petites mesures ou des petits congés supplémentaires, mais un réel investissement financier des pouvoirs publics dans l’éducation. Cela passe par du matériel suffisant et gratuit (masques, gel hydroalcoolique, ordinateur et connexion internet pour les élèves), des dépistages massifs, systématiques et rapides, l’embauche de personnel supplémentaire et la réduction du nombre d’élèves par classe.
En réalité, ce que cache cette apparente générosité, c’est un manque d’organisation et de planification. Ils ont eu 7 mois pour se préparer et à présent, ils nous sortent un nouveau code orange avec presqu’aucune différence. Les statistiques montrent que les cas positifs augmentent, la seconde vague est bien présente, nos libertés se voient à nouveau réduites, nous ne pouvons plus rien faire à part travailler. Et dans les écoles ? Le nombre de quarantaine et de personnes testées positives au Covid-19 augmentent tant chez les profs que chez les élèves, ce qui pose des problèmes logistiques aux équipes éducatives et aux directions. Celles-ci sont livrées à elles-mêmes pour faire face à cette situation inédite et régler les problèmes en interne, sans aucune aide du ministère de l’éducation, qui démontre son incapacité à apporter de vraies réponses aux enseignant·e·s, élèves et parents.
Cette décision est finalement très révélatrice de nombreux dysfonctionnements, à savoir du manque de considération des responsables politiques de leur domaine de compétence, d’une profonde défaillance dans leur capacité de planification à long terme et de gestion d’une situation de crise, de l’absence de dialogue et de concertation avec les niveaux de pouvoirs du secteur et les travailleur·euse·s de terrain et d’une volonté constante de division au sein de la population par l’octroi de minuscules faveurs – qui ne répondent ni aux besoins ni aux demandes et revendications réelles du secteur – à certain·e·s au détriment d’autres.
Toutes les surfaces d’une école doivent être nettoyées et désinfectées plus qu’avant, et aucun personnel de nettoyage n’a été engagé pour aider le personnel déjà présent et épuisé. Les éducateurs, essentiellement en secondaire, ont vu leurs tâches doublées voire triplées, ils doivent remplacer des enseignants, démultiplier les salles d’étude, imposer le port du masque en plus du reste, et pourtant, à nouveau, aucun éducateur supplémentaire n’a été engagé par les pouvoirs organisateurs.
Il nous faut :
- Des dépistages systématiques et réguliers avec des résultats rapides ;
- Des masques chirurgicaux gratuits, à disposition de tout le monde ;
- Du gel hydroalcoolique et des lavabos dans toutes les classes ;
- moins d’élèves par classe ;
- Du personnel supplémentaire (des éducateurs, des enseignants, du personnel administratif, des ouvriers, du personnel pour les PMS)
- La réquisition des bâtiments et des locaux vides pour créer des espaces de cours pour les élèves de maternelle et primaire ;
- L’organisation d’un enseignement à mi-temps en présentiel pour les élèves du 2ème, 3ème et 4ème degrés du secondaire lorsque cela est nécessaire ;
- Décaler les heures d’arrivée et de départ des élèves à l’école si cela est possible ;
- La réduction collective du temps de travail avec embauches compensatoires et sans perte de salaire pour avoir le temps de s’occuper de sa famille, des loisirs, militer politiquement,…
- La diminution de l’âge de la pension et pension minimum à hauteur de 1500€/mois
- Un refinancement publique et massif de l’enseignement pour ne plus devoir gérer les pénuries et avoir un enseignement moins inégalitaire ;
- Stopper les mesures managériales du “Pacte pour un enseignement d’excellence” (surtout le plan de pilotage et le projet pour l’évaluation des enseignants par les directions) ;
- Rénover et construire toutes les écoles pour notamment réduire le nombre d’élèves par classe et augmenter la qualité de l’enseignement ;
Ces revendications représentent le minimum pour être en mesure d’assurer que l’enseignement soit gratuit, de qualité et se donne dans des conditions sûres. Un système incapable de les mettre en oeuvre doit être combattu, renversé et remplacé par un système économique qui repose sur les besoins des travailleuses et travailleurs et non sur la soif de profit.