Création du Mouvement pour une Alternative Socialiste, la branche nigériane d’Alternative Socialiste Internationale

Les partisans d’Alternative socialiste internationale (ASI) au sein du Mouvement socialiste démocratique (MSD), la section nigériane du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO), après plus d’un an et demi de débats éreintants sur les idées et les méthodes du marxisme, ont décidé de s’organiser séparément et distinctement du MSD. Il s’agit du Mouvement pour une Alternative Socialiste (MSA), affilié à Alternative Socialiste Internationale (ASI).

Les conflits politiques au sein de l’ancien CIO, auquel le MSD est affilié, sont en eux-mêmes le reflet de cette période critique de l’instabilité du capitalisme mondial, qui met à l’épreuve non seulement les classes dominantes du monde entier, mais aussi toutes les organisations se réclamant de la classe ouvrière.

Alternative socialiste internationale, constituée par la majorité des sections de l’ancien CIO, poursuit la véritable tradition internationaliste reposant sur la classe ouvrière du CIO, l’ancien Secrétariat international et quelques autres sections ayant décidé de s’en éloigner.

Le déclenchement de la pandémie de Covid-19 a encore déchiré le tissu du capitalisme mondial, démontrant à tous qu’on ne peut pas compter sur un système uniquement motivé par l’avidité du profit pour répondre aux besoins des masses ouvrières et des pauvres à travers le monde. De pays en pays, nous avons vu comment la logique du profit et un secteur de la santé dirigé par le privé se sont révélés incapables de relever les défis de la pandémie.

Dans plusieurs pays, l’État capitaliste, contre la logique du système capitaliste qu’il protège, est intervenu directement avec des fonds dans le secteur de la santé, ainsi que dans d’autres secteurs de l’économie touchés par l’impact du confinement sur l’économie mondiale. Cet acte contribue à confirmer la supériorité des idées de propriété publique et de gestion démocratique de tous les secteurs clés de l’économie, tant de la production que de la distribution de biens et de services pour répondre aux besoins des masses laborieuses. Faut-il rappeler que les interventions de ces gouvernements, au Nigeria et ailleurs, sont la conséquence du refus des capitalistes d’assumer le fardeau de toute entreprise non rentable, et qu’elles sont aussi calculées pour atténuer les pertes des capitalistes locaux.

La question de l’aide à apporter à la grande majorité des personnes qui souffrent le plus des effets d’un arrêt de l’activité économique est au mieux une couverture pour détourner les fonds publics vers des poches privées. Jamais, à l’ère moderne, l’économie mondiale n’a autant souffert d’un arrêt de l’activité économique. Le Nigeria, en particulier, sera l’un des pays les plus durement touchés par le ralentissement économique de l’après-Covid-19, qui a déjà déclenché la récession de l’économie mondiale. Le Covid-19 a révélé que des millions de personnes dans divers pays sont pauvres et vulnérables et qu’elles doivent compter sur des aides de l’État ou d’autres sources pour assurer leur subsistance ; ces aides se sont révélées être une goutte d’eau dans un océan de misère pour beaucoup.

Cela a sans doute mis en pièces la façade de l’intervention sociale mise en place par le régime populiste du président Buhari, régime plus que jamais détesté par les masses laborieuses. Il est clair que le gouvernement n’a plus de crédit, si ce n’est parmi les quelques élites qui bénéficient matériellement de son existence. Une colère palpable contre la conduite insensible du régime en période de crise humanitaire persiste au sein de la population. Le régime a poursuivi ses activités de corruption pendant la pire crise humanitaire du siècle ; les transferts d’argent et de matériel de secours ont été acheminés par le biais du système habituel de corruption sans atteindre ceux auxquels ils étaient destinés.

Inutile de dire que, durant cette période, le pillage ahurissant du Trésor public s’est poursuivi ; les élites ont reçu leurs salaires obscènes et se sont fait livrer des voitures luxueuses. L’assouplissement de la politique de confinement ne repose sur aucun succès ni aucune percée médicale dans la lutte contre la pandémie de Covid19. Le régime est complètement paralysé et a fait preuve d’un faux sentiment de surprise face à l’état désastreux des établissements de santé du pays. Les élites dirigeantes devraient être tenues pour responsables des conditions meurtrières des installations sanitaires au Nigeria, étant donné l’insuffisance croissante des budgets alloués au secteur de la santé, et la préférence des élites dirigeantes pour se rendre à l’étranger pour toute forme de traitement médical.

De plus, l’assouplissement du confinement est assorti de tous les dangers d’une augmentation du taux d’infection, car il n’y a pratiquement rien ou presque sur le terrain, tant en ce qui concerne le dépistage que les équipements de protection nécessaires à la sécurité des travailleurs de la santé. En fait, l’assouplissement de la politique de confinement n’est pas non plus lié à la famine massive qui frappe la grande majorité des Nigérians vivant dans la pauvreté, les travailleurs en chômage ou les millions de travailleurs informels. Le régime est davantage préoccupé par les pertes des milliardaires et la perte des gains provenant d’impôts illégaux multiples.

Personne n’est sûr de l’ampleur des pertes qui attendent l’humanité dans la période à venir, si la recherche d’un vaccin et sa diffusion sont principalement motivés par la recherche de profits. Avec environ 7 millions de cas d’infection confirmés et un taux de mortalité qui dépasse aujourd’hui officiellement les 400.000 personnes dans le monde, l’avenir semble plus sombre, si des changements drastiques ne sont pas apportés dans la gestion des ressources en faveur des besoins des masses laborieuses. Mais un fait est certain pour les Nigérians : ils subiront les effets du marasme économique créé par des années de corruption et de sous-développement, aggravé par la pandémie. Des entreprises ont déjà commencé à licencier des travailleurs en silence, une situation facilitée par des décennies de législations anti-travailleurs.

Certaines de ces entreprises utilisent le prétexte du ralentissement de la propagation du Covid-19. Notre position est que toute entreprise incapable de maintenir ses effectifs pendant cette période au nom des pertes devrait ouvrir sa comptabilité à l’examen du public et, en cas de faillite avérée, être reprise publiquement. Le gouvernement de l’État de Kaduna, sous la direction de Nasir el Rufai, a ouvert la voie aux gouvernements des États dans les attaques contre les travailleurs en réduisant les salaires des travailleurs de 25 %. Le gouvernement fédéral lui-même est sur le point de fusionner les ministères, départements et agences du gouvernement, un exercice qui entraînerait une perte importante d’emplois publics, contrairement aux déclarations du ministre du travail.

Dans le cadre des conditions que le gouvernement a convenues avec le FMI, le prix de l’essence, chaque fois que le pétrole prend de l’élan sur le marché international, serait déterminé par les intérêts des négociants en pétrole ; des intérêts qui sont en contradiction avec les transports publics ou encore les vendeurs de fruits. Le gouvernement n’a pas caché qu’il se cache derrière Covid-19 pour revenir sur les petites avancées issues de la lutte pour un meilleur salaire minimum. Il observe jusqu’où ira l’endurance du peuple. Nous entendons souvent l’idée que les Nigérians peuvent s’adapter à n’importe quelle condition, aussi dure soit-elle.

Cette notion est fausse. Les Nigérians sont actuellement en colère face aux conditions actuelles, qui sont sans aucun doute pâles par rapport à ce qui est à venir. Mais l’absence d’une direction du peuple opprimé capable de lui donner un programme, une coordination est la cause de la frustration souvent confondue avec l’indifférence des masses à l’égard de leurs conditions misérables. La direction du mouvement ouvrier pendant cette crise a une fois de plus démontré sa réticence et son impréparation à prendre l’histoire par les cornes au nom des masses ouvrières, et à fournir une direction pour améliorer les conditions de vie des masses. Une crise comme celle-ci révèle la véritable orientation des socialistes ou des militants, en raison de l’absence de tout compromis possible.

Les minuscules forces du marxisme ne peuvent actuellement déloger les dirigeants syndicaux et diriger les masses ouvrières dans une lutte pour mettre fin à la domination du capital et commencer la transformation socialiste de la société. Elles doivent nécessairement se fixer pour objectif d’organiser la base de la classe ouvrière afin de démocratiser leurs syndicats et de briser les entraves de la direction bureaucratique qui les transforme en victimes d’une crise économique que les élites dirigeantes ont créée, afin de construire un nouveau courant de dirigeants syndicaux qui s’imprégnera du programme révolutionnaire du marxisme comme instrument d’organisation de la classe ouvrière. C’est la tâche qui attend le MAS : atteindre et développer les forces du marxisme et approfondir les racines de la conscience socialiste parmi les masses ouvrières, sur les lieux de travail et dans les usines, les communautés et les écoles.

Nous entrons dans une période où la défense des idées marxistes dans l’organisation de masse des travailleurs, de la jeunesse et des opprimés est nécessaire pour construire une nouvelle génération de cadres trotskystes dans le mouvement ouvrier et parmi la jeunesse. Il est devenu évident que le capitalisme est globalement inefficace, tout particulièrement dans un pays néocolonial. Il y est incapable de s’acquitter des tâches les plus fondamentales du capitalisme traditionnel comme des transports efficaces, l’approvisionnement en électricité, la répartition des terres, un enseignement décent, de bons logements, etc. Pour l’instant, le gouvernement va chercher à dépenser les ressources de l’État au bénéfice d’industries moribondes et d’entreprises privées afin de “relancer” l’économie, mais cela reviendra à organiser une fête de Noël pour la bande de capitalistes du Nigeria, et les masses laborieuses ne sont pas invitées.

En fin de compte, la tâche qui attend la classe ouvrière est de prendre le contrôle absolu des secteurs clés de l’économie, de planifier la production et la distribution sur base des nécessités sociales. Nous convaincrons les travailleurs, par nos luttes collectives aux barricades, que les “petites victoires” ne peuvent à elles seules résoudre le problème fondamental du système capitaliste. Elles ne peuvent pas faire disparaître la soif de profit aux dépens de la satisfaction des besoins sociaux. Nos luttes doivent être liées au renversement du système capitaliste qui crée des souffrances interminables pour les masses travailleuses. C’est le sens même qu’il faut donner au meurtre de George Floyd par un policier blanc et au mouvement de masse qui s’est développé aux États-Unis pour mettre fin au racisme et à la discrimination contre les Noirs. Le cadre futur de la confrontation avec le capitalisme aux États-Unis est déjà en train d’être défini.

La nécessité de la solidarité entre tous dans les communautés et sur les lieux de travail ainsi que le fait que les syndicats peuvent servir d’organes d’unité de la classe ouvrière et des pauvres se reflètent maintenant dans cette lutte tumultueuse. La possibilité d’un effet de spirale du mouvement américain dans le monde entier, même si ce n’est pas à l’échelle du processus de révolution et de contre révolution en Afrique du Nord et au Moyen Orient en 2011, se fera forcément sentir au-delà des États-Unis. Elle incitera les jeunes d’un pays comme le Nigeria à affronter la nature terriblement antidémocratique du système capitaliste. Il faut se féliciter du fait qu’il inspire déjà des mouvements contre la brutalité policière et les agressions sexuelles et qu’il suscite des préoccupations similaires dans d’autres parties du monde. Aux États-Unis, le mouvement “Black Lives Matter” contre le racisme a mis en évidence la tâche qui attend les socialistes : comment accueillir une nouvelle génération de jeunes et de travailleurs pour lutter et les aider dans leur quête d’idées correctes sur la manière dont la société peut être réorganisée.

Les socialistes sont maintenant d’autant plus confrontés à la question de savoir comment s’orienter vers un mouvement de réforme sans rejeter les revendications immédiates, mais en liant, par leur implication, l’agitation pour les réformes à la nécessité de la transformation socialiste de la société. Nous sommes confiants que d’autres parties du monde, en particulier le Nigeria, retrouveront leur position combative, que la confiance sera restaurée et que le mouvement de masse se relèvera. Les masses, comme leurs homologues américaines, vont plus tôt que prévu jeter par-dessus bord les chaînes du confinement et inspirer la classe ouvrière à se manifester et à fournir la direction nécessaire aux masses pour faire face à une plus grande pandémie dans le monstre que constitue le capitalisme, le renverser et organiser la société sur la base de la satisfaction des besoins sociaux des masses par opposition aux profits des quelques membres du club des milliardaires.

Si vous êtes d’accord avec nous, rejoignez-nous aujourd’hui dans le Mouvement pour une Alternative Socialiste (MAS) pour lutter pour la libération socialiste du Nigeria et du monde entier des chaînes de l’oppression capitaliste qui tient l’humanité en rançon, et ce faisant, abolir la pauvreté, le chômage, le sans-abrisme et la faim

 

 

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