Your cart is currently empty!
C’était il y a tout juste 50 ans: le 28 décembre
A Gand, de nouveaux heurts violents éclatent entre grévistes et gendarmes. Suite à ces violentes bagarres, la régionale FGTB ne peut plus rester sans réaction et décrète d’ urgence la grève générale régionale. La grève générale connait donc encore une fois une nouvelle extension et un durcissement dans les centres industriels flamands. Dans la périphérie d’ Anvers, plusieurs entreprises débrayent sur-le-champ, les travailleurs chrétiens suivent le mouvement de grève. Une grande manifestation est prévue pour le 29 décembre après-midi à Anvers.
Cet article, ainsi que les prochains rapports quotidiens sur la ”Grève du Siècle”, sont basés sur le livre de Gustave Dache ”La grève générale insurrectionnelle et révolutionnaire de l’hiver 60-61”
[box type=”shadow” align=”alignright” width=”100″]
– – Rubrique "60-61" de ce site
– 21 décembre
[/box]
De nombreuses manifestations ont encore lieu dans le pays ; à Quaregnon, dans le Borinage, 20.000 grévistes à Mons, à Charleroi, à Bruxelles, où des autobus qui roulaient ont été lapidés, les vitres des banques cassées, dans la région de Liège c’ est la même situation, partout dans le pays l’ action des piquets de grève se durcit et se renforce, plusieurs arrestations ont encore été opérées.
La situation évolue vers une poussée de fièvre, surtout du côté d’ Anvers et de Gand mais aussi dans d’ autres régions flamandes, notamment à Courtrai, Ypres, Alost, Bruges, Tongres et Tirlemont. Les travailleurs veulent passer à l’ attaque, mais leurs organisations ouvrières le leur interdisent. C’est pourquoi, à partir de ce 28 décembre, on va voir les grévistes se réunir quotidiennement dans des manifestations monstres, crier, piétiner pendant des heures puis se disperser sans qu’aucune organisation ne veuille prendre sur elle la responsabilité d’ un mot d’ ordre national offensif.
Ceux qui connaissent un tant soit peut l’ histoire des luttes du mouvement ouvrier international savent qu’il ne faut en aucun cas attendre des réformistes ou des staliniens des mots d’ ordre à caractère offensif. Par contre les travailleurs en grève étaient en droit d’ attendre des consignes offensives de la part des dirigeants de La Gauche, qui disaient se placer dans la perspective de la révolution socialiste. Mais voilà, de ce côté là, rien non plus. Ils sont restés à la remorque des réformistes et des staliniens. Le mouvement en cours est bel et bien une grève à objectif révolutionnaire et qui exige de ce fait des mots d’ordre et des consignes appropriés.
Certains journaux de droite ne s’ y sont d’ ailleurs pas trompés et n’ ont pas manqué de souligner la gravité de la situation, qui empire de jour en jour. Les grèves entraînent un durcissement général, des incidents graves se produisent un peu partout dans le pays et risquent de dégénérer si le gouvernement s’ entête. Toutefois celui-ci reste sur ses positions. Il durcit même ses mesures de répression, tente par tous les moyens à sa disposition (radio, TV , journaux, communiqués,…) d’inciter les grévistes à reprendre le travail, mais il n’ en est rien, bien au contraire. Les grévistes sont décidés à aller jusqu’au bout, c’est l’épreuve de force.
Treize mille grévistes paralysent Bruxelles pendant trois heures. Les trams ne roulent plus. Les grévistes scandent : « Eyskens au poteau », « Les Wallons à Bruxelles », « Les banquiers doivent payer ». Plus de 8.000 métallos défilent à Herstal. Plus de 20.000 manifestants au Pays Noir. A La Louvière, plus de 15.000 manifestants se réunissent avec un grand calicot : « Camarades ! Marchons sur Bruxelles ».
Dans le grand port flamand, l’ ensemble des réparateurs de navires et de chantiers navals sont en grève. Dix mille grévistes à la Bell-téléphone, Cockerill-Hoboken est bloquée. Les ouvriers du pétrole sont eux aussi en grève. Les ports d’ Ostende et de Gand sont également totalement paralysés. Les briqueteries de Rupel son arrêtées, 1.800 mineurs du Limbourg sont en grève.
Avec cette énumération des mouvements de grève générale en Flandre, on peut mesurer le caractère criminel de l’attitude d’André Renard lorsque, en pleine grève générale, il revendique le fédéralisme wallon. Là aussi les dirigeants de La Gauche devaient réagir énergiquement en s’ opposant à Renard et sa revendication, dans un contexte de grève générale visant le renversement du gouvernement et de l’Etat bourgeois. Mais là aussi, on peut constater un silence complice et la capitulation complète face à la politique réformiste de Renard.
La grève prend toujours de l’extension, de même que l’appel pour une Marche sur Bruxelles et une confrontation directe avec le pouvoir dans la capitale.
A Bruges, la grève se durcit après les incidents survenus à Gand, où les grévistes ont subi une véritable agression. En réponse à cette même agression, la FGTB d’ Anvers décrète la grève générale. Un acte de sabotage très significatif est commis sur la ligne Gand-Adenkerke, où des blocs de béton sont posés sur les voies, comme sur les routes. La centrale des mineurs du Limbourg communique que la grève est totale dans le charbonnage. Le comité exécutif reçoit de France et d’Italie des encouragements de solidarité. Certains ont prétendu que la Flandre n’ avait pas embrayé à la grève générale alors que même des centrales ouvrières de l’étranger ont apporté leur soutien total aux mineurs flamands. S’ils n’ avaient pas embrayé dans la grève générale, ce genre de soutien n’aurait pas été possible.
Le même jour, le praesidium élargi de l’action commune socialiste déclare d’ailleurs dans un communiqué que «Il constate que la grève est totale en Wallonie et qu’elle s’ amplifie chaque jour de façon massive tant en Flandre que dans la région bruxelloise.»