Au moins 80.000 manifestants dans la capitale : ‘‘La coupe est pleine!’’

Manif2405
La manifestation du front commun FGTB-CSC-CGSLB d’aujourd’hui devait donner le coup d’envoi du nouveau plan d’action jusqu’à la grève générale du 7 octobre. Le succès fut au rendez-vous une nouvelle fois. Le monde du travail a défilé par dizaines de milliers à Bruxelles et a, comme cela devient une habitude, dépassé la participation initialement prévue. Et ce n’est encore qu’un début. Aujourd’hui, la manifestation a essentiellement réuni des délégués et militants qui se sont retrouvés pour la première fois après la tenue des élections sociales. Diverses dates de mobilisations sont déjà connues, parmi lesquelles la grève générale à l’appel de la FGTB le 24 juin (avec aussi le soutien de la CNE, notamment) et une grande manifestation suivre le 29 septembre. Y atteindre les 200.000 manifestants est possible en prenant à bras le corps la construction du nouveau plan d’action.

Ce ne sont pas les raisons qui manquent…

Quand nous demandons à Thomas pourquoi il est présent, il éclate de rire : ‘‘Tu as l’après-midi devant toi ?’’ C’est vrai que les raisons d’avoir été dans les rues aujourd’hui et de continuer à s’impliquer dans le nouveau plan d’action ne manquent pas. Après le saut d’index et le relèvement de l’âge de la pension, voici venue la ‘‘Loi Peeters’’ et la fin de la semaine des 38 heures. Ou encore le durcissement des conditions d’accès au revenu d’intégration (RIS). Conditions de travail, salaires, budgets des services publics, malades de longue durée, assistance aux plus précarisé de la société,… Les attaques de ce gouvernement n’en finissent plus. Personne n’est à l’abri. Et il ne changera pas son fusil d’épaule de sitôt.

Nathalie s’énerve : ‘‘Et tout ça serait pour créer de l’emploi ? Pour qu’on s’en sorte mieux, nous, les petits ? Qu’ils retournent à l’école : on ne crée pas de l’emploi en faisant travailler les gens plus et plus longtemps.’’ Son compagnons poursuit : ‘‘Toute leur politique est unilatéralement pour les entreprises. S’il y en a qui pensaient au début qu’il fallait laisser le temps de faire ses preuves au gouvernement, ils doivent le regretter.’’

banderole_site

“Nous sommes venus à Bruxelles… Pour faire tomber Charles Michel’’

Faire reculer le gouvernement? Plus grand monde y croit… Isabelle, militante de la CNE, le confirme à sa manière en expliquant : ‘‘il faut renverser le gouvernement. Je l’ai toujours dit. Mais avant, il fallait en convaincre mes collègues. Aujourd’hui, c’est l’argument décisif pour les mobiliser : cette fois-ci, on ne veut pas faire pression, on va jusqu’au bout !’’ Un peu plus loin résonnent un slogan des Jeunes-FGTB : ‘‘Nous sommes venus à Bruxelles ! Pour faire tomber Charles Michel !’’

C’est tout l’enjeu du nouveau plan d’action. Le plan d’action de l’automne 2014 avait poussé le gouvernement dans ses retranchements. A partir de la manifestation du 6 novembre (environ 150.000 personnes), un sérieux rapport de force avait été construit par la tournée de grèves provinciales fin-novembre et début-décembre, jusqu’à la grande grève générale nationale du 15 décembre. Mais après, alors que Charles Michel et sa clique vacillaient, alors que la presse se demandait ouvertement si le gouvernement resterait en place, l’occasion d’en finir avait été gâchée.

24mai_09
Grève pour faire tomber Michel 1er et toute l’austérité.

Il en aurait pourtant fallu peu pour renverser ce gouvernement de malheur. Mais les directions syndicales ont hésité, puis reculé, et il n’y a plus eu grand-chose de sérieux en 2015 à l’exception de la manifestation nationale du 7 octobre (où plus de 100.000 personnes étaient à nouveau présentes pour commémorer la première année du gouvernement Michel) et de la grève générale à Liège le 19 octobre.
Cette fois-ci, il y a moyen que les partis au pouvoir se souviennent à jamais de la date du 7 octobre 2016. Cela peut être le début de la fin. Les derniers sondages ne donnent plus de majorité. Au gouvernement La ministre Galant a dû démissionner. La colère se développe : même les magistrats préparent des actions pour dénoncer ‘‘l’Etat voyou’’ !

Les agents pénitentiaires, en grève depuis plusieurs semaines maintenant, illustrent comment nous devons envisager notre lutte : jusqu’au bout, sans nous contenter de promesses qui seront au mieux détournée et au pire retournées contre nous. C’est ce qui c’était passé avec le Tax-shift : la mesure avait été annoncée avec le but de faire contribuer le capital mais, au final, ce fut une nouvelle attaque contre les travailleurs !

Si ce gouvernement tombe, au cœur de l’Europe, nulle doute que cela aura également un impact sur nos camarades à l’étranger, eux aussi en lutte contre l’austérité. Remporter la victoire contre la ‘‘Loi Travail’’ à la belge et son gouvernement renforcera la lutte de nos collègues de France et d’ailleurs. Et, chez nous, quel que soit le gouvernement qui suivra, après que son prédécesseur soit tombé suite à l’action du mouvement social, il devra chanter sur un autre ton !

Construire le plan d’action

La meilleure manière d’assurer que ce plan d’action ne s’arrête pas tout simplement le 7 octobre, c’est de s’impliquer dans sa réussite et de faire en sorte que l’action de la base ne permette pas tout simplement aux directions syndicales de renvoyer tout le monde chez lui. Chacun peut y contribuer.

Comme nous le disions dans le tract distribué aujourd’hui : ‘‘En tant qu’habitant d’un quartier, parlez-en à vos voisins. En tant qu’étudiant, rendez visite aux grévistes ou faites une action de solidarité. Organisez des assemblés du personnel sur les lieux de travail ou demandez-le à un délégué. Faites-y circuler l’information, mais soumettez-y aussi le plan d’action au vote pour qu’il devienne une décision collective qui ne pourra que difficilement être bloquée par la direction syndicale. Réfléchissez à la manière d’organiser le piquet et élaborez des revendications spécifiques pour votre entreprise et votre secteur en fonction des intérêts de toute la collectivité, pas des profits.’’

Une alternative politique

24mai_29Le programme de compétitivité des patrons et des riches est connu. Celui d’une société basée sur la solidarité est encore trop peu discuté. Lors de la manifestation, les revendications offensives n’ont pas manqué sur les banderoles et pancartes, particulièrement celle de la réduction collective du temps de travail sans perte de salaire et avec embauches compensatoires. Poursuivons en cette direction avec la restauration complète de l’index, la défense et l’augmentation des pensions, le rétablissement de la prépension et de toutes les allocations, un programme d’investissements publics massifs dans l’infrastructure,…

24mai_02L’aspiration à une fiscalité plus juste était aussi bien présente dans le massif cortège rouge, vert et bleu. C’est on ne peut plus compréhensible au vu du scandale des Panama Papers et autres LuxLeaks ou encore de la fiscalité belge très amicale pour les grosses fortunes, les grandes entreprises et les multinationales. Le PSL ne s’oppose pas à un impôt sur les fortunes, loin de là. Mais nous estimons que seule la nationalisation sous contrôle des travailleurs et de la collectivité des secteurs-clés de l’économie (parmi lesquels le secteur financier) permettra de bloquer la fuite des capitaux et de mobiliser toute les capacités technologiques et scientifiques ainsi que les moyens actuels au bénéfice de tous. Le système capitaliste est obsolète et cause une succession désastres sur les plans écologique, économique et social. Nous devons lier nos revendications à la nécessité de construire une société alternative, le socialisme démocratique selon nous.

Tout cela exige de disposer, comme nous le disons depuis longtemps, ‘‘d’un parti qui défende les travailleurs avec autant d’acharnement que celui des partis traditionnels pour défendre les patrons’’. Ailleurs en Europe, de nouvelles formations de gauche comme la coalition espagnole Podemos-Izquierda Unida défient les partis traditionnels. Depuis que Jeremy Corbyn s’est retrouvé président du parti travailliste, une guerre civile s’y déroule entre la droite blairiste et la gauche corbyniste. La campagne de Bernie Sanders aux États-Unis illustre le potentiel pour un parti qui rompt totalement avec les politiques de Wall Street.

Les syndicats belges doivent rompre avec leurs ‘‘partenaires’’ traditionnels et prendre une initiative politique audacieuse ouverte aux nouveaux mouvements sociaux, au PTB et aux autres forces de la gauche radicale, y compris le PSL. Cela susciterait un enthousiasme débordant et, en un délai de quelques mois, le paysage politique du pays serait totalement redessiné.

Nos revendications

  • Stop à l’austérité et aux attaques antisociales contre les travailleurs et leurs familles !
  • Restauration complète de l’index, négociations salariales libres et salaire minimum de 15€ bruts/heure !
  • Pas de sape des contrats de travail via la sous-traitance, l’intérim ou autres emplois précaires
  • Pas touche au statut des fonctionnaires publics, pas de démantèlement des services publics, pas de privatisation ni libéralisation !
  • Rétablissement de la prépension, pas touche à la pension anticipée et aux systèmes de fin de carrière avec RTT
  • Relèvement des pensions à minimum 75% du dernier salaire gagné avec un minimum de 1500€ par mois !
  • Stop à la chasse aux chômeurs, non à la chasse au bénéficiaires du RIS, non à la semaine des 45 heures !  Pas de dégressivité, pas de service à la communauté mais réduction collective du temps de travail généralisée à 30h/semaine sans perte de salaire et avec embauches compensatoires ! 
  • Pour la levée immédiate du secret bancaire et l’instauration d’un cadastre des fortunes !
  • Pour le renforcement de la lutte contre la grande fraude et l’évasion fiscales !
  • Pour le remboursement complet des 942 millions d’euros de cadeaux fiscaux aux multinationales (Excess Profit Rulings) ainsi que des autres cadeaux fiscaux de ce type (Intérêts Notionnels,…) !
  • Allons chercher l’argent là où il est : chez les super-riches et dans les paradis fiscaux !
  • Nous ne contrôlons pas ce que nous ne possédons pas : nationalisation du secteur financier sous contrôle et gestion démocratiques des travailleurs et des usagers, sans rachat ni indemnité, sauf sur base de besoins prouvés, afin d’empêcher la fuite des capitaux face à une forte imposition des fortunes !
  • Pour le contrôle et la gestion démocratiques publics des leviers de commande de l’économie : nationalisation démocratique des secteurs clés de l’économie (sidérurgie, énergie,…) !
  • Pour une gestion rationnelle des ressources naturelles et de la production économique grâce à la planification démocratiquement élaborée de l’industrie et des services, seule manière d’assurer que l’économie soit au service des nécessités sociales de la population !

Photos : Liesbeth

24 mei - foto's door Liesbeth

Photos: Nico
Manifestation du 24 mai 2016

Author

0
    0
    Your Cart
    Your cart is emptyReturn to Shop