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Non à la criminalisation des réfugiés, organisons-nous contre la violence raciste!
C’est au système qu’il faut s’en prendre, pas à ses victimes !
la situation désespérée au Moyen-Orient est à la base d’un afflux de réfugiés en Europe et ailleurs. Le renforcement des interventions militaires est susceptible de mener à une nouvelle expansion régionale du conflit. Dans cette Europe ravagée par l’austérité, de nombreux demandeurs d’asile qui fuient la guerre et la misère ne trouvent que des abris insalubres tandis qu’ils ressentent une méfiance croissante de la part d’une partie de la population. La peur éprouvée après les attentats est stimulée par les gouvernements de droite, cela conduit à une multiplication des cas de discrimination et de violence contre les migrants.
Par Fabian (Gand)
Croissance du racisme et des discriminations
Le bourgmestre d’Anvers, Bart De Wever, stimule une politique des fouilles arbitraires. Il existe de nombreux récits des personnes fouillées ou même arrêtées uniquement sur base de la couleur de leur peau. Un jeune d’origine immigrée a été arrêté au Shopping de Wijnegem et détenu trois heures parce qu’il ressemblait à un suspect. La création d’une atmosphère de suspicion a poussé des clients de l’hôtel Radisson à Anvers à appeler la police pour signaler… le Diable Rouge Radja Nainggolan ! Toute personne avec une peau un peu foncée ou un look un peu différent est maintenant un suspect. A Paris, un jeune a été fouillé parce qu’il portait un sweat-shirt anticapitaliste ! Le slogan ‘‘Résistance internationale contre le capitalisme et le racisme’’ était, selon le policier, un message de haine contre l’Etat français.
La situation des migrants n’étaient pas réjouissante avant même ces attentats. Le ministre de l’Intérieur Jan Jambon (N-VA) avait lancé l’idée d’un badge visible d’identification pour les réfugiés. Cette proposition faisait trop rapidement penser aux étoiles jaunes imposées aux Juifs dans l’Allemagne nazie, elle a donc rapidement été balayée. Mais l’idée d’un statut temporaire pour les réfugiés (contrairement à la législation actuelle) est par contre restée sur la table. Cette idée est même soutenue par John Crombez, le président du SP.a !
Les déclarations de Bart De Wever, fin septembre, concernant la nécessité d’adapter la Convention de Genève pour la protection des réfugiés avaient créé la polémique. De Wever défendait sa révision pour protéger la sécurité sociale. D’autres politiciens ont entre-temps repris cette approche et ne veulent pas que des réfugiés reconnus disposent de pleins droits dans un pays signataire de la Convention de Genève. Mais ce ne sont pas les réfugiés qui creusent le trou de la sécurité sociale ! C’est la politique d’austérité de ce gouvernement et des précédents ! Les ressources de la collectivité sont pillées par les cadeaux aux grandes entreprises.
L’extrême droite se frotte les mains
Ces manœuvres qui tentent de faire passer les mesures antisociales au second plan avec un écran de fumée de politique de diviser-pour-régner peuvent être instrumentalisées par l’extrême droite. Le Vlaams Belang défendait premièrement que le gouvernement fédéral avait transféré une partie de son austérité vers la Flandre, mais ce sont maintenant soudainement les réfugiés qui seront responsables de l’austérité. ‘‘Assainir sur l’asile, pas sur notre propre peuple’’ est devenu son sloganphare à grand renforts de comparaisons fantaisistes sur le luxe dans lequel vivent les réfugiés en Belgique. Tom Van Grieken, ke président du Vlaams Belang, a affirmé qu’un réfugié coûte 1.290 euros par mois alors que sa grand-mère ne touche qu’une pension de 1.083 euros par mois. Il ‘‘oublie’’ de dire que cet argent ne va pas dans les poches des réfugiés (personnel, infrastructure,…) et qu’une bonne partie tombe dans les caisses d’entreprises privées pour qui le secteur de l’aide aux demandeurs d’asile est une bonne opportunité. Van Grieken n’aime pas la nuance. Pourquoi n’exige-t-il pas plutôt l’augmentation des pensions (jusqu’au moins 1.500 euros nets par mois) ? Il est plus facile de trouver des boucs émissaires au bas de l’échelle sociale.
Fondamentalement, l’extrême droite et les terroristes ont un agenda identique : diviser la population. L’extrême droite belge n’est pas encore capable de passer à la violence ouverte, cela ne serait pas accepté par des couches plus larges de la population. Mais les attaques sévères contre les conditions de vie de la population, la menace terroriste et la crise des réfugiés peuvent élargir l’espace dont peut disposer le racisme et la violence d’extrême-droite.
De nombreux pays européens connaissent déjà une croissance des cas de violence contre les immigrés et les centres d’asile. Un bâtiment qui devait devenir un centre d’accueil pour réfugiés à Dresde (Allemagne) a été incendié après une manifestation du mouvement anti-immigré Pegida. En novembre, des néonazis ont attaqués des réfugiés à Magdebourg (Allemagne) à coups de battes de base-ball. En Suède, plusieurs incendies criminels ont touché des centres d’asile. A Göteborg, des appartements de membres de notre organisationsœur ont été victimes d’incendies criminels. Durant la semaine qui a suivi le 13 novembre, le nombre d’attaques racistes a triplé en Grande-Bretagne. Cette même semaine, il y a eu 32 rapports de crimes racistes en France commis contre des musulmans alors qu’il y a en moyenne quatre ou cinq rapports de ce type par semaine. Les femmes voilées ont particulièrement été visées.
Et en Belgique ?
L’extrême-droite flamande a déjà organisé diverses actions face à des centres d’accueil à Coxyde, St Nicolas, Zwijndrecht,… la participation était limitée. Le Vlaams Belang a activement soutenu une mobilisation Pegida à Anvers le 16 novembre, qui a rassemblé 200 militants d’extrême-droite selon les médias, entre autres Filip Dewinter et Tom Van Grieken.
L’organisation étudiante liée au Vlaams Belang, le NSV, a vite déplacé sa manifestation annuelle de mars vers novembre pour être capable d’instrumentaliser la crise des réfugiés. Mais cette manifestation, qui devait prendre place à Louvain, a été interdite en raison de la menace terroriste. Le soir-même, un concert antiraciste organisé par Comac avec le soutien des Etudiants de Gauche Actifs a reçu la visite de quelques militants du NSV qui voulaient intimider les participants.
L’extrême-droite veut maintenant organiser différentes manifestations. Le 9 janvier, Pegida veut à nouveau manifester à Anvers avec le slogan ‘‘Terrorisme – islamisation – abus d’asile : nous en avons marre, fermez les frontières’’. Le 21 février, le Voorpost, le service d’ordre du Vlaams Belang, veut manifester à Gand sous le slogan : ‘‘En finir avec le terrorisme, fermer les frontières.’’ Jusqu’ici, les mobilisations de l’extrême-droite restaient très limitées. Mais en l’absence de réponse à ces actions, la confiance des racistes risque de croître. Cela peut mener à une escalade de la violence. Après une manif de Pegida à St Nicolas, un immigré a été tabassé. Nous voulons éviter cela et assurer la mobilisation antiraciste. Premier rendez-vous: action contre Pegida à Anvers le 9 janvier prochain.
C’est au système qu’il faut s’en prendre, pas à ses victimes
L’Europe et les différents gouvernements ne peuvent pas fournir de solutions aux problèmes. Ils se limitent à des propositions comme la construction de murs ou de clôtures pour physiquement arrêter le flux des réfugiés. En même temps, les interventions militaires en Syrie sont intensifiées. La politique d’austérité a déjà créé des contradictions sociales plus aiguës en Europe, toute une couche se voit totalement exclue de la société. Cette politique conduit à un flux des réfugiés et à une montée du racisme.
Pour obtenir du changement, on doit s’attaquer aux véritables responsables. Les interventions impérialistes au Moyen-Orient, alimentées par le trafic d’armes et les accords conclus avec des régimes douteux, contribuent au problème des réfugiés. Il faut mobiliser des moyens pour offrir un avenir décent aux travailleurs et aux pauvres du Moyen-Orient, allons chercher cela dans les poches des riches et de ceux qui ont se sont enrichis dans la région, notamment les secteurs du pétrole et de l’armement.
Une lutte unitaire de la base
Le potentiel pour la solidarité et la lutte unitaire n’est pas négligeable. La grande manifestation ‘Refugees welcome’ de fin septembre à Bruxelles a réuni plus de 20.000 personnes. D’innombrables personnes ont aussi proposé leur aide (avec des dons, l’organisation de concerts de solidarité,…). Certains ont accueilli des demandeurs d’asile qui n’avaient plus de place dans les centres d’accueil. L’aide humanitaire est importante, mais elle ne suffit toutefois pas. Nous devons nous organiser politiquement pour arracher les conditions qui nous permettront d’avoir un avenir décent pour tous, avec ou sans papiers, ici et ailleurs.
Les demandeurs d’asile et les réfugiés doivent s’orienter vers le mouvement des travailleurs, qui lui-même doit défendre de manière plus offensive les intérêts de tous. Tout ce qui nous divise nous affaiblit ! Laisser l’espace à des forces réactionnaires qui sèment la division va à l’encontre de nos intérêts. Il nous faut mobiliser contre l’extrême droite. Pegida en Allemagne a perdu son élan quand la pression des contreactions devenait plus massive et a exposé leurs divisions internes. A Lille, des néonazis ont été chassés d’un rassemblement après les attentats de Paris. Les participants n’acceptaient pas que l’extrême droite tente de transformer la douleur en haine islamophobe.
A travers ces mobilisations et actions antiracistes, nous devons également répondre aux problèmes sociaux sur base desquels l’extrême droite mais aussi des fondamentalistes réactionnaires peuvent trouver du soutien : les contradictions sociales et l’aliénation. Il nous faut un programme social pour des emplois, des services publics, des logements,… – ce qui nous unit, en bref – comme meilleur réponse contre ceux qui nous divisent, tant les partis austéritaires que les fondamentalistes et l’extrême droite.
Samedi janvier. Action contre la haine et la terreur. 15h, de coninckplein, Anvers