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VIOME: une entreprise grecque gérée par les travailleurs depuis 2012
Avant-hier, une conférence a eu lieu à Bruxelles concernant l’entreprise VIOME, société grecque dont le personnel a pris le contrôle en 2012. La production a été adaptée pour obtenir des produits de nettoyage biologiques. Aujourd’hui, l’entreprise vend et exporte des biens malgré la pression juridique. Les décisions sont collectivement prises par les salariés. Suite à cette conférence, une motion de solidarité a été distribuée. Le PSL soutien cette proposition, et l’a traduite pour la publier. Voici ci-dessous un premier rapport de la conférence d’hier et ensuite la motion de solidarité avec les travailleurs de VIOLE.
La conférence, rapport d’Alex (Bruxelles)
Ce jeudi soir a eu lieu un meeting organisé par Bruxelles Laïque, Initiative de solidarité avec la Grèce qui résiste, SAWX-B, Attac Bxl 1, MOC, JOC et le CADTM au sujet de l’entreprise VIOME, entreprise grecque occupée et gérée par les travailleurs eux-mêmes.
En 2011, une assemblée générale du personnel a eu lieu pour décider de reprendre l’entreprise en main alors que les travailleurs n’avaient pas reçu de salaire en un an. Depuis lors, les travailleurs ont essayé différente manière de mener leur combat. Depuis lors, la société est dirigée de façon démocratique, avec participation des employés et donc amélioration du processus de production. Cette occupation n’a pas eu le soutien des sommets syndicaux ou des politiciens, mais le soutien parmi la population grecque fut massif.
La discussion avec la salle a notamment abordé les leçons à tirer du naufrage du mouvement coopératif en Belgique, qui a également montré que l’absence d’un facteur politique révolutionnaire suffisamment fort dans les mouvements d’occupation d’entreprise (comme en Espagne en 36 et en France en 68 ) laisse l’espace à la restauration des forces du capitalisme.
Motion de soutien à la lutte des travailleurs de VIOME
Comme vous le savez, depuis maintenant quatre ans,nous nous battons pour notre vie et pour la dignité. Nous, travailleurs, avons choisi de créer des alliances sociales. Nous avons rejeté les propositions faites par diverses organisations politiques d’avoir une relation “exclusive” avec notre lutte et la diriger selon des critères partisans étroits. Néanmoins, nous avons toujours accepté toutes les invitations à parler et à communiquer.
Lorsque de grandes parties de la société ont décidé de se tenir à nos côtés et de nous soutenir avec les moyens dont ils disposaient, un vaste réseau de solidarité a été créé. Par conséquent, nous avons réussi à construire des relations de confiance, à travers des assemblées communes où la communauté au sens large a pu participer et où, ensemble, nous avons pris des décisions sur le parcours politique de la lutte, ainsi que sur de nombreuses autres questions.
De nombreuses organisations politiques ont marqué leur accord avec le cadre politique que nous, ensemble avec la communauté, avions fixé. A ce jour, ils soutiennent notre effort pour faire fonctionner l’usine avec le contrôle ouvrier de la production et l’autogestion par l’assemblée des travailleurs.
Parmi les forces politiques qui ont soutenu notre lutte se trouvait SYRIZA, par le biais de déclarations et d’engagements pour une solution immédiate à la question du fonctionnement de l’usine, notamment du premier ministre actuel lui-même.
Bien sûr, après que SYRIZA soit arrivé au pouvoir, les déclarations et les engagements sont devenus de plus en plus vagues. La détermination démontrée dans l’opposition a été remplacée par la timidité et des propositions pour des compromis dans un cadre différent de ce que nous avions convenu au préalable.
Leur grande “réalisation” après huit mois au sein du gouvernement est d’abandonner la lutte de VIOME aux machinations du système judiciaire. Le même système judiciaire qui, malgré avoir condamné l’ancienne propriétaire de VIOME Christina Philippou à des dizaines de mois de prison, lui permet de marcher libre, soi-disant pour faire du service communautaire à une municipalité où elle a de fortes «connexions». À ce jour, elle ne s’est encore jamais montrée à l’endroit où elle est censée faire ses travaux communautaires.
Ce système judiciaire permet à ceux qui ont abusé et détruit la société grecque pendant cinq ans de marcher librement, sans jamais les punir. Le “premier gouvernement de gauche” nous laisse dans les mains de ce système judiciaire.
Le point de vue politique des juges est évident à travers les décisions qu’ils ont prises jusqu’à ce moment: ils sont allés jusqu’à dire que nous n’avons pas le droit légitime de réclamer l’argent dû par nos anciens employeurs! Dans toutes nos tentatives pour réclamer notre argent, l’intervention de la propriété de Philkeram et en demandant de faire à nouveau tourner l’usine, nous avons reçu les mêmes réponses.
Et bien sûr, ils ne prennent pas de mesures pour trouver une solution pour le fonctionnement de l’usine pour assurer que les travailleurs qui ont décidé de rester peuvent échapper au chômage.
Selon les décisions de justice, les terrains où sont situés les locaux de VIOME seront vendus aux enchères le jeudi 26 novembre 2015,pendant trois jeudis consécutifs. Si aucun acheteur n’est intéressé, le processus se poursuivra jusqu’à ce qu’à trouver un vendeur et nous expulser de l’usine.
Ce terrain se compose de quatorze parcelles séparées, dont certaines ont été directement ou indirectement données par le gouvernement grec à l’ancienne propriétaire Phillipou en reconnaissance de la «contribution sociale» de la création d’emplois. Maintenant, ils veulent satisfaire les créanciers de la société mère de VIOME Philkeram: l’Inland Revenue Office, le service des assurances sociales, des anciens travailleurs de Philkeram, les banques et les fournisseurs.
Les locaux de VIOME représentent environ 1/7 de la superficie totale, et la zone dans laquelle cela se trouve pourrait facilement être séparée du reste de l’immobilier de Philkeram. Mais les employés de VIOME ne sont jamais mentionnés dans les procédures de faillite, bien que VIOME était une filiale de Philkeram conduite à la destruction par la faillite de la société mère. VIOME est complètement négligée, bien que la mauvaise gestion de la famille Phillipou, qui a transféré des fonds de VIOME pour leur gain personnel, était en grande partie responsable de la faillite. Ceci est un fait avéré, car une étude des consultants Deloit a conclu à la capacité de fonctionnement normal des deux sociétés.
Le système judiciaire est une fois de plus du côté des forces du capital et prend des décisions contre les travailleurs qui font valoir leur droit de travailler. Et bien sûr, l’Etat ne relève pas le défi de trouver des solutions.
Pour cette raison, nous, travailleurs de VIOME, vous invitons tous, vous qui avez été à nos côtés pendant tout ce temps, à être présents le jeudi 26 novembre à la vente aux enchères afin de balayer leur plan visant à nous expulser de l’usine de VIOME. Un espace que nous avons, depuis deux ans, réussi à transformer en un lieu de travail et un lieu de liberté.
Nous vous invitons à vous tenir à nos côtés et à soutenir tous les efforts des travailleurs pour rendre les forces de production autonomes de la classe capitaliste, une classe qui a délocalisé toute la production à l’étranger.
Nous vous invitons à soutenir l’usine, puisque nous, travailleurs, avons déclaré que nous ne partons pas, que nos vies sont maintenant liées à cette usine.
Nous vous invitons à être à nos côtés pour affirmer tous ensemble qu’il existe une solution au-delà des conseils des «experts»: cette fois-ci, la solution se trouve avec ceux qui sont directement impliqués dans la lutte.
En solidarité,
L’assemblée générale des travailleurs de VIOME