Nouvelles technologies: sauveur ou fossoyeur du capitalisme ?

nouvelles_technologiesLa plupart des gens dans la société, qu’ils soient anticapitalistes ou pas, considèrent que, malgré tous ses défauts et la nécessité qui va de paire de les faire disparaitre, le capitalisme a au moins pour lui qu’il a permis l’émergence de nouvelles technologies. C’est un lieu commun de plus. A y regarder de plus près, on peut très vite s’apercevoir que le rôle innovateur de ce système tend à s’amenuiser voir à disparaitre. Aujourd’hui, le capitalisme est même devenu un réel obstacle aux avancées technologiques.

Par Max (Mons), article rédigé sur base d’une des discussions organisées à l’école d’été du Comité pour une internationale Ouvrière

La logique d’exploitation qui mène le monde capitaliste est le premier des problèmes, la première limite qui empêche l’émergence de nouvelles avancées scientifiques en matière de technologie. Pour mieux comprendre ce raisonnement, il suffit de pousser à l’extrême le phénomène de robotisation de l’industrie. Si les usines étaient toutes automatisées au point de n’avoir plus besoin de main d’œuvre
pour produire les biens alors qui achèterait ces mêmes biens ? Ce sont les salaires versés aux travailleurs qui leurs permettent d’acheter les produits d’usines. Il ne s’agit pas ici de mettre en garde contre la robotisation de l’industrie, cette avancée est bénéfique pour l’homme car elle permet de libérer du temps de travail pour s’atteler à autre chose. Le problème vient de la façon même d’utilisation de ce potentiel qui est faite aujourd’hui. Les capitalistes ne voient que le profit, les retombées possibles pour eux et ce seulement sur le court terme.

Dès lors, le remplacement du travail manuel par la technologie ne se fait pas avec le soucis de retrouver du travail pour les travailleurs remplacés ni non plus dans l’optique d’une diminution du temps de travail, sans perte de salaire, qui permettrait très certainement d’augmenter le bien-être de chaque être humain.

L’exploitation de la majorité au profit de la minorité possédante est la raison qui pousse ces détenteurs de la grande industrie à réclamer toujours plus quand bien même le niveau de richesses produites par la majorité serait doublement suffisant pour combler les besoins de la population mondiale. Les richesses, au lieu d’être réinvesties dans le développement social, culturel ou technologique, sont stockées dans des paradis fiscaux et servent, par exemple, à spéculer sur le prix des denrées alimentaires ou bien dorment sur des comptes en banque pour générer des intérêts. Ceci est la conséquence directe de l’économie de marchés capitaliste lorsque la gestion des secteurs clés de l’économie est laissée dans les mains du privé. Sans contrôle démocratique de la base de la société – la classe des travailleurs – sur ces secteurs il est impossible d’orienter ces fonds dans des investissements qui seraient bénéfiques pour la majorité.

Ce à quoi nous assistons plutôt aujourd’hui, c’est une orientation des investissements dans le développement de la robotique de guerre… avec la création de machines à tuer qui sont à la pointe de la technologie et dont la durée de vie est certainement plus longue que celle d’un être humain alors que nos sèche-linges, nos téléphones et autres outils du quotidien lâchent au bout de quelques années grâce à une obsolescence programmée… Le seul moyen d’en finir avec l’exploitation; de produire de façon intelligente, écologique et durable ainsi que de réorienter les investissements dans d’autres secteurs que celui de l’armement, c’est de rompre avec le capitalisme et de transformer la société en une société où les richesses seront mieux réparties. Cela nécessite la construction d’un mouvement de masse pour que le pouvoir change de mains.

Si la propriété privée physique des moyens de production représente un obstacle au changement et par là donc à l’apparition des nouvelles technologie durables dans l’intérêt de la population, la propriété privée intellectuelle en est un autre. Nous ne remettons pas ici en cause la propriété littéraire et artistique mais bien la propriété industrielle.

Le fait que le résultat des recherches scientifique faites par des entreprises privées ne soit pas collectivisé amène les entreprises concurrentes à refaire ces recherches avec le risque évident de refaire les erreurs de la première. C’est un gaspillage complet de temps, d’énergie et d’argent. Ce non-sens n’est justifiable que par la logique de profit et la concurrence du secteur privé. Cette logique agit comme un frein au progrès: retient des nouveaux brevets, refus de produire de nouveaux médicaments tant que les anciens stocks ne sont pas écoulés, production polluante car moins coûteuse, etc.

Le meilleur exemple de cette absurdité est certainement l’utilisation de l’énergie fossile. La majeur partie des problèmes écologiques que sont la pollution et le réchauffement climatique proviennent de l’emploi cette forme d’énergie. Aujourd’hui l’homme est capable d’envoyer des sondes sur des comètes et dans des coins reculés de l’espace et, pour ce faire, il utilise l’orbite des planètes sur le chemin de la sonde pour que celle-ci, utilisant la force de gravité, gagne en vitesse pour atteindre des vitesses folles de 31000Km/h. Mais lorsque tous les scientifiques, les écologistes et les masses s’alarment de la situation climatique et environnementale de la planète sur laquelle nous vivons et qu’ensemble ils réclament une sortie des énergies fossiles et une transition vers un mode de production qui respecte la nature, à ce moment, les dirigeants du monde entier clament qu’il n’y a pas d’alternative possible et que cette transition ne peut se mettre en place tout de suite. L’urgence est pourtant bien présente, les études nous donnent 30 ans pour rectifier le tir ou bien ce sera la catastrophe écologique.

La nature doit-elle être aussi considérée comme une source de profit potentiel jusqu’à épuisement ? Ou bien avons-nous plus d’intérêts à la préserver d’une surexploitation ? Pour nous et, semble-t-il, pour la majorité de la population, la réponse à cette question est évidente mais, malheureusement, ceux qui dirigent le monde n’ont pas le même avis. Leur avidité les entraine à réclamer toujours plus, peu importe les conséquences. Mais lorsque ces conséquences sont des guerres à répétition faites avec le sang des pauvres et des innocents, nous avons le devoir de nous révolter. Les périodes de conflit ne sont pas des périodes prolifiques pour les avancées technologiques. Sauf, encore une fois, du point de vue de l’armement et des secteurs militaires mais nous n’y avons aucun intérêt.

Le PSL et ses organisations-sœurs présentes dans d’autres pays au sein du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) autour des mêmes idées luttent pour une rupture avec le capitalisme, notamment pour les raisons évoquées plus haut.

Marx expliquait déjà au XIXe siècle que le capitalisme jouait un rôle de moteur de progrès dans la mesure où il développaient les forces productives mais qu’une fois ces forces en place, il n’avait plus de raison d’être et que de moteur, il devenait frein au progrès.

Comme les aristocrates se sont accrochés au pouvoir alors que le féodalisme était obsolète face au nouveau système naissant, la bourgeoise qui possède les moyens de production autant que les aristocrates possédaient les terres à l’époque, s’accrochera aussi au pouvoir malgré la preuve évidente que son système est dépassé. Des mouvements de masses menant directement à des révolutions ont été nécessaires pour arracher le pouvoir à la vieille aristocratie, il est à penser qu’il en sera de même pour arracher le pouvoir des mains des capitalistes. Mieux la classe des opprimés sera organisée et préparée à ce changement, mieux elle se fera comprendre et étendre. Il en va de notre avenir commun.

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