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Seattle : Bataille engagée contre la multinationale Shell
Le président Barack Obama a trahi l’une de ses promesses concernant le climat et l’environnement en permettant finalement à la multinationale pétrolière Shell d’aller forer dans l’Arctique à la recherche de pétrole. Fin avril, des activistes environnementaux avaient envoyé le message suivant à Obama dans les pages du magazine «USA Today» (l’une des publications les plus importantes du pays) : «Si Shell exploite le pétrole de l’Arctique, il y 75 % de probabilités qu’il y ait un accident et 100 % pour qu’il y ait des conséquences néfastes sur le climat.» Mais sur ce thème comme sur d’autres, la présidence a clairement fait le choix de protéger les intérêts des grandes entreprises face à ceux de la population et de l’environnement.
Les risques sont effectivement loin d’être négligeables. Comme le rapport le site reporterre.net, en juillet 2012, la plateforme de forage de Shell «Discoverer-Noble» a failli s’échouer sur les côtes de la ville d’Unalaska avant d’être remorquée. Une autre plate-forme de forage, le Kulluk, s’était échouée fin décembre dernier sur une île d’Alaska. La région est du reste encore marquée par l’une des plus grosses marées noires de l’histoire survenue en 1989 lorsque le pétrolier Exxon-Valdez a fait naufrage et déversé 40 millions de litres de pétrole brut dans la mer. 1.300 kilomètres de côtes avaient été touchées.
C’est la ville de Seattle qui doit servir de base aux nouveaux forages en Arctique de Shell. Il est question de forer une demi-douzaine de puits offshore dans la mer des Tchouktches (entre l’Alaska et la Russie). Des centaines de militants ont se sont donc rendus ce week-end à Seattle (Etat de Washington) afin de bloquer la plateforme de Shell «Polar Pionneer». En avril, des militants de Greenpeace y avaient déjà installé un camp alors que la structure pétrolière était en route vers la ville.
Dès que l’arrivée du «Polar Pioneer» à Seattle a été connue, jeudi dernier, une trentaine d’activistes parmi lesquels des membres de Socialist Alternative (section du Comité pour une Internationale Ouvrière aux USA) dont leur élue au conseil municipal Kshama Sawant, ont accueilli l’arrivée du mastodonte avec une bannière proclamant «le forage arctique, c’est du chaos climatique!» Le samedi matin, une flottille composée de centaines de kayaks s’est lancée sur les eaux pour dénoncer le forage arctique tandis que des milliers de manifestants protestaient au terminal n°5 du port de Seattle qui servira de refuge au «Polar Pioneer» pour ces prochaines semaines. Ce lundi, une nouvelle action est encore prévue.
Construire un mouvement de masse contre Shell
Dès qu’il a été su que le port de Seattle devait accueillir les infrastructures de forage de Shell, tout a été fait pour convaincre la population que toute opposition serait vaine puisque le contrat avait été signé. C’est exactement ce qui avait été dit dans le cas de Keystone XL, du nom de la quatrième phase du pipeline Keystone, un oléoduc long de 3 461 km visant à connecter le Canada au Golfe du Mexique à travers les Etats-Unis. Quatre ans après, rien n’est encore joué. Plusieurs projets de développement pétrolier ont été asphyxiés grâce aux efforts de campagnes actives de terrain.
Un mouvement s’est constitué contre Shell en recourant à toute une variété de tactiques, des poursuites en justice à la pression sur des élus locaux en passant par l’action directe. Ce mouvement a été capable de bouleverser l’agenda politique local. Si, dès le premier meeting public consacré à ce thème, la conseillère municipale Kshama Sawant a clamé «Shell No!», il n’en a pas été de même pour tous les élus. Mais le mouvement a été capable de pousser l’establishment politique de Seattle à prendre position.
Le conseil municipal a voté à l’unanimité une résolution exhortant le Port à reconsidérer son bail avec Shell. Ed Murray, le maire de Seattle, a déclaré que les immenses plates-formes et les navires logistiques de Shell qui doivent s’y amarrer pour assurer la maintenance des forages n’entrent pas dans le cadre du permis actuel. D’autre part, le conseil d’administration du Port a ordonné à Shell de retarder l’arrivée de ses plates-formes et exigé un examen juridique des plans de forage. Mais Shell n’en a eu cure.
La lutte n’est pas encore terminée, mais ce week-end a su démontrer que Shell avait face à elle des adversaires acharnés qui n’ont pas fini de faire parler d’eux.
Kshama Sawant défend :
– NON aux navires et à la plateforme de Shell à Seattle. Le Port de Seattle ne doit pas participer au désastre environnemental que représente le forage arctique.
– Pour des salaires décents et une protection syndicale au Terminal 5 du Port de Seattle, pour des emplois qui n’endommagent pas notre environnement! Le front de résistance contre Shel doit tout faire pour s’attirer le soutien des travailleurs du port.
– Pour un moratoire sur les trains transportant du pétrole ou du charbon passant par Seattle.
– Pour une création d’emplois par l’intermédiaire de la transition énergétique vers une production écologiquement responsable et une «transition juste» pour tous les travailleurs des industries fossiles.
