L’Arizona doit disparaître, nos actions doivent le refléter

Le gouvernement Arizona a l’avantage de la clarté. Il n’essaye même pas de camoufler son caractère brutalement antisocial avec un vernis d’apparence sociale. Ce gouvernement veut s’en prendre structurellement à nos droits sociaux, et à la tronçonneuse. Dans une société qui s’endurcit, ses victimes ne peuvent généralement compter que sur peu de compassion. C’est ainsi que les personnes migrantes devront remuer ciel et terre pour tenter vivre une vie digne ici.

par Bart Vandersteene

L’Arizona s’inscrit explicitement dans le courant trumpiste international, qui vise à éliminer tout semblant de progressisme ou de diversité. Le capitalisme actuel évolue vers une forme plus nue et plus brutale, caractérisée par la concurrence internationale, les guerres commerciales et les confrontations militaires. Cela s’accompagne de politiques nationales où l’État sert radicalement ses propres capitalistes. Les fonds publics sont utilisés pour subventionner les entreprises, des armées sont constituées et les mouvements d’opposition sont écrasés par la répression. Vooruit, la sociale-démocratie flamande, n’a apparemment aucun problème à accepter cela.

De ce gouvernement et de l’élite capitaliste se dégage une assurance qui sert d’écran de fumée face à leur nervosité. L’opinion publique ne soutient pas ces politiques, ce sera encore plus le cas lorsqu’elles seront réellement appliquées. Le ton agressif et viriliste n’a qu’un but : intimider l’opposition et donner l’impression qu’aucune alternative n’est possible. Lorsqu’un contre-mouvement se mettra en marche, il sera combattu par une tirade agressive anti-woke, destinée à attiser les idées sexistes et racistes afin de détourner l’attention des mesures antisociales et de leur impact sur l’ensemble de la classe travailleuse.

Négocier avec l’Arizona n’est pas une option

Notre ambition doit aller bien au-delà de la protestation pour obtenir quelques petites concessions à la table des négociations. C’est pourtant ce à quoi nous conduit la stratégie syndicale dominante actuelle. La plupart des directions syndicales s’accrochent obstinément à un modèle de concertation sociale qui a été abandonné depuis longtemps par les capitalistes. Ce gouvernement et la classe capitaliste qu’il représente n’ont aucune intention de « négocier ».

Le nouveau secrétaire général de la FGTB, Bert Engelaar, a apporté une bouffée d’air frais à la communication. Mais il apparaît surtout comme un représentant plus lisse et plus jeune du même groupe au sein de la FGTB, qui persiste à entretenir des relations étroites avec Vooruit. Un lien de plus en plus difficile à justifier auprès des membres. Au lieu de s’en tenir à des négociations qui ne mènent à rien, nous avons besoin d’une stratégie basée sur un rapport de force, pour stopper ce gouvernement avant de le faire tomber.

La Gazet van Antwerpen a interrogé Engelaar concernant la chute du gouvernement : « Les gens ont voté à droite, alors un gouvernement de droite n’est pas illogique. Dire maintenant que ce gouvernement devrait tomber… Ecoutez, ce ne sera jamais mon gouvernement, mais je vais essayer d’en tirer le meilleur parti. L’équilibre entre les employeurs et les employés n’est tout simplement pas bon. Je vais essayer de trouver un équilibre ».

Ce n’est pas seulement naïf, cela trahit l’intention de la direction syndicale. D’abord, utiliser un langage grandiloquent pour déclarer une grève générale, puis l’organiser sans enthousiasme et enfin s’asseoir à la table des négociations. Ensuite, lorsqu’une miette tombera de la table, les dirigeants syndicaux, bras dessus bras dessous avec Vooruit, loueront le modèle de concertation sociale et affirmeront qu’ils ont tout fait pour obtenir cette miette. Lorsque les critiques viendront de leurs propres rangs, ils prétendront que les électeur.trices ont simplement choisi ce gouvernement, et que c’est donc de leur faute. La vérité, c’est que cet accord de coalition n’aurait jamais obtenu de majorité s’il avait été mis sur la table avant les élections.

L’Arizona doit tomber

Nous devons stopper ce gouvernement et ne pas lui permettre de mettre en œuvre son programme. D’importantes conquêtes sociales risquent d’être structurellement effacées. Ce gouvernement doit être renversé. Cela aura directement un impact sur le gouvernement suivant, quelle que soit sa composition. Sans compter qu’un mouvement social plus fort, doté d’une capacité organisationnelle qualitativement élargie et d’une expérience enrichie par la victoire, affrontera tout nouveau gouvernement avec confiance et audace.

Une première grève générale suivra le 31 mars. Elle doit être préparée à la perfection et soutenue le plus largement possible. Mais nous n’avons pas seulement besoin d’une grève forte et générale. Nous devons également nous engager dans une mobilisation totale et diversifiée de la résistance. Le 31 mars doit être un jour où chacun peut exprimer son opposition au gouvernement Arizona – des jeunes aux plus âgé.es, dans tous les secteurs et à travers une large mobilisation de tous les mouvements contre l’oppression. Les manifestations locales peuvent renforcer cette dynamique, avec des actions dans et autour des écoles, la participation des jeunes aux manifestations et des blocs organisés de mouvements de femmes, le mouvement de solidarité avec les Palestinien.nes, les organisations de réfugié.es, les coalitions pour le climat, etc. Ce n’est que par une mobilisation massive et plurielle que nous pourrons construire une force capable de stopper la version belge du trumpisme.  

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