Elections aux USA – And the winner is … Wall Street !

Durant tout le mois d’octobre, l’écart s’est resserré dans la course électorale américaine entre Mitt Romney et Barack Obama. Le cadidat républicain a gagné en soutien en exploitant la profonde déception éprouvée envers Barack Obama ainsi que l’état encore déplorable de l’économie des Etats-Unis. La polarisation s’est accrue et, simultanément, le soutien pour Obama s’est développé, beaucoup le considérant comme le ‘‘moindre mal’’ et étant prêts à voter pour lui à contrecœur pour ne pas laisser passer la droite Républicaine.

Brandon Madsen de Socialist Alternative (partisans du CIO aux USA)

Aucun doute n’existe quant au vainqueur de ces élections présidentielles : ce sera Wall Street et le grand capital ! Les élections de 2012 ont encore plus été inondées d’argent par les entreprises que n’importe quelle élection précédente, avec une estimation de 5,8 milliards de dollars injectés dans la course électorale !

En 2008, Barack Obama a été élu à la présidence à la suite d’un tourbillon d’enthousiasme pour ‘‘l’espoir’’ (Hope) et le ‘‘changement’’ (Change) qu’il promettait à l’Amérique. Mais ce sentiment est retombé depuis longtemps.

Sous sa présidence, des dizaines de millions d’Américains ont souffert du chômage, des fermetures d’entreprises et des expulsions. Le haut niveau de chômage structurel a à peine changé depuis 2009. Selon le Bureau of Labor Statistics, en février 2012, 42,6% des 23,5 millions de chômeurs étaient sans travail depuis plus de 6 mois.

Selon le Bureau de Recensement des USA, 49,1 millions d’Américain vivent sous le seuil de pauvreté, et 97,3 autres millions sont classés dans les ‘‘revenus faibles’’ – c’est-à-dire juste au dessus du seuil de pauvreté. Cela représente au total 146,4 millions d’habitants des USA, soit près de la moitié de la population du pays. Ce nombre a augmenté de 4 millions pendant le mandat d’Obama, et cela touche dans une plus grande proportion les Noirs, les Latinos et les femmes. Pendant ce temps, sous Obama, les riches ont continué à s’enrichir énormément. Une analyse des déclarations de revenus montre que 93% des augmentations de revenus ont été empochées par les 1% les plus riches et 37% par les 0,1% les plus riches à eux seuls.

Des promesses rompues

Bien qu’il ait promis le contraire, Obama a dirigé les USA sur la même voie de corporatisme de droite, d’impérialisme et de destruction de l’environnement que ses prédécesseurs. Il a soutenu le sauvetage de Wall Street en laissant tomber les travailleurs et les plus pauvres. Son budget 2011 a représenté la plus grande chute des dépenses publiques de l’histoire américaine et a eu un sérieux impact sur l’enseignement, la santé et le travail.

La grande promesse d’Obama envers les syndicats était de faire voter l’Employee Free Choice Act, qui aurait rendu plus facile l’organisation syndicale. Cette promesse a été abandonnée et oubliée presque immédiatement après l’investiture d’Obama.

Obama avait promis la fin des politiques impérialistes au Moyen-Orient de l’ère de Bush. En réalité, il a augmenté les dépenses militaires, intensifié la guerre en Afghanistan, bombardé et envahi la Libye, et mené plus d’attaques de drones (le plus grand nombre jamais connu) au Yémen, au Pakistan et en Somalie (des pays contre lesquels les USA ne sont même pas en guerre). Il avait aussi promis la fermeture du camp de Guantanamo, toujours ouvert actuellement.

Le ‘‘moindre mal’’

Malgré l’atroce bilan d’Obama, la perspective de la victoire du candidat républicain Mitt Romney est assez terrifiante pour que des millions d’Américains votent tout de même pour le candidat démocrate, pour ne pas laisser passer Romney.

Cependant, la seule raison pour laquelle Romney (un vautour capitaliste de la pire espèce, tellement à droite que même certains républicains ne sont pas enthousiaste sur sa candidature) a une chance de gagner est qu’Obama a totalement échoué à répondre aux problèmes auxquels font face les USA. Cela a aussi permis la montée du populisme de droite, incarné par des tendances comme le Tea Party ou encore comme les libértariens de et Ron Paul.

L’échec des Démocrates à résoudre la crise économique permet à la logique tordue des fanatiques et à l’utopisme capitaliste de se frayer un chemin. Loin d’être capables d’empêcher les pires de la droite de se renforcer, les Démocrates leur ont grand ouvert la porte.

Dans les médias, les différences relativement superficielles entre les candidats sont exagérées et utilisées pour maintenir l’illusion qu’il y a un réel choix dans ces élections. La réalité qui se cache derrière cette illusion est que les deux candidats sont fondamentalement d’accord sur les problèmes les plus fondamentaux qui touchent les travailleurs. En plein dans la pire crise de l’emploi rencontrée depuis la Grande Dépression des années ‘30, les deux partis sont rejettent tout programme d’emplois financé au niveau fédéral. Avec leur idéologie pro-capitaliste, ils s’opposent de façon quasiment moraliste à la création d’emplois par l’Etat, en disant aux travailleurs qu’ils doivent attendre que les aléas des marchés et du secteur privé penchent en leur faveur.

La politique d’Obama pour l’enseignement atteint des sommets d’anti-syndicalisme et de privatisations. Les Démocrates ont tellement attaqué les professeurs que le colistier de Romney, le membre du congrès et partisan du Tea Party Paul Ryan, a félicité le maire démocrate de Chicago, Rahm Emmanuel, pour sa manière de traiter la grève du syndicat des professeurs de Chicago !

Les deux partis sont d’accord sur la nécessité d’une ‘‘réforme’’ (c’est-à-dire, de commencer à démanteler et à privatiser) les programmes de ‘‘prestations’’ tels que Medicare, Medicaid et Social Security, afin de diminuer le déficit budgétaire. L’exemple le plus frappant d’accord entre les deux partis est peut-être celui sur la nature du renflouement des banques et le fait d’en faire supporter la facture par les travailleurs et les pauvres.

Sur la question fondamentale de la protection du système capitaliste, il n’y a aucune différence concrète entre ces deux partis.

Obama n’a pas seulement renouvelé sans le changer le Partiot Act de Bush, qui légalise différentes formes d’espionnage des citoyens par l’Etat, mais il a aussi donné pour la première fois des justifications juridiques pour, entre autres, la détention pour une durée indéterminée de n’importe qui à travers le monde, y compris des citoyens américain, sans charges ni procès.

En fait, la plus grande différence entre Obama et Bush est qu’Obama a été capable d’appliquer des politiques bien plus à droite que Bush, sans s’attirer la colère massive des organisations du mouvement social, des syndicats et des libéraux de gauche en général.

C’est en ce sens qu’Obama ne peut même pas être qualifié de ‘‘moindre mal’’ mais, selon le mot de Glen Ford du Black Agenda Report, ‘‘du mal le plus efficace’’.

Une alternative de gauche

C’est pourquoi il est urgent de construire une alternative pour et par la classe ouvrière et de rompre avec le système bipartiste, afin de donner à la classe ouvrière une voix politique dans ce système où ils n’en ont pas à ce jour.

Non seulement il y a chez les travailleurs une aspiration à un choix viable d’un troisième parti, comme le montrent différents sondages nationaux, mais le potentiel est bien présent pour le construire au sein du mouvement ouvrier.

En 2008, les syndicats américains ont donné 400 millions de dollars à Obama et aux Démocrates, un chiffre qu’ils veulent dépasser cette année. De plus, l’AFL-CIO (la plus grande confédération syndicale Américaine) a levé 400.000 volontaires destinés à militer pour les candidats démocrates. Cela est suffisant pour construire un troisième parti crédible qui représente les intérêts des travailleurs et ne prend pas l’argent des grandes entreprises.

Rompre avec la mainmise des deux partis sur la politique américaine n’est donc pas une question de faisabilité mais de volonté politique.

Malheureusement, jusqu’ici les dirigeants des syndicats et des autres organisations du mouvement social ont échoué à rassembler leur volonté et sont restés attachés au Parti Démocrate avec toutes ses conséquences désastreuses.

Tout en luttant pour essayer de changer cela, Socialist Alternative (les partisans du Comité pour une Internationale Ouvrière) appelle à voter pour le candidat à la présidence des Verts, Jill Stein, aux élections à venir. Stein défend un ‘‘New Deal Vert’’ pour l’emploi, la fin des guerres, l’annulation de la dette des étudiants, et appelle à un réel système de santé, entre beaucoup réformes progressistes.

Il n’est pas question ici d’une approbation générale du Parti Vert, qui n’arrive pas à voir le capitalisme comme le problème central ou à se baser décisivement sur la classe ouvrière. Cependant, la campagne de Jill Stein avait le plus de potentiel d’être une campagne de gauche forte dans le pays et, de cette façon, de montrer la voie à suivre le plus clairement pour que la gauche rompe avec les Démocrates.

L’étau des deux partis capitalistes dans lequel la classe ouvrière américaine et les mouvements sociaux sont coincés a bloqué le progrès et permis à tout le spectre politique de basculer à droite au cours des décennies précédentes. Il est temps de rompre avec la logique du capitalisme, de l’impérialisme et de l’austérité – et des partis qui les mettent en œuvre. Il n’y a pas de meilleur moment qu’actuellement.

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