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5 propositions pour construire à la base un syndicalisme de combat

La manifestation syndicale en front commun, le 20 juin dernier, a été une immense réussite. La mobilisation reprendra en septembre où les délégués et les militants syndicaux devront affronter de nombreux défis. Voici quelques propositions pour avancer.
Par un délégué
1. Organiser la colère avec l’implication la plus large possible
Les dernières actions syndicales ont illustré que la mobilisation a mieux pris là où ont des assemblées d’information du personnel qui laissent la parole à toutes et tous les participant.es ont eu lieu. Cela permet d’entrer physiquement en contact avec des collègues qu’on ne croiserait pas habituellement, de discuter la situation de l’entreprise, des revendications à défendre, de répondre aux questions de toutes et tous ou encore de préparer concrètement du matériel (un calicot et des banderoles, des slogans spécifiques…).
Dans les entreprises où il n’existe pas de tradition d’assemblées générales, il faut savoir qu’une convention nationale permet l’organisation d’assemblées générales sur le lieu de travail et pendant le temps de travail. La délégation doit demander l’autorisation à l’employeur qui ne peut refuser arbitrairement.
La présence en assemblée permet aussi de sentir l’atmosphère parmi les collègues et de générer l’enthousiasme capable de convaincre les hésitants. Les prises de parole permettent aussi de trouver les collègues plus combatifs et ainsi permettre de constituer un réseau de militants syndicaux autour des délégué.es.
2. Construire l’unité la plus large et ne laisser aucun terrain à la division
Isolés, nous sommes à la merci du patron. S’organiser collectivement est un impératif. La collectivité est diverse (langue, genre, orientation sexuelle, couleur de peau, religion…) et la lutte contre les discriminations doit permettre à chacun.e de s’impliquer et de trouver sa place.
Les « blagues » sexistes ou racistes doivent être bannies. Une collègue victime de harcèlement sexuel de la part de la hiérarchie viendra-t-elle se plaindre au délégué qui plaisante sur le sujet ? Viendra-t-elle renforcer un piquet de grève ou une manifestation en prenant le risque d’être victime de sexisme ? Ces comportements tuent la force de frappe de notre classe. Il ne faut pas leur laisser un pouce de terrain. Des événements comme les manifestations du 8 mars, Journée internationale de lutte pour les droits des femmes, permettent de discuter du sexisme avec les collègues et de la manière d’en finir dans la société et sur le lieu de travail.
Jouer sur la division – ouvrier/employé, public/privé, rouge/vert, administratif/manuel… – est une des armes favorites du patronat. Chaque seconde passée à se tirer dans les pattes casse le rapport de forces nécessaire pour obtenir des victoires.
Notre arme, c’est la solidarité et l’unité. Elle peut trouver une expression en rencontrant le piquet de grève d’une entreprise voisine par exemple. Si ce n’est pas possible, une photo ou une lettre de solidarité sur les réseaux sociaux est déjà une bonne occasion de favoriser l’unité et d’inspirer d’autres à faire de même. Et quand un conflit nous menacera directement, ces autres travailleurs nous soutiendront à leur tour.
3. Concrétiser à l’échelle de l’entreprise
Afin de mobiliser pour les manifestations nationales, les délégués reçoivent généralement des tracts et des affiches. C’est évidemment un bon début. Mais chaque militant syndical doit pouvoir s’impliquer dans la campagne. Distribuer des tracts dans les salles de break ou devant l’entreprise est difficile si on n’est pas délégué, mais on peut discuter lors du temps de midi ou au café du vendredi soir, laisser un article de journal sur l’actualité sociale dans la salle de break…
La mobilisation doit devenir vivante. En concrétisant une campagne nationale à l’échelle de l’entreprise, on fait un pas vers les travailleurs hésitants qui ne se sentent pas encore concernés. Un tract écrit avec les collègues peut avoir plus d’impact. Un piquet de grève sera encore plus attractif si à côté de la tente et de la table pour le café se trouve une table avec des tracts et des coupures de presse pour alimenter les discussions au piquet.
4. Considérer notre lieu de travail dans son contexte global
Certains délégués pensent que leur activité syndicale se limite à leur entreprise. Cette logique atteint très vite ses limites. Se préparer au mieux signifie savoir vers où se dirige l’entreprise. Cela implique de suivre les tendances dans le secteur (digitalisation, externalisation, fusion et acquisitions…) et plus largement dans l’économie belge, voire internationale. Il ne s’agit pas de débats abstraits mais d’élaborer des perspectives et de concrétiser ces informations concrètes pour en discuter avec le personnel. En suivant l’actualité, on se prépare mieux à répondre aux arguments de la bourgeoisie sur les grandes questions: indexation, norme salariale, pension…
5. Une idée fixe : construire le rapport de forces
Ces quelques pistes ne sont bien sûr pas exhaustives (et n’hésitez pas à nous envoyer vos propres propositions). Développer un syndicalisme de lutte est un travail acharné au quotidien. Chaque occasion de rencontrer d’autres délégués doit être mise à profit pour renforcer son expérience en discutant : quelle est la situation de l’entreprise ? De l’absentéisme ? Comment avez-vous résolu telle problématique ? En un mot comme en cent, la question à toujours se poser est « Qu’est-ce qui permet de renforcer le rapport de forces ? »