Your cart is currently empty!
Énergie, essence, loyer… Nos salaires sont à bout de souffle. Luttons pour plus de salaire !


« De plus en plus de collègues demandent des heures supplémentaires pour gagner un peu plus. Pas pour s’offrir un petit luxe, mais pour payer leurs factures d’énergie », nous confie un conducteur de bus pour décrire l’atmosphère chez ses collègues. Les chauffeurs de bus, considérés comme travailleurs essentiels pendant la pandémie, voient aujourd’hui leur salaire devenu insuffisant pour faire face à la hausse brutale des prix. Les aides-ménagères font campagne depuis des mois pour obtenir un meilleur salaire et un meilleur remboursement des trajets entre le domicile et le lieu de travail. « Certaines aides-ménagères paient plus pour se rendre au travail que ce qu’elles gagnent », a déclaré récemment une responsable syndicale. C’est la réalité : économiser partout pour joindre les deux bouts.
Pendant ce temps, les patrons n’arrêtent pas de se plaindre dans le but d’empocher encore plus de bénéfices. Les marges bénéficiaires n’ont cessé d’augmenter ces dernières années ; à 45 %, elles sont bien supérieures à celles des pays voisins. Les managers sont récompensés pour avoir rapporté autant de bénéfices aux actionnaires : en 2021, les salaires annuels des PDG des sociétés cotées en bourse ont augmenté de 14,4 % pour atteindre 3,02 millions d’euros. Et ils osent remettre en cause l’indexation des salaires !
L’indexation n’est pas une augmentation de salaire. C’est une adaptation – après coup – à la hausse des prix. Cet ajustement n’est toutefois pas complet : selon Eurostat, l’inflation (c’est-à-dire la hausse des prix) était de 9,3 % en mars, alors que l’index-santé n’a augmenté que de 7,68 %. Ainsi, même avec l’augmentation salariale comprise dans le dernier Accord Interprofessionnel de 0,4 % en plus de l’indexation sur deux ans, dans les faits, nos salaires vont diminuer au lieu de monter. De plus, l’indexation ne prend parfois effet que plusieurs mois après la hausse des prix. Si on doit modifier l’indexation, c’est pour en restaurer complètement le mécanisme afin qu’il suive honnêtement la hausse des prix et qu’il soit appliqué de suite.
Le professeur libéral Paul De Grauwe s’oppose à l’instauration d’un nouveau saut d’index, non pas pour défendre les intérêts de la classe ouvrière mais pour soutenir le système capitaliste. Il a toutefois raison de décrire un saut d’index (l’annulation de l’augmentation des salaires et allocations lorsque le seuil de « l’indice-pivot » est dépassé) comme un « impôt caché sur le travail au profit du capital » et une « redistribution au profit du capital ». Il suggère plutôt de procéder à l’inverse dans l’actuel contexte de marges bénéficiaires élevées et de relever le taux d’imposition des entreprises de 25 à 33 %. Cette proposition va tomber à plat ; les grandes entreprises ont suffisamment de pouvoir politique pour défendre leurs bénéfices. La réalité des chiffres le confirme. Même avec des « socialistes » au gouvernement, les inégalités augmentent tellement que même les professeurs libéraux s’en inquiètent.
Le mouvement ouvrier doit redoubler d’efforts dans sa lutte. Il s’agit après tout de la répartition de la valeur que nous produisons par notre travail. Doit-elle disparaître dans les poches des actionnaires et vers toutes sortes de paradis fiscaux ou nous parvenir à nous, la classe travailleuse ? C’est ce qui est en jeu dans la lutte pour notre pouvoir d’achat et nos revenus. C’est cela, la lutte des classes.
Les syndicats et la gauche doivent formuler des revendications offensives. Si les dirigeants d’entreprises considèrent qu’augmenter leurs salaires de 14,4 % est raisonnable, nous nous en contenterons aussi : qu’on augmente donc tous les salaires de 14,4 % ! Les salaires les plus bas doivent être augmentés de toute urgence. La campagne pour un salaire minimum de 14 euros de l’heure doit passer à 15 euros de l’heure, en partie à cause de l’inflation. Il est vrai qu’atteindre ces 14 euros est encore loin, mais nos revendications doivent reposer sur ce qui est nécessaire pour les travailleuses et les travailleurs, pas de ce que les patrons estiment faisable. L’énergie joue un rôle majeur dans la hausse des prix : ce n’est qu’en prenant l’ensemble du secteur collectivement en main que l’on pourra soulager à la fois notre porte-monnaie et l’environnement.
Pour faire valoir de telles revendications, nous devons nous battre. Comme dit précédemment, il s’agit de la répartition de la valeur que nous produisons. Les patrons s’organisent dans la lutte des classes, faisons de même. Le mouvement des travailleuses et travailleurs est potentiellement beaucoup plus puissant grâce à sa force numérique et sa place au cœur du processus de production. La pandémie a confirmé que sans travail, rien ne fonctionne. C’est à inclure dans le plan d’action allant crescendo qui est nécessaire pour défendre notre pouvoir d’achat.