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Une marge salariale limitée à 0,4%? Quelle insulte! Brisons la norme salariale et la loi sur les salaires par la lutte

Le Conseil central de l’économie a indiqué que les salaires pourraient augmenter de 0,4 % maximum par rapport à l’index au cours des deux prochaines années. Ces conseils constituent la base des consultations sociales qui doivent aboutir à un accord interprofessionnel (AIP). Sans accord entre syndicats et patrons d’ici la mi-mars, le gouvernement peut imposer unilatéralement une norme salariale. Après des mois de crise au cours desquels les travailleurs ont clairement indiqué que ce sont eux qui font tourner le monde, il est inacceptable d’imposer une norme salariale maximale de 0,4 %. Les syndicats ont fait valoir à juste titre que ce n’est pas une base de négociation.
Par Geert Cool
A l’approche de l’avis du CCE, les porte-parole des patrons criaient sur tous les toits : en temps de crise, il n’est pas question d’augmenter les salaires. Pierre Wunsch, de la Banque nationale, a mis en garde contre des années de politiques d’austérité. Le provocateur Wouter De Geest, de la fédération patronale flamande VOKA, a déjà appelé à une nouvelle attaque contre les pensions. Alors que de plus en plus d’économistes et d’institutions arrivent à la conclusion que la politique d’austérité menée depuis des années a échoué, les patrons s’y accrochent désespérément. Faire la même chose encore et encore, mais s’attendre à un résultat différent, telle était la définition de la folie selon Einstein.
Les patrons évoquent la crise et surtout les secteurs en difficulté. Ils n’hésitent pas à abuser des indépendants dans le secteur de l’horeca pour imposer un gel des salaires à tous les travailleurs. Après tout, exiger un effort de leurs propres patrons et actionnaires, qui se sont bien portés durant la pandémie, n’est pas une option pour eux. Pire encore : Marc Rasière de Belfius, une banque sauvée par l’argent public il y a dix ans, a allègrement déclaré qu’il y a “trop de cafés et de restaurants” et que quelques faillites ne posent pas de problème.
Il y a deux ans, une journée de grève nationale bien suivie a été organisée en février 2019 contre la norme salariale d’alors. Il s’agissait de 0,8 % et cela a été présenté à juste titre comme une aumône, comme quelques miettes. La journée de grève a forcé les patrons à céder du terrain : la norme salariale a été portée à 1,1%. C’était encore très peu, mais cela a démontré que la lutte est payante. Aujourd’hui, la proposition est encore plus basse : seulement 0,4%. Cela tient compte d’une inflation de 2,8 % et d’une augmentation des salaires de 3,7 % dans les pays voisins. On ne sait pas très bien comment cela a été calculé. La différence de 0,9 % a été réduite de 0,5 % “en guise de sécurité”, de sorte qu’il ne reste plus qu’une marge de 0,4 %. Pour les profits des patrons, il y a toujours des marges de sécurité, jamais pour nos conditions de vie.
La loi sur les salaires rend douteux le calcul du “coût salarial” et de la norme salariale. En outre, elle rend cette norme obligatoire plutôt qu’indicative. En bref, elle fixe les règles, y compris les possibilités de tricherie, et rejette toute critique la qualifiant d’”illégale”. Si la loi fait obstacle à l’octroi d’un revenu décent aux travailleurs, elle doit disparaître. Le directeur général de la FEB, Timmermans, a déclaré que si les syndicats ne sont pas d’accord, ils devraient sonder le gouvernement pour qu’il modifie la loi sur les salaires. Cela n’arrive pas souvent, mais Timmermans a raison. Mais demander ne suffira pas. Les patrons comptent sur les libéraux du gouvernement pour bloquer tout changement, tandis que les dirigeants syndicaux ont probablement leurs illusions chez les sociaux-démocrates ou même au CD&V. Ce sont pourtant les partis qui ont introduit la loi sur les salaires en 1996. Le mouvement ouvrier doit s’organiser pour briser la norme salariale et la loi sur les salaires. Nous n’irons pas très loin en demandant au gouvernement d’être amical, nous devrons lui forcer la main par la lutte.
Les syndicats ont déclaré qu’une marge de 0,4% est inacceptable et qu’aucune négociation n’est possible sur cette base. “Le pacte social est mort” a déclaré Françoise Bernard, de la FGTB Liège-Huy-Waremme dans une carte blanche parue dans Le Soir le 19 janvier. L’enterrement de la paix sociale a été organisé par les gouvernements successifs et leurs patrons. Rien n’indique que le nouveau gouvernement sera moins favorable aux patrons. Nous l’avons constaté lors de la crise sanitaire, où notre vie sociale a été soumise à de strictes restrictions, mais de nombreuses entreprises ont été laissées pratiquement intactes. Là-bas, on était autorisés à voir plus de gens qu’à Noël.
Le mouvement syndical doit organiser la lutte. La solidarité de ces derniers mois avec le personnel des secteurs essentiels, où les salaires sont souvent bas, donne une idée des possibilités à saisir. Il est nécessaire de mener campagne avec la participation la plus large possible en vue d’une grève générale. Pour obtenir nos revendications justifiées concernant le pouvoir d’achat et le salaire minimum, il ne suffit pas de renforcer simplement la position de négociation du sommet syndical. Nous devons montrer que nous sommes sérieux. Ce sont les travailleurs qui créent la richesse : sans notre travail, les capitalistes et leurs politiciens ne valent pas un balle. Quand les travailleurs s’arrêtent, tous s’arrête.
Le premier objectif doit être de franchir la le seuil salarial de 0,4 %. Dans ce cadre, nous devons clairement avoir la loi sur les salaires en ligne de mire. Le retour à une norme salariale indicative est le minimum. Cela permettrait d’obtenir des augmentations de salaire substantielles dans le secteur de la distribution et dans le transport, par exemple. Ou bien les patrons et leurs politiciens estiment-ils que ces héros de la crise sanitaire n’en valent pas la peine ? En outre, la revendication d’un salaire minimum plus élevé, d’au moins 14 euros de l’heure, doit devenir réalité.
Au sein du capitalisme, nos intérêts se heurtent toujours à ceux des super-riches. Nous devons nous battre pour chaque avancée et, dès que le rapport de force le permet, les patrons mettent sous pression chaque réalisation. Le PSL/LSP estime que nous ne pouvons pas limiter la lutte au pouvoir d’achat ou à la préservation de nos conquêtes sociales, nous devons défendre un autre système où les besoins et les revendications de la majorité de la population sont centraux, au lieu de ceux d’une poignée de capitalistes. En bref, nous militons en faveur d’une société socialiste démocratique.