[INTERVIEW] Asile et migration : rien de neuf sous la Vivaldi.

Il faut un plan d’action pour arracher la régularisation !

La politique d’asile menée sous la direction de Theo Francken reste en place avec la Vivaldi. Seul le style de communication change. Seule avancée : le respect des droits humains internationaux concernant l’emprisonnement des enfants. Pour les personnes sans-papiers elles-mêmes, l’incertitude et la menace d’une expulsion restent. Nous  en avons discuté avec Elhoucin, militant du PSL et un des porte-paroles du mouvement des sans-papiers à Bruxelles.

Entretien réalisé par Pietro (Bruxelles)

Comment les sans-papiers ont-ils accueilli le nouvel accord du gouvernement Vivaldi ?

Beaucoup d’entre nous nourrissaient des espoirs avec le nouveau gouvernement. Mais il n’y a pas un mot sur la régularisation des personnes sans-papiers. On n’y trouve qu’une référence à l’assouplissement de l’accès au permis de travail. En bref, une manière de régulariser selon les intérêts des patrons.

Le gouvernement est par contre très clair sur la détention et l’exécution des retours forcés. Le master plan pour augmenter le nombre de places en centres fermés jusqu’à 1.000 est maintenu. Rappelons que le montant global d’un éloignement forcé coûte près de 15.000 € par personne. Le coût humain et financier de ce type de mesures orientées sur le retour forcé est inhumain. C’est pourtant ce qu’a défendu dès sa nomination Sammy Mahdi (CD&V), le nouveau secrétaire d’État à l’Asile et à la Migration. Il a d’autre part immédiatement annoncé la construction de deux nouveaux centres fermés, à Charleroi et à Anvers.

Les Verts et le PS ont sacrifié la régularisation. Parmi les personnes les plus impliquées dans le mouvement de solidarité, la déception s’est transformé en colère et en envie d’organiser encore plus d’actions. Cette coalition gouvernementale est une équipe affaiblie dès le début, et nous pourrons lui imposer la régularisation avec un bon rapport de force. Construire un rapport de force, ce n’est que comme ça qu’on pourra changer la donne.

Comment vois-tu la suite des mobilisations et la perspective pour le mouvement ?

Nous pensons, militants sans-papiers du PSL, que notre mouvement devrait se lier aux larges couches de la classe des travailleurs pour pouvoir nous battre ensemble contre ce qui nous divise : le racisme et le dumping social.

Les syndicats aussi doivent jouer un rôle important en organisant les travailleurs sans-papiers et en soutenant pleinement le mouvement pour la régularisation. Ils pourraient également lancer une grande campagne d’affiliation pour rencontrer les travailleuses et travailleurs sans-papiers qui ne sont pas encore engagés dans la lutte.

Nous devons nous unir et nous battre tous ensemble – quelles que soient nos origines ou notre couleur de peau – en essayant de construire le mouvement le plus large possible en s’appuyant sur un programme de changement social. Il faudra aussi tisser des liens avec toutes les organisations du secteur social qui subissent aujourd’hui une attaque très dure, et aussi avec les secteurs de la santé. Comme le dit le slogan de la Campagne Solidarity initiée par le PSL contre le racisme et les violences policières : il faut combattre le racisme par la solidarité.

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