Brink’s: La grève continue

Depuis 27 octobre, les employés de BRINK’S sont en grève. Dès le début, le conflit est caractérisé par une arrogance énorme de la part de la direction. Ce vendredi, la direction de Brink’s a officiellement fait aveu de faillite : 430 employés, qui pendant plusieurs années ont risqué leur vie pour la société, perdent leur emploi.

PSL-Hainaut

Brink’s est le dirigeant mondial dans le marché des convoyeurs de fonds. La société, qui a sa base aux États-Unis, compte 60.000 employés dans plus de 100 pays, dont 430 travailleurs en Belgique. Fin octobre Brink’s a annoncé la fermeture de son site à Strépy (le seul site en Wallonie), qui compte une soixantaine de travailleurs, la vente des activités (hautement rentable) de Brink’s Diamond & Jewelry Service à une autre société du groupe, et a exigé le passage du statut d’employé au statut d’ouvrier.

Les employés ont refusé clairement ces manœuvres. Surtout que le passage au statut d’ouvrier était uniquement une préparation pour pouvoir les licencier à bon marché. Dans le secteur, un ouvrier avec 20 ans d’ancienneté a droit à une indemnité de 16 semaines, pour un employé, c’est 18 mois. Donc une sérieuse économie pour la direction. Cette mesure formerait en outre un précédent, et aurait des conséquences pour tous les employés dans d’autres secteurs.

La direction avait très bien préparé son plan. Il y a environ un an, trois employés ont été licenciés sur chaque site : « Notre collègue rentrait à l’entreprise à la fin de son itinéraire, et on lui refusait l’accès. Dans le couloir il a dû donner son arme et ses affaires de travail. Il a été licencié sur place. » La direction l’a fait uniquement pour tester les réactions. Peu après, les délégués sur place se sont vus offrir une double indemnité, pour partir. De cette façon, Brink’s pensait pouvoir faire passer sa restructuration sans résistance. Mais elle s’est clairement trompée. Au lieu d’être face à des travailleurs divisés et à une représentation syndicale décapitée, comme elle l’espérait, elle se trouve confronté à un bloc uni et combatif des employés. Aujourd’hui, les employés de Brink’s ont mené une lutte exemplaire, en front commun syndical. Ils ont refusé de rendre leurs armes et l’argent dans les coffres-forts. Ils ont refusé de changer de statut, parce que ce aurait été une défaite pour tous les travailleurs belges avec un statut d’employé. Ils ont toujours compris la stratégie de la direction, et ils ont décidé de continuer le piquet de grève, même après que la faillite a été officiellement déclarée.

La direction pointe maintenant les travailleurs du doigt comme cause de la faillite. Elle met en avant qu’elle n’a jamais été confrontée à une telle résistance de la part de ses travailleurs, depuis sa création et dans aucun autre pays. Les statuts d’employé seraient la cause des pertes de l’entreprise. C’est n’importe quoi ! L’activité hautement rentable qui s’occupe du transport des diamants entre Anvers et le Zaventem, a été vendue à une autre société du groupe, et a ainsi mis les comptes virtuellement dans le rouge. Au cours des négociations, les syndicats ont même proposé d’accepter les changements de statuts, sous condition que l’on ne touchait pas aux indemnités de licenciement. Ceci a été refusé. Il s’agissait donc uniquement d’une préparation des licenciements. Car un changement de statut signifiait de moins grandes indemnités. Le syndicat essayera maintenant de poursuivre l’entreprise pour faillite frauduleuse. Ceci signifie que le combat sera partiellement mené sur le plan juridique maintenant. Ceci peut avoir comme conséquence que les travailleurs ont l’impression que « ce n’est plus dans leurs mains maintenant », que les choses dépendent du juge, qui leur sera oui ou non bien intentionné. Si ce procès s’étale sur une longue période, la lutte pourrait s’éteindre.

Mais les employés de Brink’s ont décidé justement de continuer le piquet de grève. « Ce n’est qu’un début », disaient-ils vendredi sur le piquet à Strépy, juste après la déclaration de la faillite. Il est important que le syndicat essaie d’élargir la lutte. Les méthodes que la direction de Brink’s utilise ne sont pas nouveaux. Une faillite mise en place par une division fictive des sections lucratives et déficitaire, nous l’avons déjà vu, notamment en Mai 2009 chez FIAT à Bruxelles. Cela avait permis à la direction de FIAT de licencier 24 travailleurs dans la partie déficitaire. Nous avons vu un mouvement de solidarité suite à ce conflit, il nous faut la même chose maintenant.

La direction de Brink’s a visé la faillite dès le début. Elle a hébergé ses activités rentables (le transport de diamants et d’or entre Anvers et Zaventem) sous une autre filiale. Elle avait d’ailleurs déjà demandé une licence pour cette filiale dès le début du conflit. Elle a voulu se débarrasser de Brink’s Belgique, afin de reprendre ses activités rentables sous un autre nom. Le patronat est prêt à tout pour augmenter ses profits. Les employés sont jetés comme des vieux mouchoirs, pour contenter les actionnaires parasitaires. Pour certains travailleurs, ce n’est pas leur première restructuration. Un travailleur de Strépy a déjà du vivre la même chose à VW Bruxelles, maintenant Audi Bruxelles. Le patronat essaye partout de faire payer les conséquences de la crise aux travailleurs. Le jour où la faillite à Brink’s a été annoncée, nous lisons dans le journal que le groupe français La Redoute va licencier 78 employés à Dottignies, pour diminuer ses frais. Le nombre de licenciements et attaques sur les statuts, les salaires, … ne va qu’augmenter dans la prochaine période. Nous avons besoin d’un syndicat combatif qui unifie les différentes luttes.

Nous ne devons pas attendre beaucoup soutien de la part des partis traditionnels : les politiciens comme Milquet, Di Rupo,… disent maintenant être ‘indignés’ de l’attitude de la direction de Brink’s, mais ils n’ont pas de réponse. Au contraire, tous les partis traditionnels soutiennent depuis des années une politique de réductions de charges patronales pour les grandes sociétés. Aujourd’hui, ceci coûte jusque 9 milliards d’euros par an à la caisse de notre sécurité sociale.

Le patronat se trouve servi comme un prince, et quand les travailleurs doivent payer le prix pour des années de mauvaise gestion, il y n’a pas de réponse. Les politiciens permettent au secteur privé de se faire encore un peu plus de profits sur le dos des travailleurs, de leur sécurité, leurs salaires, leurs conditions de travail, … Les partis traditionnels ne se trouvent pas de notre côté. Nous avons besoin de notre propre parti, un parti qui défend les intérêts des travailleurs et qui s’oppose à la logique de profit. Chez Brink’s, la sécurité du personnel est en jeu chaque jour. Ce secteur ne peut pas être laissé à la faim des profits du secteur privé. Avec la nationalisation de l’ensemble du secteur financier, sous contrôle et gestion ouvrière, le secteur des convoyeurs de fonds doit être mis aux mains publiques, pour mettre centrale la sécurité des travailleurs et la service à la population, au lieu de la chasse aux profits.

Visite le groupe facebook du piquet de grève de Strépy: Brink’s-Strépy

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