Coopérer avec des régimes répressifs n’arrêtera pas le terrorisme… que du contraire

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Il y a une croyance partagée par de nombreux penseurs libéraux et véhiculée par ceux qui défendent ce système : le libre marché, le libre-échange, la libre concurrence, serait vecteur de paix et de liberté. La coalition qui a envahi l’Irak en 2003 reposait sur ce type de conviction. On pourrait croire aujourd’hui que le développement de l’Etat Islamique aurait balayé ce type de baliverne. Il n’en est rien.

Par Alain (Namur)

Comment le gouvernement Michel entend-il lutter contre le terrorisme ?

Début du mois de mars, le Premier Ministre, le ministre des Affaires intérieures et le secrétaire d’État à l’asile et aux migrations se sont rendus au Maroc avec le but affiché d’élaborer un mémorandum d’entente visant à renforcer la coopération militaire et judiciaire entre les deux pays. Le ministre de l’Intérieur avait déjà fait part auparavant de sa volonté de voir des policiers marocains en Belgique (cependant sans patrouille mixte) et d’envoyer des policiers belges au Maroc pour qu’il y ait échange ‘‘d’expérience’’ des policiers marocains vers les policiers belges dans les villes d’Anvers, de Bruxelles, de Verviers et de Vilvoorde.

En déclarant que les problèmes d’intervention policière dans les villes qui accueillent des populations issues de l’immigration sont culturels, le gouvernement stigmatise toute une communauté et participe à la montée du racisme. L’UNIA (ancien Centre interfédéral pour l’égalité des chances) a dénoncé une augmentation de 78 % des plaintes pour actes racistes ou discriminatoires et pointe en particulier la montée de l’islamophobie. Les déclarations de ce genre ne sont pas innocentes dans ce développement.

L’évaporation de la morale

Quelle est l’expérience que le gouvernement marocain peut transmettre à la Belgique à part sa science de la répression ? Après la vague de luttes contre les dictatures en Tunisie et en Égypte, un mouvement de lutte avait débuté en 2011 au Maroc, le Mouvement du 20 Février. En 2012, le gouvernement marocain a arrêté 70 personnes actives dans les protestations, ce qui avait été dénoncé par l’association marocaine des Droits de l’Homme. Le Maroc comme la Belgique ont aussi été impliqués dans le scandale des ‘‘restitutions extraordinaires’’ où les USA et ses alliés avaient arrêté des suspects pour les faire incarcérer et interroger dans des pays qui ne s’embarrassent des Droits humains. Dernièrement, le gouvernement marocain a réprimé de manière sanglante les manifestations des enseignants-stagiaires. En fait, tous ceux qui contestent le pouvoir au Maroc sont perçus comme un danger et traités comme tel.

Le Maroc, en tant qu’Etat répressif, organise une surveillance de tous ses sujets, y compris ceux résidant à l’étranger et possédant une double nationalité. Le gouvernement belge veut donc profiter du pouvoir répressif marocain pour surveiller ses propres concitoyens. En agissant ainsi, la Belgique renforce un pouvoir répressif d’un côté et, de manière totalement discriminatoire, limite les libertés d’une partie des Belges.

C’est l’échec des luttes révolutionnaire qui a permis à des groupes comme Daesh (l’Etat Islamique) de s’implanter en Irak et bien au-delà. La répression des groupes contestataires est donc la plus mauvaise orientation dans la lutte contre le terrorisme. La seule voie pour assurer notre sécurité réside dans la solidarité internationale avec toutes les luttes collectives des opprimés contre l’exploitation, la répression et la guerre.

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