USA. La campagne de Bernie Sanders à la croisée des chemins

bernieCroiséeL’énorme soutien dont bénéficie la révolution politique de Bernie Sanders a transformé les primaires démocrates en une intéressante bataille dans laquelle 45 à 50% des électeurs démocrates ont choisi un candidat qui veut briser l’influence de Wall Street sur le processus politique. La direction du Parti démocrate avait un scénario différent à l’esprit. Hillary Clinton devait être couronnée facilement, sans beaucoup d’opposition et après une tournée victorieuse à travers le pays.

Par Bart Vandersteene, article tiré de l’édition d’avril de Lutte Socialiste

Les résultats obtenus par Bernie Sanders représentent un signal fort. Une proportion importante de la population américaine en a marre de l’establishment capitaliste et de ses représentants politiques. Hillary Clinton est la personnification même des politiques néolibérales du Parti démocrate. Quand Obama a promis le changement durant sa campagne de 2008, les démocrates avaient la majorité à la Chambre et au Sénat. Au lieu d’utiliser cette position unique pour revenir sur la politique de l’administration Bush – politique de guerre, cadeaux fiscaux aux riches, renflouement des banques, coupes budgétaires dans les services sociaux,… – il a été tout simplement poursuivi sur cette lancée.
Cela a créé une énorme déception et a démontré une fois de plus que le Parti démocrate ne peut pas être un instrument de changement en faveur des 99% de la population. Cette conclusion a également conduit à l’émergence du mouvement Occupy en 2011, de la lutte pour un salaire minimum de 15 $ de l’heure, du mouvement antiraciste Black Lives Matters (les vies des noirs comptent) et de nombreux autres mouvements en faveur des droits des femmes et des personnes LBGT+, contre le réchauffement climatique, pour un enseignement supérieur accessible,… Le mouvement autour de la campagne de Bernie Sanders est une expression concrète de toutes ces luttes.

Un autre résultat de la déception éprouvée envers les démocrates est que les républicains, après huit ans d’administration Obama, disposent d’une solide majorité à la Chambre et au Sénat en dépit de leur programme ultra-conservateur et de droite.

Un duel entre Clinton et Trump aux élections présidentielles serait un grand danger. Trump aurait alors le champ libre pour exprimer la colère massive contre l’establishment que représente parfaitement Hillary Clinton. Cela pourrait causer des dommages permanents dans la société. Trump utilise intelligemment les médias commerciaux pour lesquels le spectacle est plus important que le contenu politique. C’est comme ça qu’on attire les téléspectateurs et donc les annonceurs et les revenus.
Aujourd’hui, cinq conglomérats dominent le marché des médias américains et ceux-ci déterminent dans une large mesure la façon dont les gens voient le débat politique. Trump apparait dans tous les médias du matin au soir et dispose ainsi d’une plate-forme pour son message populiste de droite et raciste.

C’est la politique néolibérale de Clinton et du Parti démocrate qui a créé ce terrain fertile, tout d’abord pour le Tea Party et maintenant pour Trump. Seul Sanders peut fournir une expression de gauche à la révolte sociale qui se prépare dans la société. Sa révolution politique ne doit pas tout simplement se terminer à la Convention Démocrate de juillet prochain. L’énorme énergie aujourd’hui présente doit être utilisée pour s’affranchir des limites du Parti démocrate pro-capitaliste.

Socialist Alternative, l’organisation-sœur du PSL aux Etats-Unis, appelle Sanders à se préparer pour une participation indépendante aux élections présidentielles en cas de défaite contre Clinton. Comme nous le craignions, Sanders n’a pas été en mesure de surmonter les énormes obstacles placés sur sa route par les démocrates. Le pouvoir de Wall Street dans le parti, les procédures anti-démocratiques qui régissent les primaires et l’énorme pouvoir des médias ont rendu quasiment impossible à Sanders de l’emporter. Mais le chemin qu’il a parcouru illustre l’immense potentiel de son message politique.
Une campagne présidentielle indépendante peut poser les bases d’un nouveau parti. Une partie de la population qui lorgne vers Trump pourrait s’en détourner en faveur d’une alternative de gauche. Seule la construction d’un nouveau parti des 99% pourrait libérer la politique américaine du faux choix entre républicains et démocrates, un choix qui pousse le terrain politique à droite.

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