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9 novembre 2015 : ‘‘Heureux anniversaire aux tueurs du Brabant’’…
Le 16 octobre, la Chambre a voté le prolongement du délai de prescription dans le dossier des Tueurs du Brabant, le groupe qui de 1982 à 1985 a instauré un climat de terreur en Belgique par ses attaques brutales. Signalons avant tout que nous avons le plus grand respect pour l’opinion des proches et des victimes des Tueurs du Brabant, quel que soit leur point de vue par rapport au prolongement du délai de prescription.
Par Wilfried Mons
On peut, en effet, vouloir poursuivre l’enquête indéfiniment. L’idée que les auteurs et commanditaires (!) puissent s’en tirer impunément est insupportable. Mais ce n’est pas juste un dossier et il ne semble pas qu’il puisse un jour être résolu juridiquement.
Différents éléments l’indiquent. Il y a beaucoup d’erreurs de procédure. Jean Bultot, un ancien directeur de la prison de Saint-Gilles et prévenu dans le dossier, a renvoyé des sacs de poste pleins de documents à la justice depuis le Paraguay après qu’ils aient fuité de l’enquête. Cela pourrait rendre inutilisables de grandes parties du matériel de preuves lors d’un éventuel procès. Tout le dossier est rempli de fautes de procédures (voulues ?).
Et il y aussi les aveux partiels du criminel Philippe De Staercke dans une lettre au procureur Demanet de Mons. Résultat : De Staercke n’a pas été poursuivi. Détail croustillant : lors d’un interrogatoire, De Staercke s’est laissé aller : “J’ai été choisi sur base de mon dossier”. Je laisse au lecteur le soin d’interpréter cette déclaration.
L’enquête ADN peut-elle donner du nouveau ? Il y a peu de matériel ADN dans ce dossier et de plus, une enquête ADN, surtout après autant d’années, peut facilement être manipulée. Ce ne serait pas étonnant quand on voit tout ce qui s’est passé dans ce dossier. L’enquête initiale a été menée à Nivelles, Termonde (pour les faits qui se sont déroulés à Alost et Tamise) et Jumet. En 1986, Nivelles a perdu l’enquête suite à des faits dignes d’un roman. Lorsqu’en 1990, le bruit a couru qu’une percée était en vue à Termonde, le dossier a subitement dû être centralisé à Jumet. Malgré l’opposition, Termonde a perdu le dossier. Depuis, aucun progrès n’a plus été enregistré. Il y a eu quelques fausses pistes, des fouilles inutiles et des accusations contre les enquêteurs de Termonde.
Que faut-il qu’il se passe alors ? Je proposerais de clôturer l’enquête dès que possible et de créer une commission d’experts indépendants. Pas une commission d’enquête parlementaire, les deux précédentes ont complètement échoué. Les experts qui ont mené l’enquête sur le meurtre du dirigeant communiste Julien Lahaut sont candidats pour éplucher le dossier des Tueurs du Brabant. Il faudrait leur donner accès complet à toutes les sources qu’ils estiment utiles et leur permettre de coopérer avec les parties civiles et les familles des victimes. On pourra ainsi voir si certaines personnes étaient visées dans les massacres, entre autres, à Overijse et Alost, aucune enquête n’a jamais été menée à ce sujet. L’enquête pourra ensuite être finalisée et publiée. Peut-être aurons-nous un jour des éclaircissements sur ces tristes évènements ?
En attendant, nous ne pouvons dire qu’une chose : joyeux anniversaire aux Tueurs du Brabant.