Donald Trump. Comment un milliardaire raciste et sexiste peut-il être si populaire ?

Elections présidentielles américaines : le discrédit de l’establishment mène à la division.

Article de Bryan Koulouris, ‘Socialist Alternative’ (CIO-USA)

Robert Reich, l’ancien ministre de l’Emploi sous Clinton, a prévenu l’establishment politique : “les initiés politiques ne comprennent pas que le phénomène politique le plus important en Amérique aujourd’hui est la révolte contre la “classe dirigeante” des initiés qui domine Washington depuis des décennies déjà .” (2 août 2015).

Une révolte se développe contre le racisme, contre les bas salaires, contre la politique immuable (“as usual”). Malgré une plus longue période de redressement économique, les jeunes sont confrontés à des emplois de mauvaise qualité, des dettes astronomiques et à la crise écologique. L’establishment politique est financé et contrôlé par les grandes entreprises. Chaque sondage reflète un nouveau recul pour cet establishment.

Entre-temps, le monde est sous le feu de divisions ethniques et religieuses et de guerres dans de grandes parties du Moyen-Orient. Les dévaluations chinoises et le krach boursier suscitent la peur dans toute l’économie mondiale. En Europe, la politique d’austérité drastique menace la subsistance-même de l’UE. Cela fait en sorte que de plus en plus de gens se rendent compte que ce système ne fonctionne pas.

Comment un milliardaire raciste et sexiste peut-il être si populaire ?

Comment dans un tel contexte, est-il possible qu’un milliardaire aussi raciste et sexiste que Donald Trump puisse avoir une telle écoute ? Trump est écouté pour ses attaques contre les deux partis établis et tous les politiciens. Il dit ouvertement que le système politique est achetable. Et il peut le prouver, il a lui-même acheté de nombreux politiciens. Sa rhétorique n’est pas particulièrement prudente, certains électeurs républicains trouvent ça rafraîchissant. C’est un monstre créé par l’establishment qui attise depuis des années le racisme et une polarisation entre groupes de population.

Il est remarquable que Trump puisse trouver du soutien et de l’enthousiasme tandis que les Républicains établis n’y parviennent pas. Il ont aussi mis beaucoup de temps à réagir aux déclarations les plus condamnables de Trump. Les Républicains sont confrontés à un problème fondamental : ils doivent enthousiasmer une base de droite tandis que cette base s’éloigne toujours plus des électeurs qui glissent à gauche.

Clinton ne peut séduire

La campagne de Bernie Sanders est à un momentum tandis que Clinton ne parvient pas à séduire les Démocrates. Même ici, nous voyons une méfiance envers l’establishment. Les primaires dans les deux partis mettent en avant des candidats qui ne sont pas soutenus par les grandes entreprises qui ont si longtemps dominé la politique américaine.

Ces chocs dans le système politique et la possibilité implicite de candidatures indépendantes pour les élections présidentielles sont les présages d’un tremblement de terre politique plus large aux USA. Reich souligne : “l’Amérique a longtemps connu une classe dominante mais la population était prête à la supporter pendant les trois décennies qui ont suivi la seconde guerre mondiale lorsque la prospérité était répartie largement et que l’Union soviétique constituait une menace. La classe dirigeante semblait alors de bonne volonté et maligne. Mais ces trois dernières décennies – alors que presque tout le progrès économique retournait aux riches, les salaires de la plupart des gens diminuaient – il ressortait que la classe dirigeante se remplissait les poches au détriment des autres.”

Combattre le populisme

Ce système échoue et perd sa légitimité auprès d’une nouvelle génération qui pense s’en sortir moins bien que leurs parents. Des mouvements pour le travail, l’égalité et la liberté occuperont le devant de la scène et trouveront une expression politique.

Le phénomène Donald Trump est cependant un avertissement pour le mouvement ouvrier et les organisations progressistes. Le sentiment anti-establishment peut aussi être mobilisé par des points de vue de droite voire racistes et sexistes.

Dans ce contexte, nous devons nous organiser autour de thèmes qui importent aux personnes de nos quartiers, écoles, lieux de travail : des salaires plus élevés, un logement décent et la fin des violences policières racistes. C’est ainsi que le populisme creux des milliardaires pourra être stoppé et que nous pourrons construire en même temps, un mouvement inspirant pour les gens et qui leur donnera envie d’y être actifs aussi.

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