La combattivité est-elle éteinte ou les dirigeants syndicaux jouent-ils avec le feu?

Celui qui estime que la résistance sociale est derrière nous se trompe.

austeriteLa presse a surtout retenu du Congrès de la CSC à Ostende que le syndicat chrétien voulait remplacer l’arme de la grève par d’autres formes d’action. A la FGTB, l’enthousiasme de partir seul au front n’était pas des plus grands, surtout en Flandre. Vraiment? Les dirigeants syndicaux ne sont-ils pas plutôt en train de jouer avec le feu?

Éditorial de l’édition de juin de Lutte Socialiste, par Eric Byl

Ce printemps, le mouvement est arrivé dans un creux, nous le reconnaissons. Pas parce que le gouvernement a soudainement gagné en popularité, ni même parce que l’on a évalué que rien ne pouvait le faire tomber. Au contraire. Pour pas mal de gens, l’automne dernier a démontré que le mouvement des travailleurs existe encore bel et bien, qu’il est le moteur du changement et qu’il reste capable de mettre en branle toutes les couches de la société. Il ne manquait qu’un peu de pression pour faire tomber le gouvernement. Ce n’est pas arrivé.

Nombreux étaient ceux qui étaient – pour ainsi dire – ivres du succès du mouvement de l’automne, mais qui ont également été pris au dépourvu par les inévitables complications. Ce qui s’est produit ensuite illustre l’effet désastreux d’une direction sans vigueur et sans alternative. Si la désillusion a tant d’ampleur, c’est que nous étions proches de faire tomber Michel et sa clique. Le patronat et le gouvernement veulent l’instrumentaliser pour nous démoraliser. Monter les syndicats les uns contre les autres et exacerber les différences entre néerlandophones et francophones sont des méthodes éprouvées.

Dans son discours de clôture au Congrès de la CSC, le président Marc Leemans a ignoré le fait qu’après le débat concernant les nouvelles formes d’action, il a été explicitement inscrit ‘‘nous ferons évidemment encore utilisation de l’arme de la grève si nécessaire.’’ Il a préféré déplorer que ‘‘l’organisation n’était pas encore prête pour la cogestion.’’ Leemans ferait bien d’être plus prudent. En janvier, il n’est parvenu à faire signer l’accord salarial à son comité général qu’à une infime majorité, historiquement faible. Les représentants des centrales n’ont pas voulu publiquement accentuer cela. Mais s’il continue à les offenser de la sorte, les choses pourraient prendre une tournure différente, cette fois-ci pas uniquement dans les centrales des employés LBC et CNE.

La presse se targue que 35% ‘‘seulement’’ du comité fédéral de la FGTB se sont prononcés en faveur d’une grève générale pour le 12 mai dernier. Nous lisons les choses différemment: après la semaine d’action mal organisée d’avril et la grève des services publics, nous craignions tout comme d’autres qu’une grève générale convoquée en peu de temps, avant l’été, ne souligne la faiblesse du mouvement plutôt que sa force. Le fait que tant de représentants aient toutefois voté en faveur de cette proposition est l’expression du mécontentement consécutif à l’absence de stratégie vigoureuse de la part du sommet de la FGTB. Le désaveu est également présent parmi les 65% restants dont le vote a moins été motivé par le soutien à la direction que par la peur de l’échec.

Celui qui estime que la résistance sociale est derrière nous se trompe. Ce gouvernement n’en est qu’à ses débuts, il ne va pas se reposer sur ses lauriers. Ses premiers succès ont aussi stimulé l’avidité patronale. Mais nous avons vu dans quelle mesure un plan d’action peut construire un rapport de forces et constaté ce qui ne va pas dans la direction syndicale. Après un début prometteur, les travailleurs ont tout de même perdu une première bataille. Les patrons et le gouvernement des riches ne vont cependant pas se contenter d’une bataille, ils veulent une véritable guerre de classe qui doit tout remettre en question.

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