Your cart is currently empty!
Tag: Secteur des assurances
-
Inondations. Encore à nous de payer? Nationalisation du secteur des assurances et indemnisation de tous les sinistrés!

Routes et chemins de fer détruits, maisons démolies, réseau d’électricité endommagé, dépollution et traitement des déchets charriés par les eaux, dératisation,… Plus d’un mois après les événements, il est encore bien difficile de chiffrer les dommages des inondations. Rendons-nous compte déjà que pas moins de 202 des 262 communes de Wallonie sont admises au fonds des calamités. On estime que 42.000 tonnes de terre polluée doivent être traitées, alors que plus de 11.700 km de cours d’eau doivent être vérifiés et éventuellement assainis.
Editorial de l’édition de Septembre de Lutte Socialiste, par Nicolas Croes
L’accord scandaleux du gouvernement Di Rupo
L’intervention des compagnies d’assurances lors de catastrophes naturelles est réglée par la Loi du 4 avril 2014 relative aux assurances proposée par le gouvernement fédéral, dirigé à l’époque par Elio Di Rupo. Lors d’une catastrophe de type « inondations », les assureurs peuvent plafonner le montant total de leurs dépenses à 375 millions d’euros, le reste étant à la charge du Fonds des calamités. Suite à de récentes négociations, le secteur des assurances a accepté d’augmenter le plafond de son intervention à 590 millions d’euros. L’estimation actuelle des dommages assurés oscille entre 1,3 et 1,7 milliard d’euros. Plus de la moitié sera donc à charge de la collectivité !
Le PTB a dénoncé à très juste titre cette situation parfaitement aberrante. Il souligne que les bénéfices nets cumulés du secteur des assurances en Belgique se sont élevés à 14,72 milliards d’euros entre 2012 et 2019, grâce aux primes de plus en plus élevées payées par les assurés. Constatant que les bénéfices de ces entreprises sur cette période sont dix fois plus importants que l’estimation actuelle des dommages, le PTB défend que les compagnies d’assurances couvrent l’entièreté des dégâts subis par les victimes assurées et que le milliard d’euros ainsi libéré soit investi dans la construction de 8.000 nouveaux logements sociaux publics de qualité pour les sinistrés. C’est un bon pas en avant, mais il faut aller plus loin.
Revoir l’urbanisme et l’aménagement du territoire… et s’en donner les moyens !Nous manquons de logements sociaux, ce n’est pas neuf. Cela à nouveau été souligné par les inondations, de même que l’absence de structures d’accueil d’urgence, de services de secours… Le gouvernement wallon cherche aujourd’hui à emprunter 1 milliard d’euros sur sa première enveloppe budgétaire de 2 milliards d’euros consacrée à la reconstruction. D’autres enveloppes suivront, c’est certain.
Il faudra bien plus pour ne pas se contenter de reconstruire à l’identique et repenser le territoire, son urbanisme, la gestion des rivières. Nous sommes passés à un cheveu d’une inondation complète de Liège en juillet, ce qui aurait considérablement aggravé les dégâts matériels et humains. Nous ne devons pas nous contenter de prier que le risque ne se présente plus. La reconstruction doit être pensée pour s’adapter à la nouvelle norme des événements climatiques extrêmes et encaisser des chocs d’inondations de plus en plus fréquents. Elle doit également comporter un volet portant sur un plan public d’isolation des bâtiments quartier par quartier sur la totalité du territoire de manière à limiter les émissions de gaz à effet de serre liées au chauffage. Elle doit encore s’axer sur la gratuité des transports en commun et leur extension. Etc. Etc.
Pour tout cela il faudra nous battre. Moins d’un mois après les inondations meurtrières, le secteur de la construction a critiqué la circulaire visant à interdire de bâtir dans les zones les plus à risque en prévenant : les prix vont augmenter. Certaines personnes étaient encore portées disparues que les promoteurs immobiliers parlaient de reconstruire sur des zones inondables…
Les bâtiments inoccupés pour raison spéculative doivent être de toute urgence expropriés et rénovés pour y loger les personnes sinistrées. Les grandes entreprises du secteur des assurances et celles de la construction doivent être expropriées et placées sous contrôle et gestion démocratiques de la collectivité. De cette manière, nous aurons non seulement les moyens d’indemniser la totalité des victimes et pas seulement les assurées (les personnes non assurées étant par ailleurs des personnes précarisées) mais aussi de mobiliser les moyens nécessaires à faire face à la situation actuelle : réduire nos émissions tout en protégeant la population et ses conditions de vie.
Les organisations de gauche et les syndicats doivent impérativement axer leurs propositions et leur action sur ce qui est nécessaire pour faire face au péril climatique, pas sur ce qui est acceptable en restant dans le carcan du système capitaliste. C’est ce système qui est responsable du drame auquel est confrontée l’humanité ! Nous devons aujourd’hui plus que jamais faire résonner la nécessité d’une approche rationnelle et démocratiquement planifiée de l’économie contre le chaos de l’économie de marché. Chacune de nos mobilisations doit s’en faire l’écho. Faute d’atteindre cette issue, la civilisation humaine s’enfoncera dans une barbarie telle qu’elle n’en a encore jamais connu.