Category: CSC

  • Entretien. Victoire juridique contre Deliveroo après 7 ans de lutte

    Fin décembre, la Cour du travail de Bruxelles a tranché : les livreur.euse.s de Deliveroo doivent être considéré.e.s comme des salarié.e.s et non plus comme des indépendant.e.s. Le combat avait commencé en 2017, le “Collectif des coursier.e.s” avait entamé les premières actions contre la start-up de livraison de repas à domicile. Sept ans plus tard, la décision de la Cour du travail ouvre une porte dans la lutte contre l’ubérisation de l’emploi. Nous en avons discuté avec Martin Willems, permanent à la CSC et initiateur de la campagne United Freelancers.

    Propos recueillis par Julien (Bruxelles)

    Peux-tu nous détailler le bilan du jugement et sa signification pour l’ensemble des livreurs de Deliveroo ?

    « Le jugement dit deux choses très importantes : d’abord que le régime de l’économie collaborative n’est pas applicable. Il faut savoir que dans la livraison de repas, des plateformes comme Uber Eats ou Deliveroo utilisent en grande majorité des prestataires qui ne sont ni salariés ni indépendants, mais qui prestent dans le régime de l’économie collaborative. C’est quelque chose de tout à fait particulier à la Belgique et 90 % des livreurs sont dans ce régime-là. L’arrêt va plus loin et dit que les prestataires doivent être salariés, car la plate-forme exerce clairement une autorité sur ces travailleurs. »

    « Ce jugement a une valeur forte pour le futur de tous les livreurs de Deliveroo. La plateforme va sûrement dire le contraire. Le jugement ne s’impose pas à tous les autres livreurs par défaut. La justice est un moyen d’action, mais certainement pas le seul, ni le moyen d’action ultime. Elle est de fait lente, particulièrement en Belgique et les plateformes auront toujours une longueur d’avance. »

    Quels ont été les arguments pour justifier la relation de salariat entre Deliveroo et les travailleurs ?

    « En Belgique, les grands critères, qu’on appelle critères généraux, qui font que tu es soit indépendant, soit salarié, c’est d’abord le contrat que tu signes, puis l’intitulé de la relation de travail. Ensuite, plus important, c’est l’organisation du temps de travail et enfin l’organisation du travail et le contrôle hiérarchique. »

    « Uber et Deliveroo font signer aux livreurs des contrats qu’ils ne lisent même pas, dans lesquels il est marqué qu’ils travaillent comme indépendants. Mais il faut regarder si la réalité suit le contrat. »

    « Sur les trois autres critères, le tribunal a jugé que c’était assez évident. Le contrôle hiérarchique est clair : Deliveroo applique la surveillance par GPS. Il y a aussi le fait qu’on te demande constamment des documents. Quand tu demandes à un indépendant de réparer ton toit, tu ne vas pas aller vérifier s’il a bien assuré sa camionnette. Cela montre bien que la relation entre Deliveroo et ses livreurs n’est pas la même qu’entre un particulier et un prestataire indépendant. »

    « Autre facteur important : pour le client, le livreur est-il un indépendant ou un agent de Deliveroo ? Évidemment, c’est un agent de Deliveroo. Tu vas toujours dire ‘Ah, voilà le livreur Deliveroo ou Uber Eats qui m’apporte ma soupe ou ma pizza !’ Tu ne vas jamais dire ‘Tiens, c’est Serge avec qui j’ai conclu un contrat pour qu’il m’apporte mon repas’. »

    « Concernant l’organisation du temps de travail, les plateformes disent toujours : « Oui, mais le livreur travaille quand il a envie, il se connecte quand il a envie. » C’est vrai, comme tout travailleur. Mais une fois que tu travailles, qui choisit quand tu travailles ? C’est la plateforme. Une fois que tu as une commande à livrer, tu ne peux pas faire autre chose. Si la commande est livrée en retard, tu es sanctionné. Le tribunal a considéré que tu n’as aucune liberté. »

    Les conséquences du procès vont s’étendre sur les années à venir pour les travailleurs.

    « Dans de plus en plus d’endroits, les plateformes doivent payer au temps de travail. Elles ne peuvent plus payer à la course. Même à Londres, les chauffeurs Uber sont payés à l’heure. À New-York, tant les chauffeurs Uber que les livreurs sont aussi payés à l’heure. Ces villes ne sont pourtant pas réputées pour être communistes. La Belgique est donc très en retard. »

    « Dans ces endroits-là, les plateformes disent ‘ok, on va les payer à l’heure, mais uniquement du moment où le livreur prend la commande à celui où il l’apporte chez le client’. Le temps d’attente n’est donc pas payé alors que nous, on dit que ce temps doit aussi être payé. La personne est là, à attendre, à disposition. Il y aura donc débat sur la définition du temps de travail. »

    « Ce dont il est question dans ce combat, c’est l’ubérisation, faire travailler des gens sans les reconnaître comme tes travailleurs. C’est le vieux schéma du faux indépendant qu’on connaît déjà dans des secteurs traditionnels depuis 20 ans. Ici, c’est un faux indépendant industrialisé à une échelle gigantesque par des multinationales. »

    « Si on tolère que ces formes de travail soient acceptées, alors il ne faut pas se leurrer. Tout le travail peut passer sous le système de plateforme. Si on peut contourner complètement tout le droit social et le droit du travail, faire travailler des gens sans leur accorder le moindre avantage social, alors tout le patronat va généraliser cette forme de travail. »

    « Si tu veux, moi, je te transforme Audi-Bruxelles en une plateforme. Finalement, que fait Uber ? Quand un client a besoin de quelque chose, il contacte un travailleur pour lui demander ‘Est-ce que tu ne veux pas faire ça pour ce client-là ?’ Si demain un client commande une Audi, j’envoie un message à cinq travailleurs et je leur dis ‘demain, rendez-vous sur la chaine pour monter l’Audi de Mr Machin’ et j’appelle ça plateforme et je les paye en économie collaborative. »

    « Ce qui est important à combattre, c’est la volonté des patrons de s’affranchir complètement du droit du travail et de toutes ses obligations. Si on le permet à Uber et Deliveroo, demain, ça sera partout. Il faudra peut-être 5ans, 10 ans, 20 ans, mais ça sera le cas. Ça leur coute la moitié du prix. Et s’il n’y a plus de contrat de travail, alors les barèmes salariaux, les conventions collectives et tout ça, ça n’existe plus. »

  • Le CD&V a échoué à donner au gouvernement l’illusion d’un ‘‘visage social’’

    LoiPeetersAu Rerum Novarum (événement annuel fêtant l’encyclique du même nom), le président de la CSC Marc Leemans s’en est pris au gouvernement Michel, car il protège les puissants et sabote le dialogue social. Certains militants ont même crié des slogans explicitement orientés contre le CD&V, le partenaire politique traditionnel de la CSC. Le ministre de l’Emploi Kris Peeters s’auto-proclamait jusqu’ici représenter le ‘‘visage social’’ du gouvernement. Mais il était absent de la célébration. Il faut dire que quelques semaines plus tôt à peine, le 20 avril, 10.000 manifestants de la CSC s’étaient réunis à Bruxelles pour protester contre la ‘‘Loi Peeters’’ et les autres nouvelles mesures antisociales du fédéral.

    Après le premier plan d’action de 2014, un vote serré a eu lieu à la CSC pour décider d’arrêter le mouvement. L’acceptation d’une maigre norme salariale avait été approuvée à condition d’organiser de nouvelles actions. Un espace avait été ouvert à la concertation et beaucoup d’espoirs étaient placés en Kris Peeters. Plus d’un an après, Marc Leemans doit lui-même reconnaître que cela n’a servi à rien. Même quand un accord est trouvé entre les patrons et les syndicats, le gouvernement s’y oppose. Leemans explique : ‘‘Chaque accord des partenaires sociaux a subi le rejet de Michel I. Concernant les fins de carrière. L’accord social. La disponibilité des chômeurs plus âgés. La flexibilité. Et, plus récemment, le grand projet des partenaires sociaux au côté des mutualités concernant l’emploi des malades et des invalides.’’

    Le tax-shift (virage fiscal) avait été annoncé comme une mesure destinée à faire contribuer les plus fortunés. Ce fut au final un nouveau cadeau aux patrons, payé par les travailleurs ordinaires. La discussion sur le ‘‘travail faisable’’ a été détournée pour accroitre la flexibilité des travailleurs pour les presser comme des citrons. L’abolition de la semaine de 38 heures est au centre de ce qui est maintenant connu sous le nom de ‘‘Loi Peeters’’.

    Peeters est l’un des nombreux visages antisociaux de ce gouvernement. Son comparse de parti Geens fait pareil à la Justice. La politique d’austérité conduit à une colère énorme chez presque tous les acteurs du secteur, des agents pénitentiaires aux magistrats. Est-il étonnant que de plus en plus de syndicalistes de la CSC critiquent le CD&V ? En Flandre Occidentale, l’ACV-Metea (CSC métal et textiles) a appelé le CD&V à ‘‘tirer la prise du gouvernement’’. Cette centrale syndicale a noté que les déclarations des dirigeants du CD&V à l’occasion du Rerum Novarum ont été accueillies avec dérision ‘‘parce que les politiciens au Parlement ne joignent pas les actes à la parole et les capitalistes peuvent partir en toute sécurité’’. L’ACV-Metea fait notamment remarquer que le CD&V participe à une politique qui nous ramène ‘‘à l’époque du prêtre Daens’’ (prêtre catholique flamand, désireux d’aider la classe ouvrière miséreuse des années 1880 à Alost dans leur lutte sociale contre Charles Woeste).

    Contre ceux qui veulent nous ramener au temps de Woeste, nous devrons reprendre la tradition de Daens et nous organiser dans la lutte, y compris politiquement.

  • La manifestation de la CSC rencontre le succès

    CSC_20avril

    Des milliers de militants et de membres de la CSC se sont réunis ce mercredi 20 avril à la Gare du Midi à Bruxelles pour protester contre les mesures d’austérité du gouvernement. L’offensive contre la semaine des 38h, contre les pensions et contre nos conditions de vie suscite une vive colère. La participation fut donc un grand succès, une claire illustration de la volonté de combattre.

    ‘‘Loi Peeters: non merci’’ proclamaient banderoles et pancartes. Les militants espèrent qu’il s’agit du début d’une nouvelle période de lutte sociale. Tout comme lors des concentrations militantes FGTB de la veille, l’appel du PSL pour un nouveau plan d’action a été bien reçu. Les travailleurs n’ont bien évidemment pas oublié le succès du plan d’action de l’automne 2014 qui avait culminé avec la grève générale nationale du 15 décembre.

    Un nouveau plan d’action en front commun syndical pourrait à nouveau construire un puissant mouvement social contre ce gouvernement thatchérien. Des réunions du personnel et des campagnes d’information pourraient à nouveau réunir des dizaines de millier de personnes pour une grande manifestation. Ce serait une étape importante dans la lutte contre ce gouvernement qui ne cessera jamais ses attaques antisociales aussi longtemps qu’il restera au pouvoir. Peeters a d’ailleurs annoncé que les mesures actuelles ne sont encore qu’un léger exercice et que le budget de 2017 sera encore plus saignant. Nous devons trouver un moyen de maintenir le mouvement durant l’été pour passer d’une manifestation fin mai à des grèves régionales en septembre pour reprendre le fil de la résistance sociale.

    Un militant de la CSC nous explique : «La CSC a réuni plus de 8000 personnes à Bruxelles pour manifester contre le gouvernement Michel. Initialement, une mobilisation de la jeunesse était prévue à cette date. Mais quand les mesures du contrôle budgétaires ont été connues, l’appel à l’action a été réorienté vers une manifestation plus large. Les manifestants ont exprimé leur colère à propos de l’attaque contre le chômage de longue durée, contre les économies dans la sécurité sociale, contre l’attaque portée aux retraites des fonctionnaires, contre le temps partiel,… et bien sûr contre l’abolition de la semaine de 38 heures.

    «C’est précisément de Kris Peeters (CD&V) que vient cette dernière proposition (et il c’était récemment fait remarquer pour ses propos sur le fait que nous vivons tous “au-dessus de nos moyens”). Beaucoup de slogans le ciblaient donc : «honte à toi Peeters », «Loi Peeters non merci», «Retour vers le passé avec le CD&V » (avec une image des travailleurs pauvres de l’époque du prêtre Daens), «Je ne vis pas au-dessus de mes moyens»,… D’autres manifestants ont fait référence à l’actualité avec des slogans tels que «je ne suis pas Panama». Il est vrai que els Panama Papers clarifient que les moyens existent, mais pas au bon endroit. Dans son tract, la CSC disait : «Pour les riches, il y a Panama, et pour les travailleurs, il y a moins de droits.»

    «La combativité était grande et visible et le sentiment qui prévalait était que cela n’est encore qu’un début ! En raison notamment de la mobilisation de la jeunesse initialement prévue, toutes les couches d’âges étaient bien représentées. On trouvait aussi des délégations syndicales d’un peu partout, de Flandre, de Wallonie et de Bruxelles.

    La secrétaire générale de la CSC – Marie-Hélène Ska – a appelé à un grand rassemblement à la fin du mois de mai (peu de temps après la tenue des élections sociales) et a tendu la main à Rudy De Leeuw (FGTB) qui avait lancé la veille un appel similaire. »

    Photos (PPICS)

    Betoging ACV // Foto's: PPICS

  • Tract de la CSC Bruxelles-Hal-Vilvorde pour le 7 octobre

    Voici ci-dessous un tract de la CSC Bruxelles-Hal-Vilvorde qui appelle à participer à la manifestation syndicale du 7 octobre prochain faisant également appel à un nouveau plan d'action interprofessionnel en front commun syndical. Nous estimons qu'il s'agit d'une excellente initiative et espérons que d'autres sections syndicales feront de même. En commençant dès maintenant à mobiliser pour cette manifestation du 7 octobre, nous pouvons assurer qu'il ne soit pas possible pour les directions syndicales de dire fin septembre qu'il est trop tard pour lancer une véritable campagne.

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  • CSC. Avons-nous assisté au même Congrès ?

    Le Congrès fédéral de la CSC est organisé tous les quatre ans. Cette année, il s’est tenu à Ostende les 23 et 24 avril, sous le thème «De vive voix». Un certain nombre de sujets ont été couchés sur papier, comme la revendication de la réduction collective du temps de travail avec maintien des salaires et embauches compensatoires ou encore une motion de soutien au gouvernement de gauche en Grèce. Toutefois, ce que notre président Marc Leemans a souligné dans son discours de clôture était bien différent que ce qui a été défendu par les militants.

    Par un militant de la CSC

    Ainsi, le sommet syndical a-t-il défendu le système de «Mitbestimmung» tel qu’il existe en Allemagne. Ce système de «cogestion» prévoit la présence de délégués syndicaux au conseil de leur entreprise et leur implication dans la prise de décisions (y compris concernant les restructurations et les licenciements). Sous l’impulsion e la grande majorité des militants, cela a rapidement été mis en minorité, sans grande discussion. Mais dans son discours de clôture, Marc Leemans a déclaré l’organisation syndicale n’était «pas encore mûre pour cette idée.» Espérons que la CSC ne sera jamais mûre pour ça!

    De plus, durant tout le Congrès, il n’a pas été une seule fois fait mention de la décision de saisir la Cour constitutionnelle pour abolir le saut d’index. Il a même fallu pas mal d’efforts pour assurer d’inscrire dans les textes du Congrès que nous continuons à nous opposer au saut d’index. A mon avis, peu de militants ont l’illusion que cela peut être arraché en se basant sur la Cour constitutionnelle. Pendant ce temps, chaque dynamique d’action a disparu et les dirigeants syndicaux ont gaspillé l’occasion qui nous était offerte de faire tomber le gouvernement fin 2014.

    Dans la presse, essentiellement flamande, il est apparu qu’il aurait été question de trouver des alternatives à l’arme de la grève. Cela n’a toutefois pas été abordé durant le Congrès. Au contraire! Le passage du texte qui discute de possibles nouvelles formes d’action comprend un passage explicite, imposé par les militants, qui confirme que nous recourrons encore (évidement) à l’arme de la grève si nécessaire. La direction du syndicat aurait préféré ce passer de cet ajustement, raison pour laquelle cela n’a pas figuré dans le discours final du président.

    L’atmosphère présente à ce Congrès résultait très clairement de la lutte menée fin 2014. Elle a fortement contrasté avec la torpeur du dernier Congrès, en 2010. Nous sommes en droit de nous demander si le président Marc Leemans a participé au même Congrès que nous… Fin 2014, il était apparu très combatif en sortant de sa réserve dans la presse, contrairement à aujourd’hui. À la lumière du vote sur l’accord interprofessionnel, où il n’a su dégager une majorité qu’à grands peine (49% seulement en faveur de l’accord en comptant les abstentions), c’est à mon avis un jeu dangereux.

  • Étroite majorité pour l’accord social malgré la pression de la direction de la CSC

    acv1-300x200Le 10 février, le Conseil général de la CSC a approuvé le projet d’accord social avec une majorité plus étroite que jamais: 52% pour, 48% contre (147 voix pour, 135 contre, 17 abstentions). En comptant les abstentions, on obtient 49% pour, 45% contre et 6% d’abstentions. Un tel résultat est historique à la CSC.

    Par un militant de la LBC (centrale chrétienne flamande des employés)

    La FGTB a immédiatement rejeté le projet d’accord et à juste titre. La Fédération des entreprises belges (FEB), par contre, s’est déclarée ravie, ce qui clarifie de suite le caractère du projet. Le 5 février, le journal patronal FDMagazine écrivait: ‘‘La FEB se réjouit de ce projet d’accord […] contenant un saut d’index, une marge réelle extrêmement limitée pour les négociations salariales de 2016 et une réduction des charges. […] En outre, pour 2015, le gel des salaires réels sera effectif (une norme de 0%). Ce n’est qu’en 2016 que des budgets très limités seront libérés pour les négociations salariales [0,8% en tout, NDLR]. Et il s’agit de limites maximales, ce qui signifie que les entreprises peuvent donner moins (ou même rien).’’

    Strictement parlant, le saut d’index ne fait pas partie du projet d’accord. Le texte le dit même explicitement : ‘‘employeurs et employés ne s’entendent pas sur la pertinence et l’utilité d’un saut d’index. Dans ce contexte, le projet d’accord ci-dessous est néanmoins arrivé.’’ Mais on pouvait faire confiance aux patrons, à leurs politiciens et à leurs médias pour tout faire pour présenter les choses comme si la CSC avait accepté le saut d’index en acceptant le projet d’accord social.

    En interne, à la CSC, les opinions étaient très divisées concernant l’accord. La direction a présenté tous les arguments favorables possibles, notamment via les bulletins d’information (IPO News) et une présentation PowerPoint diffusée par les centrales. Il n’a pas été possible de faire connaitre les arguments ‘‘contre’’ de la même manière… En termes d’équilibre au niveau du débat démocratique interne, une place importante existe pour l’amélioration.

    Une première IPO-News avait pour titre ‘‘Semer ce qu’il y a dans le sac’’. Cette expression de Flandre Occidentale a été choisie pour illustrer les faibles possibilités de négociation du sommet du syndicat. Selon la direction syndicale, tout ce qui était possible d’être obtenu l’a été face à un patronat confortablement assis à la table des négociations avec le soutien plein et entier du gouvernement de droite dure. C’est sans doute vrai, mais pourquoi dès lors s’assoir à la table des négociations s’il est d’avance certain que les patrons ne vont pas faire de véritables concessions? La résistance a été mise en attente pendant un certain temps, permettant ainsi au gouvernement chancelant de tranquillement récupérer des forces et de détourner l’attention.

    L’IPO-News suivant a permis à la direction de la CSC d’argumenter que beaucoup de travail devait être fait autour d’autres sujets (le saut d’index et les économies budgétaires dans les services publics), que cet accord ne pouvait pas tout résoudre à la fois. Le bulletin annonçait donc que ce n’était qu’une première étape, que nous devions faire preuve de patience, travailler au cas par cas et surtout ne pas trop voir les choses en grand. ‘‘Voir les arbres à travers la forêt’’ était le message principal défendu.

    Parmi les militants, le meilleur argument ‘‘pour’’ était qu’une marge salariale de 0,8% était toujours mieux que 0%. Selon eux, nous devions nous contenter de ce qui était sur la table, même si ce n’était pas beaucoup. Nous pouvions alors dire que les grèves ‘‘avaient quand même produit quelque chose’’ et mieux mobiliser pour des actions futures.

    Les arguments ‘‘contre’’ ressemblaient souvent à ceci : nous avons fait grève trois jours en novembre et décembre, nos revendications étaient claires: maintien de l’index, pas d’augmentation de l’âge de la pension, une fiscalité plus équitable (avec un impôt sur la fortune) et l’arrêt de la dégradation des services publics. Cet accord ne contient aucun de ces quatre points fondamentaux. Nous risquons, de plus, d’hypothéquer le front commun syndical. Enfin, accepter cet accord met en péril notre force de mobilisation en donnant un signal ambigu: ‘‘Nous avons un accord, mais nous continuons la campagne.’’
    Mais tant chez les partisans de l’accord que chez ses détracteurs, il était communément admis que le premier plan d’action était une réussite et qu’ils en appelaient un autre avec, à nouveau, des actions du front commun syndical allant crescendo et les dates annoncées longtemps à l’avance. La coopération avec le mouvement Hart Boven Hard / Tout Autre Chose a également été très appréciée.

    La base de la CSC peut, à première vue, donner une impression de division au regard des résultats du vote sur l’accord. Mais derrière les désaccords tactiques, une large unité est présente concernant l’action à poursuivre : continuer la lutte pour être réellement écouté, dans le but de revenir sur toutes les mesures antisociales en faisant chuter les gouvernements si nécessaire.

    Le saut d’index doit être balayé ! Travailler plus longtemps reste inacceptables alors que tant de jeunes ne trouvent pas de travail et perdent en plus leurs droits aux allocations de chômage! L’austérité dans le secteur de l’enseignement, de l’égalité des chances, du socio-culturel, de l’accueil de la petite enfance, des soins de santé, des transports publics,… est néfaste à la société. Allons chercher l’argent là où il est !

    Ce n’est qu’un début, continuons le combat!

  • La régionale LBC de Bruxelles exige un deuxième plan d’action

    acv-300x200Au sein de la CSC, des voix s’élèvent en faveur d’un second plan d’action en front commun syndical. Il y a beaucoup de mécontentement à la base sur la manière dont la direction a défendu le projet d’accord avec le gouvernement et les employeurs. Cela ressort d’une évaluation réalisée par la régionale bruxelloise de la LBC, centrale flamande des employés de la CSC, qui circule sur les médias sociaux. L’accord y est rejeté et une proposition concrète d’un second plan d’actions est mise en avant. Vous pourrez lire l’évaluation ci-dessous.

    Projet d’accord : Evaluation de la LBC-NVK régionale de Bruxelles

    (Intervention au conseil LBC du 08/02/2015)

    Nous avons fait l’évaluation suivante du projet d’accord :

    – Formation des salaires. Parler de “la fin de la norme salariale” est à vrai dire très optimiste. Pour 2015, la norme salariale est toujours présente. La marge pour les négociations de salaires de 0,8% représentera toujours, même dans les secteurs forts, une diminution de salaire réelle de -1,2% en 2016. Dans les secteurs plus faibles, cette diminution salariale peut aller jusqu’à -2%. De plus, la plupart des recommandations sur la façon de combler la marge salariale ne nous plaisent pas : travailler plus longtemps, deuxième pilier, chèques-repas, plans bonus.

    Le point de vue des employeurs selon lequel le saut d’index est une décision déjà prise par le gouvernement est une fausse excuse. La norme salariale était aussi une décision prise par le gouvernement. Et même un saut d’index pourrait toujours être compensé par une augmentation salariale de plus de 2%. Au nom des universités libres, j’ajoute que pour le personnel de la KU Leuven et de la VUB, les salaires suivent les barèmes des institutions publiques et que pour eux, il n’est donc pas question d’augmentation salariale, uniquement d’un saut d’index.

    En résumé : ce point est indigeste pour nous.

    – Liaison au bien-être. Nous remarquons que cette enveloppe était, en fait, déjà acquise et ne doit donc pas être présentée comme une victoire. Nous aurions préféré que la négociation sur la répartition de l’enveloppe bien-être se fasse séparément, justement pour éviter que cela puisse servir de « moyen de chantage ». De plus, nous ne pouvons pas vraiment parler de “liaison au bien-être” si, entre-temps, il y a un saut d’index. Le relèvement de certaines indemnités (en fait, seulement les plus basses et les plus hautes, tous ceux qui sont entre les deux n’auront rien !) de 2% tandis qu’il y aura entre-temps un saut d’index de -2%, est plutôt une « exception partielle au saut d’index » qu’une réelle réponse au principe de « liaison au bien-être ».

    Nous remarquons aussi que rien n’est dit par rapport à l’allocation de garantie de revenus (AGR) pour les travailleurs à temps partiel et qu’autrement dit, la perte de salaire de 23% pour cette catégorie est maintenue.

    Nous remarquons finalement que le “relèvement” (en fait, une simple indexation) des allocations minimales a peu de sens si entre-temps, des allocations sont supprimées et que de facto, le montant minimum n’est pas augmenté de 2 % mais tombe à zéro. Nous pensons, par exemple, aux allocations d’insertion pour les personnes qui quittent l’école sans diplôme.

    A Bruxelles, 6000 jeunes se trouvent actuellement dans cette situation et risquent de perdre leur allocation. Dans la situation actuelle, l’allocation pourrait quand même être maintenue si les personnes concernées suivent une formation, ce qui en soi paraît raisonnable mais il s’avère qu’il y a d’énormes listes d’attente et que seules 1000 formations tout au plus peuvent être offertes, autrement dit, 5000 des 6000 jeunes sans emploi n’auront rien !

    – RCC, emplois d’atterrissage. Dans les grandes lignes, il s’agit juste d’un “report d’exécution” mais aucune concession fondamentale n’a été faite au principe de travailler plus longtemps.

    – Disponibilité jusqu’à 65 ans, fiscalité équitable. Rien de concret n’est encore sur la table. D’abord voir pour croire. Il y a beaucoup d’interprétations possibles au concept de ‘tax shift’.

    Pour pouvoir faire une évaluation du projet d’accord, nous devons comparer ce qui a été réalisé avec ce que nous demandions lors des actions de l’automne. Les raisons principales pour lesquelles nous avons manifesté et fait grève étaient, selon nous, les points suivants :

    1. Maintien de l’index
    2. Pourquoi travailler plus longtemps alors que les chômeurs sont pénalisés ?
    3. Fiscalité équitable (tax shift / impôt sur la fortune)
    4. Des services publics décents : contre l’austérité dans les services publics, l’enseignement, le secteur des soins, etc. où nous devons payer plus pour moins de services.

    L’accord n’apporte d’amélioration sur aucun des quatre points. De plus, accepter cet accord (sous le couvert de « mieux vaut quelques cacahouètes que rien du tout ») affaiblirait notre pouvoir de mobilisation et de front commun syndical. Il est déjà assez difficile de motiver les gens à mener des actions et s’il faut le faire sur base d’un message équivoque et varié, ce ne sera certainement pas plus facile. De plus, nous devrons alors consacrer toute notre énergie aux négociations sectorielles et nos possibilités d’action seront donc limitées vu qu’il faudra alors peut-être ‘donner toutes ses chances à la concertation sectorielle”.

    En ce qui nous concerne, l’évaluation est donc claire tant du point de vue du contenu que de la stratégie. La régionale de Bruxelles est clairement “CONTRE !” et demande une “deuxième partie” au plan d’actions, en front commun syndical, à nouveau construite graduellement, avec un crescendo annoncé :

    • d’abord, une concentration des militants,

    • ensuite, une campagne d’information et de sensibilisation, cette fois, plus en énumérant ce que le gouvernement nous réserve mais en mettant l’accent sur nos alternatives pour contrer la rhétorique du « il n’y a pas d’alternative » de De Wever: non seulement (notre version du) tax shift mais aussi, par exemple, la proposition de Femma d’appliquer une semaine de 30 heures • une grande manifestation nationale (éventuellement pendant le week-end) avec plusieurs points de départ étant donné que le 6 novembre, la gare du Nord n’était plus accessible

    • de nouvelles journées de grève provinciales pour terminer par une grève générale nationale de 48 heures.

    Nous sommes conscients du fait que tout le monde ne trépigne pas d’impatience de recommencer la grève et il est à espérer qu’il ne sera pas nécessaire d’en arriver là et que la pression (des actions en prévision et de l’annonce en soi) suffira pour éliminer les projets du gouvernement mais nous pensons que le potentiel est certainement là. C’est à nous de créer « la volonté d’action ». La manifestation du 6 novembre était la plus grande depuis des dizaines d’années, les grèves ont été un très beau succès (beaucoup de personnes, jeunes et vieux, ont fait grève pour la première fois de leur vie !), nous avons montré que nous pouvons gagner l’opinion publique de notre côté si nous expliquons les choses suffisamment clairement. De plus, ça bouge en Europe : la victoire électorale de Syriza en Grèce et le succès de Podemos en Espagne montrent que la logique d’austérité européenne ne passe plus et que des alternatives sont possibles.

    Nous voulons être un syndicat combatif qui organise activement la lutte contre les mesures injustes et asociales, pas un “syndicat” qui “vend” les mesures de droite et peut atterrir en douceur, surtout si c’est pour atterrir dans un marécage de pauvreté.

    La teneur et le titre du tract de la CSC sur le projet d’accord ne nous plaît pas du tout : le choix n’est pas “d’être d’accord” ou de “laisser faire le gouvernement de droite”, le choix doit être «ne pas être d’accord» et «ne pas laisser faire le gouvernement de droite !» Nous trouvons inadmissible que la direction de la CSC «présente» le projet d’accord d’une manière tellement tendancieuse . Il ne s’agit pas là de «présenter» mais d’ «imposer».

  • [PHOTOS] L'austérité est le problème, pas la solution !

    Ce mardi, un millier de militants et de délégués de la CNE/LBC (la centrale des employés de la CSC) se sont rassemblés devant la tour des finances pour manifester contre les mesures d’austérité du gouvernement, contre le gel des salaires et contre la remise en cause du statut des employés, au lieu d’harmoniser vers le haut celui des ouvriers. L’objectif du patronat et des partis traditionnels est de flexibiliser au maximum le marché du travail et de licencier plus facilement. Les militants du PSL/LSP sont intervenus au coté des syndicalistes en lutte.

    Par Pietro et Michal (Bruxelles)

  • La CSC et la démocratie interne: 55% des militants ont voté CONTRE l’AIP

    Lors de l’assemblée générale de la CSC, le 1er février 2011, la projet d’Accord Interprofessionnel a été approuvé à une majorité de 67,9 %, après “avoir consulté chaque centrale”. Qu’est ce que ça veut dire en réalité? Nous avons traduit ici un article consacré à ce vote et publié sur le blog d’un militant de la LBC, la CNE flamande.

    Je ne sais pas comment cela s’est passé dans les autres centrales, mais dans la centrale de Louvain, cette consultation a été constituée d’une réunion ouverte où l’AIP a été expliqué avec une présentation Powerpoint, ce qui a été suivi d’une réunion de la direction de la centrale à huis clos, qui y a voté. Le powerpoint présentait l’AIP de la façon la plus positive possible. La conclusion du Powerpoint avait pour titre “Les concéquences s’il n’y a pas d’accord”. Qui vote contre est pour l’abolition de l’index et la consultation sociale, c’est cela qui semblait être le fond du message. Après cette présentation assez subjective, il n’y avait pas de possibilité de discuter ou voter. Seuls les membres de la direction ont voté. Des 31 membres de la direction présents, 18 ont voté pour, 13 contre, donc 58% pour et 42% contre. La centrale de Louvain a eu 4 votes, et ils ont traduit les résultats du vote interne en 3 votes pour et 1 vote contre: 58% ont donc été interprétés comme 75%.

    De plus, toutes les centrales n’ont pas informé leur base. Comme d’habitude, la CSC Services Publics et les centrales de l’enseignement considèrent que l’AIP et la question ouvriers-employés ne les concerne pas (ils “oublient” qu’ils représentent eux-mêmes pas mal de contractuels). Ces centrales ont donc voté pour sans la moindre consultation de la base.

    D’autres centrales ont eu des consultations, à nouveau sur base d’une présentation fort connotée. Après le vote interne, les centrales de la CSC ont voté en bloc, avec le principe “the winner takes it all”, le gagnant emporte le tout. L’effect cumulatif de ces deux manipulations de vote (des votes en bloc contre des votes proportionels, et donner un vote aux centrales qui n’ont pas consulté leur base) a fait que, dans ce cas et selon mes calcules, une minorité de 44,6% a été transformée en une majorité de 64,3%.

    Voici les chiffres que j’ai pu retrouver pour les différentes centrales

    Conclusion: la CSC a apporouvé la proposition d’AIP avec 44,6 % pour et 55,4 % contre. Luc Cortebeek, le président de la CSC, a très bien arrangé les choses pour le patronat. Et dire après cela avec une expression sincère qu’il est positivement surpris pas le grand soutien pour l’AIP! Et affirmer que l’AIP a été “mesuré, pesé et voulu” par la base!

    Les militants combattifs et la démocratie interne sont de nouveau mis sur le côté. Si on laisse passé cela, la direction générale va poursuivre cette politique, va nous tromper à nouveau et va continuer à saboter la lutte syndicale. Il est temps d’avoir un syndicat où la base décide!!

  • Le mouvement ouvrier chrétien doit rompre avec le CD&V et le CDH !

    Malgré tous ces «CSC» au gouvernement….

    La nouvelle participation gouvernementale du CD&V et du CDH a conduit beaucoup de politiciens ayant l’étiquette du mouvement ouvrier chrétien à devenir ministres. Si l’ancien secrétaire général de la CSC, Josly Piette, n’a fait qu’un bref passage au ministère de l’Emploi, Inge Vervotte, Yves Leterme et même Etienne Schouppe ont eux aussi une étiquette « démocrate-chrétienne ». Qu’un ancien patron de la SNCB comme Schouppe reçoive une telle étiquette montre pourtant la faible valeur de celle-ci…

    Un militant CSC-ACV

    En novembre dernier, le président de la CSC, Luc Cortebeeck, a affirmé : “Si l’alliance orange bleue devient en fait bleue avec des taches oranges, les responsables politiques trouveront alors la CSC sur leur chemin”. Le dirigeant du syndicat chrétien plaidait pour une tripartite, et il l’a obtenue, mais les taches oranges et rouges n’ont pas pour autant décoloré le bleu.

    La CSC doit bien constater que son « relais politique » flamand accorde surtout son attention au communautaire sans plaider spécialement pour une politique sociale. Si l’économiste en chef du cabinet Leterme est une ancienne figure de proue de la petite fédération patronale flamande VKW, ce n’est aucunement un hasard.

    Les petits jeux politiques auxquels se livre ce gouvernement ont provoqué le dégoût de Josly Piette, pourtant ministre-intérimaire pendant 3 mois à la demande de Luc Cortebeeck. A la fin, Piette a expliqué à quel point qu’il était “soulagé” de pouvoir partir. On peut le comprendre mais les politiciens qui devraient soi-disant défendre les intérêts du mouvement ouvrier chrétien en sont tout autant responsables que les autres. Tout comme il n’existe plus, depuis quelques années, aucun quotidien qui défende les positions de la CSC, il est clair que celle-ci n’a pas non plus de réelle représentation politique.

    Dès sa nomination, la nouvelle économiste en chef de Leterme, Caroline Ven, a clairement fait part de la direction qu’elle compte suivre. Expliquant qu’”A court terme, c’est surtout la balance entre pouvoir d’achat et compétitivité qui jouera”, elle a clairement fait comprendre que c’est la compétitivité qui donnerait le ton. Elle est devenue encore plus précise lorsqu’elle a évoqué “l’hystérie du pouvoir d’achat” et déclaré que “des actions pour des salaires plus élevés sont absurdes”. Alors que les militants CSC mènent des actions pour défendre le pouvoir d’achat, les “partenaires” politiques du syndicat au gouvernement mènent une politique de “modération salariale“ et de “flexibilité sur le marché du travail”.

    Le mouvement ouvrier chrétien doit rompre avec ses soi-disant représentants politiques du CD&V et du CDH, tout comme la FGTB doit rompre avec le PS et le SPa. Les travailleurs verts et rouges ne disposent pas d’un grand parti politique qui défende leurs intérêts. Nous devrons, nous-mêmes, travailler ensemble pour nous redonner une représentation politique propre.

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