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La Belgique, eldorado fiscal
Le 14 septembre dernier, une dizaine de milliers de militants de la FGTB ont défilé dans les beaux quartiers d’Ixelles, à Bruxelles, pour dénoncer le régime fiscal belge, extrêmement favorable aux plus riches. Comme pour justifier (s’il le fallait encore) la pertinence de cette mobilisation, une polémique a éclaté peu de temps avant quand le milliardaire français Bernard Arnault (4e fortune mondiale et première fortune européenne…) a demandé la nationalité belge. Et pas par amour des gaufres…
Par Nicolas Croes, article tiré de l’édition d’octobre de Lutte Socialiste
Bernard Arnault, c’est l’homme aux 41 milliards de dollars qui se trouve derrière les marques Dior, Givenchy, Louis Vuitton, etc. Il est aussi connu pour avoir une très sainte horreur de contribuer à la solidarité collective. En 1981, lors de l’accession de François Mitterrand à la présidence de la république, il s’était envolé vers les Etats-Unis et, cette fois-ci, il nous refait le coup, à destination d’un pays qui a su gagner son cœur grâce à la déduction des intérêts notionnels et d’autres mesures fiscales favorables aux plus nantis.
La volonté du gouvernement français de s’en prendre, un peu, aux plus riches dans le contexte de crise économique se heurte à la résistance des riches. En juin dernier, une étude menée par CoreData Research auprès de 361 millionnaires français a révélé que 41% d’entre eux envisageaient un départ de France. Et en Belgique, contrairement à la France, il n’existe quasiment pas de taxation sur le capital, ni d’impôts de solidarité sur les fortunes (ISF).
Arnault est d’ailleurs loin d’être le seul à avoir choisi notre pays ; la Belgique compterait environ 2.000 exilés fiscaux français. Ainsi, en septembre, Hugues Taittinger (propriétaire du champagne du même nom) a reçu la nationalité belge. Il s’était installé il y a quelques années dans notre pays après avoir piqué une grosse colère en devant payer ses impôts en France. Le pauvre avait même dû vendre des actions de son groupe à cet effet.
Mais revenons-en à Arnault. En trois ans (de 2009 à 2011), sa société LVMH Finance Belgium et ses filiales ont réalisé 630 millions d’euros de bénéfices, pour ne payer que 24 millions d’euros d’impôts. Faites le compte : il s’agit d’un taux d’imposition de 3,84% ! Pas étonnant que la Belgique soit devenue son ‘‘centre financier opérationnel’’ ! Généralement, les partis traditionnels défendent cette gentillesse fiscale en disant que c’est nécessaire afin de soutenir la création d’emplois. Sauf que, dans ce cas précis, la douzaine d’entreprises dont il est question ont engagé… 7 équivalents temps-plein.
Du côté des grands partis toujours, on ne manquera pas de s’étonner de la réaction de Théo Francken (N-VA), membre de la commission des naturalisations de la Chambre, qui a déclaré, et en français (comme quoi…) : ‘‘Laissez venir ces Français.’’ L’histoire ne dit pas s’il lui a été demandé s’il parlait bien néerlandais… Les riches ont clairement le soutien enthousiaste de leurs représentants politiques. Les travailleurs et leurs familles ont aussi besoin de relais politiques !